1666...
« Les grosses balles de plomb claquent sur le bois de la chaloupe. Je prends conscience que j'ai de l'eau jusqu'aux chevilles.
Peu importe : c'est un voyage à sens unique.
Plonger, tirer, plonger, tirer...
Un choc sourd. Nous avons touché.
— Lancez les grappins ! À l'abordage ! »
Suivez les pas de Yoran LE GOFF
dans ce trépidant roman d'aventures où espionnage
intergalactique se mêle à la flibuste du XVIIè siècle,
et à ses marins gouailleurs !
Laurent WHALE est romancier, traducteur, nouvelliste. Il est l'auteur de
plusieurs romans, dont Le Chant des Psychomorphes aux éditions
Rivière Blanche.
L'avis de Phooka:
Mais qu'ont donc nos nouveaux auteurs de SF français à placer leurs univers de SF en relation avec la piraterie du XVIIième siècle? Un relent de leur enfance? En tout cas, que ce soit Stéphane Beauverger avec son Déchronologue ou Laurent Whale avec le présent "Les pilleurs d'âmes", cette association est une belle réussite!
Le début du roman donne tout de suite la couleur:
"S'il est un bruit terrifiant, un bruit qui brise les nerfs les plus aguerris, c'est bien celui d'un abordage. Peu d'astros y ont survécu pour en parler.."
Le ton est donné, car du bruit et de la fureur il y en a tout au long du roman, et tout comme Yoran on va se retrouver plongés dedans un peu malgré nous! Tout comme lui,le lecteur va frémir, prendre peur, paniquer, mais aussi éprouver une fascination pour les combats et leur fureur.
Yoran vient du futur pour éviter que le capitaine Nau, un pirate sans foi ni loi mais excellent tacticien, ne se fasse enlever pour rejoindre les rangs des armées du futur. Pour repérer discrètement ses compatriotes du futur qui viennent au XVIIième siècle pour recruter de futur guerriers, il doit se fondre dans la masse. Et il s'y fond tellement qu'il finit par apprécier ce qu'il est devenu: un pirate lui aussi, qui tue d'abord pour se défendre puis petit à petit par jouissance. On assiste ainsi à son évolution depuis l'être humain très civilisé à son état quasi bestial! Heureusement le passage d'une belle espagnole lui remettra les pieds sur terre! Quoi que... Lorsqu'il quitte ce monde sans pitié, son seul désir c'est de se venger de la plus horrible des manières et c'est un ancien pirate, de ceux qu'il considérait comme inhumains, qui va lui faire comprendre la violence inutile de son geste! Le monde à l'envers!
En parallèle avec ces batailles sans merci menées par les pirates et auxquelles Yoran se trouve mêlé, se trament d'autres batailles d'un ordre tout à fait différent dans un futur très lointain. Une guerre économique sans pitié, qui , si elle ne fait pas de victimes à coup d'épées et de pistolets, n'en est pas moins tout aussi violente! Les Cartels, maîtres du monde, veulent asseoir leur domination et tout est permis pour y arriver (y compris enlever des capitaines pirates du lointain passé quitte à risquer de créer des paradoxes temporels). Leurs pouvoirs à la fois économique et politique est quasiment sans limite et il feront tout pour détruire l'unité spéciale dont Yoran fait partie et qui représente une épine dans leur pied. Cette bataille est tout aussi violente et sans pitié que celles menées par les pirates..
Un double sujet donc dans ce roman. A la fois le parallèle guerre économique/guerre "classique", mais aussi la fascination de Yoran pour la violence et sa lente "déchéance" à l'état de pirate sans foi ni loi. La rédemption De Yoran se fera grâce à l'un de ces pirates sanguinaire montrant ainsi que les pirates ont finalement plus de cœur que les Cartels de son époque...
Le tout est mené dans le bruit et la fureur, sans un moment de répit, et c'est un peu "sonné" que le lecteur referme ce livre! Je n'aurais qu'un seul reproche: être obligée de quitter si vite ce roman! J'étais vraiment plongée dedans (surtout la deuxième moitié qu'il est impossible de reposer avant d'avoir fini) et j'aurais bien aimé continuer un bout de chemin avec Yoran et Alexandre...
Et je voudrais juste rajouter que le livre en tant qu'objet est superbe, avec une couverture d'Eric Scala qui à elle seule mérite le détour!
Une découverte d'un formidable nouvel auteur que je dois à Ad Astra, un grand merci à eux!
Editions Ad Astra, 211 pages, 18 euros