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mardi 22 novembre 2016

ORGUEIL ET PRÉJUGÉS de Jane Austen





Édition 10 - 18
381 pages
6,60 euros


Synopsis :

Orgueil et préjugés est le plus connu des six romans achevés de Jane Austen. Son histoire, sa question, est en apparence celle d'un mariage: l'héroïne, la vive et ironique Elizabeth Bennett qui n'est pas riche, aimera-t-elle le héros, le riche et orgueilleux Darcy ? Si oui, en sera-t-elle aimée ? Si oui encore, l'épousera-t-elle ? Mais il apparaît clairement qu'il n'y a en fait qu'un héros qui est l'héroïne, et que c'est par elle, en elle et pour elle que tout se passe.



L'avis de Dup :

Ben mes amis, c'était mon premier Jane Austen, autant le dire tout de suite, c'est aussi le dernier. Quand en plus on sait que c'est le plus connu, le plus plébiscité... la littérature anglaise de XIXème n'est pas faite pour moi alors, je me suis passablement ennuyée.

Même si mes lectures de prédilection sont les thrillers et les littératures de l'imaginaire, je ne suis pas contre une romance de temps en temps. Il m'est même arrivé d'en faire des coups de coeur, si, si !

Ceci dit, je ne regrette pas ma lecture car cela faisait longtemps qu'il m’interpellait ce classique encensé par la critique. Donc ce challenge tombait à point nommé pour assouvir ma curiosité... et surtout me forcer à aller jusqu'au bout pour récolter quelques points pour l'équipe ♣, la meilleure comme il se doit ! :D

Elizabeth Bennett est la cadette d'une fratrie de cinq filles. Les Bennett sont loin d'être pauvres, un domaine, plusieurs domestiques, mais pas suffisamment riches pour doter avantageusement leurs filles. Habitants à la campagne, donc loin de Londres, les occasions de pécho le bon mari sont rares et lorsque celles-ci se présentent il ne faut pas rater le coche. Jane, l'aînée d'Elizabeth, va jeter son dévolu sur Mr Bingley, l'ami de Mr Darcy. Donc en gros il ne lui reste que ce dernier, ses plus jeunes soeurs n'étant pas encore sur le marché... Mais celui-ci s'avère hautain et méprisant.

Déjà il faut que je précise que j'ai trouvé ce Mr Darcy puant et exaspérant du début à la fin de ce roman. J'ai du mal à comprendre comment il peut faire se pâmer des générations de lectrices ! Quant à Elizabeth, même si celle-ci incarne l'image de la femme moderne par rapport à son époque, la rebelle qui ose dire non à un prétendant, elle m'a pas mal escagassée aussi.

Elle qui reproche sans cesse aux autres leur orgueil et leurs préjugés se montre elle même orgueilleuse et présomptueuse. En fait toute la famille Bennett est horripilante, le pompon étant décerné à la mère que j'aurai bien bâillonnée ! :P  Si j'analyse mon ressenti après lecture, aucun personnage de ce roman n'a eu grâce à mes yeux. Ils étaient soit falots, soit extrêmement énervants.

Quant à l'histoire d'amour, trame de ce roman, inutile que je m’appesantisse là-dessus, tout le monde la connait car si elle n'a pas été lue, elle aura été vue n'est-ce-pas ?

Bref, pas concluant. Cette lecture aura eu cependant deux mérites :
1) Rapporter des points à l'équipe ♣
2) Éviter que je m'ennuie plus de 2h devant un écran pour visionner ce grand classique.


Allez les ♣ !!!
Défi principal de bibi check \o/




jeudi 26 mai 2016

THE MEMORY BOOK de Lara Avery





Éditions Lumen
442 pages
15 euros

Le pitch :



On me dit que ma mémoire ne sera plus jamais la même, que je vais commencer à oublier des choses. Au début juste quelques-unes, mais ensuite beaucoup plus. Alors je t'écris, cher futur moi, pour que tu te souviennes !

Sam a toujours eu un plan : sortir première du lycée et filer vivre à New York. Rien ne l'en empêchera – pas même une anomalie génétique rare qui, lentement, va commencer à lui voler ses souvenirs, puis sa santé. Désormais, ce qu'il lui faut, c'est un nouveau plan.
C'est ainsi que naît son journal : ce sont les notes qu'elle s'envoie à elle-même dans le futur, la trace des heures, petites et grandes, qu'elle vit. C'est là qu'elle consignera chaque détail proche de la perfection de son premier rendez-vous avec son amour de toujours, Stuart. Le but ? Contre toute attente, contre vents et marées : ne rien oublier.


L'avis de Dup :

C'est bientôt la fin de la dernière année de lycée pour Sam, après ce sera, elle l'espère bien, l'université de New York où elle est quasiment admise. Seulement depuis cet hiver, le couperet est tombé, elle est atteinte d'une maladie génétique rare : la Niemann-Pick type C. Une maladie qui se traduit par une atteinte de sa mémoire. Cette mémoire qu'elle bichonne depuis des années en participant à des concours d'éloquence en parallèle d'une scolarité très brillante. Mais Sam est une battante, et pour ne pas oublier, pour pouvoir se souvenir de ce qu'elle est aujourd'hui, elle va s'écrire. Elle s'adresse à la Samantha du futur et c'est dans ce journal de bord que l'on va s'immerger.

Le parallèle avec Nos étoiles contraires est inévitable bien sûr, comme le Everything everything que j'ai lu il y a peu, mais à la différence de ce dernier, j'ai trouvé l'histoire de Sam extrêmement touchante et pas guimauve du tout. En tout cas suffisamment originale pour oublier Hazel et Augustus et m'imprégner complètement de la vie de Sam, de sa lutte pour arriver à avancer, se mettant un objectif après l'autre. Outre ses réflexions désarmantes, ce qui m'a le plus touché chez elle c'est son attitude constamment positive face à sa maladie. Son combat pour impliquer le moins possible ses proches est vraiment émouvant. Car oui, en plus de ses problèmes de mémoire, vont se gréver des problèmes de santé et pas des moindres. Je vous suggère de taper sur Google le nom de cette maladie génétique, vous verrez, c'est édifiant !

Alors que ce Memory book s'adresse à son moi futur, le lecteur ne peut s'empêcher d'avoir l'impression d'en être le destinataire. Sam nous implique complètement dans son histoire, dans ses amours, dans ses déboires. Les moments de crises se glissent au milieu de ce journal, d'abord de façon imperceptible par une faute que l'on croit oubliée à la relecture, puis par un ou deux défauts de ponctuation, puis le nombre de fautes, de défauts, d'incohérences augmente. Mon Dieu, ces passages me retournaient le ventre !

C'est un très bon roman que nous propose là les éditions Lumen. Il a totalement sa place à côté de Nos étoiles contraires, charriant autant d'émotions fortes qui amènent le lecteur à passer du sourire aux larmes. L'écriture est fluide et légère, le style narratif direct y est pour beaucoup et ma foi c'est bien agréable. Les 450 pages s'avalent très vite, la fin que l'on sait inéluctable nous fauche quand même...prévoyez les kleenex ! Ce type de roman est parait-il classé aujourd'hui dans la catégorie sick-lit. Mais quand le sujet de la maladie est bien traité comme ici, qu'il touche des enfants ou des ados qui devraient éclater de santé comme les autres, il est forcément poignant. Quand l'auteur sait faire ressentir les impacts de cette maladie sur tous les proches, famille, amis, amours, c'est forcément émouvant. Moi je proposerais bien la catégorie "triste-lit"ou "sad-lit" comme vous voulez !


jeudi 10 septembre 2015

LE LIVRE DE TOUTES LES RÉPONSES SAUF UNE de Manon Fargetton





Éditions Rageot
Collection Romans
190 pages
6,45 euros


4ème de couv :

On l'appelle le Livre des réponses.
Il vient de la nuit des temps.
S'il brûle, il renaît de ses cendres.
Il répond à toutes les questions.



