lundi 4 octobre 2021

SHUSHARRAH de Anthelme Hauchecorne et Emmanuel Chastellière

 


Éditions Scrineo
336 pages
18,90 euros





L'avis express de Dup sur Shusharrah de Anthelme Hauchecorne et Emmanuel Chastellière

Un roman d'anticipation dur, impitoyable et incroyablement réaliste... hélas !



L'AVIS DE DUP



Deux noms sur cette couverture. Anthelme Hauchecorne, Emmanuel Chastellière. Deux aimants. Comment résister ? Impossible. Deux auteurs que j'adore, tous deux invités en Mois2 ici, deux fois même pour Emmanuel. Il fallait donc que je découvre ce roman à quatre mains, une première pour tous les deux je crois bien.

Et puis quand on voit la beauté de cette couverture qui ressemble à une aquarelle high level, on a qu'une envie se plonger dedans. Les couleurs sont chaudes, accueillantes... et pourtant ! Je ne pense pas avoir rencontré un lieu aussi peu accueillant !!! 

Jeanne vit dans l'angoisse depuis qu'elle n'a plus de nouvelles de son frère Adam. Il avait réussi à lui en faire parvenir depuis qu'il avait rejoint Shusharrah. Alors elle s'inquiète, elle lui avait pourtant dit tout ce qu'elle pensait de ce rêve, de cette lubie juste avant qu'il parte ! Alors elle décide de le rejoindre.

De toute façon rien ne la retient ici. Ici, c'est une ville quelque part en France... Et puis ce n'est même plus la France, cela ne veut plus rien dire ces noms de pays. Il n'y a plus rien qui fonctionne, même déjà du temps de ses parents. Les cataclysmes suite au dérèglement climatique, les flux migratoires dus aux famines, guerres ou autres ont brassé tout ça, diminué drastiquement la population et aujourd'hui pour le peu de survivants c'est la loi de la démerde.

Elle empaquète le peu qu'il lui reste, et surtout ses quelques livres rescapés, seule chose à laquelle elle tient, et prend à son tour la route vers Shusharrah. Ben, un ami d'enfance l'accompagne. Et le périple commence dès le début, jusqu'à la côte. Puis le choix du passeur, le voyage en mer dans des conditions déplorables, les tempêtes, les menaces des pirates, et encore moults péripéties glauques que je ne vous raconterai pas, elle finit par débarquer, seule, au pied de Shusharrah.

Pas dans Shusharrah non, il faut la mériter pour y entrer. Au pied, dans un immense bidonville qui s'étale devant la montagne abritant la ville de tous les espoirs. Mais tout cela indiffère presque Jeanne, ce qu'elle veut c'est comprendre où a disparu Adam, son frère. S'il faut entrer dans Shusharrah elle rentrera, s'il faut rester dans le bidonville, elle restera.

J'ai eu beaucoup de mal avec ce personnage principal tellement froid, même si je reconnais une sacrée évolution sur la fin. J'avais beau me dire que c'était normal, qu'il fallait qu'elle se blinde pour supporter tout ce qu'elle traverse, je n'ai pas réussi à développer de l'empathie pour elle. Pour Dayot oui, et surtout pour la vieille Issa ♥. 

Sinon, les thèmes abordés le sont avec une finesse remarquable : L'immigration bien sûr, la précarité, les différences sociales, le racisme et tous les corollaires qui découlent de ce pack bien sombre. Shusharrah est un roman d'anticipation et non un post-apo ou une dystopie comme on pourrait le croire. Et cependant les thèmes abordés, terriblement actuels demeurent. 

Je dis anticipation parce que les auteurs ont bien souligné que les générations précédentes, c'est à dire nous, étions au courant des catastrophes imminentes dues au dérèglement climatique. Que les sonnettes d'alarmes avaient toutes été tirées. Mais que les décisions pour y remédier n'ont pas été prises, ou si peu, ou pas assez vite... Tellement vrai, tellement actuel !

Shusharrah est un roman profond qui va vous embarquer dans un univers impitoyable, un futur probable que nous laisserons peut-être (laisser moi m'accrocher à ce peut-être !) à nos petits-enfants, au mieux à la génération suivante. Shusharrah est un constat terrible de ce que peut créer un fossé entre une élite et le reste du monde. Et même si Shusharrah apporte également une note d'espoir, pour sauver l'humanité si ce n'est la Terre, j'ai trouvé ce roman dur, trop dur même pour l'adulte (confirmé) que je suis, alors qu'il est destiné aux plus de 15 ans... Le mieux est que vous vous fassiez votre opinion vous même je crois.


2 commentaires:

Zaphrina Makichan a dit…

Je l'ai acheté et fait dédicacer en salon. Je le lirai pas de suite

Dup a dit…

Il est beau n'est-ce pas ? 😍