L'OMBRE DU POUVOIR
Éditions Mnémos
336 pages
20 euros
Le pitch :
Le chevalier assassin, Pierre Cordwain de Kosigan, dirige une compagnie de mercenaires d’élite triés sur le volet. Surnommé le « Bâtard », exilé d’une puissante lignée bourguignonne et pourchassé par les siens, il met ses hommes, ses pouvoirs et son art de la manipulation au service des plus grandes maisons d’Europe.
En ce mois de novembre 1339, sa présence en Champagne, dernier fief des princesses elfiques d’Aëlenwil, en inquiète plus d’un. De tournois officiels en actions diplomatiques, de la boue des bas fonds jusqu’au lit des princesses, chacun de ses actes semble servir un but précis.
À l’évidence, un plan de grande envergure se dissimule derrière ces manigances. Mais bien malin qui pourra déterminer lequel…
L'avis de Dup :
J'ai fait la connaissance de cet auteur lors des dernières Imaginales, dont la verve et les boutades m'ont séduite alors que je patientais devant un de ses collègues voisins. Ayant lu et apprécié le soir même sa partie de "rêve en l'air" écrite dans Le crépuscule et l'aube issu de l'Anthologie Fées et Automates, je savais que j'aimerai ses romans également. J'ai donc réussi à glisser Le Bâtard de Kosigan au milieu de mes lectures obligatoires et je ne regrette rien !
Ce Bâtard s'est trouvé à la hauteur de toutes mes espérances. Que j'aime ces personnages pourvus d'une gouaille et d'un humour présent en toutes circonstances, même dans les situations les plus délicates. Fourbe et sans état d'âme vis à vis de ses ennemis ou rivaux, entier dans ses amitiés, charmeur vis à vis de la gente féminine, loyal vis à vis de ses coéquipiers. Et justement, ses coéquipiers, Pierre Cordwain de Kosigan a su les choisir à la perfection pour former son équipe de mercenaires. Bâtard de son état, il ne peut prétendre à aucune terre ni aucuns biens familiaux : il fait donc fortune autrement...
L'auteur nous plonge au coeur du comté de Champagne en 1339, encore indépendant du Royaume de France, tout comme le duché de Bourgogne, son voisin. Les Français, les Bourguignons et même les Anglais sont là pour s'emparer du pouvoir récemment vaquant de ce riche comté. Le Bâtard est donc présent à Troyes, pour y démêler ses affaires, tirer sur les bonnes ficelles, rendre des services monnayables bien entendu, magouiller entre tous les clans, éviter ses ennemis et pécho de la comtesse ! Son plan global ne se dessinera pour le lecteur qu'à la toute fin du volume bien évidemment.
On se croirait en plein roman historique si ce n'est, de-ci de-là, quelques elfes ou autres personnages issus directement de l'imagination de l'auteur qui nous rappelle que c'est bien de Fantasy dont nous causons. Il y est question de dragons, même si ceux ci sont en voie de disparition. Notre Bâtard s'alliera avec un humal leonien (humal = humain à tête d'animal, si si ! ☺) lorsqu'il participera aux tournois de joutes. Ces êtres féeriques sont insérés de façon vraiment naturelle au récit, comme Dùnevïa Il'Lavaelle, appelée Dùn fort heureusement, bras droit du Bâtard dont les pouvoirs s’avéreront fort à propos plus d'une fois, mais je n'en dirai pas plus.... Quant au Bâtard lui même, il possède un pouvoir de régénération très pratique pour faire disparaître rapidement plaies et bosses qu'il ne manque pas de ramasser. C'est la seule chose qui m'a fait tiquer dans ce roman, ces dons qui tombent un peu trop fort à propos.
A ce récit du XIVème siècle déjà bien passionnant, se rajoute une intrigue parallèle qui nous propulse 500 ans plus tard, fin XIXème siècle, par l'intermédiaire d'extraits de correspondances d'un certain Michael Konnigan, professeur en archéologie médiévale. Personnage au passé mystérieux, menant une vie mouvementée et dangereuse, qui vient de faire un bien étrange héritage. On comprend très vite que c'est un descendant du Bâtard de Kosigan et on suit avec intérêt toutes les énigmes laissées par son aïeul qu'il va devoir résoudre.
Moi qui généralement apprécie peu les livres historiques, j'avoue que je me suis régalée avec la plume de Fabien Cerutti et son roman. J'ai adoré son Bâtard mais également beaucoup d'autres personnages secondaires. J'ajoute également que c'est la première fois que j'ai pris plaisir à suivre un tournoi où se succédera de multiples joutes, d'abord en équipes puis individuelles. Habituellement les joutes me lassent et je leurs préfère une belle danse à l'épée. Mais là j'y étais réellement, tantôt hurlant dans les gradins, tantôt à cheval suant sous mon heaume, tantôt mordant la boue après avoir été désarçonnée.
Bref, j'ai adoré ma lecture et je suis vraiment pas loin du coup de coeur. Si les aventures champenoises de 1339 s'achèvent bel et bien avec ce tome, celles du descendant de Kosigan sont loin d'être éclaircies et on le laisse d'ailleurs dans une fort mauvaise posture. Il me tarde donc de le retrouver, ainsi que son charmant ancêtre pour de nouvelles aventures.