mardi 7 juillet 2015

LES DAMES BLANCHES de Pierre Bordage





L'Atalante

Date de parution : 21 mai 2015

Illustrateur : Raphaël Defossez
Collection : La Dentelle du cygne
384 pages
21 euros




Une étrange bulle blanche d’une cinquantaine de mètres de diamètre est découverte un jour dans une bourgade de l’ouest de la France. Elle attire et capture Léo, trois ans, le fils d’Élodie. D’autres bulles apparaissent, grossissent, et l’humanité échoue à les détruire. Leur activité magnétique de plus en plus importante perturbe les réseaux électriques et numériques, entraînant une régression technologique sans précédent.Seule l’ « absorption » de jeunes enfants semble ralentir leur expansion…La peur de disparaître poussera-t-elle l’humanité à promulguer la loi d’Isaac ? Mais peut-on élever un enfant en sachant qu’il vous sera arraché à ses trois ans ? Camille, qui a elle-même perdu un fils, et son ami Basile, d’origine malienne – ufologue de son état – vont essayer de percer le mystère des dames blanches afin d’éviter le retour à la barbarie.





L'avis de Phooka:




Il fût un temps où je lisais tous les "Bordage" et puis pour une raison étrange j'ai arrêté. Quand celui-ci m'a sauté dans les mains j'étais ravie, d'autant plus que la quatrième de couverture était très attirante.

Le lecteur est immédiatement emporté dans ce récit étrange. Une mystérieuse boule blanche apparaît un jour dans un champ et tout semble montrer qu'elle a "capturé" un jeune garçon de 3 ans. Au début, peu de gens donnent foi au récit de la mère, Elodie, jusqu'au jour où une autre boule apparaît et enlève à son tour un enfant. Au fil des semaines et des mois, il y en aura de plus en plus. Elle grossissent, elles sont indestructibles et elle s'en prennent systématiquement aux enfants âgés de 3 à 4 ans. Les mois passent, puis les années, le nombre de dames blanches explose, la panique gagne le monde entier au point de créer des "pédokazes", des enfants  envoyés à dessein vers ces dames blanches pour se faire exploser de l’intérieur. Au début ce sont des orphelins, puis lorsque le vivier d'orphelins se tarit, ce sont les "Isaac". Chaque famille doit en "élever" un pour le donner à la bonne cause. Et pourtant l'effet de ces "pédokazes" est bien maigre ...

A travers les portraits d'un panel d'individus touchés de près ou de loin par ces dames blanches, Pierre Bordage, nous livre sa vision de l'humanité. Une vision, pas toujours très agréable à "entendre", mais pourtant si vraie. Du défaitisme de certains, de l'acharnement d'autres, le monde dépeint par Bordage n'est pas drôle. Et si l'humanité courrait à sa perte par sa propre faute ?
Ces portraits, ce sont des mères qui perdent leur enfant, des hommes amenés à combattre ces dames blanches, d'abord de façon traditionnelle puis en utilisant des enfants ... Le comble de l'horreur et pourtant ...
Seul un ufologue, noir de surcroît (ce sont ses propres mots) a le recul nécessaire pour essayer de comprendre, mais sa voix se perd dans la cacophonie ambiante. Des sectes se créent, des fanatiques veulent imposer leurs idées, les gouvernements sont prêts à toutes les bassesses.

Le point fort du roman au delà du récit lui-même, c'est son échelle de temps. Il se situe sur une période de presque quarante ans, mais la progression se fait de façon indirecte quand on réalise d'un seul coup que le personnage que l'on découvre est le fils ou la fille (voire petit-fils ou petite-fille) d'un autre que l'on a appris à connaître au début du roman. Ainsi, la vie continue son cours malgré toutes les atrocités qui jalonnent ce récit.

La foultitude des protagonistes, rend le roman vraiment passionnant, mais en même temps il peut aussi provoquer un sentiment de longueur tant on voudrait que la situation évolue. Le lecteur se retrouve ainsi, piégé, au même titre que les héros du livre, à vouloir comprendre ce que sont ces dames blanches et quelle est leur raison d'être sur terre.

La chronique de Lune pointe un défaut du livre qui m'a frappée moi aussi. C'est le fait que tous les pères d'enfants kidnappés par les bulles, sont alcooliques et/ou absents de leur foyer. Comme si les "vrais et bons" pères n'existaient pas. Heureusement ce sentiment disparaît petit à petit, en particulier grâce aux mouvements de résistance contre les 'Isaac' qui sont constitués d'hommes et de femmes. Mais cette image m'a poursuivie un bon moment. Je suppose que Pierre Bordage a un compte à régler. De même d'ailleurs avec certains scientifiques ... Mais on lui pardonne volontiers.

Ce qui est sûr, c'est que dès la première page, le lecteur est piégé par ce récit. Par les portraits qu'il dessine, par le mystère autour des dames blanches et sa construction temporelle. Le livre se dévore très vite car il est quasi impossible de le reposer. Un bon cru de Bordage !

4 commentaires:

K Aisling / Rêves et Imagines a dit…

Il me tente beaucoup et cette chronique n'y est pas pour rien !!

Léa Touch Book a dit…

Tu donnes envie ! Ma Wish List va craquer :D

Anonyme a dit…

Liste d'envies +1 ;) Merci pour cette tentation de plus !

sophinette73 a dit…

En tant que grande fan de Bordage, ce nouveau roman m'intéresse forcément! Merci pour cette chronique!