mercredi 29 février 2012

Le mot de la fin de Mathieu Gaborit





L'Imago a choisi les vapeurs d'un bain brûlant pour s'incarner. Je sursaute, bien sûr, et croise les mains sur mon pubis. Le visage grimace au-dessus de la baignoire et finit par glousser à tel point que son menton, trop fragile, s'effiloche en lambeaux de brume autour du pommeau de douche.
- Ca va ? Pas trop dur ? demande-t-il.
Je soupire, je me redresse et lorgne le peignoir suspendu à son patère.

- N'y songez même pas, grogne l'Imago en suivant la direction de mon regard. Je me gèle, on reste là.
J'acquiesce. La langueur me tient lieu de dignité. Je renonce à prendre la pose et croise ostensiblement les mains derrière la nuque en ignorant le petit ricanement qui déforme la gueule de la créature. L'Imago oscille dans l'air chaud et, du bout de l'index, convoque le contrat dans un nuage poudré. Des pages iridescentes se dévoilent dans la pénombre et palpitent sous une brise invisible.

- Alors ? dit-il en faisant défiler les pages avec de brefs grognements.

- Alors quoi ?

- Content ?

- Oui... enfin, je crois.
L'Imago lâche un soupir circonspect.

- Il vous en faut peu, monsieur. J'ai trouvé votre prestation... guindée.

- Guindée !?
Son doigt s'arrête sur un paragraphe.

- Article « double bémol en vieux rose velouté », énonce-t-il d'une voix gourmande. Monsieur , encore une fois, vous n'avez pas lu attentivement le contrat.

- Je te faisais confiance...

Nouveau gloussement. Il glisse jusqu'à mon visage et plaque la page contre ma peau comme un masque d'argile.

- J'hydrate votre conscience professionnelle, souffle-t-il alors que je sens la page se durcir et me tirailler les joues.

En séchant, l'article en question se murmure à mon cerveau.

- Vous voyez, monsieur ?

- Non, avoué-je. C'est du charabia.

-Il faut se vendre, monsieur ! En faire des tonnes ! Valoriser votre travail !

-De quoi tu parles ?
Un sifflement irrité s'échappe de ses lèvres floues comme les éructations d'une locomotive.

- Je suis votre agent, ne l'oubliez pas. Et je bosse au pourcentage, merde !
Sur ma peau, le masque se fendille.

- Ras le bol des auteurs qui doutent, grommelle-t-il. Ca fait des manières, ça tourne autour du pot, ça caquette sur l'art, sur l'imaginaire. Y'en a marre ! J'ai une famille, moi. Si vous ne vendez pas vos bouquins, vous n'écrirez plus. Et si vous n'écrivez plus, je vais finir dans un guide touristique ! Ou pire, dans une brochure pour un resto' de sushis, moi ! Trente ans de métier pour finir, au mieux, sur un papier glacé entre des makis et des yakitoris bœuf-fromage ? Non, monsieur !

- Ce n'était pas une opération promotionnelle, rétorqué-je avec force. Juste une discussion ouverte, un truc simple. Des confidences....

L'Imago ferme les yeux d'un air ulcéré.

- Et blablabla... Vous avez vu les critiques ? Certaines sont féroces. Et votre amour-propre, alors ?
J'arrive à sourire :

- Tu aimerais que je... plaise à tout le monde, c'est ça ? Cela n'a pas de sens.

- Vous pouviez m'écrire une décalogie sur le Soupir ! Enfin merde, vous pouviez délier, prendre votre temps. Je n'invente rien, c'est vous qui le dites. Rendre l'imaginaire perceptible. Accompagner le lecteur par la main. Si, si, j'ai lu ça déjà.... Faites attention, monsieur, franchement, faites attention. Si vous continuez comme ça, vous allez perdre votre lectorat.
- Calme-toi. Je n'ai pas l'intention de brouiller les pistes et d'écrire des trucs pour moi.

L'Imago marmonne et, d'une main féroce, arrache le masque de mon visage. C'est vrai, oui : je couine. Ce double bémol en vieux rose velouté parle de compromission, de petits arrangements avec l'imaginaire sous prétexte qu'un livre devrait être déguisé pour mieux se vendre. J'ai la peau à vif et l'esprit vide.




- Je ne sais pas très bien ce qu'on va faire de vous, monsieur, finit-il par lâcher d'une voix maussade.

L'eau du bain rosit et se refroidit.

- Monsieur, déclare l'Imago d'une voix un brin sentencieuse, je suis obligé de vous donner un gage, dit-il. Pour le principe.

-Vas-y. J'ai la conscience tranquille de toute façon. J'ai trouvé ce « Mois de » passionnant, troublant même.

-N'essayez pas de m'attendrir.

Sous l'eau froide, je perçois distinctement la plainte de la page condamnée. Un son aiguë et dissonant comme si des sirènes en goguette hurlaient dans le micro d'un karaoké.


- J'hésite, dit-il avec une moue étudiée. Je me souviens du « tome un » de vos conversations, j'envisage un pèlerinage au M&M's World sur Time Square... Ou la rédaction d'un article pour la convention de Genève sur la protection des « Hari Croco » de couleur vert.  
-C'est de la torture !

-Taisez-vous, je n'arrive pas à réfléchir. Bon... je vais être magnanime. Je voudrais un mot sur cette expérience. Pour ceux qui ont eu l'amabilité de participer et surtout ceux qui n'ont pas aimé vos bouquins. Ce sont eux qu'on doit convaincre de vous lire lorsque vous publierez votre prochain roman. Pensez à moi, monsieur. A mes enfants. Mon aîné a déjà été condamné à un flyer pour une pizzeria. Je vous en conjure, soyez séduisant !

-Séduisant ? Mais je m'en fous de séduire. J'écris, c'est tout.
L'Imago lève les yeux au plafond et me gratifie d'un clin d'oeil avant de disparaître. Un frisson glacé me parcourt la colonne vertébrale. Je m'extrais de la baignoire et me blottis dans un peignoir pour rejoindre mon bureau.  L'écran de l'ordinateur s'allume.  Fébrile, je me penche sur le clavier pour écrire :

Merci à tous, vraiment. A Dup et Phooka, bien sûr, pour avoir initié et orchestré cette rencontre et à celles et ceux qui ont joué le jeu pour le meilleur comme pour le pire. Je me suis livré du mieux possible et, croyez moi, l'exercice n'était pas aussi simple qu'il n'y paraît.
Avant tout, je retiens votre curiosité et votre appétit de lecture.
Ne changez rien.
Mars s'annonce. Vite, je disparais : Nicolas Sker vous attend !
Sincèrement. 
Mathieu G.











Conclusion du mois de Mathieu Gaborit


Quel mois mes amis, quel mois!  Cette rencontre avec Mathieu Gaborit a été haute en couleurs, les questions ont fusé, les réponses étaient passionnantes. Quel échange. Un grand merci à vous tous pour votre participation et un ÉNORME merci à Mathieu bien sûr!

