mardi 28 février 2017
lundi 27 février 2017

MARQUER LES OMBRES de Veronica Roth





Éditions Nathan
471 pages
17,95 euros


4ème de couv :


Dans une galaxie dominée par une fédération de neuf planètes, certains êtres possèdent un “don”, un pouvoir unique. Akos, de la pacifique nation de Thuvhé, et Cyra, soeur du tyran qui

gouverne les Shotet, sont de ceux-là. Mais leurs dons les rendent, eux plus que tout autre, à la fois puissants et vulnérables.
Tout dans leurs origines les oppose. Les obstacles entre leurs peuples, entre leurs familles, sont dangereux et insurmontables. Pourtant, pour survivre, ils doivent s’aider – ou décider de se détruire.




L'avis de Dup :

Les "Veronica Roth" se suivent et ne se ressemblent pas, c'est le moins que je puisse dire. Après Divergente, la trilogie dystopique qui a fait un tabac (pour ma part, le tome 1 fut un vrai coup de coeur, les autres se laissant lire avec plaisir), l'auteur se lance dans la SF...  Aïe, aïe, aïe. Et voilà comment une Dup se fait piéger, par son impatience , à dire "oui, je veux" sur la simple évocation du nom de l'auteur, sans même lire le pitch...

Une galaxie sortie tout droit de l'imagination de Veronica Roth, régentée par la Fédération des neuf planètes. Des vaisseaux spatiaux aussi grands qu'une métropole, transbordant une civilisation entière d'un bout à l'autre de cette galaxie, suivant un flux qui régit tout et tout le monde. Nos deux personnages principaux sont issus d'une même planète, mais appartiennent à deux peuples différents, ennemis depuis la nuit des temps.

Akos le Thuvésiste et Cyra la Shotet. Thuvé, une nation pacifique qui ne cherche qu'à consolider ses défenses et survivre aux grands froids de leur région. En face, les Shotets qui sont un peuple agressif, expansionniste et dirigé par une succession de tyrans-dictateurs. Tous les ans, les Shotets sillonnent la galaxie, suivant le flux pour leur grand ramassage : en gros ils font les éboueurs ! Oui, oui, ils vont trier et récupérer les rebuts des autres civilisations !

Même si la construction du roman dont la narration alterne entre nos deux héros créé une bonne dynamique de lecture, je me suis passablement ennuyée. Akos et Cyra sont totalement différents, opposés mais ni l'un ni l'autre ne m'a touchée, or tout tourne autour d'eux et de leur destin. Le principe développé par l'auteur est à la fois original et dérangeant. Quelques élus du flux reçoivent leur destin généralement vers l'adolescence, mais parfois bien avant, en même temps qu'un don. Akos et Cyra en font bien évidemment partie et les voir ainsi, subissant, encaissant ce destin en sachant que rien ne pourra aller contre est finalement pénible. Cela les transforme en marionnettes gommant une bonne part de leur personnalité. Ce qui explique probablement pourquoi je les ai trouvé bien pâles, peu attachants. Même la romance qui naît entre eux est tiède, hésitante et ne m'a pas fait vibrer. Cela faisait vraiment trop cliché avec leurs dons qui se complètent, leurs caractères et leurs aspirations diamétralement opposés, mais leurs destins liés.

Bref ce Marquer les ombres ne m'a pas convaincu. Je n'ai pas retrouvé l'allant ni la fluidité apprécié dans Divergente 1. Pas beaucoup d'action, beaucoup de descriptions et surtout des dialogues qui souvent sonnaient faux. Une chose est sûre, je ne serai pas au rendez-vous pour la suite de cette aventure.



vendredi 24 février 2017

LE SEPTIÈME GUERRIER-MAGE de Paul Beorn




Editions Milady
20/01/2017
664 pages
7.90 euros





J'ai pillé, brûlé, tué. Puis j'ai déserté l'armée la plus puissante du monde. Je voulais être libre, vivre la belle vie loin de cette foutue guerre... Mais voilà que je dois défendre un village de paysans contre cette même armée dont je portais les couleurs. Des milliers de soldats sont en marche. Former des combattants, monter des fortifications, trouver des armes... Ces culs-terreux croient dur comme fer que je porte le pouvoir d'un GUERRIER-MAGE. Moi, je ne donne pas cher de nos peaux. Mais il y a au moins une personne dans cette vallée que je ne pourrai jamais abandonner, alors j'irai jusqu'au bout. Mon nom, c'est moi qui l'ai choisi : je suis Jal, celui-qui-ose.




L'avis de Phooka:



Jal, Rikken, Halan, Paol, Nola, Odamar et Gloutonne, sept noms que je ne suis pas prête d'oublier. Sept héros qui ont gagné leur place dans mon cœur, Sept destins qui m'ont bouleversée.

Pourtant l'histoire peut sembler classique à la base. Un guerrier, Jal, déserteur, échoue dans une vallée épargnée par la guerre qui fait rage tout autour. Une vallée de paysans un peu rustres, sans aucun contact avec l'extérieur. Une vallée protégée par une femme combattante peu aimable, Rikken, fille du protecteur de cette région, mort à la guerre et qui a décidé d'en devenir la protectrice à son tour. Une vallée dans laquelle habitent Nola et Paol, frère et sœur, tous deux étrangers et qui ont du mal à s'intégrer. Mais cette vallée ne va plus pouvoir rester à l'écart de tout car le destin en a décidé autrement. La guerre approche ...

Cette guerre est totale, tout est rasé et dévasté. Elle est menée par des guerriers-mages dont les pouvoirs magiques, hérités des elfes, ont une telle puissance qu'il est quasi impossible d'y faire face. Alors quand Jal, ayant prêté serment de protéger la vallée sous la contrainte, commence à envisager le combat il n'y a aucun espoir. Comment faire combattre une poignée de paysans face à une armée composée de milliers d'homme entraînés. Mais Jal n'est pas un guerrier comme les autres et surtout il n'est pas seul. Et les liens que Jal a créé avec certaines personnes vont lui être d'une valeur insoupçonnée et inestimable.

Alors oui, le récit peut paraître classique, du moins au premier coup d'oeil, mais ce qui fait la force incroyable de ce roman ce sont surtout ses personnages. Ils sont non seulement terriblement attachants, mais surtout tous très réels. L'auteur les a si bien croqués, qu'ils en deviennent vivants. Ils deviennent vos propres amis, votre cercle ...