L'avis de Dup :

C'est la rentrée et Bérénice s'apprête à affronter le pire jour de sa vie. Parce qu'elle déteste attirer l'attention des autres et qu'elle sait qu’immanquablement elle ne va pas passer inaperçue. Elle est nouvelle et son nom, comme d'habitude va susciter des réflexions : Lamort. Ça ne loupe pas... mais l'attention des autres va être détournée lors de l'appel par une autre nouvelle, qui elle cumule un prénom et un nom peu commun : Pandora Hurlevent.

Au bout du compte, cette journée ne se sera pas trop mal passée pour Bérénice, car elle s'est rapprochée de Pandora et elle envisage même une amitié possible. De plus, un garçon visiblement pas nouveau dans le bahut, prénommé Lazare, s'est proposé toute la journée pour leur servir de guide.

Ce trio va apprendre petit à petit à se connaître, à découvrir puis apprécier leurs différences. Puis, à force de se cotoyer au collège, mais aussi en dehors presque toutes les fins d'après-midi, ils vont commencer à se dévoiler. C'est alors que le récit de Manon Fargetton prend un tour un brin fantastique et merveilleux. Je n'en dirai pas plus, la 4ème de couv en dit déjà bien assez...

Voilà, la magie Fargetton a encore opéré. En l'espace de très peu de pages elle arrive à nous faire aimer TOUS ses personnages ! Ces trois là sont pourtant bien différents, mais je suis incapable de dire lequel j'ai préféré... si...peut-être...sans doute Lazare...quoi que... Même les parents, à peine esquissés sont délicieux et profonds. J'ai adoré le père de Bérénice.

Ce tout petit, tout riquiqui livre est un concentré de tout plein de bonnes choses. Un concentré de belles leçons sur la tolérance et l'acceptation de la différence à mettre entre toutes les mains. Un concentré de belles valeurs, comme l'amitié, l'amour filial. Sont abordés la religion, ou plus exactement les croyances au sens large, la mort, le deuil.  Un concentré d'émotions également, je dois avouer avoir versé ma larme (qui confirme mon côté midinette...). En fait ce livre est un concentré de ce qu'est Manon Fargetton. On y retrouve toutes ses facettes éparpillées parmi les différents personnages et c'est un délice à retrouver. Lire ce livre à la lumière de son Mois2 est une expérience bien agréable.



lundi 24 mars 2014

LES MAINS DE DIEU de Ludovic Rosmorduc (Dup)




Éditions J'ai Lu
380 pages
15 euros

4ème de couv :

« Onzième jour du mois de novembre de l’an 1215. Un jour terne se levait sur Rome, capitale de la Chrétienté. Tous les ecclésiastiques piétinant sur le parvis attendaient cela depuis plus de deux ans. Depuis le 19 avril 1213, date à laquelle le pape Innocent III les avait convoqués au quatrième concile du Latran. Les yeux rivés sur le portail, aucun des religieux ne remarqua les ombres furtives qui, à la dérobée, s’échappèrent du saint édifice par l’une des portes du transept. »




À l’heure où la croisade contre les albigeois fait rage, Théodore d’Havricourt, vieil érudit passionné, et la jeune Jehanne sont accusés à tort et doivent fuir Carcassonne pour sauver leurs vies. Pourtant, les chevaliers de Simon de Montfort, le chef des croisés, ne sont pas leurs plus farouches poursuivants. De mystérieux dominicains semblent résolus à s’emparer d’un étrange livre en leur possession… Et les Mains de Dieu sont prêtes à tout pour arriver à leur fin.



L'avis de Dup :
 
Qu'elle va être difficile à écrire cette chronique sans froisser l'un ni vexer l'autre. L'un étant l'auteur, l'autre étant ma copine Phooka. Car oui, pour moi cette lecture est loin d'être un coup de coeur. J'ai apprécié ma lecture, attention, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai lu ce roman avec intérêt, mais pas avec passion. Je m'en explique.

Intérêt pour l'époque, la période dans laquelle se situe l'histoire que nous narre l'auteur. 
Intérêt également pour l'Histoire avec un grand H que l'on y trouve. Cette lutte intestine entre les catholiques et les dissidents cathares appelés autrefois les albigeois. J'aurai aimé d'ailleurs en savoir un peu plus sur les croyances de ces derniers, comprendre quel était le danger qu'ils représentaient pour justifier tant de massacres. Mais Jehanne ne s'étend pas plus que ça sur sa foi. Quant à Théodore, il est agnostique, il n'échappe pas au cliché du bon érudit. On sait juste qu'il approuve le fait que les albigeois n'impose pas un baptême mais propose une adhésion mûrement réfléchie à l'adolescence.
Grand intérêt également pour l'intrigue développé par Ludovic Rosmorduc. Cette relique inconnue, cachée depuis des siècles, qui pourrait ébranler les piliers de la religion chrétienne. Qui pourrait soit la consolider, soit la détruire est fort bien trouvée et passionnante. Intérêt donc pour la quête et l'enquête.

Alors dites-vous ? Où il est le blème ? Pour moi, il est dans les personnages. Je les ai trouvé froids, le côté sentiments pas assez creusé. Théodore aurait tout pour lui : un érudit, un passionné de lecture qui a consacré sa vie entière à ses livres, dont les yeux pétillent dès lors qu'il se trouve confronté à une énigme. L'auteur le charge d'un passé peu reluisant qui lui aurait permis de rebondir, l'histoire lui permettait de faire amende honorable : non. Ce sera plutôt "à défaut d'autre chose", une fois que sa curiosité sera assouvie, qu'il se retournera vers son passé. Il a eu la possibilité au cours de sa quête de réparer une grande injustice, il ne cherchera même pas à insister. Quant à Jehanne, je n'ai pas réussi à m'attacher à elle. Si au départ sa mauvaise fortune m'a touchée, son attitude versatile, insouciante puis amoureuse, oublieuse puis vile calculatrice m'a exaspérée. 

Heureusement beaucoup d'autres choses m'ont plu dans ce roman, notamment découvrir les vallées de l'Aude, la ville de Carcassonne et ses alentours. Puis Conques. Décrire cette magnifique ville déjà envahie à l'époque médiévale par des échoppes à attrape-couillons ( ben oui, le touriste n'existait pas !) m'a fait sourire. Conque la belle, avec son abbatiale et son magnifique tympan à qui l'on fait conter mille et une histoires différentes. J'adore.

L'écriture de l'auteur s'est épurée, le style est plus direct. Les chapitres courts entrainent une lecture rapide et l'ensemble est fluide. Mais pour moi il manquait l'ingrédient essentiel qui fait que l'histoire me prend aux tripes. C'est dommage car j'ai lu ce roman avec intérêt, je le redis. A vous maintenant de vous faire votre opinion.

