Et maintenant, l'ITV de Patrick Mc Spare se poursuit avec ce tome 4
Patrick Mc Spare est chelou, comme diraient les mortels. Si vous réfléchissez deux secondes, tous les romans qu'il a publiés présentent, à un moment ou à un autre, des personnages qui entendent des voix. Vous voulez des exemples ? Sans problème.
Dans « Les Haut-Conteurs », écrits avec son pote Oliver Peru (encore un chelou, celui-là), Mathilde, Corwyn et l'Insondable répondent à ce qui est censé figurer leur conscience. Ils se parlent à eux-mêmes, en fait. Vérifiez, ça se passe dans le tome 5, quand ils sont égarés dans un labyrinthe Fomoré.
Dans « Comtesse Bathory », la sulfureuse héroïne s'effraie d'une voix qui chuchote puis hurle son prénom, alors qu'elle effectue un voyage mental, ou ce qu'elle considère comme tel.
Et enfin, dans « Les Héritiers de l'Aube », la Pierre d'Émeraude bavarde dans l'esprit de chacun de ses détenteurs. Encore mieux. Après les gens qui entendent des trucs bizarres, voici les objets doués de parole. Mc Spare avait déjà fait le coup en prêtant sa propre voix au Livre des Peurs, dans le clip promotionnel des Haut-Conteurs tome 1.
C'est quand même chelou, tout ça. Franchement ? Non ?
Bon, si on regarde un peu son parcours, c'est logique. Fondateur d'un groupe punk à dix-sept ans (et toujours dans le circuit rock undeground aujourd'hui ; quand on connaît les excès du milieu...), animateur radio à vingt-deux, créatif en agence de pub à vingt-quatre, illustrateur à vingt-huit, auteur bédé à trente-cinq, écrivain à quarante-six... rien que des boulots pas très nets.
Croyez-en mon expérience deux fois millénaire, il y a des points que Mc Spare se gardera bien d'aborder. Comme les zones d'ombre entre ses vingt-quatre et vingt-huis ans. Ou l'absence de ligne de vie au creux de sa paume gauche, preuve d'un pacte secret, selon certains. Ha ! Pas avec moi, en tout cas. Après, ce que j'en dis, hein, c'est juste pour causer. N'allez surtout pas me croire envieux. Mais que ces « vénérables » (avec un surnom pareil, il s'agit sûrement d'insupportables représentantes du Bien) lui consacrent un « Mois de » me paraît un tantinet exagéré. Il ne suffit pas d'être chelou pour réellement appartenir aux forces obscures. Tant qu'à inviter quelqu'un qui se la joue ténébreux, c'est à moi qu'elles auraient dû penser.
Ah oui, à propos... Je m'appelle Hermès Trismégiste, dignitaire Fomoré prisonnier de votre vilain monde. Je vais conquérir la Pierre d'Émeraude, balayer ces morveux d'Héritiers et massacrer vos vies dès que j'aurai remodelé cette planète à mon idée. Bon, c'est vrai, avant tout ça, je me serais bien vu célébré par Book en stock durant un mois. Pas grave. J'ai à faire. Débrouillez-vous avec Mc Spare...
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Violaine :
Bonsoir Patrick.
Je viens de finir Les Héritiers de l'aube et j'avoue que j'ai fait une belle découverte. ..l'écriture paraît tellement fluide que moi aussi j'ai eu l'impression que vous étiez prof d'histoire. ..et justement première question : comment écrit-on aussi "facilement" sur une autre époque que la sienne? Et comment procédez vous pour assembler toutes ces histoires dans l'Histoire sans non plus créer d'anachronismes? Auriez-vous aimé ou voulu être prof? Ou peut être qu'un prof vous a donné inconsciemment le goût pour ça?
Sinon je suis ravie d'avoir pu participer à ce partenariat car je vous avoue que je n'aurai sûrement pas découvert votre univers "seule".
Bon mois et bonne inspiration pour la suite.
Patrick :
Bonjour Violaine,
bienvenue parmi les fans des Héritiers, donc :) et enchanté de faire votre connaissance grâce à nos amies Phooka et Dup. Votre compliment concernant ma qualité d'écriture me va droit au cœur.
Pour créer un récit crédible et efficace traitant d'une autre époque que la sienne, il faut tout d'abord solidement se documenter. Et, ensuite, ressentir un réel intérêt pour la période choisie. Si ces deux paramètres sont respectés, croyez-moi, la choses devient vite aisée :)
Pour ce qui est des rebondissements et intrigues secondaires, une attention soutenue suffit à éviter les incohérences et autres anachronismes que vous évoquez. Avant de me lancer dans l'écriture pure d'un roman, je bloque environ une semaine pour construire mon histoire. C'est à ce moment-là que je vérifie chaque détail qui pourrait prêter à confusion. Muni de mon « conducteur » (que je ne respecte d'ailleurs jamais complètement, car d'autres idées jaillissent au cours de ce trimestre d'écriture), je suis en théorie à l'abri d'un accident malheureux :)
Même s'il s'agit d'un métier ô combien beau et noble, je n'aurais pas voulu être prof car je m'éclate au plus haut point en tant que romancier et auteur BD. En revanche, si je n'exerçais pas une profession artistique, je me serais bien vu dans le professorat, c'est vrai. Ou sinon, détective privé, mais ça, c'est juste un résidu d'infantilisme :)
Je ne saurais déterminer d'où me vient mon intérêt pour l'Histoire. Il s'est éveillé vers mes quatorze ans mais je n'ai pas souvenance d'une ou d'un prof qui ait particulièrement favorisé ce déclic. Le mystère demeurera entier, je le crains :)
Merci pour votre sympathie et votre bel enthousiasme.
Excellent wikend à vous !
Audrey :
Re-Bonjour Patrick,
Je viens de dévorer le tome 1 d'Oracle. La série a l'air très prometteuse.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l'histoire de votre tome, c'est le 4, je crois? Et aussi comment avez vous embarqué dans l'aventure de la série? Comment avez-vous travaillé avec Nicolas Demare, le dessinateur? Vous connaissiez-vous avant? Ecrire un script de bd est-il différent de l'écriture d'un roman? Comment avez-vous travaillé avec les autres scénaristes et dessinateurs de la série pour harmoniser tout l'univers?
Ca fait beaucoup de questions, la faute à ce premier tome très réussi qui donne envie d'en savoir plus sur la série ;)
Merci d'avance pour vos réponses :)
Re-Bonjour Audrey,
Très heureux que vous ayez apprécié le tome 1 de Oracle, comme en témoigne l'enthousiasme qu'on devine dans vos questions :) J'ai également lu « La Pythie » en avant-première et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Olivier Peru a fait fort, le bougre ! Comme d'habitude, quoi :) Et le talentueux dessinateur Stefano Martino sert au mieux le superbe scénario d'Oliv
Je vous le confirme, c'est une excellente mini-série ! Et, outre les points forts que constituent ces cinq équipes créatives, Oracle a le mérite d'explorer d'explorer des univers habituellement peu abordés en fantasy.
De mon côté, j'ai effectivement scénarisé le tome 4. Il s'agit de l'histoire d'un homme physiquement maudit par Apollon, lequel jalousait les nombreux succès féminins de notre héros. Un récit de passions amoureuses, de vengeances, de sorcellerie, de trahisons... et de quelques descriptifs culinaires qui mettront l'eau à la bouche des plus gourmands :) Car, désormais incapable de séduire la sublime Aphrodite grâce à son apparence ingrate, le malchanceux envoûté va tenter d'arriver à ses fins par le biais d'une sensualité différente : celle des senteurs et des saveurs dont une créature de la forêt lui révélera les secrets. Parviendra-t-il à conquérir la déesse et à humilier Apollon ? À découvrir dans « Le mal formé » qui paraîtra en octobre. C'est un album dont je suis d'ores-et-déjà très fier, pour l'élégance de ses dialogues (un peu d'auto-satisfaction ne fait pas de mal) :) et des dessins de Nicolas Demare qui s'est surpassé, procédant à un encrage au pinceau qui augmente encore la belle qualité de son trait.
Nico et moi nous connaissions déjà avant cette collaboration, principalement du festival d'Angoulême où nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises. Le monde de la BD est comme les autres : petit :)
Pour le mal formé, nous avons travaillé de façon classique : j'envoyais mon script (en général, par tranches de dix pages) comprenant descriptifs case par case et dialogues. Ensuite, il m'adressait ces pages pré-crayonnées, afin d'être certain que nous étions sur la même longueur d'ondes. Ce qui a toujours été le cas, d'ailleurs, Nico étant l'un des meilleurs et plus efficaces dessinateurs de sa génération. Après validation de l'éditeur, il passait aux étapes suivantes, finalisation du dessin puis encrage.
La création d'un script BD est peu comparable à celle d'un roman. Bien sûr, il existe des ponts entre les deux, les points communs d'un scénario et de dialogues que l'on cisèle le mieux possible. Mais il existe une différence essentielle : en BD, l'unique récit consiste en un descriptif « technique » à l'usage exclusif du dessinateur. Dans le roman, la narration s'adresse au lecteur et elle prime du début à la fin.
Oracle est une mini-série possédant les mêmes fils conducteurs (l'Oracle et la Grèce mythologique), mais chacun des tomes peut se lire en unitaire. Le mien présentait un contexte détaché des autres, je n'ai donc eu qu'à rester en cohérence avec certains éléments périphériques (le personnage d'Apollon, en particulier) également présents dans d'autres tomes. Ce qui n'empêchait ni moi ni les autres de nous tenir au courant et de nous encourager :)
Pour finir, je dirai que je me suis embarqué dans l'aventure sans l'avoir vue poindre à l'horizon : Jean-Luc Istin, concepteur du projet et éditeur chez Soleil, cherchait à constituer une liste de scénaristes. Il lui manquait une ou deux personnes. Oliv (Peru) m'a proposé spontanément et Jean-Luc, grand fan des Haut-Conteurs, a accepté. Je me suis donc retrouvé aux commandes du tome 4 de façon inattendue mais ô combien agréable. Un super souvenir de travail en équipe pour moi... Et aussi pour celles et ceux qui liront « le mal formé », j'ose le présumer :)
Bon début de semaine à vous !
Sia :
Bonjour Patrick !
Il était temps : j'ai enfin commencé Les Héritiers de l'Aube (j'en suis à moins d'un tiers... je n'ai pas encore passé la première illustration, je viens de découvrir qu'il y en aurait dans les commentaires !). Comme les autres participants, j'ai apprécié la couverture du tome 2. Et je suis plus que ravie de savoir que le tome 3 se déroulera sous Louis XIV, une période que j'apprécie particulièrement !
J'ai aussi trouvé que la scène de la petite fille était assez hard (mais, pour une fois, je n'ai pas lu ça au p'tit déj, ouf) et je dois dire que j'ai été assez surprise par Aelric et Fulbert !
Et il y a un point qui me plaît beaucoup, c'est que chaque personnage est identifiable par sa façon de parler !
Et sinon, en rapport avec les réponses précédentes, et la question sur les lectures d'enfance, je n'ai qu'un truc à dire : hiiii Bob Moraaaaaaane ! (Merci la bibliothèque de Super-Papa). Mon frère et moi en avons lu un certain nombre dans notre enfance, et ça reste un super souvenir !
Bon, finalement, je n'ai pas de question, je retourne bouquiner.
Patrick :
Bonjour Sia,
eh bien, merci de nous faire partager ce commentaire plein de pêche :)
De mémoire, je dirais que l'illustration principale se trouve juste avant le chapitre 8. La seconde, vous l'avez déjà vue, c'est la carte de Paris dessinée en deux de couv.
Je l'admets, la séquence de la petite fille peut sembler un peu hardcore, mais c'était une démarche calculée. En début de tome, je désirais introduire une séquence choc afin que les choses ne ronronnent pas trop. Cool, j'ai atteint mon but, visiblement :) Quant à Aelric et Fulbert, à l'origine, ils font partie de la galerie des personnages secondaires des Haut-Conteurs tomes 4 et 5. Dès 2011, j'ai su que je les réutiliserais un jour, car ils me plaisent beaucoup, Aelric en particulier.
Heureux d'apprendre que vous avez aimé la couv du tome 2. Lorsque celle du 3 sera achevée, vous constaterez qu'elle est également très belle. En parlant du tome 3, je projetais depuis un certain temps déjà de situer une aventure sous le règne de Louis XIV. Ce sera donc chose faîte en octobre prochain. Vous n'êtes pas la première à me confier votre intérêt pour cette époque. Tant mieux, c'est très plaisant pour moi de savoir que cette envie est partagée par un certain nombre de lectrices.
Bonne lecture et merci pour votre enthousiasme !
PS : Alors, vous aussi faîtes partie du grand fan-club de Bob Moraaaaaane :)
Il aura fait rêver bien des générations, ce grand aventurier :)
Mariejuliet :
J'avais deux super questions.... mais après vérification, elles ont déjà été posées :-(
Je vais aller me consoler en écoutant Diego Pallavas.
Patrick :
Bonjour Mariejuliet,
ne soyez pas tristounette, vous trouverez peut-être une autre super question d'ici la fin du mois. En plus, grâce à votre intervention, je suis allé écouter Diego Pallavas. Je ne connaissais que vaguement ce groupe et c'est ma foi très sympa, selon moi entre la Mano première époque et les sales Majestés. Vous voyez qu'il y a quand même du positif dans tout ça :)
Phooka :
Quand on pense "McSpare", on pense aussi souvent "Peru". Depuis les Haut-conteurs vos deux noms sont associés.
Quand on vous rencontre "en vrai" on voit à quel point vous êtes de vrais amis et pas juste une relation de travail.
Comment vous êtes vous rencontrés ?
Comment vous est venu l'idée de travailler ensemble ?
Avez d'autres projets ensemble?
Bref, on veut tout savoir ! :)
Patrick :
Eh oui, Emma, toi qui as eu l'occasion de nous rencontrer en duo sais que nos relations vont bien au-delà du professionnel :)
Il est logique que nos noms soient souvent associés depuis les Haut-Conteurs, d'autant que, de 2003 à 2010, j'ai passé beaucoup de temps dans le milieu de la musique underground (d'où une quasi invisibilité dans les milieux de la BD et de la littérature) tandis qu'Oliv installait et menait brillamment sa carrière d'auteur BD. En toute sincérité, aucun regret de mon côté, mis à part que le temps a passé bien vite. Mais chacun doit suivre son chemin, donner forme et vie à ses rêves et je garde aussi de grands souvenirs de ces années que je qualifierai de très rock'n'roll :)
Oliv et moi nous sommes rencontrés en 2000 au festival d'Angoulême, alors que nous étions invités par l'éditeur Semic avec qui nous travaillions. Nous devînmes très vite amis et depuis, nous continuons à nous voir chaque fois que possible.
Davantage qu'une idée, c'est une envie de travailler ensemble qui nous tenait depuis longtemps. Il fallait juste trouver une occasion concrètement réalisable. Elle est venue avec les Haut-Conteurs.
Quant à la suite, nous avons effectivement un autre concept précis en tête. Tu ne m'en voudras pas de rester discret à ce sujet afin de préserver le suspense, mais je peux déjà dire qu'il s'agira d'un domaine où les lecteurs ne nous attendent pas automatiquement, Oliv et moi. Cela étant, il faut tenir compte de nos plannings respectifs avant d'enchaîner sur un nouveau projet commun. Nous patienterons et il naîtra un jour ou l'autre, car nous sommes hyper motivés et impatients de nous amuser de nouveau comme des petits fous.
En revanche, ce que je peux déclarer sans briser le suspense, c'est que lorsque nous nous voyons (en général sur Paris), nous nous couchons souvent assez tard. J'ai même baptisé du nom de « Nuit baroque » ces moments de fun et d'amitié. Mais rassure-toi, pas de sacrifices sanglants ou de pratiques nocives à l'horizon. Nos rituels sont bien innocents, associent des thématiques du genre « vidéos marrantes - whisky - crêpes - pâte à tartiner » et ne font de tort à quiconque... sauf de temps à autre à moi, le lendemain, quand il faut se lever :)
Ramettes :
Ramettes membre du club des poisson rouges...
Tu disais donc que les auteurs se projetaient dans leurs personnages... Je me demande qu'elle part de Trismegiste revendiquerais-tu !
