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vendredi 15 février 2019

TEXTO de Dmitry Glukhovsky




Editions L'Atalante
Date de parution : 24 janvier 2019
Traduit par : Denis E. Savine
Illustrateur : Eli Yatskevich
Nombre de pages : 400
Prix : 23,90 €



Il est des gens qui laissent une trace derrière eux, et il y a ceux dont il ne reste rien.

Le smartphone sait tout de nous : notre quotidien, nos vices, nos amours, nos espoirs, nos secrets inavouables. Mon smartphone est moi. Si quelqu'un s'en empare, il devient moi aux yeux de tous. Le temps que l'imposture soit découverte, il est trop tard. Pour tout le monde.






Ilya sort de prison. Il y a passé sept ans. Il a purgé toute sa peine, pas de remise pour lui. Sa jeunesse il l'a passé enfermé. Lorsqu'il sort beaucoup de choses ont changé. Il reconnaît à peine Moscou, devenue une ville pour touristes.
Il rentre à Lobnia, là où il a toujours vécu avec sa mère. Sa mère qu'il a hâte de retrouver. Ils sont restés en contact via les quelques secondes de téléphone qu'il réussissait à négocier en prison. Sa seule distraction. Quelques secondes sur lesquelles il prélevait un peu de temps pour regarder la page facebook de Vera. Vera sa petite amie qui n'en pouvait plus d'attendre et qui l'a largué pour un autre. Il comprend oui, mais ça fait mal ...

Quand il arrive à Lobnia, l'appartement de sa mère est vide ...

Alors son obsession va revenir le hanter: se venger ! Oui se venger, parce que si Ilya est allé en prison, il n'était pas coupable pour autant. Il était juste au mauvais endroit au mauvais moment et il a rencontré la mauvaise personne. Remontons sept ans plus tôt. Une soirée. Ilya veut fêter son admission à la fac à Moscou. Admission au mérite et non en magouillant ce qui est très rare. Car Ilya est un excellent étudiant. Il va en boîte de nuit avec Vera, mais cette nuit là, la police fait une descente. Rien de grave puisqu'Ilya n'a rien à se reprocher. Sauf qu'un des policiers commence à tourner autour de Vera et veut l'emmener avec lui. Ilya s'oppose et se retrouve sous les verrous avec des petits sachets de drogue dans sa poche ...

Alors Ilya, veut retrouver ce Petia qui lui a volé sa vie. Le retrouver, le tuer, se venger. Mais sa vengeance ne va pas lui apporter la paix qu'il désirait. Surtout qu'il lui a pris son smartphone. Il va devenir complètement obsédé par Petia et remonter le fil de sa vie par messages interposés. 

Et c'est là, tout le but du roman. Mes quelques paragraphes peuvent vous sembler spoiler le récit, mais pas du tout, ce ne sont que les tous premiers chapitres,  parce que l'essence même du roman c'est de suivre Ilya dans sa plongée dans la vie de Petia à travers tous les messages qu'il va retrouver sur le téléphone. Whatsapp, mail, vidéo, enregistrements, tout y passe. Toute une vie. Une vie complexe en plus. Les gens laissent plus de traces sur leurs smartphone que nulle part ailleurs. Alors Ilya va fouiner, enquêter, essayer de comprendre. Petit à petit, il va s'imprégner de Petia à tel point qu'il en devient son double, sa conscience ...

Ilya m'a profondément touchée. Ce môme dont l'avenir s'annonçait si brillant a été stoppé net par un policier véreux. Sa vie lui a été volée, alors en retour il va voler celle de Petia. Mais Ilya sait bien qu'en faisant ça il va droit dans le mur. Et le lecteur le sait lui aussi. Ilya fait un travail de fourmi pour reconstituer la vie de Petia. Petit à petit le puzzle se construit. D'abord incomplet, les quelques pièces trouvées mènent à de fausses pistes, comme quoi il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Ilya imagine la vie du flic et à travers l'histoire qu'il reconstruit, on apprend aussi à le connaître. Un pauvre gars, d'une ville de banlieue de Moscou. Il aurait pu avoir une belle vie, ou tout au moins une vie normale. Se marier, bosser, voyager, aller boire des verres avec des potes plutôt que de boire de la vodka à la bouteille dans la cuisine vide de l'appartement de sa mère ...

Chronique d'une mort annoncée, Texto nous fait suivre un homme brisé et désespéré qui va vivre ses derniers jours dans la peau d'un autre par téléphone interposé. Franchement étonnant. Je n'avais encore jamais lu de Glukhovsky. Mon fils avait adoré la série des Metro, je comprends pourquoi. Sa plume est vraiment merveilleuse, sa vision du monde pointue. Il sait décortiquer l'âme humaine et en faire remonter le meilleur ou le pire. Chaque détail compte. Glukhovsky porte un regard critique sur notre société et sur la Russie en particulier. 

Une belle découverte, un roman sombre et passionnant et un auteur que je vais suivre avec attention. Bref ce Texto est un livre qui marque profondément et qui mérite toute votre attention.


mercredi 25 juillet 2018

Le prochain Guy Gavriel Kay !



Parution prévue le 23 août !

chez L'Atalante



Éditions L'Atalante
640 pages
27.90 euros
Illustrateur : Raphaël Defossez



Le pitch :

Je voulais écrire un livre sur les territoires frontaliers en un temps d’affrontement de grande ampleur entre des empires et des religions, mais avec des personnages qui ne soient pas des figures politiques ou militaires dominantes du conflit. Ce seraient plutôt des hommes et des femmes s’efforçant de façonner, voire de contrôler, leur propre existence en traversant ce conflit ou en cheminant à ses marges. 