L'avis de Phooka ICI
  

vendredi 21 février 2014

LES MAINS DE DIEU de Ludovic Rosmorduc





Editions J'ai Lu
15 euros
380 pages
Sortie le 19 février 2014



« Onzième jour du mois de novembre de l’an 1215. Un jour terne se levait sur Rome, capitale de la Chrétienté. Tous les ecclésiastiques piétinant sur le parvis attendaient cela depuis plus de deux ans. Depuis le 19 avril 1213, date à laquelle le pape Innocent III les avait convoqués au quatrième concile du Latran. Les yeux rivés sur le portail, aucun des religieux ne remarqua les ombres furtives qui, à la dérobée, s’échappèrent du saint édifice par l’une des portes du transept. » 


À l’heure où la croisade contre les albigeois fait rage, Théodore d’Havricourt, vieil érudit passionné, et la jeune Jehanne sont accusés à tort et doivent fuir Carcassonne pour sauver leurs vies. Pourtant, les chevaliers de Simon de Montfort, le chef des croisés, ne sont pas leurs plus farouches poursuivants. De mystérieux dominicains semblent résolus à s’emparer d’un étrange livre en leur possession… Et les Mains de Dieu sont prêtes à tout pour arriver à leur fin.

L'avis de Phooka:


Quand je commence une chronique en criant "Coup de coeur !!!!", c'est que c'en est un et un gros. Alors, bouchez-vous les oreilles parce que je vais le hurler: COUP DE COEUR !!!!

Rhooo qu'il est bien le nouveau roman de Ludovic Rosmorduc !!!

Alors c'est quoi ?

Un roman historique ?
-Oui évidemment, mais pas que ....
Une enquête ? Un mystère ?
-Oui, mais pas que ....
Un roman d'amour alors ?
-Aussi, mais pas que ....
Un thriller? Du suspense ?
-Mais pas que ....

Bref, pour le résumé vous l'avez au-dessus. Sachez juste que pendant tout le roman, nous allons suivre Théodore, un vieil érudit passionné de lecture ce qui le rend immédiatement sympathique aux lecteurs que nous sommes. En effet, sa seule passion c'est d'amasser des livres, le plus possible et de les dévorer pour en garder la quintessence en tête. Il voudrait accumuler le plus de savoir possible, c'est son but, son idéal. Mais voilà, Théodore se fait vieux et la maladie héréditaire qui le touche comme elle avait touché son père et son grand-père, lui fait apercevoir le bout du couloir ... Il ne se déplace plus qu'avec difficulté, et doit avoir recours de plus en plus souvent à une potion pour soulager momentanément ses douleurs. Rien ne peut le guérir, son destin est écrit. Heureusement deux rencontres fortuites vont égayer ses derniers jours, celle avec Jehanne, une mystérieuse jeune femme qu'il va recueillir sous son toit et celle avec un ... mystère. Et quel mystère! La quête parfaite pour Théodore: un vieux livre. Un ouvrage très ancien, que personne n'a jamais vu, ni même entendu parler. La seule chose qu'il sait c'est que des envoyés du pape, les mains de Dieu, sont sur la trace de ce mystérieux écrit. La curiosité de Théodore s'éveille, curiosité qui devient obsession et il n'aura de cesse que de retrouver ce recueil.
Cette enquête va le mener sur les chemins, lui qui avait pour seul horizon les murs de sa maison couverts de livres. Il va bien sûr affronter des dangers car les envoyés du pape ne supportent pas la concurrence et sont prêts à tout pour arriver à leurs fins. Il sera secondé par Jehanne et d'autres rencontres faites le long des routes. Une bien belle façon de vivre ses derniers jours.


Cette enquête se déroule dans un XIII ième siècle troublé, une période à laquelle il ne fait pas bon être autre chose que chrétien. Les albigeois en ont d'ailleurs fait les  frais, massacrés lors des sacs de villes comme Bézier par des croisés sans pitié. Comme toujours (voir la biblio de l'auteur en bas de cet article) le contexte historique dépeint par Ludovic Rosmorduc est criant de vérité. L'auteur redonne vie à cette période trouble de l'histoire. Il ne se contente pas de re-situer le récit dans ce contexte, non, il lui donne une vraie vie avec un réalisme confondant. A aucun moment le côté "Historique" (avec le grand H), ne devient lourd. Bien au contraire, il est un cadre idéal, crédible et passionnant.

A ceci il faut ajouter des personnages très forts. En premier lieu, Théodore bien sûr; Comme dit plus haut, son amour des livres en fait un héros auquel le lecteur s'attache immédiatement. On le suit à son rythme lent tout au long de cette aventure. Car oui, le rythme de Théodore est lent. Il est vieux et malade et le roman suit son allure. Malgré le suspense, ne vous attendez pas à de folles chevauchées ou courses poursuites, non, tout est finalement "paisible" ... ou presque.
Et puis il y a Jehanne, une jeune femme à l'orée de sa vie et qui se pose bien des questions.

Mais ce qui m'a vraiment transportée, au-delà de l'histoire par elle-même passionnante, c'est bel et bien l'écriture de Ludovic Rosmurduc. Par rapport à ces précédents ouvrages, il a gagné en maturité et surtout en "efficacité". Point de longues et interminables descriptions que l'on retrouve parfois dans ce type de récit. Non, l'auteur nous dépeint l'époque, le décor, le vie des gens avec une vivacité et un réalisme qui permet au lecteur de s'y plonger corps et âme sans la moindre lourdeur. Les chapitres sont courts et l'écriture est belle et prenante, alors les pages défilent toutes seules et ce n'est que plaisir de lecture. Pendant longtemps je me suis demandée comment ce roman allait finir vu le contexte (et non je ne dirais rien pour ne pas spoiler) et cette fin au tout début m'a parue un peu "plate", un peu rapide. Mais d'un autre côté, compte tenu de l'essence même du livre mystérieux que Théodore recherche, il ne pouvait en être autrement. Par cette belle pirouette, Ludovic Rosmorduc, termine son roman de la meilleure façon qu'il soit en y faisant passer un très beau message sur la façon d'envisager sa propre vie.

Bref, je l'ai dit au début et je le redis, je me suis régalée de bout en bout avec Les mains de dieu. C'est un vrai coup de coeur et c'est pour moi le meilleur roman de Ludovic Rosmorduc à ce jour. J'attends donc le prochain avec une énorme impatience !!

(Et  pour ceux qui liront les remerciements en début de ce livre, je ne suis pas peu fière de l'avoir poussé à se surpasser. Bravo Monsieur Rosmorduc !)


Du même auteur sur ce blog: 



jeudi 20 juin 2013

UN BÛCHER SOUS LA NEIGE de Susan Fletcher




Editions J'ai Lu
457 pages
8 euros


Résumé :

Au coeur de l'Ecosse du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher.
Dans le clair-obscur d'une prison putride le Révérend Charles Leslie, venu d'Irlande espionner l'ennemi, l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Mais, depuis sa geôle, la voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes de sorcières, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Peu à peu, la créature maudite s'efface; du coin de sa cellule émane une lumière, une sorte de grâce pure. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu'il brûle d'écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi.
Chaque soir, ce récit continue, Charles suit Corrag à travers les Highlands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire. Chaque soir, à travers ses lettres, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son péché est son innocence et le bûcher qui l'attend le supplice d'un agneau.




