samedi 23 janvier 2010

Terreur de Dan Simmons


1845, Vétéran de l'exploration polaire, Sir John Franklin se déclare certain de percer le mystère du passage du Nord-Ouest. Mais l'équipée, mal préparée, tourne court; le Grand Nord referme ses glaces sur Erebus et Terror, les deux navires de la Marine royale anglaise commandés par Sir John. Tenaillés par le froid et la faim, les cent vingt-neuf hommes de l'expédition se retrouvent pris au piège des ténèbres arctiques. L'équipage est, en outre, en butte aux assauts d'une sorte d'ours polaire à l'aspect prodigieux, qui transforme la vie à bord en cauchemar éveillé. Quel lien unit cette "chose des glaces" à Lady Silence, jeune Inuit à la langue coupée et passagère clandestine du Terror? Serait-il possible que l'étrange créature ait une influence sur les épouvantables conditions climatiques rencontrées par l'expédition? Le capitaine Crozier, promu commandant en chef dans des circonstances tragiques, parviendra-t-il à réprimer la mutinerie qui couve?



L'avis de Phooka:


Voila la quatrième de couverture du Dernier Dan Simmons, Terreur, un énorme pavé de plus de 700 pages. Pour être honnête, j'avoue (à ma grande honte) que je l'attaquais avec un peu de réticence. Les 700 pages écrites petit me faisaient un peu peur. Je prévoyais entre 10 à 15 jours de lecture selon mon enthousiasme.
Je l'ai fini en 5 jours !!!!
Comment décrire ce roman, mélange de roman historique et de roman d'horreur ?
Milieu du dix-neuvième siècle, l'exploration bat son plein. En particulier, l'exploration polaire. Les cartes sont encore bien imprécises et les mythes autour des pôles sont toujours bien présents. Des navigateurs intrépides partent découvrir de nouvelles mers ou de nouveaux passages vers l'Orient, n'hésitant pas à rester coincé un hiver complet dans les glaces de la banquise. La domination des mers est en jeu et c'est un enjeu suffisamment important pour y risquer des vies et des navires (
on se demande même ce qui est le plus important des deux). Dan Simmons nous raconte l'histoire de l'une de ces expéditions, sous le commandement de Sir John Franklin, un vétéran de l'exploration polaire. Fort de son expérience, il fait modifier ses navires, renforcer les coques, ajouter des moteurs et charger des tonnes de conserves pour avoir une autonomie suffisante pour enfin trouver le mythique passage vers l'orient. Il a 5 ans d'autonomie devant lui et 2 superbes bateaux : Erebus et Terror...

Et oui, le nom du roman, c'est tout simplement le nom du bateau...bien choisi quand même...

Toute cette histoire est rigoureusement vraie. D'ailleurs chaque détail a été vérifié avec minutie, ça se sent à la façon dont Dan Simmons décrit toute la vie de ces marins. On sent le souci du détail, de chaque minuscule chose. On pourrait presque penser que c'est trop lourd, que ça va « plomber » le récit, mais non c'est juste l'inverse. Ça rend le récit encore plus terriblement vivant et crédible. Je ne vais pas vous révéler grand-chose, si je vous dis que cette expédition a mal tourné et que personne ne sait vraiment ce qu'il s'est passé. Quelques « restes » furent retrouvés des dizaines d'années plus tard, mais il reste de nombreuses zones d'ombre.

