jeudi 13 juin 2024

LE DERNIER COMBAT de Saara El-Arifi

 


Éditions De Saxus
736 pages
20,90 euros




L'avis express de Dup sur Le dernier combat de Saara El-Arifi

Trois jeunes femmes, trois grains de sable capables d'enrayer la tyrannie établie... Passionnant !

L'AVIS DE DUP



Le dernier combat est le premier tome d'une trilogie, mais également le premier roman de Saara El-Arifi. Et à ce titre, je dois dire que je suis bluffée. Alors que le tout début du roman me semblait classique et convenu, la mise en place de l'intrigue et ses ramifications, la façon de jongler avec ses personnages m'ont très vite rassuré. Je me suis laissée happer par son récit qui est devenu très vite un page-turner.

Nous découvrons un Empire établi sur une île, dernière terre habitée depuis quelques centaines d'années, depuis l'Ultime brasier qui a ravagé toutes les autres surfaces habitables de cet univers. C'est l'Empire des Gardiens, qui sont au nombre de quatre et règnent sur tous les peuples. Ils gèrent quatre disciplines : la force, le devoir, la connaissance et la vérité. Les peuples sont au nombre de trois, qui se distinguent par la couleur de leur sang, lui même conditionnant leur statut social.

Rouge pour les Braises qui sont au-dessus du panier, bleu pour les Cendres qui sont les ouvriers, les fermiers, bref les travailleurs chapeautés par des Braises bien évidemment, et enfin, transparent pour les Hanteurs. Ces derniers on pourrait presque les appeler des Transparents, tant ils le sont vis à vis des autres peuples. Une de leur rébellion un siècle auparavant a abouti à une mesure drastique de la part des dirigeants, des Braises donc, chaque bébé Hanteur est privé de sa langue et de ses mains peu après la naissance. Ils font ainsi de parfaits serviteurs avec des outils adaptés...

Nous allons suivre trois jeunes femmes d'une vingtaine d'années, Sylah une Braise, Anoor une Cendre et Hassa une Hanteuse. Sauf que Sylah se cache parmi les Cendres et Anoor est soi-disant la fille de la Gardienne de la force, Uka. En fait ces deux dernières faisaient partie du plan d'une rébellion mise en place vingt ans auparavant par le mouvement Tempête des sables. Ils ont échangé une douzaine de bébés Braises contre des Cendres et les ont entraînés à devenir de véritable combattants polyvalents. Mais il y a six ans, il y a eu une fuite et presque tous ont été assassinés, par Uka et ses soldats. 

Lorsque nous découvrons Sylah, cela fait six ans qu'elle erre dans les bas fonds de la capitale, imbibée de drogue et/ou d'alcool, gagnant de quoi acheter ses doses en se battant dans une arène. L'Aktibar, c'est-à-dire les épreuves de sélection pour déterminer les meilleurs disciples qui succéderont aux Gardiens ne va pas tarder à débuter, celles pour quoi elle avait été entraînée si dur. Elle se noie encore plus dans la drogue, d'autant qu'elle vient de découvrir que son petit ami de l'époque Jond a lui aussi survécu mais n'a jamais donné signe de vie. 

Jond poursuit son but, mais Sylah, s'en sachant incapable à cause de la joba (la drogue) décide de se venger et d'aller trouver Anoor, la fille qui, pour elle, a pris sa place. Mais Sylah va se retrouver piégée par Anoor et elles vont finir par passer un marché. Sylah entraîne Anoor pour l'Aktibar, en échange Anoor enseigne les runes de sang à Sylah. Cette dernière pourra répercuter l'enseignement à Jond, seule matière qui ne leur a pas été enseignée par la Tempête de sable.

Je vous rassure de suite, tout ce que je viens de dire résume juste les cinq premiers chapitres. Cinq chapitres de mise en place, où l'on suit essentiellement les errances de Sylah... où d'ailleurs je me suis dit que ma lecture allait être longue ! Et puis tout s'emballe et cela ne s'arrête plus jusqu'à la fin de ces plus de 700 pages. J'ai dû mettre autant de temps à lire les 100 premières pages que les 600 suivantes !

Sylah est l'archétype même de l'enfant qui se sait endoctriné, mais ne mesure pas encore à quel point. Sa lutte contre son addiction à la joba force le respect. Sa volonté d'entraîner Anoor pour de mauvaises raisons va petit à petit évoluer devant la personnalité de cette dernière.

Anoor est sans doute le personnage qui a le plus évolué au cours de cette aventure. Opressée, martyrisée par une mère qui la déteste pour son usurpation et son sang bleu, elle vit isolée, elle est oisive et capricieuse. On ne peut pas imaginer tandem plus disparate que ces deux là. Les échanges seront délicieux, d'un tel décalage ! Mais la volonté de damer le pion à sa mère sera la plus forte.

Et puis il y a Hassa, qui traverse ces pages tel un fantôme, toujours là quand il faut, toujours prête à donner un coup de pouce moignon à son amie Sylah, à son peuple. Hassa est un personnage aussi énigmatique que touchant, et je l'ai beaucoup appréciée.

L'univers décrit par Saara El-Arifi, qui n'est pas bien grand au demeurant, est fortement teinté d'inspiration africaine. Les décors, les traditions, et même les habillements avec les tissus kentés. Et s'y rajoutent un bestiaire typiquement fantasy avec des érus, des lézards géants en guise de chevaux, et la magie des runes de sang.  

Tout le roman sera rythmé (après les 5 premiers chapitres) par les entraînements et les passages successifs des épreuves de l'Aktibar qui concernent la Guilde de la force. Et l'on voit naître au fil des pages une toute nouvelle rébellion qui prend aux tripes et sera un excellent moteur de lecture. Le dernier combat serait un coup de cœur si je n'avais pas tant peiné à son démarrage. Mais bon, pour un premier roman, c'est plus qu'excusable. La suite est tellement bien que le nom de Saara El-Arifi est noté dans ma liste des auteurs à suivre impérativement.

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