Jal, sa mémoire torturée et ses terribles cauchemars. Rikken et sa loyauté à toute épreuve vis à vis de sa vallée. Nola et ses dons de guérisseuse sous exploités. Poal, ce gamin si débrouillard. Halan et sa grande gueule. Odamar et sa force imposante. Et puis Gloutonne ...Tous sauront vous toucher, au point de devenir inoubliables.

Mais ce n'est pas que les personnages qui composent le roman, même si -à mon avis tout du moins- ils en sont les piliers. Le récit lui même est jalonné de fausses routes, de surprises et de révélations savamment menées. Sans compter que l'auteur en profite, au détour de quelques situations bien tournées, pour mettre en exergue le statut des étrangers, le problème de l'intégration ou le statut des femmes.

Ajoutez aussi à tout ce qui précède, le système de magie, héritée des elfes et le contexte "historique" du récit. Atypique, passionnant et qui tient parfaitement la route.

Et puis il ne faudrait pas oublier la plume de l'auteur, qui elle aussi joue son rôle. C'est toujours léger, parfois même drôle, mais surtout totalement addictif. Le genre de livre qui vous pousse au syndrome du "allez encore quelques pages avant d'éteindre" et qui vous fait tout oublier. Difficile de le reposer, mais surtout un énorme plaisir de lecture. Le lecteur se retrouve lui aussi dans cette vallée et d'ailleurs il fait partie du cercle de Jal non? Car sans le lecteur, pas de pouvoir ...

Bref, si vous m'avez lu jusqu'ici, vous savez ce que je vais vous dire: ce livre est un énorme coup de cœur. Jetez-vous dessus !! Franchement il vient de sortir en poche chez Milady et pour quelques euros, vous allez prendre une claque magistrale, une leçon de vie, vivre une aventure extraordinaire et rencontrer pleins de nouveaux amis. Qu'attendez-vous ?



Lire aussi la chronique de Dup





jeudi 23 février 2017

THE CURSE de Marie Rutkoski





Éditions Lumen
460 pages
15 euros


4ème de couv :

Fille du plus célèbre général d'un empire conquérant, Kestrel n'a que deux choix devant elle : s'enrôler dans l'armée ou se marier. Mais à dix-sept ans à peine, elle n'est pas prête à se fermer ainsi tous les horizons. Un jour, au marché, elle cède à une impulsion et acquiert pour une petite fortune un esclave rebelle à qui elle espère éviter la mort. Bientôt, toute la ville ne parle plus que de son coup de folie. Kestrel vient de succomber à la " malédiction du vainqueur " : celui qui remporte une enchère achète forcément pour un prix trop élevé l'objet de sa convoitise.

Elle ignore encore qu'elle est loin, bien loin, d'avoir fini de payer son geste. Joueuse hors pair, stratège confirmée, elle a la réputation de toujours savoir quand on lui ment. Elle croit donc deviner une partie du passé tourmenté de l'esclave, Arin, et comprend qu'il n'est pas qui il paraît... Mais ce qu'elle soupçonne n'est qu'une infime partie de la vérité, une vérité qui pourrait bien lui coûter la vie, à elle et à tout son entourage. 



L'avis de Dup :

Kestrel est la fille d'un général Valorien, peuple guerrier qui a conquis les Herranis. Ces derniers sont soient morts, soient esclaves. Kestrel a 17 ans et seul deux choix s'offrent à elle : se marier ou rejoindre l'armée. Elle a été préparée au second choix par un père pressant et intransigeant, pas au premier étant orpheline de mère. Si ses prédispositions guerrières s'avèrent médiocres, elle se révèle malgré tout une excellente stratège.  Mais ni l'un, ni l'autre de ces choix ne lui agrée...

Arin est un esclave Herrani que Kestrel va acheter au marché, sur une impulsion, un coup de tête. Il aura été présenté comme forgeron, mais le lecteur va très vite se rendre compte qu'il est bien plus que ça.

La première partie du roman est la mise en place de ce monde. Le temps d'appréhender chaque peuple, leur façon de vivre, leur mentalité radicalement différente. Le temps de planter le décor de cette ville portuaire cerclée de hautes montagnes. Le temps de faire connaissance avec nos deux personnages et de voir naître entre eux des sentiments qui bouleversent leurs conditions, leurs certitudes. Mais le temps également de comprendre que la rébellion se prépare au sein des esclaves et que celle-ci va radicalement changer la donne.

Dans la seconde partie il y aura donc inversion des rôles et c'est ce qui fait le sel de ce roman. Parce que le lecteur peut comparer les attitudes des deux personnages principaux dans des situations quasi similaires. Cela permet également à l'auteur de bien décortiquer leurs pensées intimes. Les choix qui s'offrent à eux sont cornéliens et jusqu'au bout on ne sait pas ce qu'on ferait à leur place.

J'ai beaucoup aimé Arin, eu un peu plus de mal avec Kestrel qui au départ m'a beaucoup énervée avec son attitude vis à vis de Ronan. Sa façon de se voiler la face devant les sentiments de ce dernier me semblait plus que surjouée, sonnait faux à mes oreilles. Bon, l'auteur s'est rattrapée après, et je dois dire que la décision finale de Kestrel, à la toute fin de ce premier tome m'a laissée sur le... abasourdie. Elle laisse présager que du bon pour la suite de ces aventures et j'ai vraiment hâte d'avoir le volume suivant entre mes mains ! Ils n'ont pas fini d'en baver ces deux là...

Je ne peux clore cette chronique sans glisser un mot sur la couv de ce roman. Elle est belle, très belle même, mais... pour moi elle ne correspond en rien au contexte de l'histoire. Les moments où Kestrel paraît en robe de bal étant tellement insignifiant. De plus, elle laisse présager soit une envie de suicide, soit du regret d'un meurtre commis or vraiment, vraiment, ce n'est pas la mentalité de notre héroïne ! Bon, Lumen a repris la couv originale, c'est dommage, ils auraient pu faire tellement mieux avec leurs belles couv habituelles. Mais bon, que cela ne vous empêche pas de vous procurer ce roman, le contenant reste superbe (si, si !), le contenu est vraiment top et à mon avis la suite va être géniale. 

mardi 21 février 2017

LE DERNIER LAPON de Olivier Truc




Éditions points
571 pages
8,70 euros


4ème de couv :

Kautokeino, Laponie centrale, 10 janvier. Nuit polaire, froid glacial. Demain le soleil, disparu depuis 40 jours, va renaître. Demain entre 11h14 et 11h41, Klemet va redevenir un homme, avec une ombre. Demain le centre culturel va exposer un tambour de chaman légué par un compagnon de Paul-Emile Victor. Mais dans la nuit, le tambour est volé. Les soupçons iront des fondamentalistes protestants aux indépendantistes sami.
La mort d'un éleveur de rennes n'arrange rien à l'affaire. La Laponie, si tranquille en apparence, va se révéler terre de conflits, de colères et de mystères. Klemet, le Lapon, et sa jeune coéquipière Nina, enquêteurs de la police des rennes, se lancent dans une enquête déroutante. Mais à Kautokeino, on n'aime guère les vagues. Ils sont renvoyés à leurs patrouilles en motoneige à travers la toundra, et à la pacification des éternelles querelles entre éleveurs de rennes.
Les mystères du 72e tambour vont les rattraper. Pourquoi en 1939 l'un des guides sami a-t-il confié à l'expédition française ce tambour, de quel message était-il porteur? Que racontent les joiks traditionnels que chante le vieil oncle de Klemet ? Que vient faire en ville ce Français qui aime trop les très jeunes filles et qui a l'air de si bien connaître la géologie de la région ? A qui s'adressent les prières de la pieuse Berit ? Que cache la beauté sauvage d'Aslak, qui vit en marge du monde moderne avec sa femme à moitié folle ? Dans un paysage incroyable, des personnages attachants et forts nous plongent aux limites de l'hypermodernité et de la tradition d'un peuple luttant pour sa survie culturelle.


L'avis de Dup :

Polar surprenant, parce que polar soit, mais tellement plus surtout ! L'enquête policière devient accessoire, support de ce roman mettant en exergue la Laponie. Des paysages grandioses décrits par un auteur qui sait de quoi il parle (il y a vécu en tant que journaliste pendant pas mal d'années), par un auteur qui aime profondément cette région et cela se ressent à chaque page. Et comment ne pas aimer quand on lit Olivier Truc ? Même en craignant le froid, même en grelottant et claquant des dents rien qu'à se plonger entre ces lignes, on a qu'une envie, découvrir cette contrée du grand nord. Cette région qui englobe le nord de la Norvège et de la Finlande. Le nord du nord quoi !

Tout prête au dépaysement dans ce roman, surtout ces fameux lapons. Un peuple méconnu, complètement décalé de nous par leurs coutumes, leur mode de vie et leurs rites ancestraux. Klemet Nango est un lapon qui lui, vit comme vous et moi. Il travaille dans la police... section police des rennes ! Et oui, ça existe ça ! Son unité est chargée de surveiller les déplacements des troupeaux, et surtout de régler les différents entre éleveurs. Il a une nouvelle coéquipière depuis peu, Nina Nanson, qui elle vient du sud de la Norvège. Et ce tandem de personnages que tout oppose va être le sel qui va sublimer cette enquête qui pour moi est secondaire : un meurtre, un cadavre avec les oreilles tranchées...la méthode de marquage des rennes.

Les deux personnages principaux sont très bien fouillés et deviennent très vite attachants. Klemet partagé entre ses racines lapones, son éducation protestante et son métier de flic. Trois croyances, trois visions du monde différentes et qui s'entrechoquent sans cesse en lui. Quant à Nina, elle est jeune, spontanée, émerveillée par cette région. Faire sa place dans ce milieu extrêmement macho ne va pas être aisé. Sa jeunesse résonne douloureusement dans le cœur de Klemet.

Mais ils ne seront pas les seules figures qui vous resteront en tête. D'autres personnages secondaires à l'histoire traversent ce roman et marquent leur empreinte.  Le vieil Aslak notamment, si fier de ses origines, un vrai traditionnel, Nils le chanteur de joïks. André le peu reluisant français, géologue, fouineur, opportuniste et dénué de scrupules...

Si l'intrigue reste accessoire pour moi, elle est néanmoins bien maîtrisée par l'auteur. En guise de prologue on a une scène choc qui se déroule au XVIIème siècle bien marquante. Elle ne prend sens qu'à la toute fin du roman et raisonnera longtemps dans mon esprit.

Le dernier Lapon est tout d'abord un roman policier à l'intrigue classique mais intéressante. Mais c'est surtout beaucoup plus que ça. Un voyage merveilleux au pays des aurores boréales, que je ne suis pas prête d'oublier. Un très beau roman sublimant la Laponie. Un roman lumineux, un comble dans une région voyant si peu la lumière du jour !



Et voili, je boucle la 2ème session du Défi des 4 As !




En plus cette lecture entre également
dans le cadre du Challenge de la Licorne


Un thriller : 3 points
Plus de 400 pages : 1 point
Pis c'est tout... l'auteur étant un mâle :)

 
lundi 20 février 2017

SÉNÉCHAL de Grégory Da Rosa




Éditions Mnémos
320 pages
19,50 euros


4ème de couv :


« Sénéchal, la ville est assiégée ! »


Telle est la phrase que l’on m’a jetée sur le coin de la goule. Depuis, tout part à vau-l’eau. Oui, tout, alors que ce siège pourrait se dérouler selon les lois de la guerre, selon la noblesse de nos rangs, selon la piété de nos âmes. Nenni.

Lysimaque, la Ville aux Fleurs, fière capitale du royaume de Méronne, est encerclée et menacée par une mystérieuse armée. Et pour le sénéchal Philippe Gardeval, ce n’est que le début des ennuis. Suite à l’empoisonnement d’un dignitaire de la cité, il découvre que l’ennemi est déjà infiltré au sein de la cour, dans leurs propres rangs ! Sous quels traits se cache le félon ? Parmi les puissants, les ambitieux et les adversaires politiques ne manquent pas ; le sénéchal devra alors faire preuve d’ingéniosité pour défendre la ville et sa vie dans ce contexte étouffant d’intrigues de palais.

L'avis de Dup :

Heure canoniale des laudes.
Philippe Gardenal, Sénéchal de la ville de Lysimaque, capitale du Royaume de Méronne est réveillé brutalement : "La ville est assiégée". Tout le monde l'attend en salle du conseil, le roi Edouard VI et tous les nobles, décideurs des affaires. Et il est mal notre Sénéchal, car c'est sur ses conseils que l'on a envoyé l'ost défendre la ville de Carmeni qui aurait dû être la cible de l'ennemi Castellois.

Heure canoniale de la prime, de la sexte, la none, les vêpres, les complies, et précédant les laudes ou suivant les complies c'est selon, les mâtines. Les cloches (entendez les heures) s'égrainent au fil des chapitres et nous allons vivre trois jours intenses aux côtés de ce Sénéchal. Une ambiance religieuse, monacale est insufflée par ce biais.

Philippe Gardenal est le narrateur de cette histoire et c'est lui qui va nous expliquer les tenants et les aboutissants de la situation dans laquelle se trouve Lysimaque. C'est à travers ses yeux que nous allons découvrir cette cité qu'il lui revient d'administrer, cette famille royale à qui il a dédié sa vie. Cette amitié profonde qu'il éprouve pour son roi, avant tout son ami d'enfance. Sa rancœur, profonde également, de n'être toujours qu'un roturier parmi les nobles.

De ce type de narration se dégage un côté intimiste du roman que j'apprécie beaucoup. Il y a pas mal de passages d'introspection car le Sénéchal est un homme qui réfléchit beaucoup. Cela permettra à l'auteur de nous faire partager une vision profonde de la religion au sens large que j'ai beaucoup aimé. Cependant il faut reconnaître que les échanges, les dialogues sont peu nombreux. Cela nuit-il à l'équilibre de l'ensemble ? Que nenni ! Parce que ces joutes verbales sont savoureuses et que le récit est entraînant, les cloches défilent tant les événements se succèdent. Empoisonnement, tentative d'attentat, tentatives de négociations, enlèvement, disparition, trahison. Et au milieu de tout ça une ÉNORME baston magique au plein coeur du sanctuaire de l'oectuaire de la Syncrésie, la religion des humains qui vénère Yiel, le dieu unique. Une scène mémorable mêlant chevaliers, mages, anges et démons. J'ai relu trois fois ce chapitre tant il m'a plu !

J'ai adoré ce personnage avec lequel le lecteur tisse un lien très fort. Il est pourtant loin des preux chevaliers, héros classiques de la Fantasy médiévale. Il est vieux (croulant même : imaginez, la cinquantaine !:)), pas costaud du tout, ayant tendance à se planquer derrière ses gens d'armes, terrorisé devant la moindre manifestation magique. Et puis... soufrant de vertige, donc je ne peux que compatir ! :)

Autour du Sénéchal gravitent d'autres personnages marquants. Le roi Edouard à qui l'auteur prête un langage fleuri qui cadre bien avec son caractère sanguin. La douce Sybille, trop triste princesse orpheline, le franc-parler du gars Roufos qui m'a accroché bien des sourires, sa paillarde aussi. Et puis, il y a la famille de Philippe, qu'on ne découvre que sur la fin. Peut-être au prochain tome pourrai-je vous parler de Charles le fils ainé, de ses soeurs ou de leur mère, la Bénédicte... Le "la" veut tout dire...

Mais ce que j'ai adoré par dessus tout, c'est la plume de l'auteur qui manie fort bien le langage médiéval sans que son récit en pâtisse. Il n'est ni lourd, ni pompeux. J'aime vraiment beaucoup être plongée dans l'ambiance temporelle d'un roman par ce biais. J'aurai même préféré l'absence de ces notes en bas de pages, qui hachent la lecture. Elles attirent l’œil ces saletés, et même quand on n'a pas besoin de s'en référer, immanquablement on y va !

En revanche, les adages qui ponctuent chaque début de chapitre sont de véritables friandises à consommer sans modération :
Des vérités :
- L'alcool et le pouvoir ont toujours suivi les même lois.
- Plus on en a, plus on en veut.
- Mais rares sont ceux qui le tiennent.
Des grivoiseries :
- Lorsqu'un roi assiège une ville, il prétend au trône.
- Lorsqu'un homme séduit une femme, il prétend l'aimer.
- Ainsi, femme et cité sont toutes deux catins.
- On s'y engouffre une fois les défenses tombées.
Des réflexions :
- L'obscurité est une absence de lumière.
- La mort une absence de vie.
- L'ignorance une absence de savoir.
- La solitude, une absence d'autrui.
- Ce qui ronge l'homme n'est pas le Mal, c'est le Néant.

Sénéchal est un premier roman d'une richesse et d'une profondeur incroyable. Mais ce qui surprend plus encore, c'est la maîtrise de ce tout jeune auteur sur son intrigue et son récit hyper rythmé. Il n'y a pas un seul temps mort et c'est du bonheur de lecture. ÉNORME COUP DE COEUR malgré... oui, malgré un cliffhanger de ouf à la dernière phrase ! Rhaaaaa !
1) Je ne l'ai pas vu venir.
2) Il est du genre à me triturer la cervelle jusqu'à la parution de la suite. Oui, oui, du genre on reprend les cartes, on mélange tout et "nouvelle donne". Re rhaaaaaaaaaaa!


vendredi 17 février 2017

La couv du prochain Adrien Tomas



LE CHANT DES ÉPINES 

Tome 2


LE ROYAUME ÉVEILLÉ


Si elle est pas belle cette couv !!!

Sortie probable en juin
et peut-être en avant-première aux Imaginales


Le pitch ( soutiré sous la torture à Adrien :))


"Le Royaume rêvé s’éveille enfin. Ithaen, l’orpheline de Sveld, a vaincu. Suite à la défaite du puissant clan Asrelsen, les autres clans des Marches du Gel s’inclinent un à un devant elle, joignant leurs forces à celles de son royaume naissant.

Ysemir, Merisia, Solheim et Vermine se tiennent toujours à ses côtés, fidèles à leur serment d’Epines. Ysemir apprend les voies d’un seigneur de guerre, tandis que Merisia fait bon usage de ses talents d’infiltratrice et de séductrice au bénéfice de son amie. Quant à Solheim et Vermine, tous deux jouent de leurs dons mystiques pour repousser les ennemis du royaume et tenir la jeune reine à l’abri.

Jusqu’à ce qu’un matin, l’apothicaire Ogwan et la Locuste, l’irritant messager, tirent Vermine de son quotidien d’Epine de la reine. Il est temps pour elle de rencontrer son destin… Se peut-il qu’il soit lié à l’étrange créature mécanique, forgeant des armes mystérieuses dans les flammes d’azur de sa forge enchantée ?

Pendant ce temps, loin au sud, les légions infinies de l’empire séide se mettent en ordre de bataille… Les Epines seront-elles suffisantes pour défendre le royaume contre l’ambitieux généralissime Qeshaal et ses terribles nouveaux alliés ?"


jeudi 16 février 2017

DÉRACINÉE de Naomi Novik





Éditions Pygmalion
512 pages
19,90 euros


4ème de couv :

Patiente et intrépide, Agnieszka parvient toujours à glaner dans la forêt les baies les plus recherchées, mais chacun à Dvernik sait qu’il est impossible de rivaliser avec Kasia. Intelligente et pleine de grâce, son amie brille d’un éclat sans pareil. Malheureusement, la perfection peut servir de monnaie d’échange dans cette vallée menacée par la corruption. Car si les villageois demeurent dans la région, c’est uniquement grâce aux pouvoirs du "Dragon". Jour après jour, ce sorcier protège la vallée des assauts du Bois, lieu sombre où rôdent créatures maléfiques et forces malfaisantes. En échange, tous les dix ans, le magicien choisit une jeune femme de dix-sept ans qui l’accompagne dans sa tour pour le servir. L’heure de la sélection approche et tout le monde s’est préparé au départ de la perle rare. Pourtant, quand le Dragon leur rend visite, rien ne se passe comme prévu...