Ces territoires, ce sont les Balkans de la fin du XVe siècle, vingt-trois ans après la chute de Sarance (Constantinople), le monde méditerranéen entre la République de Séresse (Venise) et Asharias (la désormais ottomane Istanbul).
Il y a là Danica Gradek, fougueuse amazone de la cité pirate de Senjan ; Pero Villani, jeune artiste séressinien dépêché en Asharias pour y peindre le portrait du conquérant ; Marin Djivo, cadet d’une grande famille marchande de Dubrava ; Leonora Valeri, fille reniée de la noblesse batiare en mission d’espionnage ; et celui qu’on nomme Damaz, futur djanni dans l’infanterie d’élite du calife.
Cinq personnages parmi tant d’autres, en quête de leur destinée. Leurs parcours vont se croiser, s’entrelacer, saisis dans le grand mouvement de la politique, des rivalités économiques, de la guerre et du choc des religions. Entre le hasard des rencontres et la nécessité du courant tumultueux de l’histoire, les êtres humains n’en sont que plus poignants.

Nous sommes les enfants de la terre et du ciel.



lundi 30 janvier 2017

MÉMOIRES, PAR LADY TRENT # 1 de Marie Brennan



MÉMOIRES, PAR LADY TRENT

TOME 1

Une histoire naturelle de dragons 



Éditions L'Atalante
345 pages
21 euros


4ème de couv :

« Soyez avertis, cher lecteur : les volumes de cette série contiendront des montagnes gelées, des marais fétides, des étrangers hostiles, des compatriotes hostiles et à l'occasion des membres de ma famille hostiles, de mauvaises décisions, des mésaventures géographiques, des maladies dépourvues d'attrait romantique et une abondance de boue. Vous poursuivrez votre lecture à vos risques et périls. »

Les mémoires de lady Trent, mises en scène par Marie Brennan, racontent la vie et les recherches d'Isabelle Trent, naturaliste mondialement connue et désormais vieille dame, dont l'esprit et le style empreints d'humour s'avèrent sans pitié pour les imbéciles.
Dans ce premier volume, Isabelle, petite fille puis jeune femme, brave les conventions de sa classe et de son temps pour satisfaire sa curiosité scientifique et accompagner son mari lors d'une expédition à la recherche des dragons de Vystranie...



L'avis de Dup :

Ayant adoré Guerrière et Sorcière, un diptyque publié chez feu Eclipse, j'attendais avec impatience les nouveaux écrits de cette auteur. Cependant lorsque ce roman est sorti, la couverture m'avait quelque peu refroidie, ayant soupé jusqu'à plus soif de ce type de planches anatomiques lors de mes lointaines études... Je reconnais cependant qu'elle est superbe et sûrement attirante pour tout autre que moi... La présence de Marie Brennan aux Imaginales 2016 me décide néanmoins à franchir le pas et franchement je ne regrette pas !

Lady Trent, alors âgée, nous raconte ses mémoires. Comme c'est un premier tome (sur 5 parus en v.o.) nous découvrons ici son enfance de jeune fille noble vivant à la campagne. Sa passion pour les dragons l'a prise très tôt, grâce à la présence dans le domaine familial d'une race miniature et inoffensive, les lucions. Elle développe rapidement un esprit d'analyse et une soif de savoir dans ce domaine. 

Mise rapidement sur le "marché du mariage", car oui j'ai oublié de dire que nous évoluons dans une époque qui s'apparente fortement à l'époque victorienne, Isabelle aura la chance de trouver un mari, Jacob Camherst, qui partage la même passion. Et c'est ensemble qu'ils vont partir en expédition sur des terres lointaines afin d'observer et étudier une espèce de dragons encore peu approchée : le veur des rochers de Vystranie. Il a été rapporté que ces derniers développent récemment un comportement agressif qui suscite bien des soucis.

Marie Brennan nous propulse dans un univers de Fantasy bien à elle, où les noms des pays, des villes, des peuples sortent tout droit de son imagination. C'est assez déstabilisant au départ car on se croirait vraiment dans la campagne anglaise, et c'est pire lorsqu'on essaye de se repérer à l'aide des cartes fournies en début d'ouvrage ! Ces dernières n'ont fait que m'embrouiller je dois dire, et j'ai fini par laisser tomber et me fier à mon ressenti, à savoir l'Angleterre, puis l'Europe centrale pour la Vystranie. Il faut dire que l'écriture très visuelle de l'auteur nous y encourage fortement. Ce dépaysement permet à l'auteur d'aborder le thème passionnant du choc des cultures et de tous les problèmes inhérents à ces différences... on n'est pas loin d'une ambiance colonisation !

Le ton employé et le récit que nous découvrons nous éloigne pourtant complètement d'un univers Fantasy, et ce malgré la présence omniprésente des dragons. Ceux-ci font réellement partie du décor, leur présence est une évidence comme celle des loups en Vystranie. J'adore ce décalage ainsi créé, bien accentué par les remarques de notre Lady Trent âgée, qui ponctuent de temps en temps le récit.

On lit donc avec avidité les aventures de ce groupe d'explorateurs scientifiques d'une époque révolue. Les découvertes sur certaines particularités anatomiques de ces dragons soulignent l'esprit inventif et néanmoins ingénieux de l'auteur. Amateurs d'actions trépidantes, passez votre chemin, ici le récit est calme et posé, même si parfois ça s'accélère un peu. Le moteur de cette lecture vient plus du côté intriguant de l'énigme que cherche à résoudre nos scientifiques : pourquoi ces dragons sont-ils devenus agressifs depuis peu.

