mardi 28 mai 2019

LA BIBLIOTHEQUE DE MOUNT CHAR de Scott Hawkins


Editions Folio SF
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Jean-Daniel Brèque
Collection Folio SF (n° 633)
Parution : 02-05-2019
576 pages
Prix: 9 euros


Le résumé ici


☇ L'avis éclair de Phooka sur La bibliothèque de Mount Char ☇



Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Vous connaissez bien sûr cet adage extrait de l'art poétique de Boileau. Et bien si  j'avais eu besoin d'une preuve, je l'aurais. Vingt fois j'ai failli abandonner, ce roman. La lecture du premier tiers a été un calvaire. Et puis à force d'insister, je suis enfin rentrée dedans et même si beaucoup de choses ont continué à me déplaire (en particulier la violence malsaine qui exsudait des pages), il me fallait continuer pour en connaître la fin ...






Ayant pour habitude de ne pas lire les chroniques des livres que j'ai envie de découvrir, je me suis fiée à la quatrième de couverture et aux exclamations dithyrambiques lues ça et là sur le net. J'ai donc eu envie de découvrir cette Bibliothèque de Mount Char, m'attendant à me balader aux milieux de rayonnages couverts de manuscrits en tous genres. Quelle monumentale erreur ...

Le roman commence dans la forêt et le lecteur fait connaissance de Carolyne, David et les autres. On ne sait pas qui sont ces gens. Clairement ils ne sont pas vraiment humains, mais on en comprend pas ce qu'ils sont et quels sont leurs buts. Du moins ça a été mon cas. Rajoutons à cette entrée en matière nébuleuse, des scènes de violences gratuites et malsaines (visiblement ces gens aiment beaucoup s'entretuer pour se ressusciter ensuite) et vous comprendrez que je me suis sentie perdue. Fort heureusement je me suis souvenue d'un tweet de l'Ours Inculte à ce sujet. Aussi suis-je allée lire sa chronique pour savoir si je devais absolument m'accrocher. Lui aussi avait eu du mal avec le début. Enfin quand je dis début, c'est un euphémisme puisque L'ours lui-même écrit qu'il faut patienter environ 200 pages pour qu'on commence à rentrer dans le roman. 200 pages, ce n'est pas rien, même si le roman en fait presque 600. Alors je me suis accrochée. Je ne saurais pas dire vraiment pourquoi. L'envie de comprendre certainement car jamais je ne m'étais sentie aussi perdue en lisant un livre.  Je me suis vraiment traînée. Deux semaines pour lire ces fameuses 200 pages. Par petit bout, jetant mon livre avec la ferme intention d'abandonner pour de bon, puis le reprenant quand même. Par pure curiosité.

Et puis effectivement vint le moment où arrivent deux humains. Des vrais humains dont on comprend le comportement. Steve et Erwin ont été la bouffée de fraîcheur tellement attendue. Ils ont permis à la lectrice perdue que j'étais de refaire surface. Une bouée. A ce moment du récit, on commence à comprendre, le décor et les personnages se mettent en place. Et toujours cette curiosité qui pousse à poursuivre pour comprendre le pourquoi, le comment. Pourtant des scènes de violence jalonnent toujours le récit. Le flash-back sur la "première mort" de Carolyne a bien failli une fois de plus me faire abandonner. Je sais que ces scènes permettent de comprendre le comportement des personnages, en particulier celui de David, mais pour moi c'est trop. Ça va trop loin. Je suis une chochotte sans doute, mais surtout je ne m'attendais pas à "ça" en lisant la quatrième de couverture. Quand j'ai lu: 

Elle et sa fratrie d’adoption ont été élevés suivant les coutumes anciennes de Père. Ils ont étudié les livres de sa Bibliothèque et appris quelques-uns des secrets de sa puissance.
je l'ai pris au pied de la lettre et j'ai imaginé les douze orphelins en train de découvrir des livres entourés d'un père aimant. Pas du tout, mais j'étais loin du compte. Oui la bibliothèque existe. Oui les orphelins recueillis par "Père" doivent chacun se spécialiser dans un des domaines couverts par cette bibliothèque. Mais là s'arrête l'analogie avec une bibliothèque "normale" dans laquelle par exemple il n'est nul besoin de mourir pour apprendre à ressusciter ou de souffrir pour apprendre à surmonter la douleur.