L'avis de Dup :

Agnieszka fait partie de la génération des jeunes filles dont une sera choisie par le Dragon à la saison des semailles de ses dix-sept ans. Mais elle ne se fait pas trop de soucis, avec sa beauté quelconque et ses habits inévitablement tâchés et déchirés tant elle est maladroite : c'est Kasia, sa meilleure amie, si belle et si bien préparée depuis tant d'années qui sera l'élue.

Ce Dragon, qui n'en est pas un (bouh!), est le sorcier vivant seul dans la grande tour au fond de la vallée et protégeant celle-ci des Bois. Tous les dix ans il vient recruter une jeune fille, ayant relâché la précédente qui jamais ne parle de son séjour, jamais ne reste dans la vallée. Sauf que c'est Agnieszka qui sera choisie. C'est la peur au ventre qu'elle va découvrir la tour, le Dragon et surtout la véritable raison de cette sélection : elle a des aptitudes à la magie, elle va donc être en apprentissage pour seconder le Dragon.

L'ennemi est donc ce fameux Bois qui jouxte la vallée, qui s'étend et rogne inéluctablement les terres cultivées, les villages proches. Ce n'est pas juste un ensemble d'arbres voyez-vous, c'est une véritable entité dotée de pouvoirs maléfiques. Elle est vivante et animée d'une intelligence malveillante. Les descriptions de Naomi Novik font, je vous le promets, un tableau glaçant, menaçant et nauséabond qui fait froid dans le dos.

L'intrigue est multiple, basée sur cette lutte, d'autant plus que ces Bois menacent deux royaumes. Royaumes en querelles permanentes quand ils ne sont pas en guerre ouverte. Complots politiques, manipulations sont bien présents et tirent même parfois en longueur. J'avoue m'y être perdue parfois, j’emmêlais les royaumes aux noms très approchants, je ne m'y retrouvais plus dans les volontés vengeresses des dirigeants de ces mondes. Mais qu'importe, je préférai suivre celle reposant sur les épaules d'Anieszka basée sur cette amitié si forte et sur son amour pour sa vallée.

Le Dragon est un homme froid, hautain, dédaigneux et même colérique, bref l'auteur a tout fait pour le rendre antipathique. Sauf que Agnieszka saura percer sa carapace qui n'était rien d'autre qu'un mur érigé devant ses sentiments. Quant à elle, de jeune fille naïve et maladroite, elle va très vite mûrir et se révéler une femme entière, têtue, mue par son amitié indéfectible à Kasia qui aura été marquée par les Bois. Agnieszka qui au début ne voyait aucune utilité à cet apprentissage de la magie, va s'en imprégner pour sauver Kasia, sauver sa vallée, sauver son royaume.

Ce que je retiendrai surtout de ce roman c'est l'omniprésence de la magie. Celle maléfique et puante des Bois, se propageant violemment ou insidieusement. Celle rugueuse et écailleuse du Dragon, pleine de rectitude, en opposition complète avec celle d'Agnieszka qui va se révéler intuitive, à l'image de la Baba Yaga des contes russes. À sa magie carrée elle opposera la sienne faite de rondeurs, à sa mémoire des formules compliquées elle montrera un tâtonnement des syllabes, un chant des mots. Et c'est lorsqu'ils la pratiqueront en duo qu'elle prendra toute sa saveur, sa force, à l'image de leur relation dont j'ai beaucoup apprécié la subtilité.

J'ai bien aimé cette lecture, même si je m'y suis perdue parfois. Naomi Novik nous offre une vision approfondie et poétique de la magie classique que j'ai adoré. C'est un roman qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, dont les personnages manquent peut-être d'un peu de chaleur, mais personnellement j'y ai trouvé mon compte grâce à la magie qui ruisselle véritablement de chaque page.



Neuvième et dernière lecture à inscrire au Challenge de la Licorne.
La section thriller est un peu en rade ces derniers temps...


Un Fantasy : 3 points
+ de 400 pages : 1 point
Auteur femme : 1 point
Pas française... raté :)

mercredi 15 février 2017

Sortie de La Désolation: Arkane, Tome 1 de Pierre Bordage



La Désolation: Arkane, T1

Sortie le 15/02/2017


Editions Bragelonne
Sortie le 15/02/2017
25 euros



Arkane : une ville labyrinthique, bâtie selon la légende par sept maisons toutes-puissantes, et dont les luxueux niveaux supérieurs sont occupés par un pouvoir corrompu. Là, ont cours intrigues incessantes, empoisonnements, meurtres, magie noire et décadence. Après le massacre de son clan, Oziel, fille de la maison du Drac, s’enfuit des Hauts de la ville. Elle espère gagner les Fonds afin de rejoindre son frère condamné, et de lever une armée parmi les prisonniers du terrible bagne dans les profondeurs de la cité. Oziel rencontrera sur son chemin Renn, un apprenti-enchanteur de pierre, et Orik, guerrier venu d’une lointaine contrée…
mardi 14 février 2017

La couv du prochain Delzongle ! Up


UP !
Le pitch est là !



Toujours chez Denoël

Il sort le 6 avril en librairie, mais sera dispo dès le 1er aux Quais des Polars


Je viendrai rajouter le pitch dès que je l'aurai ;)

Le pitch donc, au couleur de la couv :)


Saint-Malo, hiver 2014. Du haut des remparts, sorti de prison, Erwan Kardec contemple la mer en savourant sa liberté. Il y a trente ans, il a tué sa femme à mains nues, devant leur fille, Hanah. Jamais il n’aurait été démasqué si la fillette n’avait eu le courage de le dénoncer. Malade, nourri d’une profonde haine, il n’aura de cesse de la retrouver avant de mourir. À New York, au même moment, Hanah, qui a appris la libération de l’assassin de sa mère, est hantée par le serment qu’il lui a fait de se venger. De cauchemars en insomnies, son angoisse croît de jour en jour. Pourquoi a-t-il tué sa mère ? Quand surgira-t-il ? Quels sont ces appels anonymes ? La confrontation est inévitable. Quand on est traqué, mieux vaut-il se cacher, ou regarder la mort dans les yeux ?