Et c'est là que tout le talent de Dan Simmons entre en jeu. Il va « boucher » les trous dans l'histoire... à sa manière bien sur!! Il rajoute des personnages et construit ainsi une histoire, je devrais plutôt dire une épopée, éblouissante !!!! Pas de répit dans cette histoire, d'ailleurs dès la première page on est plongé en plein dedans ! On se prend une claque . Il fait -50°C (
n'oubliez pas vos polaires !), la « bête » qui va les traquer de bout en bout est déjà embusquée sur la banquise (une sorte d'ours blanc mâtiné d'Alien car on ne le voit jamais complètement) et on se retrouve immédiatement plongé dans cette folle aventure sans la moindre introduction ! Puis petit à petit on découvre les personnages, ces membres de l'équipage, officiers, civils ou simples matelots que l'on va suivre, apprécier, aimer même ou détester et qui sont tous dans cette même galère. On va suivre leur périple, pendant 3 ans dans les glaces, leurs espoirs, leur désespoir et leur fin, Parce que tout est tragique et je ne révèle rien en disant cela. Le livre s'écoule comme un compte a rebours. Mais au lieu d'égrener des minutes, il égrène des cadavres...
Mais la seule « terreur » ce n'est pas seulement la bête, ils devront aussi affronter le froid, la faim, la maladie, la folie, la malchance et pire que tout sans doute...l'homme lui-même. Le point fort du récit c'est qu'on le voit sous plusieurs angles, selon le marin dont on suit le parcours. Chaque chapitre nous décrit des événements à partir du point de vue d'un personnage et de lui seul. Et chacun a sa vision propre, qui n'est pas la même que celle de son voisin. Du coup l'auteur ne nous donne pas une explication, mais c'est à nous de nous faire une idée parmi les différentes explications possibles.
Dan Simmons est, à mon humble avis, un écrivain extraordinaire (
même Stephen King le dit). Il est surtout connu pour ses romans de SF (Hypérion et Endymion qui sont de vrais chef d'œuvres). Mais, toujours à mon humble avis, il n'est jamais aussi bon que dans l'horreur (lisez donc « Le chant de Kali » et dites moi que vous n'avez pas peur d'aller Calcutta !), et là il nous le prouve encore avec « Terreur ». Il a réunit tous les ingrédients classiques du roman d'horreur et ce qui aurait pu devenir un roman très banal sous la plume d'autre, se métamorphose en récit extraordinaire ! Dès les premiers pages le lecteur est happé par cette histoire! Une aventure tragique, sans la moindre pitié. On sait très bien comment cela va se terminer, on espère, on angoisse, mais on sait que la suite est inéluctable. On a peur de tourner la page, car en la tournant on sait qu'on va précipiter nos pauvres héros vers une fin tragique.

Roman angoissant, tragique, quasi véridique, hyper crédible et superbement écrit c'est un monument qu'il ne faut surtout pas laisser passer !


Terreur, parution septembre 2008. Editions Robert Laffont

8 commentaires:

Nelfe a dit…

Je l'avais vu chez mon libraire et puis j'avais hésité... Il faut dire aussi que c'est un sacré pavé en effet!
En lisant ta critique, je n'hésite plus! Hop dans ma LAL! ^^

Emeralda a dit…

Je ne désespère pas de le lire un de ces jours...

Belledenuit a dit…

Il fait partie de mon défi SF. J'angoissais un peu vu la grosseur du bouquin mais ton avis me rassure. Il me tarde quand même de le commencer.

Phooka a dit…

Franchement il ne faut pas se laisser décourager par la taille du roman. Ca se lit très vite et on ne s'y ennuie pas une seule seconde!

Dup a dit…

Je confirme! Un pavé qui se dévore d'une traite. Et on retrouve les grands frissons, les stress, et l'angoisse comme savait nous les donner le grand S. King d'avant...

Nelfe a dit…

@Dup: Alors là c'est l'argument qui tue! Je vais me le prendre! ^^

Alex a dit…

Je suis désolé de ne pas partager votre enthousiasme mais j'ai lu ce roman l'an dernier. C'est le plus mauvais Simmons à mon sens. Je me suis ennuyé du début à la fin en attendant tout le temps des rebondissements qui ne sont jamais venus. Comme leurs bateaux, je me suis pris dans la glace et suis resté gelé... J'ai du mettre deux semaines à le lire...

Phooka a dit…

On n'a pas tous les mêmes gouts hein, heureusement!
Je suis fan de Dan Simmons depuis très longtemps et franchement j'ai dévoré Terreur!