Bref, je me suis régalée avec ce premier tome et je suis ravie de savoir qu'il y en a quatre autres derrière. Je ne peux clore cette chronique sans parler des magnifiques illustrations qui parsèment ce récit que l'on doit à Todd Lockwood, et qui sont un réel plus. A l'image de celle de la couverture, elles sont somptueuses et renoueraient (presque) mon amour pour l'anatomie ! :)







Hop, le défi 4, mon défi principal pour la seconde manche est validé !
Les règles du second round ICI




Et cette lecture s'inscrit également dans le challenge de la Licorne


7ème lecture : 3 points
< 400 pages : 0 point
Une femme auteur : 1 point
pas française : 0 points


vendredi 8 avril 2016

PLAGUERS de Jeanne-A. Debats




Éditions L'Atalante
334 pages
18 euros


4ème de couv :

J’aurais pu faire bien des choix, j’aurais pu faire de nous nos propres divinités, j’aurais peut-être même pu guider l’Humanité dans les étoiles. Mais j’ai préféré aider l’Autre à naître. Et nous nageons ensemble dans l’infinité des possibles, et je chante avec lui la chanson d'un milliard de mondes entre les mondes, tous grouillants de vies.


L'avis de Dup :

Notre planète se meurt, asséchée de toutes ses ressources, étouffée par la pollution. À tel point que se glisse dans la vie de tous les jours, en plus des factures EDF et GDF, celles d'ODF. Oxygène de France. Et oui, faut payer pour en avoir... Alors que toutes les espèces animales et végétales ont disparu de la surface, apparaît la Plaie. Des ados se réveillent un beau matin avec la capacité de faire soit renaître des espèces disparues, soit de modifier des éléments. Ils ont été nommés les Plaguers, sont considérés comme des monstres et parqués sans autre forme de procès dans des Réserves.

Nous suivons Quentin qui sera le narrateur et qui fait son entrée dans la Réserve parisienne le même jour qu'Illya. Quentin fait naître des sources d'eau pure qui jaillissent de ses paumes de mains et de pieds. Quant à Illya ce sont des lianes de fleurs et d'orchidées qui surgissent et croissent de ses extrémités. Ils étaient à priori fait pour s'entendre...juste à priori !

A la manière d'un huis-clos, on va suivre ces deux ados, leur adaptation dans ce nouvel univers, puis leur évolution. Alors qu'ils étaient devenus des parias, traités comme des pestiférés, dénoncés par leur propre famille, ils réalisent qu'aujourd'hui ils font presque partie des privilégiés. Et la Réserve va doucement devenir la Maison.

Ces jeunes personnages créés par Jeanne-A. Debats sont terriblement touchants, attachants. Et si l'on éprouve plus d'affection pour Quentin que l'on connait plus intimement, ils ont tous pris une place dans mon coeur, même Illya qui n'est pas montrée à son avantage car c'est la chieuse par excellence. Mais mon dieu comme je la comprends, je flipperai autant qu'elle. Pour rien au monde je n'aimerais être à sa place ! Les autres personnages qui gravitent autour du "couple" Quentin-Illya, Honoré, Brahim, Fred et Leila sont bien creusés également et permettent d'aborder avec la légèreté et l'insouciance des ados des sujets beaucoup moins légers comme le racisme, la tolérance, l'acceptation de la différence. Dans un rassemblement aussi importants d'ados, le bouillonnement des hormones permet de soulever tous les problèmes d'identité sexuelle, d'orientation, de déviances. Et comme l'auteur n'a pas la langue dans sa poche, il en résulte une lecture à la fois succulente et pleine de sens. Les messages sont là, ils sont clairs, ils percutent. A chacun d'en tirer sa conclusion.

Plaguers est un roman qui une fois commencé ne peut plus être lâché tant il est passionnant. Oui, oui, c'est Dup pas fan du tout de SF qui vous dit ça ! Il est passionnant parce qu'il impacte profondément le lecteur, car si sombre que soit ce monde apocalyptique décrit, il nous semble tellement réaliste, tellement probable. J'ai lu ce roman pile pendant la réunion au sommet de la COP 21, je peux vous garantir que cela fait réfléchir.
Quant à la fin de ce roman, elle est juste sublime. Sous la forme d'une envolée poétique à laquelle je ne m'attendais pas du tout, c'est beau, c'est émouvant. Et surtout, elle amène une petite lueur d'espoir dans toute cette grisaille.

Un roman de science-fiction à lire, pour son univers fictif réaliste, mais aussi pour tous les messages qu'il véhicule. Dans ce livre tout est à prendre, rien à laisser (sauf la couv que je trouve franchement moche et peu en rapport avec le texte). Essai transformé Mme Debats, avec vous j'aime la science-fiction, car ce livre est un coup de coeur.


 Jeanne-A Debats sur Bookenstock :


mardi 2 février 2016

LES CHEVAUX CÉLESTES de Guy Gavriel Kay




L'Atalante Éditions
649 pages
27 euros


Résumé :





Pendant deux ans, au cœur des montagnes entourant le lac Kuala Nor, loin à l’ouest de la cité impériale, et même au-delà des frontières de l’empire de la Kitai, le jeune Shen Tai, seul au fond d’une cabane isolée, a écouté, dans l’air dur et froid des nuits de lune et des nuits noires, les voix des fantômes des soldats morts pendant la violente bataille qui s’est déroulée à cet endroit. Afin d’honorer la mémoire de son père, le général Shen Gao, qui était à la tête des soldats de l’empire, c’est en ces lieux maudits qu’il s’est voué corps et âme à la pénible tâche d’enterrer les os de tous les combattants.
Alors que Tai prépare son retour vers la cité impériale et la cour, tout aussi dangereuse que magnifique, de Taizu, l’Empereur de la Kitai, un émissaire de l’empire Tagur, la nation rivale, lui apporte une nouvelle surprenante : Chen-Wan, l’une des épouses de Sangrama le Lion, empereur du Tagur, lui a offert, pour le remercier de sa tâche, un présent. Or, celui-ci est d’une telle ampleur qu’il peut changer le visage même de l’empire de la Kitai… ou mener Tai à une mort certaine.