Sonja Delzongle est l’auteur du très remarqué Dust (Denoël, 2015) et de Quand la neige danse (Denoël, 2016). Sa profileuse Hanah Baxter est désormais l’un des personnages qui comptent dans le paysage du thriller français.




LES COMPAGNONS DU FOUDRE de Denis Hamon (Dup)





Éditions Ad Astra
260 pages
16 euros


4ème de couv :

Plusieurs décennies après l’apocalypse, le monde est noyé sous la brume.
Tombée du ciel à travers la carlingue du Foudre, un vaisseau de pirates, une jeune femme s’éveille sans aucun souvenir.
Bien décidé à l’aider à retrouver la mémoire, l’hétéroclite équipage se heurte très vite aux dirigeants fanatiques de ce sombre futur, guidés par une religion basée sur le tarot.
Et tandis qu’au-dessus d’eux plane l’ombre terrifiante des Taromanciens, les compagnons du Foudre partiront en quête de vérité et iront, si nécessaire, jusqu’à la mort.
Pirates, oui, mais avec un sacré code de l’honneur !



L'avis de Dup :

J'ai toujours un peu d'appréhension lorsque je débute un roman estampillé SF,  malgré l'ÉNOOOOORME engouement de Phooka. Oui oui, avec 5 O, j'ai bien compté ! :). Et pourtant, chaque fois cette appréhension est injustifiée, comme ce fut le cas ici avec le roman de Denis Hamon.

Tout d'abord il faut dire que les histoires de pirateries j'adore ça. Alors qu'elles soient dans un vaisseau spatial plutôt qu'un navire ne fut pas un problème. Un vaisseau brinquebalant d'ailleurs, rafistolé de bric et de broc, mais volant toujours. Le décor est planté très vite, on est dans du post-apo et depuis la découverte de Pépé, je sais que j'aime le post-apo. 

Bon, je ne vais pas reprendre l'histoire, Phooka l'a très bien fait, allez donc la relire. Moi je vais juste m'attarder sur quelques points qui m'ont marqués.

C'est un post-apo qui se situe loin dans le futur tout de même car la présence d'androïde côtoyant les humains semble tout-à-fait normale. Un monde où un ordre religieux, l'Ordre du Renouveau, étend son influence et sa dictature partout. Ils vénèrent les arcanes du tarot, et cette idée, ce principe exploité par l'auteur m'a beaucoup plu ! Chaque début de chapitre reprend une lame et son explication de texte, adapté à la situation... un peu comme les évangiles quoi !

Le côté mystique de la chose est appuyé par des apparitions et disparitions énigmatiques de Taromanciens, qui du coup s'apparentent à des mi-Dieux et diffusent une crainte superstitieuse. Cette ambiance m'a beaucoup plu et je dois dire que lorsque les explications arrivent à la toute fin du roman, cela m'a bien fait rire.

Mais ce que j'ai aimé par dessus tout c'est la gouaille des personnages. Même s'ils sont un brin caricaturaux, les dialogues sont un vrai délice. C'est pour moi le point fort de ce roman, plein de pep's et d'humour. Un soupçon d'émotion, mais pas trop pesant me fait classer ce livre dans la catégorie des romans divertissants, pas prise de tête : fun quoi !

Un roman à lire pour le plaisir, que je vous recommande. De plus la couverture sobre et efficace que l'on doit à Arnaud Boutle en fait un bel objet que je suis fière d'avoir dans ma bibli. Et puis, regardez ce qui est fun aussi : les dédicaces de m'sieur Hamon !





lundi 13 février 2017

LES PAPILLONS GÉOMÈTRES de Christine Luce





Éditions Les moutons électriques
238 pages
15 euros




4ème de couv :


Eve a disparu il y a cinq ans, sans laisser ni corps ni trace.

Enfuie avec un amant, d’après la police londonienne, mais morte selon l’époux inconsolable. En dépit de sa défiance, ce dernier a fait appel à une médium ; contre toute attente, Mademoiselle LaFay possède un réel talent pour joindre l’au-delà et réunit chaque année le couple pour un jour de félicité... sauf cette fois-ci : Eve n’apparaît pas.
En ces temps de misère et de richesse insolente dans la société victorienne, la vie après la mort attise les espoirs des scientifiques. Mary-Gaëtane LaFay et son amie Maisy, deux femmes audacieuses, affrontent leurs frayeurs pour résoudre un mystère entre deux mondes crépusculaires. De l’autre côté, l’Enquêteur poursuit le même dessein. La frontière qui les sépare est plus ténue qu’ils ne l’imaginaient, ce qui les unit, infiniment supérieur. L’affaire Blake révélera une énigme de la taille des univers.




L'avis de Dup :

Ce Papillons géomètres est présenté par l'éditeur comme de la Fantasy spirite. Autant vous dire que dans ma tête cela fait juste un grand GNÉ ??? Et comme toujours, derrière une incompréhension, une méconnaissance vient une soif de savoir, de comprendre, de découvrir. Je me suis donc jetée sur ce roman et n'en ai fait qu'une bouchée. Alors soit, il n'est pas bien gros, mais surtout je l'ai trouvé captivant.

Ce roman est écrit dans un langage soutenu qui est parfaitement en accord avec l'époque dans laquelle se déroule cette histoire. Nous évoluons dans le Londres du début du vingtième siècle, aux ruelles baignant dans le fameux fog londonien, difficilement éclairées par les lueurs falotes des becs à gaz. À ce monde réel vient se superposer celui des spectres, des fantômes. Lui aussi fait de brumes, de flous, de décors qui par pans entiers s'effacent, s'effilochent, s'oublient. Que l'on soit d'un monde ou de l'autre, l'ambiance y est délétère, souvent glauque.

John Black va s'adresser à Mlle Lafay, médium comme toutes les femmes de sa lignée, car il a l'intime conviction que la disparition de sa femme ne peut s'expliquer que par son décès. Conviction confirmée par Mary-Gaëtane qui va mettre en relation les deux époux. Elle sera le pont entre ces deux mondes, le canal permettant le lien. Ainsi fut pris un rendez-vous annuel entre le couple Black. Mais cette dernière fois, Eve n'est pas venue. 