Pour lire ou relire ces échanges, ça se passe ici:


Et ce mois a été riche en chroniques grâce à nos partenaires, Le Pré aux Clercs, Folio SF et Bragelonne. A eux aussi nous devons un énorme merci!


Chronique du soupir






Bohème


Ambrena


Les chroniques des Féals 


Tome 1:



Tome 2


Tome 3



L'intégrale

Elo
Pat
Roz.
Lune

Mathieu Gaborit vous attend pour le tome 4 !


Tome 4, donc !

Pour relire le début de cette passionnante interview :


Et parce qu'on ne s'en lasse pas, même le 22 février, on relit ce texte du 31 janvier 2012 !

« Mardi 31 janvier 2012, sept heure trois.
Je termine mon café, les yeux rougis de fatigue. J'allume une première cigarette. Un visage s'esquisse dans un nuage de fumée bleuâtre. Une gueule marquée qui évoque celle d'un farfadet sous acide titubant à la sortie d'une boite de nuit.
- Monsieur Gaborit ?
Les yeux plissés, je fixe le fond de ma tasse
- Monsieur, il faudrait tirer sur votre cigarette. J'ai la bouche floue.
Je m'exécute. Mon Imago ne plaisante jamais.
- Monsieur, nous sommes à la veille de votre rendez-vous
- Je sais
- Il faut prêter serment.
Je grommelle et m'adosse au plan de travail de notre cuisine
- Vas-y, soupiré-je, balance...
- Un instant. Dois-je rappeler à monsieur qu'en cas de manquement à vos obligations, l'article « clé de sol sur fond turquoise » du code de déontologie des artisans de l'imaginaire stipule un an de cauchemars récurrents et une peine incompressible de sommeil agité sur taie d'oreiller mal repassée ?
- Je sais, grommelé-je du bout des lèvres
- Bien. Promettez-vous de parler sans faux semblant ni artifice verbeux, de dire toute la vérité, rien que la vérité ?
- J'ai le droit à un joker ?
- Dup et Emma le décideront.
- Une dérobade, au moins ?
- Non, monsieur.
- Une diversion ou une omission ?
- Non plus.
- Une panne de mon « provider » ? Une grand-mère sur le Concordia ?
- Refusé, monsieur.
- Bon.... je le jure, laché-je d'une voix pâteuse.
J'écrase ma cigarette et me verse une nouvelle tasse de café en sachant qu'il faudra être à la hauteur.
Sur Book en Stock, on ne badine pas avec les songes. »


**********



Bonjour Mathieu Gaborit et bienvenu parmi nous.
Je suis en train de lire "Chronique du soupir" et ce qui m'intrigue le plus, c'est ce concept de "Lignes-vie" (ainsi que les Verticales et l'Horizon). Je me demandais donc d'où cette idée vous était venue.

Merci de prendre le temps de répondre à nos questions.


Mathieu :


Bonjour Voz,

J’aime cette idée d’une spatialité magique et surtout d’un tissage à l’échelle d’un monde. Mais c’est aussi une manière de recomposer une géographie. Je me souviens d’une conversation avec Guillaume Vincent alors que nous étions en train de travailler sur le jeu de rôle Ecryme (qui donneront plus tard les romans du cycle de “Bohème”). Nous cherchions un moyen de faire exister le steampunk dans un tissu exclusivement urbain et l’ecryme (une substance corrosive qui recouvre la planète) est née, autre autres, de cette volonté de nier la “campagne”, de se soustraire au diktat d’un espace vaste et dépeuplé. En fait, la Ligne-Vie supprime ce qui est “entre les villes”, la notion même du voyage qui prédispose à l’heoric-fantasy. Chez Tolkien, l’aventure est derrière la colline. Pour moi, elle est derrière la ville. Mes grands-parents étaient de la campagne mais j’ai toujours vécu à Paris. J’ai l’âme d’un citadin et je ne sais pas “enchanter” la campagne (au sens large, bien sûr). En découpant l’univers à travers les Lignes-Vies, il y a une volonté sous-jacente de jalonner la planète de petits mondes denses (les villes) et très caractérisés.
Sans compter que verticalité et horizontalité sont des concepts particulièrement tangibles, 'j’entends par là qu’ils affleurent sans difficulté dans l’inconscient collectif et peuvent, dès lors qu’ils sont énoncés, provoquer mille et un fourmillements dans l’imaginaire du lecteur. Dans ces deux mots, il y a de la religion, de l’architecture, des paysages tranchés, etc. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours appréhendé la magie comme une valeur universelle et ce maillage des Lignes-vies en est un exemple.



Crunches :


Hello !

L'autre coup, je me suis demandée si, quand vous commencez à écire un livre vous savez déjà à quel public il va s'adresser ? Je veux dire, est ce que vous vous dites "Tiens, mon prochain roman ce sera de la littérature jeunesse" ou bien est ce que ça vient comme ça ?
Et est ce que vous vous mettez des petits défis personnels (genre mettre tel mot au moins une fois dans le prochain chapitre ou écrire sans la moindre lettre "e") ?
Y-a-t'il parfois des demandes de la part de vos proches (éditeur, agent, famille) ?

J'enchaine tout de suite avec la suite (sinon ma mémoire de poisson rouge va rebooter et je perdrais toutes les données !):
Pour le moment, vous avez écrit beaucoup de fantasy, est ce que vous n'avez pas eu envie d'essayer autre chose ?

et j'en avais une autre... mais je l'ai perdue ! et comme je n'ai toujours pas trouvé ces fameux cahiers waterproof, je suis condamnée à oublier les illuminations que j'ai pendant que je prends ma douche !!!


Mathieu :


Bonjour Crunches,

Alors, un triple “non” !
Non, je n’aborde jamais un roman en me demandant à quel public il va s’adresser. J’écris et je laisse à l’éditeur le soin de définir s’il s’adresse à un lectorat en particulier. Donc, oui, cela vient “comme ça”. Vouloir s’adresser à un lectorat relève d’un mensonge à mes yeux. C’est comme si vous étiez dans un rapport de séduction, que vous vouliez plaire à ce lecteur plutôt qu’un autre. Difficile d’imaginer que la littérature puisse ainsi se “réserver” à un public. Dans les faits, c’est ce qui se passe, je vous l’accorde. Il y a peu, je voyais encore un monsieur ouvrir des yeux exorbités quand je tentais de lui expliquer ce que j’écrivais. Je sentais bien que chaque mot, pour lui, était une abstraction. Dans Soupir, j’ai malgré moi pris position puisque je n’ai pas cherché un seul instant à expliquer ce qu’était un nain ou un elfe. En préambule, le mot “nain”, par exemple, agit comme référent. C’est une balise, un jalon. En surface, je n’écris pas pour un public précis mais en réalité, il est possible que cette intention transgresse le propos et qu’au final, sans vraiment le vouloir, j’adresse des signes clairs à un “certain” lectorat. En tout cas, ce n’est pas intentionnel et surtout cela ne conditionne en rien mon histoire et mon écriture.

Des défis personnels ? Non, franchement non. Je dois avouer que je n’y trouverais aucun plaisir.

Des demandes de la part des proches ? Excepté la réflexion partagée en amont des Féals (sur le style et l’approche), pas vraiment. Un éditeur est là pour éclairer le texte, le rendre plus intelligible et vous rappeler à l’ordre si, à un moment ou à un autre, vous n’écoutez plus que vous et que vous devenez trop abscons. C’est un ange gardien, un miroir, un tuteur mais pas un commandeur. Ma femme lit les textes une fois que le premier jet est abouti et ses remarques sont toujours précieuses dans la mesure où elle n’est pas une lectrice de Fantasy.

Ecrire autre chose ? Je ne sais pas si vous entendez la “fantasy” au sens large. En tout cas, pour le moment, je vais écrire dans des univers contemporains, quelque chose qui se rapproche plus de l’anticipation. Je vais devoir prendre mes distances avec la Fantasy proprement dite (au sens médiéval, pour faire court) pour mieux y revenir. Ne serait-ce que pour écrire à nouveau dans l’univers des Crépusculaires.

Filez vite prendre une douche, j’attends votre prochaine question !



Bonsoir Mathieu,

Tout d'abord merci d'être là pour "le mois de..." qui me permet de vous découvrir. Je lis "Les Chroniques des Féals" (merci Dup et Phooka) et j'aime beaucoup même si j'ai un peu de mal avec la Charogne et les Charognards, plus que le mal à l'état pure mais plutôt la mort qui prend "vie" c'est assez angoissant.
Beaucoup de questions et de réponses intéressantes, la mienne sera plus générale.
- Pourquoi utilisez-vous (comme d'autres auteurs de fantasy) l'unité de mesure telle que "la coudée" ou "le pouce" et pas le mètre ou le km ?

Et une autre petite question : viendrez-vous un jour à la foire du livre de Brive ?

Voilà je retourne à votre livre :)


Mathieu :


Bonjour Cerisia,

C’est une question délicate et je n’ai pas de réponse tranchée. On touche de près à la notion d’immersion. L’écriture est un cocktail fragile dont il faut prendre soin pour restituer une atmosphère, une époque, une couleur donnée. Un temps, j’ai trouvé que la référence au kilomètre ou au mètre pouvait heurter, qu’elle était intrusive. C’est la limite de l’heoric-fantasy. Si, dans un dialogue, un jeune mage commence à parler en utilisant des mots contemporains, ne serait-ce qu’un mot comme “merde”, vous êtes brutalement éjecté du bouquin. Certains y arrivent, moi pas. Aujourd’hui, je préfère servir une forme d’évidence. Le mot “coudée” sauvegarde les apparences d’une époque mais peut, a contrario, désorienter le lecteur puisqu’il ne connait pas forcément sa table de conversion et que la valeur indiquée ne lui évoque rien.
On en revient à une histoire de spatialité, d’ancrage dans l’histoire. Vaut-il mieux privilégier une visualisation limpide (le nain mesurait un mètre trente) ou une musique immersive ? (le nain mesurait trois coudées) ? Je pense que l’histoire conditionne le choix en question, que l’auteur, seul, peut sentir lequel des deux s’impose. A l’heure actuelle, j’aurais tendance à préférer la première solution.

J’étais à Brive pour la dernière édition. L’année prochaine, je ne sais pas encore. Tout dépendra de l’éditeur et de mon actualité. A suivre !





Re-bonjour,
j'ai encore une question qui m'est venue à l'esprit:
Je suis vraiment restée sur ma faim en finissant "Chronique du soupir" d'où ma question: aura-t-on la chance de revoir des personnages comme Lilas ou Cerne et Lyme dans un autre livre? Comment leurs vies continueront?


Mathieu :


Re-bonjour Voz,

A priori, non.
Pas à court ou moyen terme, en tout cas. Il n’y a pas d’absolu en la matière, seulement la certitude que ce roman devait exister ainsi, en “one-shot”, pour raconter cette histoire.
La vie fera peut-être qu’un jour, je regretterai de ne pas avoir approfondi ces personnages et que j’aurai envie de les retrouver.
Pas pour le moment, en tout cas.


Dup :



Bonsoir Mathieu,

Et non, je ne vous lâcherai pas ! :))

Etant à nouveau plongée dans les Féals puisque la LC se poursuit, j'ai une question qui me titille. Cet univers m'enchante avec ses peuples différents selon le Féal qu'ils vénèrent. Une mention spéciale en passant pour les Licornéens d'ailleurs ! Mais, et oui, il y a un mais : je suis chagrinée, voire écoeurée par l'image que je me fais aux vues de vos descriptions des Pères Caladriens. Or c'est pourtant le peuple pacifique par excellence, hospitalier dans tous les sens du terme. Pourquoi cette vision d'horreur ?

Même malade je me sauve en courant moi s'ils me tendent la main !

Mathieu :


Hello Dup,

J’ai été vraiment intriguée par votre question. A tel point que j’ai pris soin de rouvrir un exemplaire du Fiel pour retrouver la description en question.
J’avoue mon désarroi ! De quelle horreur parlez-vous ? De cette fusion à travers un baiser ? Dans un monde où le Féal est une créature sacrée, une figure quasi divine, ce baiser me semble au contraire démontrer combien les Caladriens sont en harmonie avec leurs principes. Le Caladre est une créature magique au même titre qu’une fée ou un lutin. Ce baiser, de toute façon, n’a pas une valeur sensuelle ou amoureuse, il renvoie plutôt à une image très maternelle, quelque chose qui parle d’une mère mâchant la nourriture pour ses petits. Dans mon esprit, ce baiser représente ce même geste que certains samaritains seraient capables d’avoir pour venir en aide à un lépreux. C’est un geste de compassion et d’amour au service de l’autre quand bien même il effleure un tabou.



Merci de cette précision Mathieu. 
Visualisant une queue en forme de serpent, pour moi la fin de cette queue était une tête de serpent. Et l'imaginer fichée à vie sur la bouche du Père Caladrien me donnait des frissons à chaque passage où ils intervenaient. J'en ai d'ailleurs fait un dessin, si je le retrouve dans mon bazar, je le mettrai en ligne.
Trouvé !!!





Voilà le résultat de mon gribouillage... une écharpe dont je me passerai bien ! Eurk.


Je remonte à cheval puisque le mois de février file à grand pas et que je veux en profiter un max.

1/ Dans les crépusculaires, j'ai trouvé que certains personnages étaient véritablement centraux et que vous les dissimuliez. Il y a d'abord Diurne qu'on ne fait qu'entrevoir, mais aussi Lerschwin le farfadet. Pendant ma lecture, je me suis même dit "Mais pourquoi ça n'est pas lui plutôt qu'Agone le personnage principal ?". Est-ce une volonté de votre part d'écarter le héros du bien et l'opposant du mal ? Ou bien est ce seulement moi qui couve une passion malsaine pour ce farfadet (et tous les farfadet en général) ?