L'avis de Dup :

L'auteur nous plonge dans un empire imaginaire, la Kitai, dans laquelle on reconnait aisément la Chine antique alors à l'apogée de son rayonnement. Les spécialistes vous diront que cela correspond à l'époque de la dynastie Tang, donc de 618 à 907. Un monde où tout n'est que ravissement, où culture et art rivalisent de préciosité. Un monde où la poésie est un art de vivre à part entière et Guy Gavriel Kay retranscrit cela à merveille. Ce roman est une ode à la poésie, qui se fait subtile, toujours nuancée, parfois sournoise. Parce qu'à l'époque, il fallait savoir peser ses mots sous peine d'être mal vu, voire même tout bonnement décapité. C'est qu'ils ont le sabre facile !

Nous suivons Shen Tai, fils de l'honorable général Shen Gao qui doit arrêter ses études suite au décès de son père pour accomplir deux ans de deuil rituel. Pour honorer la mémoire de son père, il se retire dans le sud-ouest de la Kitai, dans les montagnes, près du lac Kuala Nor, lieu historique de batailles acharnées entre la Kitai et son voisin ennemi. Pendant deux ans il va enterrer les milliers de morts laissés là, à l'abandon. Sa tâche va susciter bien des émois de part et d'autre de la frontière proche, et notamment un cadeau disproportionné de la part d'une princesse étrangère : un lot de deux cent cinquante chevaux sardiens. Cadeau empoisonné s'il en est car Shen Tai va devenir le centre d'intérêt de toute la Kitai. En effet, ces chevaux célestes sont vénérés mais peu nombreux dans l'Empire.

Ce cadeau va entraîner Shen Tai dans une cascade d'événements qui va bouleverser son destin, mais également celui de l'Empire tout entier. C'est passionnant et instructif car tout fictif que puisse être cet Empire, l'auteur s'est appuyé sur des bases historiques réelles que l'on voit se dérouler sous nos yeux. L'aspect Fantasy est là, bien sûr, mais de façon très discrète, en s'appuyant sur les mythes et légendes des voisins de la Kitai, des peuples du nord habitants au-delà de la Grande Muraille. Entre les rites chamaniques et la magie, la frontière est floue et laissée à notre appréciation.

Il va sans dire que comme toujours avec cet auteur, les personnages de Shen Tai et tous ceux qui gravitent autour de lui sont ciselés à la perfection et nous entraînent avec force dans ce récit. Si Shen Tai est plus passif, impuissant devant l'avalanche des événements historiques, sa petite soeur Li-Mei va elle se battre pour faire ployer son destin. Même si mon cœur reste accroché aux Lions d'Al-Rassan que je classe en tête de mon top GGK, Les chevaux célestes sont un coup de coeur aussi.  Apprendre ou réviser l'Histoire avec Guy Gavriel Kay comme professeur est inscrit au programme dupinien pour les années à venir... 


 Guy Gavriel KAY sur Bookenstock :





Et je suis un peu à la bourre pour le challenge de Licorne !
Je vais tâcher de rattraper mon retard... ce qui signifie quelques chroniques de Fantasy à venir :))





mardi 7 juillet 2015

LES DAMES BLANCHES de Pierre Bordage





L'Atalante

Date de parution : 21 mai 2015

Illustrateur : Raphaël Defossez
Collection : La Dentelle du cygne
384 pages
21 euros




Une étrange bulle blanche d’une cinquantaine de mètres de diamètre est découverte un jour dans une bourgade de l’ouest de la France. Elle attire et capture Léo, trois ans, le fils d’Élodie. D’autres bulles apparaissent, grossissent, et l’humanité échoue à les détruire. Leur activité magnétique de plus en plus importante perturbe les réseaux électriques et numériques, entraînant une régression technologique sans précédent.Seule l’ « absorption » de jeunes enfants semble ralentir leur expansion…La peur de disparaître poussera-t-elle l’humanité à promulguer la loi d’Isaac ? Mais peut-on élever un enfant en sachant qu’il vous sera arraché à ses trois ans ? Camille, qui a elle-même perdu un fils, et son ami Basile, d’origine malienne – ufologue de son état – vont essayer de percer le mystère des dames blanches afin d’éviter le retour à la barbarie.





L'avis de Phooka:




Il fût un temps où je lisais tous les "Bordage" et puis pour une raison étrange j'ai arrêté. Quand celui-ci m'a sauté dans les mains j'étais ravie, d'autant plus que la quatrième de couverture était très attirante.

Le lecteur est immédiatement emporté dans ce récit étrange. Une mystérieuse boule blanche apparaît un jour dans un champ et tout semble montrer qu'elle a "capturé" un jeune garçon de 3 ans. Au début, peu de gens donnent foi au récit de la mère, Elodie, jusqu'au jour où une autre boule apparaît et enlève à son tour un enfant. Au fil des semaines et des mois, il y en aura de plus en plus. Elle grossissent, elles sont indestructibles et elle s'en prennent systématiquement aux enfants âgés de 3 à 4 ans. Les mois passent, puis les années, le nombre de dames blanches explose, la panique gagne le monde entier au point de créer des "pédokazes", des enfants  envoyés à dessein vers ces dames blanches pour se faire exploser de l’intérieur. Au début ce sont des orphelins, puis lorsque le vivier d'orphelins se tarit, ce sont les "Isaac". Chaque famille doit en "élever" un pour le donner à la bonne cause. Et pourtant l'effet de ces "pédokazes" est bien maigre ...

A travers les portraits d'un panel d'individus touchés de près ou de loin par ces dames blanches, Pierre Bordage, nous livre sa vision de l'humanité. Une vision, pas toujours très agréable à "entendre", mais pourtant si vraie. Du défaitisme de certains, de l'acharnement d'autres, le monde dépeint par Bordage n'est pas drôle. Et si l'humanité courrait à sa perte par sa propre faute ?
Ces portraits, ce sont des mères qui perdent leur enfant, des hommes amenés à combattre ces dames blanches, d'abord de façon traditionnelle puis en utilisant des enfants ... Le comble de l'horreur et pourtant ...
Seul un ufologue, noir de surcroît (ce sont ses propres mots) a le recul nécessaire pour essayer de comprendre, mais sa voix se perd dans la cacophonie ambiante. Des sectes se créent, des fanatiques veulent imposer leurs idées, les gouvernements sont prêts à toutes les bassesses.

Le point fort du roman au delà du récit lui-même, c'est son échelle de temps. Il se situe sur une période de presque quarante ans, mais la progression se fait de façon indirecte quand on réalise d'un seul coup que le personnage que l'on découvre est le fils ou la fille (voire petit-fils ou petite-fille) d'un autre que l'on a appris à connaître au début du roman. Ainsi, la vie continue son cours malgré toutes les atrocités qui jalonnent ce récit.

La foultitude des protagonistes, rend le roman vraiment passionnant, mais en même temps il peut aussi provoquer un sentiment de longueur tant on voudrait que la situation évolue. Le lecteur se retrouve ainsi, piégé, au même titre que les héros du livre, à vouloir comprendre ce que sont ces dames blanches et quelle est leur raison d'être sur terre.

La chronique de Lune pointe un défaut du livre qui m'a frappée moi aussi. C'est le fait que tous les pères d'enfants kidnappés par les bulles, sont alcooliques et/ou absents de leur foyer. Comme si les "vrais et bons" pères n'existaient pas. Heureusement ce sentiment disparaît petit à petit, en particulier grâce aux mouvements de résistance contre les 'Isaac' qui sont constitués d'hommes et de femmes. Mais cette image m'a poursuivie un bon moment. Je suppose que Pierre Bordage a un compte à régler. De même d'ailleurs avec certains scientifiques ... Mais on lui pardonne volontiers.

Ce qui est sûr, c'est que dès la première page, le lecteur est piégé par ce récit. Par les portraits qu'il dessine, par le mystère autour des dames blanches et sa construction temporelle. Le livre se dévore très vite car il est quasi impossible de le reposer. Un bon cru de Bordage !

vendredi 28 novembre 2014

Regardez cette merveille !



LE SANG DES 7 ROIS
Livre sixième



♥ ♥ ♥

Et ce n'est qu'un avant-projet de Yann Tisseron !
Superbe crayonné 

lundi 17 novembre 2014

CELLE QUI A TOUS LES DONS de M.R. Carey





Éditions L'Atalante
442 pages
23 euros

4 de couv :

Tous les dons ne sont pas une bénédiction.

Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu'on l'emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu'elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire. Melanie est une petite fille très particulière...


L'avis de Dup :

Melanie est une fillette de dix ans qui possède une intelligence hors du commun. Elle apprend très vite, retient bien et analyse tout. Elle vit avec quelques autres enfants comme elle, dans un centre mi-scientifique, mi-militaire dans le sud de l'Angleterre. Ils sont attachés, pas muselés mais c'est tout comme, sur des chaises roulantes. Chaque jour ils sont amenés en cours, puis remis "en liberté" dans des cellules individuelles. Tous les jours se ressemblent, si ce n'est les professeurs qui changent. Et c'est Mlle Justineau qui est sans conteste sa préférée. Le sergent Parks qui fait régner la discipline et surveille les manœuvres de transfert des "enfants" est un mal nécessaire, car sans lui, elle ne pourrait pas voir Mlle Justineau. Mais il y a aussi l'autre dame qui a une blouse blanche aussi, qui ne fait jamais cours, mais y assiste parfois : Mme Caldwell. Parfois, quand elle repart, elle désigne quelques élèves au Sergent Parks. Ensuite on ne les revoit plus jamais.


Tout ce petit monde vit dans une base militaire ceinte de hauts grillages, en vase clos. Car dehors il y a les Affams. Cette terrible menace qui a anéanti l'humanité depuis qu'elle s'est répandue. Le responsable ? Un champignon : Ophiocordyceps, qui se transmet par tous les fluides humains, qui colonise immédiatement le cerveau et prend les rênes de chaque infecté qui devient un Affam. Des mort-vivants qui restent en pause, immobiles, tant qu'ils ne détectent pas un vivant. Cela fait plus de vingt ans que le monde s'est arrêté, depuis ce qu'on appelle la Cassure.