John en a été tellement perturbé que son aura a été perçu par l'Enquêteur, un spectre passant à proximité. Ce dernier à l'intuition qu'il doit le suivre, mais il n'y arrive pas. Ils ne font pas ce qu'ils veulent les spectres, déjà qu'habituellement ils ne voient même pas les vivants. En cherchant Black, son enquête va l'amener dans le salon de Mlle Lafay. Et là, ô stupeur, ces deux là se voient ! Le salon de Mary-Gaëtane est devenu une sorte de passerelle entre le monde des vivants et le monde de l'après-vie. Ensemble ils vont enquêter sur la disparition du fantôme d'Eve, mais également sur celle bien réelle de John.

J'ai savouré les interactions entre Mary et l'Enquêteur. Ce dernier en quête d'identité, en recherche de son passé et de ses souvenirs dissous. L'auteur lui prête un humour pince-sans-rire très british que j'adore. Il tourne sans cesse en dérision sa non-vie pleine de solitude. Mary elle même est en quête de compréhension de ce don qu'elle possède, d'autant qu'il serait responsable de la folie de ses aïeules. L'amitié qu'elle partage avec Maisy, la belle métisse qui vit chez elle est elle aussi savoureuse. Maisy, adepte de magie vaudou, un brin sorcière donc, mais surtout pleine de joie de vivre et d'humour qui apportera beaucoup de soleil dans cette histoire pleine de brumes.

Je dois avouer cependant qu'une fois ma lecture achevée je me suis posée bien des questions quant au titre de ce roman. Et ce n'est que récemment que j'ai pu lire cet article, sur le blog des moutons électriques. Je vous conseille vivement de le lire avant, votre compréhension en sera grandement facilitée. Cet entretien avec Christine Luce a éclairé toutes les zones d'ombres qui restaient dans mon esprit. Mais je le redis, malgré ce flou, j'ai apprécié ma lecture et vous la recommande. Quant à moi, je me déclare plus que favorable à une nouvelle incursion dans ces mondes non parallèles mais juxtaposés, dans cette fameuse Fantasy spirite qui m'a ravie. 


dimanche 12 février 2017

Les sorties FOLIO SF de février 2017









Février 2017



SERGE BRUSSOLO

Les Geôliers

INÉDIT



Couverture Aurélien Police


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ESTELLE FAYE
ENOCH
La voie des Oracles, II




Couverture Pierre Droal


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MARIE PAVLENKO

 La Fille-Sortilège

Prix Elbakin.net 2013 - catégorie Jeunesse






Couverture Pierre Droal
samedi 11 février 2017

La couv du prochain Marie Caillet !



Sortie mai 2017



Elle mérite bien une pleine page non ?

Nous admirons là le talent de Sébastien Del Grosso !



Nous rajouterons le pitch  dès que nous l'aurons !

vendredi 10 février 2017

LA GARDIENNE DES MENSONGES de Brenda Drake



LIBRARY JUMPERS T2





Editions Lumen
26/01/2017
479 pages
15 euros


Quand le Conseil des mages envoie Gia dans une petite ville du Connecticut, elle croit d'abord que vivre sous protection avec sa famille, ses amis – et, en bonus, Arik en personne – ne devrait pas s'avérer trop désagréable. Mais la déception ne tarde pas : son meilleur ami, Nick, a du mal à contrôler de tout nouveaux pouvoirs plus qu'inquiétants, son père est de plus en plus proche de Deirdre, la jumelle qui a pris sa place auprès de lui en l'absence de Gia, et Arik semble un peu trop intéressé par une jeune habitante du village.

Bien décidée à retrouver les Chiavi manquantes – ces clés magiques qui sont leur seul espoir –, la jeune Sentinelle, accompagnée de Nick, visite en secret certaines des plus belles bibliothèques de la planète. Mais le sort s'acharne : elle déclenche au détour d'un couloir sombre un piège qui l'expédie vers une bien mystérieuse destination. Pour retrouver les siens, Gia va être contrainte de faire un sacrifice, un choix terrible qui lui coûtera un être cher.

Il lui suffit de tourner la page pour déclencher la fin du monde ! Bestiaire fabuleux, objets magiques, voyage entre les univers... Jamais plus vous ne regarderez un vieux livre poussiéreux du même oeil ! Avec La Voleuse de secrets, Brenda Drake vous entraîne à la suite de Gia dans une quête initiatique périlleuse et riche en révélations.



L'avis de Phooka


Si vous suivez ce blog, vous savez que je me suis vraiment régalée avec le premier tome de cette série: Library Jumpers. Bien sûr, visiter des bibliothèques du monde entier, toutes plus belles les unes que les autres, n'y est pas pour rien. Mais ce n'est pas la seule raison. Le récit était sacrément bien ficelé et les personnages vraiment réussis. Évidemment la question que tout le monde se pose est de savoir si le deuxième tome est à la hauteur du premier.

Ne laissons pas traîner le suspense, je peux déjà vous dire que oui et là vous avez deux options:
1. Vous abandonnez la lecture de cette chronique (ce qui serait une énorme gâchis vu la qualité de la dite chronique, mais somme toute compréhensible) et vous vous précipitez chez votre libraire favori.
2. Vous voulez quand même en savoir plus (après tout vu l'heure qu'il est votre librairie préférée n'est pas ouverte de toute façon )


Gia, Nick, Arik et toute la compagnie s'installent donc à Bandford, Connecticut dans le plus grand secret. Pour que le plan réussisse, ils doivent faire comme s'ils ne se connaissaient pas. Il ne s'agit pas d'attirer l'attention, surtout pas celle de Conemar. La vie pourrait être douce pour Gia, qui se retrouve dans un coin sympa, entourée de ses amis, dont Nick son plus proche ami et surtout d'Arik dont elle est éperdument amoureuse. Oui mais ...

Bien sûr qu'il y a un "oui mais" sinon le récit perdrait de son intérêt. Il y en a même beaucoup des "oui mais".

Oui mais Gia doit supporter son alter ego/soeur jumelle Deirdre qui visiblement ne porte pas Gia dans son coeur.
Oui mais Nick qui a découvert ses pouvoirs magiques récemment semble avoir d'énormes problèmes à contrôler son humeur au point que cela devient vraiment inquiétant.
Oui mais Arik semble avoir des vues sur la voisine de Gia, une certaine Emily.
Oui mais Gia ne doit pas oublier que son but principal c'est de retrouver les fameuses chiave, ces clés qui permettront à  l'élu de contrôler le monde.

