mercredi 5 septembre 2012

L'ITV participative de Sire Cédric continue ICI !



On continue donc avec ce deuxième tome !

Pour lire ou relire le premier volet de questions-réponses, 
ainsi que la géniale  bafouille de présentation de Sire Cédric
c'est ICI








Ptitetrolle :
Bonjour Sire Cédric :)
Ma question va se concentrer sur tes personnages : as-tu mis plus de toi chez Eva ou chez Alexandre, et en quoi te reconnais-tu (ou pas) chez eux ?
Est-ce que tu aurais aimé posséder toi aussi le don qu'ils ont en commun ?



Sire Cédric : 



Tout d’abord, je tiens bien à préciser que je ne cherche jamais à mettre « de moi » dans mes personnages : quand je les crée, j’essaie avant tout de créer des symboles, des personnes qui incarnent certaines choses, qui représentent ces choses à mes yeux. C’est ainsi qu’Eva et Alexandre sont nés. Ils sont les deux faces d’une même pièce. Identiques, et pourtant opposés. Ils croient en les mêmes choses. Ils réagissent de la même manière. Ils ont leurs secrets, elle comme lui. Et, forcément, ils sont faits l’un pour l’autre, même si le voyage ne sera pas de tout repos…


Je précise cela car, comme le j’ai souvent dit, j’écris pour les lecteurs, uniquement pour eux. Pour leur raconter une histoire palpitante. Surtout pas, jamais, pour me mettre en scène dans mes personnages. Il y a une littérature, prospère, pour ça. Ce n’est pas du tout ma démarche.
Ceci étant dit, quand on écrit, on se sert de son vécu, forcément. On n’a que ça pour générer l’imaginaire. Je mets donc de moi, de mes peurs, de mes expériences, dans chacun de mes romans. Ce peut être une phrase ayant été prononcée dans une discussion entre amis et qui m’a marquée, ou une idiotie entendue dans le métro, ou encore une situation abracadabrante ayant réellement été vécue qui se retrouve dans une scène ou une autre. (Pour donner un exemple, l’arrestation par les flics de Malko Swann ayant essayé de les semer, et la discussion entre eux – que certains lecteurs ont trouvée « tirée par les cheveux » – a été vécue de A à Z).
Mais une fois que ces éléments de réalité sont intégrés dans un roman, à mes yeux ils appartiennent au roman, au personnage, je ne vois plus moi-même le lien avec une quelconque réalité. Ou avec moi, en l’occurrence.
Quant à savoir si j’aimerais posséder un don de médium et voir les spectres… je ne crois pas que j’aimerais, non !





Dup :

Je rebondis sur ta réponse à Wal pour faire la grosse curieuse. Même si tu as écris et publié très jeune, tu as commencé à être vraiment connu avec L'enfant des cimetières, non ? Enfin, pour ma part c'est là que commence "mon aventure" à tes côtés ! C'est également là je pense que tu as pu commencer à en vivre non ?
Alors, ma vraie question est la suivante : qu'as-tu fait comme métier "alimentaire" avant ?

Sire Cédric : 

J’ai longtemps cherché ma voie. J’ai accumulé tous les petits boulots possibles et imaginables, à l’accueil dans une salle de gym, faire des cromalins pour une boîte de gravure et compo, des piges, des traductions, de l’accueil encore pour un cabinet médical… des petites choses souvent improbables qui bout à bout payaient le loyer d’appartements d’étudiant. À la fin, j’ai même été veilleur de nuit pendant cinq ans… Si vous avez vu le film « Le veilleur de nuit » avec Ewan McGregor, c’est exactement le boulot que je faisais, et dans un cadre à peu près similaire… J’emportais un laptop avec moi au travail et c’est pendant ces années-là que j’ai écrit la plupart des nouvelles regroupées dans mes recueils Déchirures et Dreamworld.


Bénédicte Taffin :

Bonjour, Sire Cédric.

J'avoue. Je n'ai pas encore eu le plaisir de vous lire. Par contre, j'ai eu le privilège de vous rencontrer lors des Futuriales de 2010. Je sais. Ca date. :) Et j'avais été très surprise par votre aspect gothique mais plus encore par la gentillesse qui émanait de vous.

Mais ça n'a strictement aucun rapport avec ma question. :) En fait, j'aimerais savoir comment vous travaillez. Avez-vous un lieu précis où vous écrivez ? Des rites ?

Bénédicte, curieuse.