L'avis de Dup :

C'est un peu une chronique OVNI que je vous livre aujourd'hui, car ce livre ne fait absolument pas partie des lectures ciblées habituellement par ce blog. C'est un roman tout court, ni un thriller, ni un polar, ni un SFFF, ni un YA...Susan Fletcher plonge son lecteur dans la fin du XVIIe siècle, dans l'Écosse profonde, plus exactement dans les Highlands. 
Corrag, une jeune anglaise y est emprisonnée, accusée de sorcellerie, elle sera brûlée vive. Mais pour cela, il va falloir attendre le dégel car il fait trop froid et il neige trop en cet hiver 1692.
Charles Leslie, Révérend irlandais, va voyager jusqu'à elle afin de l'interroger sur des événements qui ont eu lieu dans la vallée de Glencoe, d'où elle vient. Charles est jacobite et glane tous les faits pouvant nuire à la réputation du roi Guillaume, le hollandais, afin de remettre sur le trône la dynastie des Stuart.

Les détails historiques de cette période sont bien là et raviront certainement les amateurs de la grande Histoire. J'avoue avoir glissée sur eux tant j'étais accaparée par les émotions que charriait le roman. Corrag accepte de témoigner s'il accepte d'écouter le récit de sa vie. Malgré la réelle répugnance qu'il éprouve pour cette créature misérable et repoussante, il va revenir tous les jours dans la geôle recueillir les paroles de la "sorcière".

Construit donc sur une alternance entre des passages du passé de la vie de Corrag, des passages contemporains à sa période d'emprisonnement et des compte-rendus journaliers de Charles sous forme de lettre qu'il écrit à sa femme Jane, restée avec ses quatre enfants à Glaslough en Irlande. Que dire si ce n'est que ce livre est poignant, émouvant et qu'une fois démarré on ne peut plus le lâcher. 

Corrag bien évidemment est LE personnage pour lequel on a immédiatement de la sympathie. Parce qu'elle est toute frêle, un peu naïve, mais cependant très débrouillarde. Parce qu'elle a toujours été très solitaire, elle est taxée de gueuse, de catin. Parce qu'elle a été instruite par sa mère sur les vertus médicinales des plantes, elle est forcément une sorcière. Et c'est toutes ces injustices qui pèsent sur ses épaules qui décuplent l'empathie que l'on éprouve pour elle.
Mais il y a aussi Charles qui va se révéler un personnage passionnant. Religieux rigide et plein d'idées préconçues, on va sentir éclore en lui la tolérance, puis le doute. Tous les principes fondamentaux sur lesquels il s'appuyait vont un à un s'ébranler puis s'écrouler. Et c'est un tout autre homme qui va naître au contact de la petite anglaise, "Sassenach" en gaélique, comme l'appelaient les habitants de Glencoe.

Ce roman est également un hommage à l'Écosse, et plus particulièrement les Highlands. Les paysages décrits sont somptueux et la plume de Susan Fletcher nous fait défiler devant les yeux une multitude de cartes postales toutes plus belles les unes que les autres. On découvre véritablement cette région qui décline toute une palette de couleurs au gré des saisons qui défilent. C'est magnifique et donne vraiment envie d'y aller.

Et bien, en résumé, TOUT dans ce livre m'a plu. Donc forcément je ne peux que le conseiller... et bien, à tout le monde ! Me voilà à nouveau sous le charme d'une plume épatante, que je ne connaissais pas du tout et qui m'a fait vibrer du début à la fin de ce roman. Coup de coeur donc !

vendredi 3 mai 2013

14 de Jean Echenoz





Les éditions de Minuit
124 pages
12.50 euros


Présentation de l'éditeur:

Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état.

Les premières pages



L'avis de Phooka:


Un "petit" roman que ne sais pas chroniquer. "Petit" par la taille mais non par sa qualité. Jean Echenoz, je l'avais découvert avec Je m'en vais et Des éclairs. Bien loin de mes habituelles lectures, cet auteur, sait me charmer par son écriture. Une écriture si belle et qui semble si simple qu'on se dirait presque qu'on pourrait nous aussi écrire ... Oui mais cette "simplicité" n'est qu'apparente. Chaque mot est choisi avec soin et posé exactement là où il faut. Comme une toile de grand maître ou comme une pâtisserie aux ingrédients pesés au gramme près. Le tout a une saveur hors norme que je n'ai jamais retrouvée ailleurs.

Cette fois Jean Echenoz s'attaque à la grande guerre. Cette guerre si meurtrière et qui a laissé des blessures profondes dans tout le pays. A travers le destin de cinq jeunes hommes du même village, Jean Echenoz nous raconte la guerre vu "du petit côté de la lorgnette". Le départ plein d'enthousiasme, la certitude de rentrer très vite, puis les premières escarmouches, les premières batailles, les premiers morts, les tranchées ...  Petit à petit nos "héros" vont prendre conscience que la guerre n'est pas du tout telle qu'ils l'avaient imaginée.

Mais Echenoz nous raconte aussi la vie au village. Un village désert dans lequel les rues sont pratiquement vides. Plus d'hommes, sauf quelques vieux. Plus de femmes non plus puisqu'elles doivent travailler. Restent quelques enfants dont certains feront sans doute partie de la prochaine "fournée" de soldats d'ici un an ou deux. Blanche est restée au village et elle attend des nouvelles...

C'est une vision incroyablement touchante, pleine de pudeur que l'auteur nous livre. La vision des "petites gens" qui ont cru ce qu'on leur racontait et qui vont vivre un enfer. Un vision simple et émouvante, pleine de bon sens. 
C'est tellement facile pour nous, connaissant la suite de l"Histoire avec un grand H, avec ses tenants et ses aboutissants, d'avoir une image faussée. Là, les cinq personnages ne savent rien, ni de la politique de cette époque, ni de ce qui va se passer. Ils ne savent pas que les beaux aéroplanes qu'ils voient pour la première fois dans le ciel vont bientôt être munis d'armes. Ils ne savent pas que leurs beaux uniformes sont trop voyants, que sortir se balader dans la forêt est considéré comme une désertion et puni de mort ...
Cette vision si réaliste, si proche des gens, est un vrai moment de lecture. C'est tellement poignant et tellement bien écrit que le livre se lit d'une traite.

Un vrai plaisir de lecture, ne passez pas à côté.


jeudi 7 mars 2013

LA LISTE DE MES ENVIES de Grégoire Delacourt



JC Lattes
186 pages
16 euros


Résumé:


Jocelyne, dite Jo, rêvait d'être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n'a pas tout à fait la taille mannequin. Elle aime les livres et écrit un blog de dentellières. Sa mère lui manque et toutes les six minutes son père, malade, oublie sa vie. Elle attendait le prince charmant et c'est Jocelyn, dit Jo, qui s'est présenté. Ils ont eu deux enfants, perdu un ange, et ce deuil a déréglé les choses entre eux. Jo (le mari) est devenu cruel et Jo (l'épouse) a courbé l'échine. Elle est restée. Son amour et sa patience ont eu raison de la méchanceté. Jusqu'au jour où, grâce aux voisines, les jolies jumelles de Coiff Esthétique, 18.547.301€  lui tombent dessus. Ce jour là, elle gagne beaucoup. Peut-être.



L'avis de Phooka:


Tiens et si on changeait un peu de style. Ici point de thriller, de fantasy ou de jeunesse, mais un roman de cette "littérature blanche " (comme je n'aime pas ce terme pédant), tout simple et si touchant.
J'avais entendu parler de ce roman sur RTL je crois, une chronique qui en disait tout le bien et surtout à quel point ce livre a été un succès en librairie. Il s'en est vendu bien plus que ne le pensait l'éditeur au départ. les lecteurs adorent tout simplement ...

Oui tout simplement car simplicité est le maître mot de cette histoire, une histoire simple, une femme simple, une vie simple, et simplement elle gagne à l'euro million. Et là, tout ce qui était si simple devient compliqué. On pourrait penser que devenir riche permet de ne plus avoir de problème, mais pour Jocelyne, Jo, notre héroïne c'est juste l'inverse. Parce que finalement, sa vie, bien que pas toujours rose, elle l'aime telle qu'elle est et elle ne veut pas la changer. Son mari, Jocelyn, Jo lui aussi, pas le meilleur des maris, mais pas le pire non plus, sa petite mercerie, son blog. Ça pourrait être pire, mais mieux encore cette routine et ses petits bonheurs quotidiens lui conviennent tout à fait. Elle n'a pas envie que 18.547.301€  viennent tout changer.
Alors régulièrement, elle écrit des listes de ses envies: acheter la centrale de repassage à 318 euros chez  Auchan, acheter les DVDs de James Bond pour son mari etc ...

Une liste simple parce qu'elle a des envies simples Jo. Elle n'est pas du genre à vouloir une Porsche ou une maison au Bahamas et c'est cette vie, ou plutôt portion de vie que nous raconte Grégoire Delacourt. Un récit simple (tiens je vais devoir compter le nombre de fois où je vais dire simple dans cette chronique, je vais dépasser les quotas !:)), des mots simples et incroyablement touchants. J'ai versé des larmes parfois, j'ai été profondément touchée. Jo, elle me fait penser un peu à Odette Toulemonde, ces femmes qui ont simplement le don du bonheur et de "faire avec".

Ça remet bien les idées en place dans cette société de consommation à outrance, ça fait du bien et c'est aussi simple que ça !

mercredi 16 janvier 2013

NOS ÉTOILES CONTRAIRES de John Green




Editions Nathan
323 pages
16,50 euros
Parution le 21 février 2013


Résumé :

Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.


L'avis de Dup :

Comment voulez vous écrire une chronique après avoir été complètement dévastée par un roman ! Cela fait plusieurs jours que j'affronte mon cahier où le titre est posé, stylo en main, mine bleue claire comme la couverture, mais rien ne vient. Enfin rien, rien n'anime mon poignet parce que côté émotions c'est loin d'être le calme plat. Au contraire, elles se bousculent ces émotions, elles jaillissent et je n'arrive pas à les canaliser.

Hazel a seize ans et un cancer de la thyroïde en stade quatre. Depuis qu'elle a treize ans elle est en sursis. Le terrible diagnostic est tombé trois mois après ses premières règles. Comme elle le dit, c'était : " Félicitations ! Tu es une femme. Maintenant, meurs ! ". Elle n'est même pas en rémission comme beaucoup d'autres ados qu'elle rencontre au groupe de soutien, elle ne sera jamais en rémission.

Et justement, John Green va lui faire croiser le chemin d'Augustus, dis-sept ans... en rémission. Jeune basketteur prometteur dont la carrière a brutalement été interrompue par l'ablation d'une jambe à cause d'un ostéosarcome.

La donne est plutôt glauque n'est-ce-pas ? Et bien c'est sans compter sur la plume de cet auteur que je ne connaissais pas du tout. Il faut dire à ma décharge que ce n'est pas le genre de lecture que j'affectionne, ce n'est pas un thriller ni un polar, ce n'est pas une saga de fantasy et encore moins de la bit-lit. C'est un ROMAN tout court.

On slalome au milieu d'émotions fortes, mais simples. On sourit, on rit, on fronce les sourcils, on s'angoisse, on stresse, on pleure. Parfois le tout mélangé. Oui, à un moment où je pleurais, une phrase m'a fait sourire au milieu de mes larmes. C'est beau ce qu'il a écrit ce monsieur, c'est plein de vie. On voit le monde à travers les yeux de ces deux ados, et comme tout ado qui se respecte, leur vision n'est pas tendre. Leur maladie est omniprésente bien sûr, et pourtant ces gamins ne sont jamais larmoyants. Ils ne sont pas non plus des "battants", comme tout le monde voudrait les voir. Ils sont comme des colocataires de leur corps. Chacun cohabite avec son cancer, fait avec, en quelque sorte, avec des hauts et des bas... 

Hazel sait qu'elle va mourir, bientôt. Elle sait que sa mort va dévaster ses parents, et pour cela, elle ne veut compter pour personne d'autre. Mais la ténacité  l'humour et l'incroyable charisme d'Augustus va avoir raison des murailles qu'elle avait érigées. Leur histoire d'amitié puis d'amour va se tisser autour d'un livre : "Une impériale affliction". Ce livre est véritablement le troisième personnage principal de ce roman et va apporter une autre dimension au récit. 

En conclusion, un livre que j'aurai bien catalogué de "pas pour moi", un livre que j'ai abordé avec beaucoup de craintes, et un livre qui au final restera longtemps dans ma mémoire ! Une véritable pépite, un concentré d'émotions en tout genre que je ne peux que conseiller À TOUT LE MONDE !!!

mercredi 12 décembre 2012

APOCALYPSE de Luis et Romulo Royo


Editions Milady Graphics
Sortie le 23 Novembre
90 pages
27 euros


Quatrième de couverture :



New York, 2038. Le monde est passé du rêve au cauchemar.

New-York est en ruine, gangrenée, peuplée d'êtres indéfinissables. Miroir du monde, elle est l'épicentre d'une guerre immémoriale entre les forces obscures et celles de la lumière. 

Depuis les toits des gratte-ciel, d'étranges gargouilles observent la rue. Les réservoirs abritent de sinitres créatures. De celles qui jaillissent de l'esprit des fous. Dans l'obscurité.

Et, au coeur de la ville, la mystérieuse Luz et son épée Malefic...

Apocalypse est la première étape d'un périple extraordinaire dans l'univers Malefic Time.
Un formidable récit néogothique.



L'avis de Phooka:

Bon alors mettons tout de suite les choses au clair. Apocalypse n'est pas une BD, mais plutôt un mélange de livre d'art et de roman fantastique, un roman graphique.

Luis Royo, tout le monde le connait. Parfois même, sans le savoir sans doute, tellement ses dessins sont typiques et reproduits à l'infini.





Ces filles toujours sublimes et sublimées, guerrières, sombres et solitaires.

Cette fois Luis Royo s'est associé à son fils Romulo pour créer un recueil de toute beauté. Oui de toute beauté, car pour être honnête, le récit reste relativement secondaire, voire même un peu lourd parfois. Mais peu importe, les dessins du père à eux seuls valent le détour.

Voilà donc l'Apocalypse, version Royo. Une fin du monde vue depuis la presqu'île de Manhattan, dans un New-York dépeuplé sombre et humide. Luz (lumière en espagnol, ce n'est pas un hasard) est une guerrière dont on ne connaît pas le passé. Gothique et belle (évidemment), elle va jouer un rôle prépondérant dans le récit, même s'il reste peu clair. Elle est accompagnée de Soum, une guerrière japonaise. 
Honnêtement j'aurais envie de dire "peu importe !". Le texte ici, même s'il n'est pas inintéressant, n'est qu'un prétexte. Il donne une cohérence aux dessins, il en fait un tout, il les assemblent et leur donne vie. Ce qui n'est déjà pas si mal, vous l'avouerez.

Pour le côté graphique, l'humeur est sombre; il faut reconnaître que la fin du monde est rarement gaie. Du coup Royo (père) a sélectionné des dessins très sombres, parfois monochromes, ou du moins en dégradés d'une seule couleur, bleu, noir, gris. une atmosphère oppressante. Des femmes éthérées, irréelles, mi ange-mi humaine.

Et puis il y a Manhattan, ses buildings, ses gratte-ciels, un Manhattan post-apocalytique, avec ses voitures éventrées, ses immeubles menaçant de s'écrouler, mais surtout ses rues ... vides . Impressionnant, surtout qu'on a tous vu des photos de Manhattan et donc c'est un paysage que tout le monde a en tête. Et si on connaît les lieux alors c'est totalement bluffant.

Du coup, Apocalypse serait plutôt vu comme un Artbook, rassemblant les oeuvres du maître et les fans, ils sont nombreux, ne pourront y résister. D'autant que la présentation faite par Milady est d'une indéniable qualité. Ce livre réjouira les amateurs et les autres. Superbe, il se feuillette d'abord au hasard, on avance, on revient en arrière, on détaille certains dessins. C'est juste beau. Un régal pour les yeux.Et puis on prend conscience qu'il y a un texte. Un texte qui relie toutes ce splendeurs entre elles, alors on reprend le livre depuis le début et on s'y plonge. Et même si parfois il est difficile de se concentrer sur le texte tellement l'illustration est belle et attire le regard, on prend du plaisir à cette seconde lecture.

A ce splendide ouvrage s'ajoute un DVD, sorte de making-off du projet. C'est donc un livre extrêmement complet que propose Milady. D'une qualité irréprochable, très beau, quasiment un livre d'Art, de ceux que l'on aime avoir dans sa bibliothèque pour les feuilleter àses  heures perdues.

Le cadeau de Noël idéal !



Et hop un de plus pour le Challenge Littérature de l'imaginaire

vendredi 16 mars 2012

LES CRÉATEURS de Thomas Geha



Éditions CRITIC
140 pages
13 euros


Résumé :

Il était une fois rien du tout. Il était une fois six histoires où des hommes et des femmes se trouvent confrontés à des situations improbables, quoi qu’étrangement familières. Et si vous pouviez faire revivre un être disparu ? Et si votre rêve le plus fou pouvait se réaliser ? Et si votre vie était factice ? Et si l’amour n’était qu’un éternel recommencement ? Et si… Voulons-nous vraiment connaître le jardin secret des personnes que l’on aime ? Quel prix sommes-nous prêts à payer pour le découvrir ?

Toutes les vies animées au cœur de ces pages participent à la création d’univers originaux ou alternatifs, proches du nôtre ou éloignés, réalistes ou fantasmagoriques. Mais tous ces univers, tous ces personnages introduisent les mêmes questions essentielles : qui sommes-nous et d’où venons-nous ? Qui donc se cache derrière nos existences et nos destins ? Les nouvelles composant ce recueil ne tentent pas de répondre à ces questions, elles les explorent avec toujours la même ambition : découvrir qui nous sommes au travers de notre humanité.



L'avis de Phooka:


Un recueil de six nouvelles de Thomas Geha, c'est comme une tablette de chocolat noisette. Je me suis dit "chouette, je vais en lire une chaque jour à midi" comme on s'accorde un carré de chocolat en récompense. Hier midi, j'ai donc mangé mon premier carré de chocolat lu ma première nouvelle et me suis régalée.
Du coup, pas raisonnable je m'en suis accordée une autre hier soir et bien sûr, gourmande comme je suis j'ai mangé toute la tablette: les six nouvelles les unes après les autres, incapable de m'arrêter.
Comme toujours le style Geha a fait mouche, il m'a captivée et ensorcelée.

Six nouvelles donc, aux thèmes très différents:

La voix de Monsieur Ambrose: Une virée dans le Paris du XIXième siècle, un univers parfaitement décrit, un acteur au fait de sa gloire mais qui ne sera jamais un très grand acteur à cause de sa voix qui ne porte pas assez. Et puis petit à petit la touche de fantastique qui arrive, on la sent venir, elle est là et elle grandit. Un ton qui fait penser à Lovecraft, avec une fin moins sombre, un vrai plaisir de lecture.

Là-bas: La légende du Golem de Prague revue et corrigée par Thomas. Une histoire sombre et triste, mêlant avec bonheur (ou plutôt malheur dans ce cas) l'amour et le fantastique. L’ambiance crée par l'auteur est prenante, voire même ensorcelante.

Copeaux: Sans doute une de mes nouvelle préférée. Un conte intimiste en pays de Bretagne. Un conte de Noël pas comme les autres et qui m'a mis la larme à l'oeil. Une histoire triste et belle à la fois. On ne peut pas rester insensible à la vie de cette petite fille recueillie par ses grand-parents. En quelques pages Thomas nous donne là une héroïne et surtout un grand-père qu'on n'oubliera pas de sitôt.

Bris: Sans doute la seule nouvelle qui m'a donné de la difficulté, mais je pense que ça vient essentiellement du fait que j'ai adoré la précédente. Une histoire d'amour et de voyage dans le temps qui me semblait trop "moderne" après Copeaux. DU coup je l'ai lue assez vite et je suis passée à la suivante en me promettant d'y revenir ... ce que ne j'ai pas fait parce que la suivante est avec Copeaux l'autre nouvelle que j'ai adorée de ce recueil, il s'agit de ...

Dans les jardins: Une superbe nouvelle intimiste là encore. Un portrait d'un homme et de son jardin dans un coin reculé de Bretagne. une  poésie à couper le souffle, une pointe de fantastique parfaitement dosée. Je n'en dirais pas plus, c'est magnifique et c'est à découvrir absolument.

Sumus Vicinae: La dernière (snif) nouvelle du recueil. Vous allez me trouver idiote: je n'ai rien compris, mais qu'est ce que c'est bien ! Cette histoire de voisine et d'orteil, j'ai pas pigé, mais j'ai pas cherché non plus. Je me suis laissée emporter par le récit superbement servi par la plume de Geha. Pur bonheur. Pourquoi chercher plus loin? Pourquoi chercher à comprendre? On ne cherche pas à expliquer le bonheur non?

Un recueil à découvrir absolument. Une friandise qu'on dévore. Du Geha quoi!



jeudi 3 novembre 2011

LE JOURNAL INTIME D'UN ARBRE DE Didier Van Cauwelaert




Éditions Michel Lafon
19 euros
251 pages


Présentation de l'éditeur:

Il s’appelait Tristan, il avait trois cents ans, il avait connu toute la gamme des passions humaines. Une tempête vient de l’abattre, et c’est une nouvelle vie qui commence pour lui.
Planté sous Louis XV, ce poirier nous entraîne à la poursuite du terrible secret de ses origines. Des guerres de religion à la Révolution française, de l’affaire Dreyfus à l’Occupation, il revit les drames et les bonheurs dont il a été le témoin, le symbole ou la cause.
Mais, s’il est prisonnier de sa mémoire, il n’en reste pas moins lié au présent, à travers ce qui reste de lui : des racines, des bûches, une statue de femme sculptée dans son bois, et les deux êtres qui ont commencé à s’aimer grâce à lui…
Comment « fonctionne » un arbre ? De quoi se compose sa conscience, de quelle manière agit-il sur son environnement ? Son récit posthume nous fait voir le monde, la nature et les hommes d’une manière nouvelle, par le biais d’une pensée végétale qui évolue au rythme d’un véritable suspense.
Captivant, drôle et poignant, Le Journal intime d’un arbre apporte une réponse inédite à une question universelle : quelle est, pour un arbre comme pour un être humain, la meilleure façon de ne pas mourir ? 


