L'avis express de Dup sur Le bouffon de la couronne de Thibault Lafargue
L'AVIS DE DUP
Sébrain est apprenti fournier lorsque nous faisons sa connaissance. On approche de la date des futures promotions, et comme beaucoup il prie pour être sélectionné pour le Moulain d'Or Blanc. Mais le destin, ou plutôt les manigances d'un tiers le fera déraper, au mauvais endroit, au mauvais moment dirons-nous !
Au lieu de prendre la direction tant attendue, c'est vers Coeur-le-bourg, siège du château royal qu'il devra se diriger, le roi n'ayant eu d'autre choix que le nommer bouffon personnel. Ainsi va démarrer, sur un malentendu, la carrière du jeune Sébrain. Une vie à se côtoyer, alors que les deux parties du couple sont réticentes, absolument non consentantes.
Commence alors l'apprentissage de ce métier qui est de faire rire... à l'inverse totalement des méthodes du dit apprentissage ! C'est un véritable chemin de croix qu'il traverse pour devenir Tirelangue, tout en commençant à se familiariser avec les lieux, la cour, les nobles et leurs complots. À la fin de cette lecture, plus aucune facette du métier ne vous échappera ! C'est passionnant.
Roman initiatique donc, mais aussi éminemment politique car nous sommes en pleine période tendue de négociations entre le Ponant où se situe l'action, et le Levant, en vue d'un arrêt de la guerre qu'ils se mènent depuis une vingtaine d'années. Or, il faut le savoir, Sébrain est un mâtiné, son père était un levant...
Thibault Lafargue a créé un univers médiéval sombre, un brin désenchanté et parfaitement crédible, avec sa religion, son clergé, son inquisition et les hérétiques qui ne sont pas ceux qu'on croit ! Apparaît néanmoins dans cet univers fouillé des touches de magie qui sauront nous surprendre et donc que je tairai.
Les personnages principaux sont extrêmement bien décortiqués, qu'ils s'agissent de Sébrain, de Mirmon son ami d'enfance ou du roi Guillon de Saintelarme. Les secondaires ne sont pas en reste, notamment les figures féminines de ce roman, avec une mention spéciale pour Jeanny-la-Folle.
Avec une plume soutenue, sans être pompeuse ni redondante, Thibauld Lafargue nous déroule son histoire sans accroc, sans temps mort avec une juste répartition de narrations et de dialogues. Une narration souvent poétique, qui tranche avec la violence des échanges. Des moments avec beaucoup d'actions trépidantes qui laissent place à d'autres, plus calmes, voire d'introspection, sans qu'on s'y ennuie une seule seconde. Bref, c'était parfait. Ce premier tome est pourtant une brique, je l'ai dévoré en un rien de temps, embarquée par ce récit puissant, sombre et passionnant.
Le bouffon de la couronne est un premier roman. C'est une réussite. Une fin qui, sans être à proprement parlé un cliffhanger, nous fait attendre avec impatience le second tome qui clôturera cette histoire. J'ai grand hâte !
Un mot enfin sur l'objet-livre qui est somptueux, à l'image de l'illustration de couverture que l'on doit à Hervé Leblan qui retranscrit parfaitement l'ambiance sombre et l'état d'esprit désabusé de Sébrain... Je suis fière et heureuse de l'accueillir dans ma bibliothèque.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire