Éditions Fleuve Noir
332 pages
18,90 euros
Résumé :
Hier encore, François était quelqu’un. Un homme respectable et respecté. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un fugitif qui tenterait d’échapper à son assassin. En vain. Sur la route, Paul, un jeune auto-stoppeur de 20 ans. François s’arrête. « Vous allez où ? » demande-t-il. « Je ne sais pas. Et vous ? » « Je ne sais pas non plus. »
Que cache ce mystérieux jeune homme ? Aucune importance pour François qui a désormais un compagnon de route. Malgré les blessures de l’un et les secrets de l’autre, malgré la mort et la violence, ces deux écorchés vifs vont miraculeusement s’apprivoiser et vivre un voyage qui les mènera au-delà de tout ce qu’ils avaient pu imaginer. Faire ce qu’ils n’ont jamais fait. Vivre des choses insensées. Vivre surtout… Car la mort n’est pas forcément là où l’on pense la trouver.
L'avis de Dup :
Mon Dieu que j'aime cette auteur ! Il s'est fait attendre ce petit dernier de Karine Giébel, elle nous avait habituée à un livre chaque printemps. Et cette année 2014 a failli être une disette, mais le voilà, et cette arrivée "du nouveau Giébel" provoque en moi un panel d'émotions qui déferlent : impatience, espérance, beaucoup de curiosité et je dois l'avouer, beaucoup d'inquiétude également.
Impatience et espérance, ça tout le monde comprend. On est fan ou on ne l'est pas. De la curiosité, oui, car à chaque nouveau roman cette auteur se renouvelle. Ce n'est jamais la même chose, jamais. C'est clair qu'il n'y aura jamais de syndrome de lassitude dans son lectorat ! Alors, pourquoi de l'inquiétude ? Parce que j'aime tellement les écrits de cette auteur qu'à chaque fois j'ai peur d'être déçue. Il faut dire qu'elle met la barre tellement haut à chaque roman. Alors je vais vous rassurer de suite, j'ai adoré ce roman. Un roman noir, encore à part, impossible à comparer avec ses sept précédents livres.
Effrayé, paniqué par la terrible nouvelle qu'il vient d'apprendre, François Davin, 48 ans, avocat d'affaires à Lille prend sa voiture et part, direction le sud. Pourquoi le sud ? Pourquoi pas ! Il abandonne tout et trace la route, avalant les kilomètres, fuyant... Aux alentours de Lyon il va prendre un auto-stoppeur. C'est Paul, tout juste 20 ans, qui semble changer de lieu comme de métier, au gré des opportunités. Il n'a pas de point de chute non plus Paul, donc ils avancent, ils roulent.
Et ces deux là vont faire un bout de chemin ensemble, partageant l'habitacle de la BMW de François, les repas et les chambres d'hôtel. Contre toute attente, alors qu'un monde les sépare, un lien va se créer, fragile. Et il va falloir qu'ils le consolident, car ils en ont besoin l'un comme l'autre, mais cela va se faire dans la douleur des aveux, dans les bilans à tirer du passé.
Karine Giebel nous offre là une sorte de huis clos, sous forme de cavale, sur fond de mafia. Chacun des deux hommes a son problème, radicalement différent bien sûr, et semble vouloir le résoudre par une fuite en avant. Sauf qu'ils vont très vite se rendre compte que cela ne résout rien et qu'ils vont se retrouver devant un mur.
Inutile de vous dire que ces deux personnages sont fouillés comme il faut. C'est au fil des pages qu'ils se dévoilent et qu'on apprend à les aimer, et ces pages vont vite, trop vite. C'est la mort dans l'âme qu'on voit approcher les derniers chapitres, connaissant Karine Giébel ! Inutile de vous dire également la tonne d'émotions qu'ils charrient, très souvent en alternance d'ailleurs. C'est poignant.
Quant au sujet de fond qui y est développé, le traitement des déchets toxiques en tout genre ( chimiques, biologiques, nucléaires, hospitaliers, etc...) et ses odieuses magouilles qui en découlent, il est hélas toujours d'actualité. Certains détails dévoilés ici se basent sur des faits réels révoltants qui mériteraient d'être un peu plus connu. Mais comme d'hab, cela fait la une, cela émeut l'opinion, quelques jours. Quelques jours, pas plus. Tout retourne aux oubliettes, et l'horreur continue...
Le roman est entrecoupé par des extraits de certains poèmes des Fleurs du mal de Charles Baudelaire: Le spleen, L'horloge, Les litanies de Satan... Ils tombent bien sûr pile poil où il faut, glaçant encore plus le sang du lecteur. L'épilogue est conclu, ponctué par un passage de L'apocalypse selon Saint Jean. On déglutit et on referme sans bruit, respectueusement ce livre. Un profond besoin de silence pour le digérer...
Quant à la fin de ce roman (avant l'épilogue), la seule chose que je pourrais dire, c'est qu'elle m'a plus que surprise ! J'attends d'ailleurs vos avis sur ce point, ici ou ailleurs, sans spoiler bien sûr ! Peu aisée cette chronique d'ailleurs pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs. Mais je m'y suis attelée, car c'est le seul auteur que j'apprécie de découvrir sans avoir lu même une phrase du résumé. Coup de cœur bien évidemment, même si le vingt sur vingt reste à Meurtres pour rédemption.