L'avis de Phooka:

Oui je sais, vous êtes surpris ! Ce n'est pas mon style de lecture habituel.
Oui mais voilà, souvent j'écoute les chroniques littéraires à la radio et un jour, coincée dans un bouchon j'ai entendu une émission avec  Didier Van Cauwelaert à propos de ce roman. Et la façon dont ce monsieur parlait de son livre et surtout de son arbre m'a touchée. J'ai vraiment adoré l'écouter et j'ai eu soudain terriblement envie de découvrir ce roman, si loin de mes lectures habituelles. Sans doute, parce que moi aussi je suis sensible au bois et aux arbres et que je me suis souvenue de "mon" poirier tombé lui aussi au champ d'honneur des tempêtes ...

Ici le poirier en question est tri-centenaire. Il a été planté sous Louis XV et il en a vu des choses en 300 ans ! Il était beau , majestueux, il avait résisté à la fameuse tempête du siècle. Et c'est un petit coup de vent de rien du tout qui l'a abattu, juste au moment où il allait être classé parmi les arbres du patrimoine. Tragédie .. Son propriétaire, le docteur Lannes est effondré lorsqu'il apprend l'évènement car il l'aime comme son fils. Son fils, justement abattu lui aussi par les allemands à la fin de la deuxième guerre mondiale. Abattu sous ce poirier qui conserve en son aubier la balle tel un morceau de l'âme de l'enfant.
Le poirier a lui aussi une âme, ou ce qui s'en approche le plus du côté du monde végétal et il raconte ...

Il raconte tout ce qu'il a vu, tout ce qu'il a vécu en 300 ans. Depuis les amoureux sous ses branches jusqu'à la sorcière brûlée avec son bois mort. Sa vision "végétale" du monde des humains. Mais même sa vision est déformée car au contact des hommes, la conscience du poirier s'est un peu humanisée. Et puis il se demande si, ou comment, il va disparaître. Ses bûches seront-elles brûlées dans la cheminée, réchauffera-t’il une dernière fois les hommes?  Une petite voisine, gamine très étrange s'il en est, va lui trouver un autre futur. Elle va sculpter un petit morceau de ce poirier et transporter ainsi sa conscience dans un autre monde.

J'ai adoré suivre l'histoire de Tristan, ce poirier, philosophe à ses heures. J'y ai cru, je m'y suis plongée corps et âme et je me suis vraiment régalée de ce récit. Mon seul bémol concerne la vision du futur. A un moment, la sculpture-Tristan  traverse les âges et il voit notre futur. Cette partie m'a beaucoup moins plu, même si certains passages sont intéressants, mais fort heureusement elle est mineure par rapport au passé et à l'histoire de Tristan. Et cette histoire est passionnante. Il a vécu "la petite histoire qui fait la grande Histoire" et sa vision des choses est pleine d'humour, de compréhension et de non-compréhension, une vision décalée pleine de poésie aussi. On se laisse emporter par son histoire et on en ressort ravi!

Le tout est servi par une écriture superbe, fluide et qui ne prend jamais les devants. Je ne sais pas comment dire ça. L'écriture est au service de la mémoire de Tristan et non l'inverse. Elle rend son récit encore plus crédible, plus humain. On a vraiment l'impression de lire les pensées de cet arbre majestueux, mais non dénué d'humour (si dédaigneux vis à vis d'espèces moins nobles tel les arbres à papier ...ceux qui vont permettre d'éditer ce roman par exemple ! :))

Un livre un peu hors du temps, et contemporain à la fois. De la poésie, de la philosophie ..vu par un arbre. C'est un souffle de fraîcheur et de verdure dans une lecture. Ce roman apporte en tout cas beaucoup de plaisir et je ne peux que vous conseiller de vous y plonger.


mardi 18 octobre 2011

L'APOTHICAIRE de Henri Loevenbruck




Éditions Flammarion
604 pages
22 euros


Présentation de l'éditeur:


Il vécut à Paris en l'an 1313 un homme qui allait du nom d'Andreas Saint-Loup, mais que d'aucuns appelaient l'Apothicaire, car il était à la fois le plus illustre et le plus mystérieux des préparateurs de potions, onguents, drogues et remèdes que l'on pût trouver dans le pays tout entier. »
Un matin de janvier, cet homme érudit découvre dans sa propre maison une pièce qu'il avait oubliée – une pièce que tout le monde avait oubliée. Rapidement, il comprend que vivait jadis ici une personne qui partageait sa vie, mais qui, à présent, a mystérieusement disparu de toutes les mémoires.
L'Apothicaire, poursuivi par d'obscurs ennemis, accusé d'hérésie par le roi Philippe le Bel, pourchassé par l'Inquisiteur de France, décide alors de partir à la recherche de son propre passé, de Paris à Compostelle, et de Compostelle au Mont Sinaï… au risque de disparaître à son tour.


L'avis de Phooka:


Petit pré-en-bulles! :))


Voilà un bon moment que je souhaite découvrir Henri Loevenbruck. J'ai lu pas mal de commentaires à son sujet sur divers blogs, des commentaires flatteurs ou non d'ailleurs, donc je ne savais pas trop à quoi m'attendre ! Le pire c'est que je dois aussi avoir la trilogie de la Moïra quelque part dans ma monstrueuse bibliothèque (bibliothèque qui n'arrête pas de grossir et que je n'arrive pas à mettre au régime ...:)).

J'ai donc reçu cet Apothicaire et au premier abord il m'a un peu effrayée: couverture sévère et 600 pages en font un beau pavé. Et puis j'ai lancé le concours  et si vous vous souvenez j'ai demandé parmi les questions si vous aviez déjà lu "du Loevenbruck" et je regrette de ne pas avoir demandé l'autorisation de vous publier, vous tous, qui avez participé car j'y ai lu souvent un enthousiasme débordant pour cet auteur. Enthousiasme qui m'a vraiment donné envie de me plonger dans cette lecture.


Fin des bulles..



Venons-en au livre lui même. Un beau pavé comme je l'ai dit plus haut, mais un pavé qui se dévore en un rien de temps. Un thriller-historique qui vous emmène au XIVième siècle avec une facilité déconcertante. 

Saint-Loup est un apothicaire, presque comme les autres. Presque seulement car il est plus brillant, plus doué et son passé est vaguement mystérieux du fait qu'il ait été un orphelin élevé par des moines. Il se moque du qu’en-dira-t-on et des convenances, ce qui, à cette époque (et encore de nos jours d'ailleurs), est plutôt mal vu. Il n'en fait qu'à sa tête, au risque de s'attirer les foudres des puissants de ce monde.   Un beau jour en sortant de sa chambre pour se rendre à sa boutique, il découvre une petite porte qui donne sur son escalier. Porte qui elle, donne sur une petite chambre, vide et propre. Or cette chambre, bien qu'elle ait toujours du être là, personne ne s'en souvient, ni lui, ni ses serviteurs, ni son apprenti. Un vague souvenir peut-être mais rien de précis, comme si elle était apparue soudainement. Alors Saint-Loup va commencer à enquêter en compagnie de son nouvel apprenti, Robin, un brave garçon à peine dégrossi arrivant tout juste de sa campagne. Mais cette enquête va soulever des points sombres et déranger beaucoup de gens et Saint-Loup va avoir à faire à bien des ennemis, depuis l'inquisition jusqu'à de mystérieux cavaliers dont on ne connait pas l'origine. Il va devoir fuir et enquêter et nous le suivons sur les routes de Compostelle (lui il arrive à marcher sur le chemin, n'est-ce pas Dup? :)), et bien plus loin encore.