Sire Cédric :


Chère Bénédicte,

Quand on écrit pour le plaisir des autres, je suppose qu’il faut être un vrai gentil au fond de soi ^___^

Donc, concernant mes rites d’écriture… je n’en ai pas vraiment. Chacun de mes livres a été écrit dans un endroit différent. L’un dans un minuscule studio d’étudiant à Toulouse, un autre aux Antilles, un autre encore face à un parc. Toute la fin de De fièvre et de sang a été écrite place d’Italie, dans un bureau que m’avait prêté mon éditeur pour l’occasion…

La seule chose dont j’ai réellement besoin, et ça c’est une obligation absolue, c’est de pouvoir m’enfermer dans une bulle isolée du reste du monde. Puis, une fois lancé, j’ai surtout du mal à m’arrêter de travailler. Je bois beaucoup de café en écrivant. Je suppose que cela peut être considéré comme un rite, cette présence chaude et fumante sur ma table de travail… ça, et le fait que je travaille mieux très tôt le matin.

Phooka :

Bonjour Cédric

je voudrais savoir comment tu construis tes histoires? Est ce que tout est prévu dans les moindres détails?
Quand tu as crée Vauvert et Eva (à moins que ce soit eux qui t'aient crée :)), savais tu déjà tout ce que tu leur ferais subir et quel serait le développement de leur "vie" tel qu'on peut le lire dans Le premier sang par exemple. 


Sire Cédric :

Phooka, ma manière de construire mes histoires est assez simple : je pars toujours d’une première scène qui s’impose à moi. De cette scène, quand je l’ai trouvée, découle l’idée d’un roman entier, un « feeling » de ce qu’il va être. Puis je cherche où je veux me rendre précisément. La conclusion du roman. Même si ce ne doit être qu’une idée. Et à partir de là je peux travailler…

Quand j’ai commencé à écrire Le premier sang, donc, j’avais cette image de femme mûre, à la joue ouverte presque jusqu’à l’os, des secrets terribles derrière les yeux. Et j’avais aussi la dernière page, la finalité, où je voulais que cette histoire mène. Pas rédigée (elle l’a été en dernier) mais déjà là, mot pour mot, dans un coin de ma tête. Je peux dire la même chose de  l’épilogue du Jeu de l’ombre, que je voyais précisément comme cela. Il était la conclusion, l’explication de ce roman encore à écrire. On peut donc dire que le destin de mes personnages est prédéfini.

Mais… entre les deux, alors ? C’est là que tout se joue pour eux, où rien n’est fixe pour moi. J’ai de vagues idées, bien sûr, mais rien de concret. C’est l’acte d’écrire qui façonne mes romans. J’écris chaque jour une scène après l’autre, en laissant vraiment les personnages vivre leur aventure comme ils l’entendent, me surprendre parfois, m’amuser souvent. Je coupe beaucoup, car j’écris de manière fleuve, mais je fais ces coupes au fur et à mesure de la rédaction. Trente pages d’écrites et une dizaine de conservées, pour avoir un rythme. Beaucoup d’idées rejetées pour ne conserver que celles qui me semblent fonctionner. Et j’arrive à la fin de cette manière, un pas après l’autre. La seule et unique fois où je n’y suis pas arrivé du premier coup, c’était pour L’enfant des cimetières. J’ai écrit trois fois la dernière partie du roman. D’une version à l’autre, il n’y avait rien à voir dans les faits, ni dans les lieux. Mais la toute fin était précisément celle à laquelle je pensais depuis le début. À la troisième tentative, tout coulait enfin de source.



"Je suis sincèrement désolé."
Vous n'avez pas à l'être. Sincèrement. En fait, je ne savais rien du tout sur vous ou sur vos écrit, et c'est moi qui suis partie à 200 à l'heure dans un roman "réaliste". J'avoue que je lis beaucoup de romans qui mêlent les genres...

Si les mythes et légendes auxquels vous faites allusion existent bel et bien, je suppose que les endroits que vous citez dans vos ouvrages sont réels ? Ou bien vous permettez vous à l'occasion d'en inventer ?
Et s'ils existent, comment faites vous pour les assimiler ? Visite sur place avec photo/ prise de notes, pas de visites ? car, il faut bien vous l'avouer, il se dégage des émotions particulières des lieux que vous nous faites visiter.....



Sire Cédric :


En fait, je n’effectue pas de recherches en cours d’écriture, je me contente de puiser dans les lieux que je connais déjà. Parfois des souvenirs anciens, parfois un endroit découvert par hasard quelques jours auparavant. Ils intègrent l’histoire de manière naturelle au moment où j’en ai besoin.

Même chose pour les rituels. Je me base sur ceux que je connais, dont je possède les livres (je suis collectionneur, l’ai-je précisé ?). Et je joue. Dans Le premier sang, j’ai traduit l’anglais d’Aleister Crowley en hébreux, par exemple, dans la bouche des personnages. Écrire mes romans est un acte ludique avant tout pour moi.

Cela dit, au début (et pendant des années) j’hésitais à nommer des lieux réels, je n’arrivais même pas à citer le nom des villes où se situait l’action ! Aucune n’est précisée dans mes nouvelles, je parlais toujours de « la ville », et c’est aussi le cas dans L’enfant des cimetières. La ville en question, Toulouse, n’est citée à aucun moment dans ce roman. Cela me semblait étrange, dérangeant, de nommer des éléments réels dans un roman d’horreur tel que je le concevais… Comme quoi personne n’est à l’abri des superstitions idiotes ^___^ et ce blocage est bien dépassé depuis quelques années !



