lundi 14 juin 2021

1991 de Franck Thilliez

 



Fleuve Éditions
Collection Fleuve noir
504 pages
22,90 euros






L'avis express de Dup sur 1991 de Franck Thilliez

Première confrontation du tout jeune inspecteur Sharko, 30 ans, avec le Mal.


L'AVIS DE DUP




Voilà un rendez-vous annuel que je ne raterai pour rien au monde : le nouveau Thilliez, et je sais que je ne suis pas la seule. Il me faudrait deux déceptions coup sur coup pour arrêter, comme cela s'est produit avec Maxime Chattam par exemple... Franck Thilliez est pour moi le meilleur auteur de thriller français, talonné par Karine Giebel soit, mais en tête toujours. C'est la garantie d'une lecture coup de cœur, et 1991 ne déroge pas à la règle. Deux longues soirées complètement accro et scotchée à mon livre, deux toutes petites nuits et des immenses valises sous les yeux, Sharko m'a encore subjuguée. 

Mais là, je dois dire, encore plus et je m'explique : Sharko nous le suivons depuis Train d'enfer pour ange rouge, qui remonte à 2004, où il a déjà la quarantaine. Depuis nous avons eu une dizaine de romans sur ce personnage ! Il a eu le temps d'évoluer, de traverser des enfers, des épreuves, d'avancer dans la vie et mon image du Sharko d'aujourd'hui est un flic mûr, entier, parfois blasé, à coup sûr marqué par son métier. Et là, son auteur lui redonne un grand coup de jeune, et c'est complètement déroutant au début. Avouez que passer du statut de grand chef de la Crim puis entendre tout d'un coup qu'il se fait traiter de bleu-bite déstabilise un peu !

Mais Franck Thilliez l'a tellement dans la peau ce Sharko que très vite on le retrouve. C'est bien lui, c'est bien sa façon de penser... en plus jeune et c'est génial. Et puis l'auteur n'a pas son pareil pour nous pondre une, non deux intrigues tarabiscotées qui tiendront n'importe quel lecteur en haleine. Avec toujours cette incursion dans le monde de la médecine, avec un cas particulier, pas toujours rarissime mais qui vient bien embrouiller les pistes : j'adore ! Avec toujours cette façon de jouer avec le lecteur : j'adore encore plus !

Je ne vais d'ailleurs pas m'attarder sur les affaires que démêle notre personnage principal, pour plutôt me centrer sur la particularité de cet opus, c'est-à-dire sur le fait que tout se déroule en 1991. Rétroprojecteur sur une période pourtant pas si éloignée, 30 ans, et quel virage a pris notre monde depuis !!!

1991, c'était les téléphones fixes, le bottin, et les cabines téléphoniques dans les rues. Stressant et pas très adapté lorsqu'il s'agit d'appeler les urgences ou les renforts... Franck Thilliez en joue beaucoup : reprendre la voiture, revenir sur ses pas, voir au village précédent pour trouver la fameuse cabine, tout en espérant qu'elle marchera !!! Et les kilomètres à pied dans les rues de Paris pour déposer des tracs, des annonces, des demandes de renseignements...

1991 c'était encore toutes les infos sur papier, les archives monstrueuses de toutes les institutions, de tous les médias, le tout début de l'informatique grand public. Quelques ordinateurs tapent l'incruste au 36 quai des orfèvres, mais ils prennent la poussière sous le plastique d'emballage, encombrent plus qu'autre chose quelques bureaux. Sharko a besoin d'éplucher la liste des collégiens d'un village en Haute Savoie : il prend sa voiture, se cogne 5 heures de route, une chambre d'hôtel et passe la journée dans une pièce poussiéreuse du dit collège à feuilleter des cartons et des cartons. Et encore, il a eu de la chance là, c'était à peu près rangé...

1991, c'était les balbutiements de l'ADN. La période charnière pour les flics où les preuves irréfutables n'étaient encore que les empreintes digitales. Lorsqu'on suit un adulte en 91, ça donne des hommes et des femmes nés en 60 ou avant, et Franck Thilliez nous fait découvrir quelques théories psychiatriques de l'époque qui font froid dans le dos. 

1991, c'était encore plein de détails qui aujourd'hui semblent tellement impensables ! Ça fumait et picolait sec parfois dans les bureaux du 36. Les dépositions comme les gardes à vue étaient... musclées (doux euphémisme)! Les arrangements avec la loi également : il y a la loi, mais il y a les règles au-dessus. Et les flics qui constituent cette famille du 36, ils ont leurs règles, n'en doutez pas une seconde.

Bref, 1991, c'était passionnant encore une fois. Bien flippant comme toujours. En revanche je suis curieuse d'avoir l'avis du jeune lectorat, celui né vers 90 ou après. Chez moi ce sera chose faite bientôt, car j'ai une de mes filles née en 93 qui est accro aux écrits de Franck Thilliez !

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