2/ Je vais fêter les deux ans de blogs, vous avez un cadeau pour lui ?

3/ On vous associe souvent à toute une génération d'auteurs de fantasy français (en pensant généralement au non moins génial Fabrice Colin). Pensez vous qu'il y ait vraiment un semblant d'unité dans le lot ? Une certaine école d'écriture avec des codes communs ? Une french tuch ? Une sensibilité générationnelle ?



Mathieu :

  
Bonjour Orkan, 


1 - Mon cher, à l'évidence, votre "farfadophilie" relève de la psychiatrie ! Seriously speaking, les Crépusculaires sont un souvenir plutôt vague dans mon esprit. Je suppose qu'à l'époque, dans un élan post-adolescent, j'ai voulu faire d'Agone l'un de ces héros miroitant qui réfracte une histoire. Héros malgré lui, héros trop souvent spectateur, qu'on propulse dans un réel incarné par le Souffre-Jour. Lerschwin et Diurne sont des personnages essentiels, je vous l'accorde. Sans eux, l'histoire n'existe pas. J'essaie tant bien que mal de battre le rappel de mes souvenirs, ce n'est pas si simple, tous ces personnages appartiennent au passé. De Lerschwin, je garde surtout l'image du révolutionnaire authentique, l'idéaliste forcené. Il incarnait, entre autres, mes désillusions post-communistes et, par opposition, la découverte de la la singularité ou le principe aristocratique et élitiste de la magie. On évoque les fondements de l'enchantement : existe-t-il "en creux" du réel ou a-t-il sa propre essence ?  Par extension, peut-on considérer qu'une magie se doit d'être partagée, universalisée ou n'aura-t-elle sa valeur que dans son exception ? Je n'ai pas la réponse et c'est une question qui m'obsède. J'évoque souvent mon désir d'ensemencement, la certitude qu'il faille muscler l'imaginaire pour légitimer l'acte de création en amont. J'ai mis du temps à admettre que cet acte de création pouvait être médiocre. Du temps de Mnémos, il m'arrivait de lire des manuscrits indiscutablement sans intérêt, mal écrit, bourré de convenances et pourtant, derrière ce manuscrit, quelqu'un avait passé des heures, des jours, des années à mener ce projet artistique à bien. L'enjeu n'est pas de remettre en question l'acte en question, infiniment fondé, mais de se demander jusqu'où l'édition d'un manuscrit le légitime aux yeux du monde (pour ne parler que des livres, en l'occurrence). 
Jamais je ne pourrais être éditeur même si je conçois que le choix d'un manuscrit soit toujours circonstancié (un éditeur, la politique d'une maison, l'époque, les modes, etc.). Lerschwin, tout comme Agone, a sans doute voulu parler de tout cela et si Lerschwin n'a pas eu l'envergure souhaitée, c'est en parti pour éclairer ce principe honteux d'une magie recroquevillée sur son élitisme.  
Diurne, lui, est avant tout un poème-personnage qui parle de la fragilité. Il ne devait être que cela, une fragilité qui se dérobe au monde pour ne pas se briser.

2 - Well, well... Il y aurait bien cela - http://www.datamancer.net/steampunklaptop/steampunklaptop.htm - pour inspirer vos chroniques mais j'aurais du, au préalable, établir un plan de carrière et écrire une trentaine de volumes dans l'univers des Crépusculaires. A défaut, je vous offre un restau' quand vous passerez à Paris pour évoquer les mérites incontestés de l'éther pour voyager en dirigeable ? 

3 - Sensibilité générationnelle, c'est possible. Les mêmes âges, des trajectoires souvent marquées par le jeu de rôle ou le jeu vidéo, des gamins qui ont grandi avec un panel imaginaire plus large et plus disponible que la génération précédente. En tout cas, des auteurs décomplexés, sans état d'âme. A vrai dire, je ne pense pas qu'il y ait une forme d'unité excepté, peut-être, l'empreinte laissée par Mnémos pour certains d'entre nous. Cette aventure a un point commun, Stéphane Marsan. C'est grâce à lui que nous sommes là aujourd'hui. 



Phooka :

J'adore ton dessin Dup!!! Enorme!!!

Bon je voulais en revenir au Soupir que je viens de finir. Il y a dans ce roman, des personnages incroyablement passionnants qu'on ne fait que croiser en 3 pages lors d'un chapitre et qu'on ne revoir jamais (tel cet elfe chasseur aveugle). C'est frustrant pour le lecteur qui sent tout le potentiel d'un tel personnage. Pourquoi ne pas en avoir développé plus certains? Y a 'til une volonté d'être terriblement elliptique (dans le sens où vous levez parfois le voile sur des choses qu'on imagine extraordinaires pour le laisser retomber aussitôt). Je ne sais pas si je suis claire dans ma question... 



Mathieu:



 Bonjour Phooka, 

La question est limpide. 
Toujours cette trajectoire suspendue, cette petite balle onirique que je laisse au lecteur le soin de rattraper ou de laisser retomber. Soupir marque certainement la limite. Jusqu'ici, je n'avais jamais été aussi économe dans mes explications. J'ai conscience d'une frustration mais le jeu en vaut la chandelle. Dans la frustration dont vous parlez, il y a le présupposé d'un désir d'en savoir plus. Infime ou avéré, ce désir amorce nécessairement votre machine à rêve. Cela ne durera peut-être qu'une fraction de seconde, peut-être un peu plus mais le désir, lui, a existé et ce qui importe le plus à mes yeux. 
Au même titre qu'on peut trouver une femme habillée bien plus désirable qu'une femme nue, je suis convaincu que le rêve suit la même logique. Dépouillé, expliqué, disséqué, il perd en mystère et le désir, précisément, s'étiole. 


Elise

Bonjour Mathieu,

Chronique du Soupir est le premier livre à travers lequel je découvre votre univers et votre plume. J'ai passé un très bon moment de lecture.

J'ai trouvé votre imagination vraiment débordante et l'idée d'avoir pour cœur une fée m'a beaucoup plu. Comment vous est venue cette idée ? Y a-t-il des mythologies et des légendes en particulier qui vous inspirent ?

J'ai également beaucoup aimé l'illustration de la couverture. Une question que je me pose souvent : les auteurs ont ils un droit de regard sur la couverture de leurs livres? Ou est ce la maison d'édition qui décide?


Merci pour ce moment de lecture, j'espère avoir l'occasion de lire d'autres livres de vous. 