Seulement leur centre va être attaqué par une véritable armée d'Affams manipulés, débordé, anéanti et quelques survivants vont fuir : Le sergent Parks et un seul de ses troufions, Kieran Gallagher, Helen Justineau, qui ne peut envisager d'abandonner Melanie. Ce qui arrange bien le Dr Caroline Caldwell car elle est devenue son dernier sujet d'expérience vivant... On va suivre cette fuite haletante, cette lutte incessante pour la survie, chacun ayant un but différent. Parks parce que c'est un rôle viscéralement ancré en lui de protéger ceux qui sont sous son aile. Justineau qui croit protéger Melanie. Melanie qui protège réellement Mlle Justineau. Caldwell qui couve son ultime cobaye, qui lui permettra peut-être de comprendre l'évolution de ce champignon et pourquoi pas, trouver un vaccin salvateur qui libérera l'humanité et la couvrira de gloire.

À chaque chapitre, tous très courts, c'est le point de vue d'un personnage différent, ce qui permet de creuser considérablement la psychologie de chacun. L'évolution de chaque personnage au fur et à mesure de cette fuite est absolument fascinante. C'est également un piège à lecteur car on a bien sûr nos préférés et la hâte de les retrouver "à la commande" fait accélérer la lecture. Mais je vais vous le dire ; il n'y avait pas besoin de ça ! Ce livre est un véritable page-turner tant il est passionnant, stressant, mais aussi terriblement émouvant. Bref j'ai beaucoup aimé cette lecture et je vous la recommande chaudement, c'est un gros coup de cœur.

En prime, ce roman m'a appris quelque chose : le thriller ne concerne pas forcément le genre policier-enquête-tueur en série comme je le croyais dur comme fer ! Ici nous avons un post-apo qui mérite bien le titre de thriller tant sa lecture est haletante. Un roman speed, angoissant, bref un "inlâchable", j'adore !!!



lundi 10 novembre 2014

LE SANG DES SEPT ROIS 2 de Régis Goddyn



2 - Livre deux


Éditions L'Atalante
400 pages
21 euros

Résumé :


- Tu n'es pas une fille Rosa, tu es un miracle. Fernest se pencha et cueillit une petite fleur qu'il lui glissa dans les cheveux.

- Pourquoi m'aimes-tu?

- Je t'aime… parce que tu en as besoin.
- Ce n'est pas une raison.
- Alors je t'aime parce que j'en ai besoin.
Rosa essaya de voir les voyageurs en contrebas. Ils étaient trop loin, et dissimulés par le relief. Elle ferma les yeux et sentit leur présence, leurs émotions, leurs douleurs et leurs peines. Elle s'écarta pour regarder Fernest, puis elle détourna le regard comme pour se mesurer au glacier, colossal nuage pétrifié sur le flanc de la crête. Elle resta ainsi longuement avant de reprendre la parole.
- On ne m'a jamais aimée, Fernest.



L'avis de Dup :

Il va sans dire que cette chronique contient des spoilers vis à vis du tome précédent, ils sont masqués, il suffit de passer la souris dessus.

Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais lors de mon avis sur le livre premier, j'avais dit que je pressentais une suite grandiose. Et bien je suis ravie de vous annoncer que je ne m'étais pas trompée ! Et cette saga qui s'annonce en sept tomes me fait saliver dès maintenant par sa richesse, sa somme des possibles.

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir la plume agréable et sûre de Régis Goddyn, son humour et la répartie délicieuse qu'il prête à ses personnages. Son monde si simple et si complexe en même temps. Simple car composé de 7 royaumes disposés en couronne et en suivant, autour d'une Mer intérieure. Il existe un passage très resserré qui fait communiquer cette mer intérieure avec l'Océan extérieur. Un passage accidenté, parsemé d'îles, dont l'Île du Goulet où se passera pas mal d'intrigues. [spoil[C'est là qu'Orville a été emprisonné, c'est là qu'il s'est autoproclamé roi de ce tout nouveau 8ème royaume !]]

Retrouver les personnages principaux, Orville et Rosa fut un plaisir. Mais il n'y a pas qu'eux, Régis Goddyn nous fait défiler une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, tous différents : 
-  drôles comme Pétrus et ses affaires de coeur, compliquées et multiples.
-  intrigants voire dérangeants comme la jeune Braseline, comme le bébé d'Eliette et Jean, né pendant leur fuite.
-  malfaisants comme Lothar et pas mal d'autres Gardiens.
-  ambiguë mais passionnant comme Aldemond (bon, il est Gardien lui aussi, mais c'est l'exception qui confirme la règle !).
-  touchants comme Fernest, Ferrand et Maja.
Je ne vais pas tous les citer, et pourtant ils le méritent tous. Certains même qu'on perd de vue, mais que l'on est sûr de retrouver en cours de route : je pense là à Sylvan, lui aussi est un des rares Gardiens sympathiques.

L'auteur nous balade d'un bout à l'autre de son monde : L'Île du Goulet, les Crêtes, Hauterre, Gradlyn. Les intrigues se déroulent devant nos yeux : on a d'un côté les Sangs bleus, descendants des premiers rois fondateurs, qui sont pourvus de facultés extraordinaires à commencer par une grande longévité et qui forment le rang des Gardiens. Les autres sang bleu, non nobles, ont été traqués, massacrés à grande échelle. Mais quelques uns sont passés au travers des mailles du filet et se regroupent pour lutter : les Rebelles. Puis il y a les autres, les sang rouge, normaux comme vous et moi... sauf certains, comme Orville, Rosa. [spoil[Ils seraient des Mages. Si Rosa se sert depuis toute petite de ses facultés, Orville lui les découvre depuis peu et surtout ne les domine pas tant que ça. Il va devoir prendre des cours auprès d'Oldarik. ]]
Il se passe beaucoup trop de choses pour qu'on ait une vision globale de ce qui se trame, à l'inverse de l'auteur qui s'amuse à nous distiller ses indices de ci, de là. Cependant on n'a jamais le sentiment d'être perdu, on fait confiance.... sauf, SAUF, un chapitre glissé là, au milieu, qui m'a fait l'effet d'une bombe !!! Mais que nous fomente donc Régis Goddyn ??? Rhaaa, que j'ai hâte d'avoir le fin mot de cette histoire !

Bref, je n'ai qu'une envie, poursuivre cette saga au plus vite. Je ne peux que vous encourager à la découvrir si ce n'est déjà fait. Aucune fausse note pour moi, j'en fais un coup de coeur.

lundi 7 juillet 2014

LE SANG DES SEPT ROIS 1 de Régis Goddyn



1- LIVRE PREMIER



Éditions L'Atalante
400 pages
21 euros



4ème de couv :

25 juillet 806
Deuxième jour de traque. Depuis le départ du château, la pluie n'a pas cessé de tomber. Je profite d'une roche en surplomb pour abriter le journal et écrire ce premier compte-rendu. Arrivés sur les alpages, nous avons suivi la crête pour trouver des indices. Rien ne nous avait préparés à ce que nous avons trouvé là. Un autre campement avait été édifié à cinquante pas à vol d'oiseau du premier et tout indique qu'alors que nous pensions notre retard considérable, ses occupants s'en étaient allés quelques heures auparavant.



L'avis de Dup :

Je ne remercierai jamais assez Fabrice Colin d'avoir été si difficile à croiser aux Imaginales, et les organisateurs du salon d'avoir installé à ses côtés Régis Goddyn. Car ce dernier, à l'inverse du premier, était toujours là, devant la pile de ses trois livres. Toujours fidèle au poste, à parler de son livre ou à attendre le chaland. Un Régis Goddyn que j'ai fini par aborder à mon énième passage, attirée malgré tout je l'avoue, par les couvertures magnifiques : un crayonné en noir et blanc que l'on doit à Yann Tisseron. Et même si ma décision d'achat était déjà prise, le discours qu'il a eu m'a beaucoup touché, car il était plein d'humilité, voire même de négativité. "Il n'y a pas ci, il n'y a pas ça, vous n'y trouverez pas non plus de..." Quand en plus le choix fut approuvé par dame Phooka qui m'a avoué zieuter cette série depuis sa sortie, c'est tout naturellement que j'ai inscrit cette lecture au milieu de mon programme lourdement chargé. Et mon Dieu comme j'ai eu raison, je me suis régalée avec ce tome 1.

C'est de la Fantasy de type moyenâgeuse, dans un univers féodal, que je dirais somme toute classique.
Alors oui, il n'y a pas de dragon, de licorne ou de monstre horrible au sein des Sept Royaumes, il n'y a pas non plus de magie au sens propre du terme. Alors me direz-vous, à quoi bon, autant lire Les piliers de la Terre ! Et bien que nenni voyez-vous, cette Fantasy là elle développe des dons que l'on acquière où que l'on acquière pas, selon notre sang. Ces dons ne sont pas non plus des facultés incroyables du genre l'invisibilité, l'ubiquité ou autres. Juste des facultés déjà présentes qui sont exacerbées, poussées à leur paroxysme. Mais je resterai volontairement dans le flou pour vous laisser le plaisir de les découvrir, car il faut lire cette saga ! 

Servie par une écriture fluide et agréable, on se laisse entraîner au fil des pages, à suivre le destin exceptionnel d'Orville. "Tiers-fils" d'un noble de province, qui a choisi la tangente puisque sa position dans la fratrie ne lui laissait rien espérer de bon, et qui, pour payer une dette de jeu, s'est retrouvé enrôlé sergent auprès d'un Vicomte. Assurer la garde d'une place forte perchée dans la montagne, isolée de tout et surtout de toutes ! Il est très vite promu capitaine-ambassadeur-militaire, ne rendant des comptes qu'au Roi du Premier Royaume, et va devoir suivre des ravisseurs venus kidnapper deux enfants. Un récit construit sur une alternance de narration et de comptes rendus que doit écrire Orville au cours de son périple. On n'est pas loin du récit épistolaire que j'aime tant. Un monde que l'on découvre au travers des descriptions somptueuses, magnifiques. 

Au fur et à mesure que l'on avance dans le récit, on se rend compte que ces Sept Royaumes cachent bien des secrets à ses sujets, que les croyances populaires ne sont pas si absurdes que ça, et surtout que le pouvoir royal semble manipulé par bien plus fort et moins loyal que prévu... Orville va devoir lutter contre beaucoup d'ennemis, beaucoup de pouvoir. Une intelligence hors de commun, une forte adaptabilité et un brin d'humour en font un personnage auquel on s'attache très vite. On va découvrir également vers la fin de cet opus et à l'autre bout de ce royaume, un autre personnage lui aussi peu banal, une fillette d'une dizaine d'années, Rosa. On sait encore peu de choses sur elle, mais on devine qu'elle fera partie intégrante du futur récit et que probablement leur chemin vont se croiser.

A noter enfin une fin sympathique, c'est-à-dire sans cliff-hanger de ouf, qui ne m'empêche pas de piaffer pour lire la suite que je me suis empressée de commander en refermant ce volume. Il me manquait juste un petit ingrédient pour en faire un coup de coeur, et cet ingrédient là, j'espère bien le trouver dans la suite que j'ai hâte de lire. Une saga prometteuse que je vous conseille vivement. Dire que c'est un premier roman ! Monsieur Goddyn, je vous tire mon chapeau. 


Et BUT de mon goal !!!
Trop forte cette équipe, elle a dépassé les quarts de final elle :))



dimanche 9 janvier 2011

L'ATALANTE: les parutions de début 2011








Un très joli calendrier chez L'ATALANTE
Il nous met l'eau à la bouche!


Janvier (à paraître le 20/01/2011)

Ursula K. Le Guin – Lavinia (Fantasy historique, Prix Locus 2009)
David Weber – L’ennemi dans l’Ombre, en deux tomes. (Science-Fiction)

Février (à paraître le 24/02/2011)

Glenn Cook – Garrett Détective privé, livre 6 – Nuits au fer rouge (Polar fantastique)
Olivier Paquet – Les loups de Prague (Science-Fiction)
David Weber – L’option Excalibur (Science-Fiction)

Mars (à paraître le 24/03/2011)

Anne Fakhouri – Narcogenèse (Thriller fantastique)
Ursula K. Le Guin – Chroniques des rivages de l’Ouest,  Livre 3 – Pouvoirs (Fantasy, Prix Nebula 2008)
John Scalzi – Impresario du 3e type (Science-Fiction)

Avril  (à paraître le 21/04/2011)

Jean-Claude Dunyach – Les harmoniques célestes (Recueil de nouvelles)
Wolfgang Hohlbein – La Chronique des Immortels, livre 8 – Les maudits (Dark fantasy)
Terry Pratchett – Les romans du Disque-Monde – Je porterai de la nuit
Roland C. Wagner – Rêves de gloire (Uchronie)

À venir en mai :

Pierre Bordage – La fraternité du Panca, Livre 4 – Sœur Onden (Science-Fiction)
Dmitry Glukhovsky – Metro 2034 (Science-Fiction)



mardi 4 janvier 2011

VOIX d'Ursula Le Guin



Chroniques des rivages de l'Ouest tome 2





Editions L'Atalante
281 pages
14 euros


Présentation de l'éditeur:


«Mon premier réel souvenir est d’écrire la formule donnant accès à la salle secrète. Je suis si petite qu’il me faut lever le bras très haut pour tracer les signes où il se doit sur le mur du couloir, en l’air, sans toucher le revêtement. Une ouverture se ménage dans la paroi. J’entre.»

Ansul était jadis une ville paisible, riche de ses nombreuses bibliothèques, ses écoles et ses temples.
C’était avant l’occupation des Alds. Les Alds croient en la présence de démons dissimulés dans les mots. Aussi interdisent-ils la lecture et l’écriture, sous peine de mort.
Tout cela changera-t-il bientôt? Voici venus des Entre-Terres le poète Orrec Caspro et son épouse Gry. Dans la voix du conteur résonne un appel qui peut éveiller le peuple opprimé.


« Chronique des rivages de l’Ouest » se compose de trois romans. Dons a obtenu le Pen/USA Award en 2005 et Pouvoirs le prix Nebula en 2008.



L'avis de Phooka:


Autant j'avais eu un peu de mal à me plonger dans le tome 1, Dons, autant je me suis faite accrocher dès les premières lignes par ce Voix.
L'héroïne, Némar, est tellement attachante qu'il est difficile de la quitter et Ursula Le Guin démontre une fois de plus qu'elle est une conteuse née! Une conteuse à l'ancienne, comme on imagine, capable de captiver les foules et de les subjuguer par son récit. On se laisse complètement emporter par sa plume et par sa "voix" justement. Lisant/écoutant ce récit fluide et beau...
Beau oui, mais pas sans message.
En effet ce peuple du désert qui a envahi Ansul est tout un symbole. De par son refus de la lecture et de l'écriture, il est atypique Le symbole de l'obscurantisme et du fanatisme religieux que l'on peut voir parfois pas si loin de chez nous. Et malgré ce sujet, on ne peut plus sérieux, le récit coule comme une rivière. Le Guin ne condamne pas, elle ne pérore pas, elle ne dénonce pas, elle raconte. Et ce peuple du désert forme un monde cohérent avec ses forces et ses faiblesses. On finit même par aimer ce Ioratth, le chef de ce peuple. Et Némar avec son innocence et sa jeunesse va nous raconter sa vision des choses. Par ses remarques "Si vous saviez écrire vous pourriez transmettre vos messages vous même", elle touche les points sensibles sans trop en faire. Elle est l'âme de ce roman....sa voix, la voix de Le Guin.
Et Gry et Orrec? me demanderez vous, si vous avez lu le tome 1.
Oh ils sont là oui et très présents même! Orrec est devenu un très grand conteur, adulé par les foules. Il arrive dans cette ville d'Ansul avec Gry qui l'accompagne et qui a toujours le don avec les animaux. Il s'est passé 17 ans depuis le tome 1 et beaucoup de choses se sont passées dans leur vie. On le sent, on le devine, même si ce n'est pas raconté. Je les ai retrouvé vraiment avec plaisir, même si les personnages qu'ils sont devenus sont finalement assez éloignés de ce qu'ils étaient dans Dons. D'ailleurs pour ceux qui se poseraient la question, il n'est pas nécessaire d'avoir lu Dons pour lire Voix. Le livre est suffisant en lui même.
Voix est un récit presque "oral" (un comble pour un livre non?) sur l'importance de la lecture, de l'écriture. Sur la nécessité des livres comme base de réflexion, comme support de la mémoire. Mais Ursula Le Guin ne donne jamais de leçons, elle raconte une histoire c'est tout. Et croyez moi c'est une très très belle histoire!

Un livre que je ne peux que conseiller, un vrai plaisir de lecture !

Un grand merci encore une fois à Livraddict et aux éditions L'Atalante pour cette superbe découverte qui confirme tout le bien que je pense d'Ursula Le Guin.