Et la cerise sur le gâteau c'est quand même :
Avec une galerie de personnages mémorables, La Bibliothèque de Mount Char est à la fois terrifiant et hilarant, visionnaire et captivant.
C'est à la fois on ne peut plus vrai et faux. Oui les personnages sont mémorables, oui le roman est terrifiant et surtout captivant. Par contre le côté visionnaire m'échappe, quant à être hilarant ... On ne doit pas tous rire de la même chose !

Et pourtant il y a beaucoup de choses que j'ai aimées. Le personnage de Steve, si humain, faillible et confiant. Il suit Carolyne en dépit de tout, en lui faisant (presque) totalement confiance. Une sorte de marionnette emportée par cette aventure et manipulée par Carolyne. Erwin si pro, si militaire, si surhomme et l'humain implacable qui lui aussi se retrouve manipulé par les évènements. Et puis il y a les lions, Dresde et Naga, sans doute les plus "humains" et les plus majestueux personnages du roman.

Alors oui on peut parler de Lovecraft ou de Gaiman, deux auteurs que j'adore pour situer le roman. Mais même si je comprends le pourquoi de ces références, je n'arrive pas à y adhérer. Je suis bien incapable de vous dire si j'ai aimé ou détesté ce livre. La seule chose que je sais, c'est que je voulais connaître le pourquoi d'un tel livre et que pour ce faire, il me fallait arriver au bout. Ça m'a coûté, mais j'y suis arrivée. Si je devais le relire sachant ce que je sais maintenant, je refuserais tout net. Et pourtant je suis fière d'être allée au bout malgré tout. En tout cas ce qui est sûr c'est que le roman ne laisse pas indifférent. Si vous attendez que je vous dise "lisez-le" ne comptez pas sur moi, mais ne comptez pas sur moi non plus pour vous dire "ne le lisez pas". 


12 commentaires:

Zaphrina Makichan a dit…

Tu m'inquiètes. Je l'ai acheté en occasion. Une bloggueuse l'a acheté en le présentant comme un roman d'horreur. Du coup, ça m'inquiète entre son propos et le tien.

Léa Delapierre a dit…

J'avoue être très curieuse de le lire ! Il faudra que je m'en fasse ma propre idée ;)

Nath Aely a dit…

Je n’etais Somme toute pas vraiment intéressée. Lol voilà qui confirme mon choix. Et hop une économie de faite ;).

Phooka a dit…

Roman d'horreur oui on peut e voir comme ça. J'ai sauté certains passage trop "malsains".

Phooka a dit…

Oui c'est le seul moyen je crois ;)

Phooka a dit…

Hein? Pour une fois qu'on ne rallonge pas ta PAL! :)

Acr0 a dit…

Tout comme toi, l'entrée en matière fut difficile. Je ne comprenais rien et je me demandais ce qui pêchait chez moi tant la dissonance était forte. Les personnages sont effectivement violents et même sans morale et oui, l'horreur est bien présente ! Ceci dit, j'ai trouvé l'intrigue palpitante car comme toi, j'étais curieuse de ce qu'il allait se passer. Mais j'ai décroché vers la fin (Après la visite au petit cabinet médical si tu te souviens). Je l'ai lu il y a un an et demi et j'avoue que l'intrigue me reste bien en tête mais avec ce recul, je le trouve too much. La fin est beaucoup trop rapide à mon goût et absolument pas soignée.

Phooka a dit…

Je n'ai pas aimé la fin non plus, mais je n'ai pas voulu en rajouter dans le négatif. J'ai sauté qqs passages parce que je m'ennuyais à nouveau au même endroit que toi visiblement .

Zaphrina Makichan a dit…

tu ne me rassures pas du tout

Elhyandra a dit…

Moi qui n'avais vu que de bons avis dessus, il reste intrigant mais ce n'était pas une priorité ^^

Bouchon des bois a dit…

Ouuuuh... Je dois être un peu étrange, mais j'avoue que tu m'intrigues, Phooka. Ceci étant, je ne sais pas si j'ai les épaules pour supporter toute cette violence dont tu parles... Nous verrons bien, si je le croise au détour d'une étagère !

Unknown a dit…

Personnellement, j'ai adoré, mais je ne crois pas que ce soit un livre pour tout le monde. Cela dit, je ne l'ai certainement pas lu comme une comédie. J'ai particulièrement aimé la mythologie, qui fait changement de la fantasy typique. Sinon, même si je peux comprendre la comparaison aux romans d'horreur soulignée dans les commentaires parce que c'est un livre très cruel, je n'irais pas jusque-là puisque l'horreur n'est pas le but du récit.