Mathieu:


Bonjour Elise, 

Merci, avant tout chose. 
J'ai déjà pu le dire, il est très difficile de remonter précisément aux sources d'une idée. Celle ci est simple et c'est sans doute ce qui m'a incité à la retenir et à l'extrapoler. J'ai toujours aimé l'image du sanctuaire, de la bulle, de l'espace préservé. En l'occurrence, la fée est théoriquement à l'abri dans un corps conçu comme une forge. Travailler le souffle implique l'empathie avec son propre coeur. L'image est là. Le coeur est un organe vital, le siège fantasmé et littérale des émotions. Lui donner vie me semblait un concept intéressant pour interroger la suprématie de nos émotions sur l'esprit, le registre des "humeurs" confrontées à la raison. Devrait-on considérer nos émotions comme des hôtes tutélaires ou au contraire comme des alliées, des consciences garantes de notre authenticité pour combattre le cynisme ou la cupidité ? Vous voyez, on reste finalement assez proche d'un thème récurrent : jusqu'où l'émotion dit la vérité et doit être écoutée ? Jusqu'où l'acte de création peut il se décliner sans contrainte pour conserver son "intégrité" ? 
Si j'avais une mythologie, ce ne serait que celle là : un imaginaire débridé et surréaliste apte à se reconstruire. Capable d'harmonie pour se crédibiliser. 

Tout dépend de la maison d'édition. En règle générale, l'auteur est consulté. Parfois même invité à discuter avec l'illustrateur. D'autres fois, il n'a pas voix au chapitre. 
Didier Graffet et moi, nous nous connaissons depuis longtemps. Lorsque j'ai vu la couverture, je me souviens avoir douté (indépendamment de la beauté avérée de cette illustration). Je la trouvais trop intime, presque trop "steampunk". A présent, je pense que Didier a eu raison de la représenter ainsi. Pour deux raisons : la première, c'est que j'aime qu'un illustrateur confirmé puisse livrer son propre regard et interpréter votre histoire avec son propre background. C'est souvent l'occasion d'être surpris, troublé. La seconde, c'est que cette couverture "parle", qu'elle raconte une histoire au premier coup d'oeil sans choisir la facilité (dans l'ordre ou en désordre : un guerrier, un magicien, un cheval, une armure, un dragon une forteresse, une épée).  

Une Crunches toute propre :))


Ayant pris d'autres douches depuis la dernière fois, j'ai d'autres questions !

En fait, par "autre chose" je pensais à carrément autre chose que la fantasy (par exemple des thrillers)

Autrement, le personnage principal de votre dernier roman est féminin. Est ce que vous avez changé quelque chose par rapport à "d'habitude" ?

Mathieu :


Hello Crunches,

A la bonne heure, vous voilà fraîche et dispose pour papoter !

Le thriller, pourquoi pas. Mais plutôt quelque chose qui ressemblerait à du polar un peu trash à la Simmons ou Crumley. Je serais tout à fait incapable de m'en tenir à une structure établie et ciselée. Du road movie plutôt. Et puis il y a l'histoire, le roman historique. Si j'avais plusieurs vies, j'aurais aimé prendre le temps d'écrire sur la Première et la Deuxième guerre mondiale, sur des événements méconnus, des micro-histoires. Hier soir, je regardais un film, "la bataille de Brest-Litvosk". Pas franchement mémorable d'un point de vue cinématographique mais c'est précisément ce type d'histoire que j'aimerais raconter.

Non, j'avais déjà abordé l'exercice à travers Louise Kechelev dans le cycle de Bohème et pour moi, cela ne fait aucune différence, en surface du moins. C'est un personnage avant d'être une femme, une voix, une trajectoire, un ressenti. Un auteur masculin peut se figurer un personnage féminin, l'interpréter, le sublimer mais, disons le clairement, ces deux trucs qui lui pendouillent entre les jambes en guise d'appendice sous-ventral le condamne, quoi qu'on en dise, à être en dehors du cercle. Dans la mesure où je cherche, moi, l'écriture instinctive, le choix du personnage féminin est une décision radicale qui vous oblige souvent à relativiser le point de vue. J'ai le sentiment d'effleurer, parfois, une certaine vérité. Pas toujours mais, en l'occurrence, je trouve que l'expérience et la maturité sont essentiels pour parler des femmes. L'âge ne fait pas nécessairement de vous quelqu'un de plus pertinent ou de plus gracieux. En revanche, d'un point de vue strictement immersif et fictionnel, cette maturité peut nourrir et étoffer le personnage pour le rendre plus perceptible. Un temps, j'ai pensé que l'auteur pouvait générer un "genre" entre le masculin et le féminin qui ne soit pas de l'hermaphrodisme mais juste un liant ou une passerelle qui lui offre un regard quasi dissocié, un truc qui puisse faire dire qu'un personnage fictionnel est asexué à son point d'origine. Pas sûr que je sois très clair, là.... bref, disons qu'aujourd'hui, je crois qu'il y a une limite indépassable au fait de pouvoir s'abstraire de sa masculinité ou de sa féminité. Ce n'est pas très grave, en fait. C'est même plutôt charmant, cette limite.


Wilhelmina :


J'ai lu toutes les réponses de notre cher Mathieu Gaborit mais je ne sais plus si ces questions ont été posées (d'ailleurs je ne sais pas si je peux encore mais qui ne tente rien n'a rien n'est-ce pas ^^)

Bonjour Mathieu,
J'aimerais tout simplement savoir quels auteurs vous lisez/tu lis ? (j'avoue que je ne sais plus si je dois tutoyer ou vouvoyer car notre échange par email commence à dater maintenant... d'ailleurs, curieusement, je n'avais pas posé cette question ><)
Et sinon, quels sont vos/tes projets littéraires ? Peut-on savoir quel genre de manuscrit(s) traîne(nt) dans vos/tes tiroirs ? (^-^) ou est/sont déjà chez un éditeur d'ailleurs ?

Merci encore pour ce délicieux mois de février,
J'en redemande (^-^)
Merci Dup et Phooka =)


Mathieu :


Bonjour Wilhelmina,

Alors tutoyons-nous, c’est le plus simple

Je dois avoir répondu à la première question si mes souvenirs sont bons.

Pour les projets, en vrac : finaliser le roman interactif qui doit sortir bientôt (corrections, etc.) ; travailler sur mon nouveau roman (un projet de fantasy contemporaine) ; accompagner la sortie du JDR Féal (au titre de conseiller cubain) ainsi que le développement (de loin, là encore, mais peut-être d’un peu plus près dans les semaines à venir) d'une nouvelle édition d’Ecryme menée par deux garçons, ma foi, fort talentueux ; poursuivre également le développement d’une licence avec deux amis (projet que nous menons sur notre temps libre depuis bientôt deux ans) qui devrait voir le jour sous une forme ou une autre ; préparer, corriger et rédiger des inédits pour une anthologie de mes nouvelles qui sort en juin et, pour finir, si la chance est de mon côté, collaborer sur un projet réjouissant lié à Abyme.
Voilà, a priori, à court et moyen terme, ce sera tout. Le nouveau roman sera mon activité principale dans les mois à venir.



Charabistouilles :

Ces 4 tomes auront vraiment été intéressants. J'ai adoré découvrir Mathieu Gaborit sous cet angle après avoir lu Chronique du soupir.