Les aventures des héritiers vont se dérouler sur Deux tomes ou plus ? car Saint-Germain et Raspoutine ce sont deux époques différentes alors si on doit les rencontrer il va falloir qu'ils courent après la Pierre à travers le temps... Ceci induit une autre question : la fin de leur histoire était déjà trouvée avant de l'atteindre ? Existe t-il un plan très détaillé avant l'écriture proprement dite ? Les personnages sont ils composés avant de débuter l'histoire ?
Merci pour les réponses...
Patrick :
Je crois que je devrais demander ma carte d'affiliation au club, Ramettes :) Quand je repense aux oublis qui émaillent parfois ma vie quotidienne...
Concernant Hermès, je peux me retrouver dans son sentiment d'être déraciné, piégé dans un monde non fait pour lui. Un état d'esprit que j'ai connu il y a bien longtemps, dans mes années punk, lorsque j'étais en rupture d'appartenance sociale. Hermès est un « méchant », certes, mais il possède ses motivations propres. C'est d'ailleurs en ce sens qu'il m'intéresse. Je ne voulais pas en faire une caricature qui agirait de façon mauvaise juste comme ça, sans raisons particulières. Il est persuadé d'être dans son droit et n'hésite pas à détruire pour parvenir à ses objectifs. Au fond, il est « monstrueusement » humain. Pour établir un parallèle avec la réalité, je le comparerais aux états, ces personnes morales. Tout au long de l'Histoire, les royaumes puis les états se sont construits par le sang et les larmes de l'« ennemi » (innocents, femmes et enfants compris) dont la mort trouvait des justifications très officielles. Les royaumes étaient commandés par des hommes, les états également. Hermès procède de même : pour lui, c'est seulement la race humaine dans son entièreté qui constitue l'ennemi et tuer celui-ci est chose légitime à ses yeux.
Les aventures des Héritiers sont programmées pour se conclure en quatre tomes. Effectivement, nos héros devront encore traverser plusieurs époques avant l'épilogue. Ce dernier est déjà clair dans ma tête, je te le confirme. Cela dit, si j'établis un plan détaillé tome par tome, ce n'est pas le cas pour l'ensemble d'une saga. Ce serait se priver des idées qui surgiront au fil des épisodes. À l'heure actuelle, j'ai simplement les grandes lignes des tomes 3 et 4. Et la fin, donc, puisque déterminer le début et la conclusion d'une histoire avant de me mettre à l'ouvrage reste le plus important à mes yeux. Cela n'empêche pas pour autant d'incorporer ou de supprimer certains éléments en cours de route, mais la façon dont tout va se terminer ne changera pas.
Quant aux personnages, oui, j'établis leur personnalité, détermine leurs points forts et faibles avant de commencer à écrire. Là aussi, quelques traits de caractère peuvent varier ou apparaître en cours de récit, mais je préfère m'appuyer sur des persos déjà solides au départ.
Prochaine étape de ce genre : la construction détaillée de l'intrigue du tome 3. Un travail que j'effectuerai entre les 10 et 17 avril, en gros.
Nahe :
Re-bonjour Patrick,
en voyant la prochaine couverture des Héritiers, je me demandais comment elle se construisait : l'auteur donne-t-il des exigences précises ou laisse-t-il carte blanche à l'illustrateur ? Ou est-ce encore un travail commun ?
Patrick :
Re-bonjour Nahe,
En fait, je donne des indications précises à l'illustrateur concernant chaque couverture (nombre de personnages, positions, décor, arrière-plan). C'est ce que l'on appelle « pitcher » une couv. Je me considère donc un peu comme un metteur en scène qui dirigerait son comédien et il s'agit en petite partie d'un travail commun. En petite partie seulement, car le plus gros de la tâche revient à l'illustrateur qui donne vie sur papier, grâce à son talent (et celui de Miguel Coimbra est remarquable), à l'image que j'aurai visualisé en esprit.
Audrey :
Re-Re-bonjour Patrick,
Merci pour votre réponse, c'est très intéressant, j'ai hâte de lire Le Mal-formé :) et hâte de lire votre réponse à la question de Phooka sur la naissance de votre amitié avec Olivier Peru...
Au plaisir de vous rencontrer en dédicaces :)
Patrick :
Merci pour cette impatience très sympathique, Audrey. J'espère que ma réponse à la question de Phooka vous a éclairée concernant Oliv et moi :)
À un prochain plaisir de se voir en dédicace, donc !