Beaucoup de couacs donc dans ce paysage que l'on pensait idyllique. Gia va devoir faire face à tout. Ainsi, à sa suite, le lecteur va se retrouver mêlé à des histoires d'amitiés, des histoires fraternelles, des histoires de coeur et des histoires de chiave. Avouez quand même que ça fait de la matière!  Gia s'inquiète pour Nick et on la comprend car Nick c'est le bon gars, sympa et cool. Le type que tout le monde aimerait avoir comme ami. Mais Nick devient aigri et colérique depuis que ses pouvoirs magiques se sont révélés. Comme Gia, le lecteur s'inquiète. Nick va t'il se tourner vers le côté obscur de la force? (oops pardon j'ai dérapé). 
De la même façon, le lecteur, enfin surtout la lectrice, voit Arik comme le mec idéal. Beau gars, chevaleresque courageux, il fait vibrer Gia plus que tout. Alors quand il se tourne vers une autre, tout s'effondre. Heureusement que Bastien est à l'affût. "Ha,ha, allez vous me dire , le fameux triangle amoureux". Hé oui, on y arrive, mais avec subtilité, sans lourdeur, sans que cela ne plombe le récit. Et du coup, moi qui n'aime pas l'amûûûûr dans ces récits, ici ça passe comme une lettre à la poste. Parce que oui l'amour y a sa place, une grande place même mais au milieu de combats, de découvertes, de suspense, de trahisons, de pièges et de machinations machiavéliques, autant dire que ce n'est qu'un ingrédient parmi d'autres. Et les autres sont un délice eux aussi. Bref, je ne vais pas m'étendre, mais sachez qu'à votre place je serai déjà chez mon libraire (voir point 1. au dessus).

Library Jumpers est vraiment une série jeunesse très réussie. Tout le monde y trouvera les ingrédients nécessaires pour que la recette soit un succès. Tout y est savamment dosé et sa lecture est un régal. Suspense, amour, amitié et révélations se mêlent à un rythme effréné. A lire d'urgence !



Une des bibliothèque visitée pendant ma lecture ...

Manchester John Rylands library



jeudi 9 février 2017

LE FEU DIVIN de Robert Lyndon




Éditions Sonatine
736 pages
23 euros


4ème de couv :


1081. De vastes empires se livrent une guerre sans merci pour étendre leur puissance. L’Europe et ses abords sont un vaste champ de bataille : depuis le nord avec les Normands, jusqu’au sud avec les Byzantins, aucun peuple ne veut céder du terrain. Mais il se murmure qu’à l’est un empire encore plus puissant détient une arme capable de mettre le monde à genoux : une poudre noire qui explose lorsqu’on l’enflamme.

L’empereur byzantin confie une mission secrète et presque impossible au mercenaire franc Vallon. Pour conquérir cette poudre, il devra se rendre jusqu’en Chine avec une troupe de soldats bien entraînés. Il sera notamment accompagné du médecin Hero, de Wayland, un chasseur solitaire, du Viking Wulsftan, et d’un jeune Franc nommé Lucas. Chacun possède de bonnes raisons d’entreprendre ce dangereux voyage, et chacun cache ses secrets.

Cette quête, qui va durer plus de trois ans, va les mener sur des mers périlleuses et dans des déserts arides. Leur périple va prendre des tours imprévus, qui les conduiront entre autres à la recherche d’un mystérieux ermite chrétien au Tibet et au Népal. Beaucoup n’en reviendront pas vivants. Mais pour ceux qui réussiront, les récompenses pourraient dépasser toute espérance.




L'avis de Dup :

Je découvre un auteur, encore une fois à l'envers : ce Feu divin fait suite à La quête. Bon, cela ne m'a pas gênée outre mesure car les deux aventures, ou épopées plutôt, sont indépendantes. Juste que nos héros sont moins jeunes, sans doute moins fougueux. Bah, je vous le dirai quand j'aurai lu La quête, car une chose est sûre, je n'en resterai pas là avec cet auteur. Robert Lyndon s'avère un fabuleux conteur, qui vous installe au coin du feu et qui vous raconte un voyage exceptionnel, en compagnie de personnages non moins exceptionnels.

Vallon, mercenaire français au service de l'empereur byzantin va être promu Général par ce dernier, juste avant de lui confier la tâche de mener une expédition en... Chine ! Autant dire pour l'époque aux confins du monde connu. Il n'acceptera pour cette mission dangereuse et aléatoire que des volontaires et c'est une compagnie de plus de trois cents hommes, mercenaires de tous horizons, qu'il aura sous sa responsabilité.

Vallon sera accompagné de deux de ses amis qui avaient pris part aux aventures précédentes : Hero de Syracuse, médecin aujourd'hui et Wayland l'anglais, un fauconnier. Trois hommes au destin incroyable, ces personnages principaux ont été creusés, décortiqués bien évidemment. Mais l'auteur nous fera approcher bien d'autres personnages forts, marquants, passionnants, qui ponctueront ce récit.

Et au milieu de cette marée d'hommes, il y aura quand même une présence féminine. Une jeune fille du peuple du voyage qui avait été enlevée et réduite en esclavage. Libérée par l'armée de Vallon en plein désert, elle n'aura d'autre choix que suivre cette compagnie de mercenaires. Bien évidemment sa présence ne sera pas pour calmer le taux de testostérone ambiant... 

Constantinople, la mer noire, le Caucase, la mer Caspienne, l'Himalaya, le grand désert noir et enfin le fleuve jaune pour rejoindre la capitale de l'Empire Céleste. Leur but n'est pas juste une mission ambassadrice : une fois arrivés en Chine, ils doivent s'emparer de la nouvelle découverte chinoise, le poudre à canon. En Occident on en est encore au feu grégeois, d'utilisation ô combien délicate. 

Traverser la mer Caspienne sans bateau va s'avérer problématique jusqu'à l'apparition sur le rivage d'un navire viking égaré par là. L'intelligence et la rouerie de Vallon fera le reste, même s'il le paiera cher bien plus tard... 

C'est impossible de creuser plus cette lecture sous peine d'en mettre des pages et des pages. Impossible de privilégier un moment plus qu'un autre, tout était passionnant. Des paysages sublimes se déroulaient sous mes yeux tantôt émerveillés, tantôt effrayés... avoir le vertige en lisant, ça c'est fait ! Bref j'ai adoré cette lecture qui m'a dépaysée durant toute une semaine.

Je ne peux que vous conseiller de vous pencher sur les écrits de ce monsieur Robert Lyndon. Mais tant qu'à faire, ne faites pas comme moi, commencez par le début. Car malgré tout, je pense que j'ai raté certaines choses, notamment sur certains pans des relations entre les trois personnages principaux, à peine évoqués comme de vieux souvenirs, dont j'étais tenue à l'écart et qui m'ont parfois frustrée. J'en fais malgré tout un coup de coeur et me régale à l'avance de ma prochaine lecture de cet auteur.