Petite question s'il reste encore du temps (on est tjs en février :D) :

Je suis étudiante en traduction, et j'aurais aimé savoir si vos livres ont été traduits. Cela doit être si difficile de pouvoir restituer un univers aussi original, un plume raffinée et poétique.
Si un de vos livres a été traduit, avez-vous communiquer avec le traducteur ? Vos livres traduits ont-ils aussi du succès ?

Et sinon, pour conclure février, que retiendrez vous de ce mois de questions ? Enrichissant ?

Mathieu :

Bonjour Charabistouilles,

Merci pour votre intérêt.

Rarement. En Allemand et en Russe uniquement. Et je n’ai pas eu l’ombre d’une communication avec les traducteurs requis. Honnêtement, excepté quelques exemplaires reçus (les couvertures russes sont particulièrement savoureuses si on aime le kitch), je n’ai pas de retour particulier sur ces traductions. D’ailleurs, cela me fait penser qu’il faudrait que je pose la question !
De ce que j’en sais, mes romans sont trop... français. Je n’ai jamais vraiment su comment je devais le prendre

Ce que je retiens de ce mois ? On a finalement assez peu l’occasion de s’exprimer autant sur ce que l’on fait et les questions qui ont été posées m’ont obligé plusieurs fois à formaliser des choses inédites. Je suis plutôt de la tribu des “taiseux” et ce “mois de” a été une expérience vraiment intéressante de ce point de vue.



Résultats du partenariat Nadia Coste


Bon, plouf-plouf difficile... comme prévu ! :P




recevront le tome 3




recevront le tome 1



Bonne lecture les filles (mince, ya un gars !) :))


Un grand merci aux éditions Gründ



Nos coups de coeur de février




(et donc sélectionnés pour le GpP 2012)



COUPS DE CŒUR SFFF











COUPS DE CŒUR Thriller/Polar



...

COUPS DE CŒUR YA/Jeunesse:
mardi 28 février 2012

Partenariat spécial "Le Mois de Nadia Coste"

Complet

Les éditions Gründ et Bookenstock s'associent pour vous proposer 
un partenariat exceptionnel Nadia Coste !


5 exemplaires du tome 1 


et
5 exemplaires du tome 3


Attention, ce livre ne sortira dans les librairies que le 22 mars
Les éditions Gründ proposent pour ce partenariat 5 exemplaires
d'épreuves non corrigées ( cf le NB en fin de billet) afin que vous les receviez le plus vite possible
pour honorer le contrat, à savoir une chronique avant fin avril.





Le principe de ce partenariat:

*Nous envoyer un mail pour annoncer que vous avez bien reçu le livre.
*Lire et chroniquer ce roman pendant le mois d'avril,  au plus tard le 20 avril pour les tomes 1, le 29 pour les tomes 3  (avec les liens vers Bookenstock).
*Annoncer le Mois de Nadia sur votre blog (de la façon dont vous le souhaitez)
*Venir participer au Mois de Nadia Coste en posant une ou plusieurs questions (ou commentaires) à Nadia pendant son "Mois de ...".

Pour y participer, vous devez nous envoyer un mail à l'adresse suivante:


lemoisde[at]gmail[point]com

avec:

*l'adresse de votre blog
*votre pseudo, si vous en avez un sur livraddict/facebook/bit-lit.com/google+ etc..
*votre nom et adresse (ben vi c'est mieux si vous voulez recevoir le livre!)
*préciser lequel de ces deux livres vous désirez recevoir.

Si vous ne remplissez pas ces critères vous serez automatiquement écartés...

Les envois peuvent se faire en France métropolitaine.

NB: Je précise que les épreuves non corrigées chez Gründ se présente avec la même couv que le futur livre !
tout juste y-a-t'il une mention "épreuves non corrigées" dessus. Ce n'est pas un vilain livre tout blanc comme chez d'autres ;) . C'est à noter tout de même car je trouve cette couv magnifique !

Cette fois ci nous avons décidé de laisser le part ouvert au moins 24h pour que tout le monde ait sa chance de postuler. Ne soyez pas déçus si vous n'êtes pas pris car du coup la concurrence sera rude. Notre choix se basera sur des critères totalement subjectifs tels le "plouf plouf" ou le "choipeau" voire même le "ça sera toi qui.."






Complet

Le mois d'avril sera le MOIS DE ...



Nadia Coste



et ses Fedeylins (Tome 1 et Tome 2)






Attention, un partenariat suivra cet après-midi ;)

lundi 27 février 2012

CHRONIQUE DU SOUPIR de Mathieu Gaborit (par Phooka)






Éditions le Pré aux clercs
298 pages
19 euros


Résumé :

Lilas, une naine flamboyante, a choisi, depuis la disparition de Frêne, son époux, de prendre sa retraite de Chef de la garde du palais de la Haute Fée pour ouvrir une auberge au bord de la mer, à l'endroit même ou Frêne s'est "ancré" pour l'éternité. Entourée de quelques amis et d'Errence, un elfe qui est aussi son amant, elle mène une existence un peu trop paisible à son goût.
Alors qu'elle s'interroge avec angoisse sur son devenir, son fils Saule, pourchassé par un groupe de miliciens au service de la Haute Fée, fait irruption dans l'auberge. Il serre dans ses bras une fillette de 10 ans, Brune, qui est à l'agonie.
Après quelques heures d'hésitation, et bien que pressentant l'immense danger qui émane de façon indicible de la personnalité de Brune, Lilas décide de les protéger envers et contre tous.


L'avis de Phooka:

Voilà un roman qui aura fait parler, quasi idéal pour une lecture commune. Les avis se sont étoffés, se sont affinés et  ils se sont même confrontés parfois, au fil des discussions passionnées.
Tout comme LOVD dans sa chronique, je ne vais même pas essayer de parler du thème du roman, et encore moins d'en faire un compte rendu avec mes propres mots. Mes propres mots qui seraient bien pauvres par rapport à ceux de Mathieu Gaborit.
Car s'il y a une chose sur laquelle nous étions, il me semble, tous d'accord, c'est bien l'imagination et la poésie qui imprègne ce récit. Un récit souvent déroutant, voire même frustrant parfois et pourtant incroyablement prenant. Dis comme ça, ça semble vraiment être tout et son contraire...et bien  oui, c'est le cas!

Le roman est "catalogué" Fantasy et comme tel, on s'attend à de la ..Fantasy. En est-ce? oui...et non...
Oui c'est de la Fantasy car on y trouve tous les ingrédients. De la magie, sous la forme incroyablement imaginative du "souffle", des "créatures" avec des nains, des elfes des sirènes et des humains. Mais aussi et surtout, les fées. Ces fées qui sont source de vie, source de magie, source de tout. On y trouve même la quête indispensable à toute fantasy qui se respecte, la quête de la fée primordiale, celle par qui tout est arrivé, celle qui peut tout faire ou tout défaire. Et Mathieu Gaborit nous entraîne dans ce récit fabuleusement étonnant, avec la poésie qui le caractérise.