Le récit est narré par une personne de la même époque ou légèrement plus récent, sans doute un historien, qui relate les faits et fait de temps en temps quelques apartés pour bien re-situer l'histoire dans le contexte historique et politique de l'époque. L’intérêt de cette narration, c'est de pouvoir ainsi faire des digressions pour éclaircir le contexte ou donner des précisions sur le cadre dans lequel se déroule le récit. Clairement, Loevenbruck a réalisé un énoooorme travail de documentation. C'est un plus, car on apprend beaucoup, mais c'est peut-être parfois un léger moins, car les digressions expliquant tel point de l'Histoire (avec un grand H cette fois) peuvent parfois exaspérer le lecteur qui ne s'y intéresse que peu, ou celui qui au contraire connait déjà l'époque. Bon dans le premier cas, si on n'aime pas l'Histoire, on ne lit pas un thriller historique et si on s'y connait il suffit de lire un peu plus vite les passages qui expliquent des choses déjà connues, donc ce n'est pas du tout un défaut rédhibitoire.  En dehors de ça, ce roman se lit vraiment à la vitesse d'un thriller, on a ENVIE de savoir ce qui se passe, d'où vient ce mystérieux oubli et le contexte historique bien décrit et bien situé rajoute indéniablement un plus. C'est dépaysant, intrigant, et instructif sans être trop lourd ou difficile à comprendre. On est vraiment plongé dans l'époque, corps et âme et on prend un réel plaisir de lecture. Clairement, je m'en vais fouiller ma bibliothèque pour retrouver mes romans du même auteur pour m'y replonger dès que possible! 

Un roman plein de suspens, de mystères et dans un contexte historique très bien construit. Il ravira tous les amateurs du genre !



Un grand merci à Marie! :)
vendredi 14 octobre 2011

INTRUSION de Natsuo Kirino



Editions Seuil policiers
276 pages
20,50 euros


4 ème de couverture :

Maîtresse sublime et anonyme du grand écrivain Mikio Midorikawa, O. hante les rêves de la jeune Tamaki, écrivain elle aussi. C'est une quête obsessionnelle, à la lisière de la fiction et de la réalité : cette femme mystérieuse, habillée d'un élégant manteau jaune, est le personnage-clé d'un roman autobiographique qui a fait scandale quelques années plus tôt, intitulé Innocent. Tamaki y puisera la matière de son prochain livre. Mais pour cela, elle doit comprendre qui est O.
Au fil de son enquête, Tamaki rencontre les personnages, réels ou fantasmés, d'Innocent. Elle croit retrouver O., se ravise, semble la reconnaître ailleurs. Ce défilé de femmes prend des allures de galerie grotesque et inquiétante, mirroir de ses propres angoisses, amoureuses et littéraires.


L'avis de Dup :

Apparté : 
Ce nom de Natsuo Kirino ne me disait rien du tout... oui j'ai déjà avoué par ici un léger problème avec les noms et prénoms de certains pays: polonais, scandinave, mais aussi japonais. Et pourtant, avant de démarrer ma lecture (oui j'épluche tout ) je vois en 1ère page, en tout petit en bas : Titre original : In. 1er chapitre, une note de la traductrice sur l'appellation de tous les chapitres de ce roman qui commence tous par "In" et qui dit que c'est fait exprès pour faire le pendant à un des romans précédents de l'auteur: Out.
Alors que je n'étais pas franchement emballée par ce résumé, mon coeur a été ragaillardi ! Out, je l'avais lu il y a 4 ou 5 ans, et j'avais plutôt bien aimé ce vrai polar à la trame très sombre.
Et aujourd'hui le jury Seuil Policiers me demande de chroniquer ce Intrusion...

Alors mon avis sur In :
Je ne comprends pas le choix de l'éditeur de publier ce livre sous l'appellation Policier. On a à faire avec un roman philosophique sur l'amour et la haine, la mort. Et autant le dire tout de suite, pas franchement ma tasse de thé. Pour tout avouer, je me suis franchement ennuyée...

Heureusement l'écriture de Natsuo Kirino est agréable, fluide, même si transparaît très souvent la rigidité typiquement japonaise. La retenue dans les dialogues, ils pensent certaines choses mais ne le disent pas, cela ne serait pas correct !

Tamaki Suzuki est écrivain, elle écrit un livre, "Innasouvi" qu'elle publie sous forme de feuilleton dans une revue. Ce roman cherche à expliquer la suppression de l'amour, un peu comme si elle voulait comprendre sa propre histoire d'amour qu'elle a vécu avec Seiji, son éditeur. Tous deux mariés, des enfants, ce double adultère n'a pas survécu et son explosion a forcément causé beaucoup de dégâts de chaque côté. La trame de son livre est l'étude du grand roman à succès, Innocent, de Mikio Midorikawa aujourd'hui décédé. 
Roman autobiographique, Mikio se met en scène et déballe de façon bien égoïste la période de sa vie où son couple et ses enfants en bas ages sont bousculés par la découverte de sa liaison avec une autre femme : O.
On va lire ainsi trois romans en un : celui de Tamaki, beaucoup de passages de celui de Mikio, et l'ensemble qui constitue celui de Natsuo...
Et Tamaki, engluée dans les débris de sa relation avec Seiji va faire une obsession sur cette O. Elle veut absolument découvrir l'identité d'O. et elle va donc interviewer plusieurs femmes, maintenant bien âgées, susceptibles d'être O.

Le côté philosophique de l'analyse de Natsuo Kirino m'a, euh... saoûlé. Un petit exemple, je l'ai choisi court, je suis sympa avec vous hein !
Extrait page 201
Après avoir dit cela, elle se rendit compte que l'art du roman consistait à rassembler tous les inconscients et à leur offrir l'axe temporel et la réalité d'une intrigue pour restructurer un inconscient global.  
Argh !

La seule chose qui m'a plu dans ce roman, c'est que l'on suit un écrivain et Natsuo Kirino au travers de cette Tamaki nous fait part de ses réflexions vis à vis de nous lecteurs. En voici un exemple :
Extrait page 159. Le contexte: Tamaki interviewe une vieille dame qui lui dit qu'elle a lu un de ses romans et que celui-ci l'a énervé...
Tamaki écoutait toujours en silence, mais elle se demandait si en tant que lectrice elle aurait osé exposer aussi brutalement son avis. Elle ne le ferait sans doute pas, parce qu'elle savait que, quoi que l'on puisse dire à un auteur, il ne change pas aussi facilement l'univers de ses oeuvres. Un auteur se fie uniquement à ce qu'il ressent. C'en est d'ailleurs effrayant.
En y regardant de plus près...c'est un peu ce que j'aurai dit à l'auteur ...  Et du coup sa réponse me chagrine encore plus ! En plus, il y a quand même un sacré grand écart entre l'univers de Out et celui de Intrusion. Bref...

Dans l'ensemble, cette lecture m'a été pénible. Les atermoiements constants de Tamaki sur son amour fini, ses questionnements sur la réalité en définitive de cet amour, du côté égoïste de celui-ci. Tantôt elle en accuse Seiji, tantôt elle, cela n'en finit pas cette recherche du moment où il y a eu véritablement "suppression de l'amour"... et ce n'est pas son enquête sur O. qui va arranger les choses.
C'est le quatrième livre que je lis pour le jury Seuil Policiers. Bilan : trois déceptions. Je dois en recevoir un autre prochainement...j'aviserai à ce moment là si je poursuis "l'aventure".

Livre lu pour :