Olivier :
Bonjour, enfin pu mettre en ligne mes commentaires sur le partenariat et "La Comtesse".... j'avoue que pour le coup, autant je me suis précipité dans la quête insensée de tous les volumes des ouvrages commis avec Oliver (le prénom peut-être lol...non je plaisante) et avalé le tome 1 des Héritiers, autant j'ai craint de perdre la Comtesse sur les premiers chapitres mais le rythme s'accélérant et le suspense maintenu sur le destin de chacun a fait rebondir ma lecture.... Merci de vos réponses diverses et j'ai même essuyé un larme d'enfant à l'évocation de ma BD d'enfance....Pif Gadget.... à quelle histoire as tu participé et quels héros ? Les soirées avec Oliver semblent chargées et les projets nombreux, on a hâte d'y être (je parle des projets).
Patrick :
Bonjour Olivier,
eh bien, très heureux que rebondissements, suspense et destinée des personnages t'aient converti aux aventures de la comtesse... même si elle ne se prénomme pas Olivier :)
Pour Pif Gadget, j'ai créé et animé deux séries : « Quentin le Seul », sur lequel j'étais scénariste-dessinateur (une série médiévale destinée à prendre le relais de l'ancien « Robin des Bois ») et, comme seul scénariste, « Les Apatrides », un space-opera mâtiné de comic dessiné par mon pote Chris Malgrain. L'arrêt prématuré et difficilement explicable (vu le succès en kiosques) du mag a mis un terme à ces créations, même si « Les Apatrides » ont connu une nouvelle jeunesse avec leur publication en album par Indeez Urban Editions, en janvier 2013.
Mis à part ça, je te confie que Pif Gadget a également été le compagnon privilégié de mon enfance. Tu imagines donc ma joie quand j'ai eu l'opportunité de travailler pour ce titre légendaire. Lors du premier anniversaire du « nouveau » Pif qui se déroulait sur une péniche en face de l'Assemblée Nationale, j'ai même eu le plaisir de rencontrer le scénariste de « Docteur Justice » et les dessinateurs de « Loup Noir » et « Dicentim ». Un privilège rare pour un ex-petit garçon...
Concernant les projets, merci pour ton impatience si sympathique. Oliv et moi espérons pouvoir les mener à terme le plus tôt possible. Mais, encore une fois, il faudra d'abord honorer nos divers engagements.
Quant aux soirées, nous aurons l'occasion d'en faire deux ou trois d'affilée en mai, à Paris. Mon petit doigt me dit qu'elles seront aussi denses que d'habitude en moments d'amitié, de rigolade et de manque de sommeil :)
Claire :
Bonjour,
Il me semble que personne n'a encore posé les questions qui fâchent, donc je me lance : qu'avez-vous fait entre vos vingt-quatre et vingt-huit ans ? Est-ce vrai que vous n'avez pas de ligne de vie ? Et si c'est le cas, pouvez-vous nous révéler les avantages de ce pacte secret ?
Si tout cela n'est qu'horrible racontars d'Hermès, pardon d'y avoir cru (surtout qu'ayant lu le tome 1 des Héritiers que j'ai adoré, je sais bien quel fourbe il est...mais d'un autre côté il a souvent raison).
Merci.
Patrick :
Bonjour Claire,
vous me voyez très heureux. D'abord d'apprendre que vous avez beaucoup apprécié le tome 1 des Héritiers, bien sûr :) Ensuite parce que votre intervention me donne l'occasion de vous mettre en garde : ne signez surtout pas de pacte secret avec des forces prétendument obscures, vous finiriez flouée (si une telle erreur a pu m'arriver un jour, je n'y ai récolté qu'une chance notable pour trouver des places de parking en centre-ville lorsque je tourne en voiture ; vous avouerez que c'est bien peu). Mais peu importe. N'ayez crainte, vos questions fâcheront seulement Hermès car elles vont me permettre de rétablir la vérité.