Mais alors, me direz-vous, pourquoi ai-je donc dit au début que ce n'était pas vraiment de la fantasy? Parce que si beaucoup de choses y sont, beaucoup aussi manquent. Et ces manques sont vraiment frustrants pour le lecteur. Il est évident que pour un si court roman, on ne pouvait pas s'attendre à une saga avec tous les détails des séries de 16 tomes (non je ne cite personne). Mais tellement (trop?) de choses sont laissées sous silence. Des choses qui, on le sait, on le sent, sont bel et bien dans la tête de l'auteur! Tel ce chasseur Elfe aveugle, qu'on croise au tout début. Personnage au potentiel monstrueux qui mériterait une saga à lui tout seul, mais qu'on ne croise qu'au détour d'un chapitre bien court et qu'on ne revoit pas! Quelle incroyable imagination il faut de la part de l'auteur pour créer de tels personnages et de les rendre vivants en quelques lignes. Mais quelle incroyable frustration pour le lecteur qui voudrait tellement, tellement en savoir plus. Et cette frustration, on la retrouve plusieurs fois dans le roman.

Alors que faut-il en penser?

Pour une première fois sans doute, je dois reconnaître que je ne sais pas trop.
Tout le roman aura été pour moi déroutant. A la fois passionnant et frustrant.
Frustrant parce que tant de choses sont laissées de côté. Les personnages que l'on pense importants et qu'on revoit jamais, malgré un potentiel énorme..
Passionnant parce que Gaborit a quand même une imagination délirante, que son monde est un des plus étonnant que je connaisse et que si on accepte (et je dis bien "si") de le suivre dans son délire sans se poser de questions, on se retrouve emporté dans un récit hallucinant.

Par contre, si on cherche à analyser chaque situation, si on ne laisse pas ses sentiments dominer son intellect, si on cherche à tout comprendre, alors on ressent forcément une immense frustration qui peut complètement gâcher la lecture... Les ingrédients qui composent ce roman sont tellement bons, tellement fabuleux (au sens "fable" du terme) que le lecteur voudrait pouvoir avoir une vision d'ensemble et comprendre les raisons des agissements des héros. Et ce n'est pas toujours le cas. Les personnages sont souvent survolés et pas assez attachants, des situations ne sont pas exploitées.
Si  le déraisonnable ne vous effraie pas, si on accepte que ce ne soit pas le livre qu'on attendait, alors le lecteur peut se laisser emporter dans un univers très personnel, celui de Mathieu et faire symbiose avec le récit. Une partie de moi l'a fait.
Mais une autre partie de moi, plus terre à terre , aurait voulu autre chose. Ma partie lectrice de Fantasy se dit qu'elle est passée à côté d'un livre qui aurait pu être géant. Vu tous les ingrédients vraiment extraordinaires et atypiques concoctés par l'auteur, il aurait pu en faire un récit hallucinant. Mais clairement ce n'était pas son but. Pas cette fois en tout cas.

Pour faire une métaphore, je dirais que je vois ce livre comme une ballade en canoë. Alors que je partais pour une ballade tranquille pour observer la végétation environnante, la faune et les flore, mon guide m'a emmené sur des rapides. Malgré la vitesse, je voyais au loin des petites criques magnifiques, des arbres majestueux, des fleurs exotiques, mais loin, si loin, impossible d'en voir le détail, impossible de s'y arrêter, la descente continuait. Même en se tordant le cou, ces petites criques avaient bel et bien disparu. Mais la vitesse du canoé sur les rapides était grisante et tout en regrettant de ne pas admirer le magnifique paysage environnant, la ballade était fascinante.


Je vais donner un avis de normande alors:
Ai-je aimé? P'tet ben qu'oui P'tet ben qu'non. Mais en tout cas c'est une lecture que j'ai apprécié et que je ne suis pas prête d'oublier.



Kamana 
Vozrozhdenyie 
Chica Nessita

dimanche 26 février 2012

LES CHRONIQUES DES FÉALS 3 de Mathieu Gaborit


LE ROI DES CENDRES

chez Bragelonne


chez J'ai Lu


et moi j'ai l'intégrale de Bragelonne





Résumé :

Partout à la surface du M'Onde, les Sombres Sentes prolifèrent, déversant des flots de Charognards. Les unes après les autres, les principales cités de l'Empire tombent sous le joug de l'ennemi... Les cavaliers des sables, bientôt rejoints par les Pégasins et les Aspiks, s'apprêtent à livrer un combat désespéré. Tandis que les derniers rescapés de la Tour écarlate d'Aldarenche s'enfuient dans le désert, emportant avec eux les cendres des phénix dont le feu leur permettra de forger les seules épées capables, peut-être, de triompher de la menace... L'ultime espoir repose sur les épaules de Januel. Le jeune Phénicier va combattre le mal au cœur même du royaume des morts...


L'avis de Phooka sur l'intégrale


L'avis de Dup sur :
Tome 1 : Coeur de Phénix
Tome 2 : Le fiel
Tome 3 : en dessous :))

Et voilà, le tome 3 achevé, un tome 3 que j'ai dévoré tant j'ai été prise au piège par Mathieu Gaborit. Car si ce dernier tome se consacre à la lutte des Ondes contre le Royaume de la Charogne, il fait aussi la part belle à la découverte des Provinces Licornéennes, leur peuple fier, leurs croyances et leurs traditions. Ce peuple m'a envoutée, et c'est là que se situe le piège ! Car dans la construction même de ce tome les chapitres alternent : Les Licornéens, Januel, les Licornéens, la Tarasque, les Licornéens, la Charogne, les Licornéens, la Caladre, les Licornéens, etc...

Les Provinces Licornéennes donc : la capitale, El-Zadin est le dernier bastion qui tient encore tête à l'invasion des hordes charognardes. Même s'il en vient sans cesse issues des nombreuses Sombres Sentes qui affluent autour, les guerriers d'el-zadin, dirigés par les muezzins, perchés sur leur minaret, les repoussent. Les licornéens chevauchent leurs dunes et les lancent contre la Charogne ( imaginer ces dunes en mouvement, telles d'immenses vagues de sable fin, c'est superbe. Mathieu Gaborit joue avec les mots pour accentuer l'impression, il parle du roulis des dunes, du ressac du sable !). Heureusement ils vont être secondés par des Phéniciers et des guerriers Aspiks qui arriveront à point nommés.

Ils faut qu'ils tiennent le plus longtemps possible pour donner du temps à Januel afin qu'il puisse accomplir sa mission en Charogne, au sein même du Royaume des morts. Januel qui ne fait plus qu'un avec sa mère progresse dans sa quête. Il est talonné sans le savoir par Scende qui retrouve son pep's de mercenaire et de draguéenne, essentiellement motivée par son amour pour le fils de l'Onde dont elle a été séparée.