Crunches :

J'ai oublié mon autre question phare... la plus importante qu'on ait jamais dû vous poser je pense :

Est ce que vous aimez les M&m's ?? 


Sire Cédric :


Je suis davantage ours en guimauve, c’est de notoriété publique ^___^



10 commentaires:

Phooka a dit…

Bonjour Cédric

je voudrais savoir comment tu construis tes histoires? Est ce que tout est prévu dans les moindres détails?
Quand tu as crée Vauvert et Eva (à moins que ce soit eux qui t'aient crée :)), savais tu déjà tout ce que tu leur ferais subir et quel serait le développement de leur "vie" tel qu'on peut le lire dans Le premier sang par exemple.

Crunches a dit…

"Je suis sincèrement désolé."
Vous n'avez pas à l'être. Sincèrement. En fait, je ne savais rien du tout sur vous ou sur vos écrit, et c'est moi qui suit parti à 200 à l'heure dans une roman "réaliste". J'avoue que je lis beaucoup de romans qui mêlent les genres...

Si les mythes et légendes auxquels vous faites allusion existent bel et bien, je suppose que endroits que vous citez dans vos ouvrages sont réels ? Ou bien vous permettez vous à l'occasion d'en inventer ?
Et s'ils existent, comment faites vous pour les assimiler ? Visite sur place avec photo/ prise de notes, pas de visites ? car, il faut bien vous l'avouer, il se dégage des émotions particulières des lieux que vous nous faites visiter.....

Crunches a dit…

J'ai oublié mon autre question phare... la plus importante qu'on ait jamais dû vous poser je pense :

Est ce que vous aimez les M&m's ??

Phooka a dit…

Est ce que l'actualité (je pense à ce qui s'est passé en Haute-Savoie hier) peut influencer votre écriture. On a l'impression que parfois la réalité est encore pire que la fiction...

deliregirl1 a dit…

Comment cette littérature s'est-elle imposé à toi plus qu'une autre ?

Anonyme a dit…

Merci, Dup, d'avoir osé pousser la curiosité aussi loin !
J'en profite pour rebondir dessus et être encore plus indiscrète !!!

Sire Cédric, tu dis avoir fait, entre autre, de l'accueil dans un cabinet médical... C'est là que me vient LES questionS suivante: quel look avais-tu à cette époque là ? étais-tu déjà gothique ? t'es gothique depuis combien de temps ?

(PS: et le nutella ? tu aimes le nutella ?)

Anonyme a dit…

oups ! j'oublais autre chose: tu dis t'inspirer d'histoires existantes pour tes romans. Pour De fièvre et de sang, là, je connais, il s'agit de "la Comtesse de sang", Erzebeth Bathory (orth ?). Une légende extra d'ailleurs, que je recommande aux amateurs de viande saignante :p

Mais pour L'enfant des cimetières ????????????

Heclea a dit…

Bonsoir Cédric :)

À mon tour de faire ma curieuse !
As-tu un roman préféré chez Stephen King ? Un truc qui te plaît particulièrement chez cet auteur ?

Dans un autre registre, tu participes souvent à des séances de dédicaces, que ressens-tu quand tu vois de longues files de fans qui attendent pour te parler ? As-tu une anecdote à nous raconter ?

Merci du temps que tu prends pour satisfaire notre curiosité ;)

Crunches a dit…

une autre question (oui, encore moi.... mais on n'est que le 9...)

Est ce que c'est vous qui choisissez à quel salon, expo vous voulez participer ? ou bien votre éditeur vous propose un certains nombre de manifestations ? ou vous les impose-t-il ?

(je sais, ça fait 3 questions... mais j'ai toujours eu du mal à me restreindre !)

PROVOST Véronique a dit…

Bonjour Cédric
En premier merci pour vos ouvrages qui sont un délice à lire et surtout au plaisir que lon prend à en discuter aprés avec des amis, vos livres se prêtent vraiment bien à cela, chacun a un avis et une vision personnelle de l'histoire et il m'est arrivé d'en discuter de longues heures.
Juste une question sur votre façon de construire vos histoires. Dans vos derniers romans le couple Alexandre/Eva revient, et on suit leur histoire avec plaisir et impatience mais pensez vous en premier à une intrigue policière et vous greffez par dessus l'histoire du couple ou alors ce sont à vos deux personnages principaux que vous pensez en premier et l'enquête ne vient qu'en second. Je ne sais pas si je suis trés claire !
Enfin merci encore et rendez vous au salon du livre 2013 où comme les années précedentes vous aurez la gentillesse de me dédicacer votre nouveau roman.