En effet, je ne possède pas de ligne de vie. Il s'agit, paraît-il, d'une rareté physiologique que très peu de gens présentent. Ne cherchez pas plus loin la caractéristique dont j'ai affublé les Héritiers. L'idée m'est venue un soir où je regardais le creux de ma paume gauche dénué du sillon habituellement visibles chez les êtres humains. Hélas, je vais vous décevoir. Ce signe particulier - mystique, diraient certains occultistes - ne me procure aucun avantage réel (oui, d'accord, les places de parking, mais bon...).
Les autres allégations d'Hermès sont pareillement infondées. Si je n'aborde jamais en interview l'époque allant de mes vingt-quatre à vingt-huit ans, c'est juste parce qu'il s'agit de la seule période où j'ai exercé des activités professionnelles sans rapport avec le milieu artistique... et donc sans intérêt dès lors que l'on s'intéresse à moi en tant qu'auteur. Vous le constatez, aucun mystère honteux ou maléfique là-dedans. On est loin des perfides insinuations de qui vous savez.
Pour conclure, n'ayez crainte, je ne vous tiens nullement rigueur d'avoir douté un instant. Hermès sait se montrer convaincant et cherche toujours à nuire. Il n'y à qu'à voir ce qu'il a fait de ma présentation, ce malfaisant. Je vous en conjure, ne vous laissez pas duper par ses habiles discours. Non, non et non, j'insiste avec véhémence, il n'a pas souvent raison (seulement parfois).
Désormais, vous voici avertie et consciente. Ainsi, pourrez-vous savourer le tome 2 l'esprit serein :
Ramettes :
aaaaaahhhh ! Je comprend pourquoi les lecteurs de "Les héritiers de l'aube" attendent Mai avec impatience... je suppose que la fin du 2 va nous laisser sur notre "fin" en attendant le 3 et le 4 !!!
Depuis hier je n'arrêtais pas d'être interrompue par mille et une chose et il me restait les 10 dernières pages.... Je sais faut jamais laisser un petit truc comme ça... mais lire vite fait je n'aime pas !
Bon maintenant il faut que j'écrive une petite chronique sans rien spolier ! ^^
Patrick :
Ah, ça y est donc, Ramettes, vous connaissez la fin du tome 1. Et vous avez bien du mérite d'y être parvenue, d'après ce que je lis :) Eh bien, sans rien spoiler à mon tour, je vous dirai seulement que celle du tome 2 est environ dix fois plus hot :) Pour les fans des Héritiers, je pense que le temps s'étirera en longueur entre mai et octobre, date de sortie du tome 3.
Mille mercis pour votre chronique super pêchue dont Phooka a eu l'amabilité de m'envoyer le lien. J'ai été ravi de vous lire, c'est très gratifiant pour un auteur de susciter un si bel enthousiasme. Nous nous pressons les méninges avant tout pour apporter du plaisir et de l'évasion à celles et ceux qui nous lisent. Merci encore, donc.
Ramettes :
Une dernière question : 333 pages pour "Les héritiers de l'Aube" c'est fait exprès juste la moitié de 666 ?
Patrick :
Mince, je n'avais même pas relevé la chose, pour le coup :) Durant les mois où j'écrivais « Comtesse Bathory », c'est vrai que je m'étais posé ce genre de question, mais là, non, c'est le fruit du pur hasard.
Ou alors, Hermès m'a influencé dans une sinistre perspective, sans que je ne soupçonne rien :)
Nous voilà bien s'il commence à s'investir dans une autre religion que la sienne :)
Phooka :
Quelle est la question que tu aurais aimé que l'on te pose ? :)
Patrick :
Très franchement, je n'éprouve nulle frustration, car j'estime avoir été particulièrement gâté pour mon « Mois de ». Mais, s'il faut y réfléchir, voici un exemple de question non posée :
« Si, d'un coup de baguette magique, un grand sorcier te renvoyait à la case départ, procéderais-tu de la même manière, de bout en bout ? ».
Et ma réponse aurait été :
« Non. J'éviterais de me placer dans des situations qui, par le passé, m'empêchèrent quelquefois d'apprécier la vie à sa juste mesure ».
Bon, j'arrête avant de plomber l'ambiance... :)
Sia :
Bonjour Patrick !
J'ai donc terminé Les Héritiers de l'Aube, qui m'a franchement plu. Non seulement parce que c'est bien écrit, mais en plus parce que l'histoire est bien menée. Bref : de bons ingrédients !