A travers leurs yeux, on va découvrir le Royaume des morts, et là encore les descriptions de l'auteur, les décors mis en place sont somptueux. Mais plus encore, découvrir également la hiérarchie : le roi et ses gardes du corps, les Moribonds. Les "médecins" des Charognards, les Carabins qui travaillent inlassablement à lutter pour reculer les effets de la nécrose, les Seigneurs, leur vassaux, les guerriers et... les laissés pour compte, les Mendiants. Ceux que même la Charogne ne veut pas, ceux qui quémandent leur dose de drogue : des billes noires qu'ils brûlent dans des brazeros en attendant la distribution suivante de "braises de l'oubli" ! J'adore !

Tshan, notre archer noir, seul survivant de la Tarasque naufragée, va avoir dans cet opus un grand rôle aussi, à sa mesure. Je reste d'ailleurs émerveillée par la description du cerveau de la Tarasque, comme une sorte d'immense bibliothèque de plusieurs étages reliés par des escaliers et des coursives où s'affairent les prêtres et leurs scribes. Mais aussi l'âme de ce Féal en symbiose complète avec son peuple puis que c'est "l'altahuma" !

Et même si le final était prévisible et donc sans grande surprise, même si la majeure partie de ce tome décrit des bagarres, des batailles, des guerres et donc son lot de blessures atroces en tout genre et bien sûr des morts, cet opus restera longtemps dans ma mémoire pour la poésie qui en dégage, pour la magie des décors dépeints. Je suis vraiment sous le charme de l'imagination sans limite de cet auteur ! Bref, une chronique qui part un petit peu dans tous les sens tant j'avais de choses à dire. Et encore, je n'ai pas abordé la moitié des notes prises pendant notre lecture commune.

Les chroniques du tome 3 des copines:

LefsÖ

Les chroniques de l'intégrale :

Elo
Pat
Roz.



LES CHRONIQUES DES FEALS, L'intégrale de Mathieu Gaborit





Editions Bragelonne
10 euros
pages


Présentation de l'éditeur:

Dans l’empire de Grif’, le temps est venu de faire renaître le phénix de l’empereur. Le jeune et talentueux Januel est choisi par la guilde des phéniciers pour s’acquitter de cette tâche. Mais un incident se produit au cours du rituel: l’empereur est tué et le phénix trouve refuge… dans le coeur de Januel. Obligé de fuir, le jeune phénicier entreprend un voyage semé de dangers et d’embûches pour comprendre ce qu’il s’est passé et prouver son innocence… Parviendra-t-il à maîtriser le phénix qui palpite en lui ?
 

L'avis de Phooka:

Trois tomes en un seul volume: Coeur de Phénix, Le Fiel et Le roi des cendres réunis. Voilà une bonne manière de découvrir cette trilogie de Mathieu Gaborit.

Une trilogie pleine d'inventivité et d'imagination, pleine de personnages aussi. Si Januel, n'est pas le héros qu'on attend, trop superficiel et souvent agaçant. les personnages secondaires arrivent eux, à bien tirer leur épingle du jeu. Tel Tshan, l'archer noir dont le destin est digne des plus grands.
Mais les vrais héros de cette trilogie, ce sont bien sûr les Féals. Et là, c'est le côté grandiose de cette série qui permet au lecteur de côtoyer des Phénix,  Caladres , Griffons , Licorne ou autres Tarasques. Un vrai plaisir, d'autant plus que la symbiose de ces créatures avec les humains donne toujours des résultats étonnants. L’imagination de Gaborit excelle pour faire vivre ces créatures dans notre esprit et pour nous donner l'envie irrépressible de les côtoyer nous aussi. Mais là, où il devient un maître c'est quand nous entrons dans le royaume des morts, La Charogne dont le concept est vraiment éblouissant. Les morts vivent dans ce royaume, bannis et séparés du M'Onde (celui des vivants), leur mode de fonctionnement fait que bien qu'ils soient les "méchants" de l'histoire, on comprend leur but et leurs raisons et on ne peut s'empêcher de les prendre en pitié, à défaut de les aimer.


La construction du roman par petits chapitres courts aide à rendre le récit très "nerveux" et rapide. il devient alors difficile de s'arrêter en court de lecture. Pourtant dans notre cas, nous faisions une lecture commune et il fallait s'arrêter , parfois il était impossible de ne pas tricher un peu et de lire le chapitre suivant .. :)


Ce qui est étonnant avec Mathieu Gaborit c'est aussi sa façon de vous plonger immédiatement dans le récit. pas de préambules de 10 chapitres avec moult descriptions. Le lecteur se retrouve plongé directement au cœur de l'action. Et si parfois cela  peut paraître perturbant, cette façon d'écrire contribue au rythme du récit qui ainsi, ne comporte quasiment aucun temps mort. On découvre donc le passé des héros par petites touches au fur et à mesure de l'histoire et on s'attache aux protagonistes petit à petit. Le revers de la médaille c'est que parfois ce procédé fait que l'attachement vis à vis d'un héros ne se produit pas, comme c'est le cas pour Januel qui semble être LE héros, mais qu'on n'arrive pas à cerner et dont le comportement peut agacer, voire même énerver franchement. On ne comprend pas toujours son "mode de fonctionnement", mais heureusement les personnages secondaires (et qui ne sont d'ailleurs pas si secondaires que ça) permettent très vite d'oublier cet aspect du roman.
Mathieu Gaborit a vraiment un don pour créer des personnages et des situations, un don pour stimuler l'imagination du lecteur qui doit visualiser ce que l'imagination de l'auteur produit et franchement c'est énorme. Un don aussi pour laisser certains passages flous (et je viens de lire dans son ITV qu'il le fait exprès le bougre! :)). Mais parfois, il faut le reconnaître certaines ellipses peuvent laisser le lecteur un peu perdu. On sent que tout est dans la tête de l'auteur et qu'il aurait pu en dire tellement plus. Il en est de même avec certains des personnages que l'on voudrait connaître plus ou qui semble avoir été sous-exploités (je pense là à Farel ou Falken). Bon évidemment si tout ce que j'aurais voulu avoir , était dans ces chroniques, on n'aurait plus 3 tomes, mais 8 ...

Malgré quelques petits défauts, vite oubliés car sans importance à mes yeux, Les chroniques des Féals est une trilogie qui mérite d'être lue. Si ce n'est pas le coup de cœur espéré, il reste un roman  bien ficelé et surtout très original et inventif. Il ne manque pas grand chose pour que ce soit une très grande saga et c'est sans doute ce qu'on peut lui reprocher le plus, car on sent qu'on n'en était pas loin, il s'en suffisait d'un cheveu ! En tout cas, une lecture très agréable et plaisante.


Cette lecture a été faite en commun avec tout un tas de filles sympas (si,si! :)), certaines ont déjà chroniqué les tomes individuellement et vous pouvez les lire ici:


Pour le tome 1: 


Pour le tome 2
Pour le tome 3:
Et l'intégrale:

Elo 
 Pat 
 Roz.