J'ai regardé la couverture du tome 2 plus en détails, et je ne peux m'empêcher de spéculer sur le lieu de l'action (Venise ?) et la période d'origine de la nouvelle héritière... ! Heureusement que mai n'est pas si lointain.
C'est une question que je me pose fréquemment en lisant des romans historiques : la documentation amène-t-elle l'auteur à se documenter à fond sur des petits détails ? Du genre : comment monter à cheval, comment mener un combat à l'épée, comment mangeaient-ils les œufs au Moyen-Âge ? Est-ce qu'on arrive à se dire à un moment "Stop, j'en sais assez, maintenant j'écris" sans que ce soit frustrant ? (Cette recherche me semble furieusement chronophage, en fait).
J'ai beaucoup aimé qu'Alex soit doué en histoire car vu que ce n'est pas mon cas, les explications étaient souvent les bienvenues !
Patrick :
Bonjour Sia,
je suis très heureux que ce tome 1 vous ait plu et vous remercie pour votre appréciation concernant mon écriture. Il est vrai que je m'astreins à ce qu'elle soit la meilleure possible et m'estime donc récompensé de mes efforts quand quelqu'un y prend plaisir.
Concernant le tome 2, la préservation d'un minimum de suspense m'empêche de vous répondre bien que j'en aie fort envie :) Je peux néanmoins vous révéler qu'il ne s'agit pas de Venise. Patience, dans un mois et des poussières, vous saurez :) Sans doute même avant, car les infos relatives au lieu et à l'époque sont dévoilées dans le pitch commercial ou le résumé qui circuleront (ou circulent déjà) sur le Net.
Pour ce qui est de la documentation, en effet, le souci de réalisme amène les auteurs à s'intéresser à de petits détails. Comme, des Haut-Conteurs aux Héritiers, j'exerce dans le registre aventure-action, la façon de combattre et l'armement attachés à une époque donnée sont des points particuliers auxquels j'attache beaucoup d'importance. Mais il y a également la monnaie en vigueur, l'architecture, la nourriture, le niveau de savoir scientifique et médical, le contexte politique et géographique... Bref, de multiples domaines dont il faut acquérir une connaissance globale dans un délai très court (pour moi, en tout cas, puisque mon roman devra être bouclé en un trimestre). Vous avez raison, la démarche pourrait devenir furieusement chronophage si mon planning serré ne me préservait pas de ce genre de piège :) Il peut sans doute en découler un peu de frustration, mais il me reste toujours la possibilité de revenir au sujet pour mon plaisir personnel plus tard, quand je serai en stand-by (c'est à dire pas souvent, en fait) :).
Je savais qu'une série se déroulant à diverses époques confronterait et mes personnages et mes lecteurs à une foule d'éléments peu connus. J'ai donc sciemment doté l'un de mes héros d'un goût prononcé pour l'Histoire. Sans cela, les informations à apporter auraient vite pris une tournure un peu lourde ou scolaire. J'ai bien fait, si j'en crois votre ressenti :)
Excellente semaine à vous et merci pour votre participation soutenue à mon « Mois de » !
Sia :
Je sais que c'est terminé (snif), mais j'espère que nos hôtesses feront passer le message : toute la partie historique est vraiment super bien intégrée, car à aucun moment ça ne m'a semblé lourd, pénible ou répétitif (et je suis turbo-chiante sur ces points-là - et d'autres - généralement). Et côté écriture, si je ne devais citer qu'un point, ce serait la concordance des temps. Ah, quel bonheur de la voir respectée !!! (Surtout dans un roman non catalogué "adulte"). Merci beaucoup pour toutes ces réponses, et bonne continuation !
Patrick :
Phooka et Dup honorent jusqu'après terme leur statut d'hôtesses :) Elles m'ont immédiatement relayé votre message, Sia. Moi aussi, j'éprouve un petit pincement au cœur à la fin de ce mois pas comme les autres. Mais il me restera le souvenir de bien beaux échanges.
Un grand merci pour votre ultime intervention. Je n'aurais pu rêver plus sympathique conclusion.
Bonne route à vous également, en attendant une prochaine fois.