vendredi 14 juin 2013

Quatrième volet de l'interview d'INGRID DESJOURS



Pour lire et/ou relire les questions précédentes, voici les liens :


Ingrid, c'est elle, là, dessous :


Son texte d'intro aussi :))

***

Blanc. Il n'y a que du blanc autour.
Immaculé comme la page qui ne s'encre pas.
Vierge comme l'esprit qui ne s'ancre plus.
Et puis il y a ce silence oppressant que même les voix ne parviennent pas à habiter. Que disent-elles, d'ailleurs ? Elles parlent toutes en même temps. Certaines crient, d'autres pleurent. Mais toutes s'accordent à répéter, dans leur angoissante cacophonie, qu'il y a danger, qu'il faut s'enfuir.

Duuuuuupinette !
Phooooooooka !

Ça ne veut rien dire, c'est la preuve que quelque chose ne tourne pas rond dans sa tête ! Elle se demande si tel a toujours été le cas et depuis combien de temps elle est là, à se balancer d'avant en arrière, les mains dans le dos. Quelle drôle de position ! Inconfortable. Est-elle restée coincée dans cette posture alors qu'elle essayait de se gratter le dos, ou de s'apporter un peu du réconfort que son travail en solitaire lui interdit, en essayant de s'enlacer elle-même ? Il paraît bien que quand on louche, un seul coup de vent peut vous figer dans un strabisme définitif ! Du moins c'est ce qu'on raconte aux enfants, croit-elle se souvenir... bien que les histoires pour enfants, ce ne soit pas son fort. Mais l'hypothèse ne tient pas la route : il n'y a pas le moindre courant d'air ici. C'est même un miracle qu'elle respire encore tant tout semble confiné, immobile.
Elle regarde autour d'elle et soudain, elle comprend !
Les murs sont capitonnés. Il n'y a pas de fenêtre. Juste une porte minuscule qui doit être cadenassée.
Panique.
Elle voudrait crier, mais les voix dans sa tête l'en empêchent et insistent, comme pour la mettre en garde :

DUPINETTE !!!!!
PHOOKA !!!!

Ces noms-là semblent familiers. DUPINETTE ? Est-ce un code secret visant à l'avertir d'un danger imminent ? Au prix d'un effort surhumain, elle attrape les lettres au vol, s'y accroche, les mélange, les goûte et les recrache dans l'espoir de résoudre l'énigme... Dupinette = dépit tenu ? Non. Elle cherche d'autres anagrammes, se rappelle qu'après tout, c'est un peu sa spécialité, sa marque de fabrique... Mais il y a cette migraine qui menace de se déclarer si elle continue, avec des promesses de sévices si vicieux que nulle molécule, si puissante soit-elle, ne lui sera d'aucune aide. Dupinette = Tête du pin ? N'importe quoi ! C'est plutôt sa propre tête qu'elle est en train de perdre !
     Mais concentre-toi, à la fin, s'invective-t-elle !
Le son de sa voix la surprend un peu. Il faut dire qu'elle a plus l'habitude de se lire que de s'entendre... Mais elle continue. S'acharne. La migraine se déclare, s'installe, lui électrise les neurones un à un. Elle a le sentiment que son cerveau cogne à l'intérieur de son crâne pour s'en échapper. Dupinette, Dupinette. DUPINETTE = UN PETIT DÉ ! Dé ! Comme dans les dés sont jetés, comme dans Alea jacta est ! Comme pour dire que le destin est en marche et que rien ne pourra l'entraver... Encore moins une malheureuse en camisole !
La douleur lui chignole les tempes, ses yeux sont en feu :
     Pitié, que quelqu'un éteigne la lumière, hurle-t-elle enfin, à bout de forces !

Mais personne ne vient.
Elle perd connaissance.

***

Dans le couloir vert sapin, une femme en blouse blanche. Autour d'elle, quelques internes « hôtes » qui prennent frénétiquement des notes.
     Le spécimen que nous allons observer aujourd'hui présente de grave troubles du comportement, mais cela vous fera un merveilleux sujet d'étude.
     De quoi souffre-t-elle, exactement, se risque un étudiant ?
     Syndrome de personnalités multiples, accompagné d'une forte mégalomanie et de pulsions sadiques.
     Et quel est son crime ?
     Le sujet se prend pour Dieu et crée des mondes parallèles où elle torture ses personnages comme de vulgaires poupées... Elle est dangereuse. Posez-lui toutes les questions que vous voudrez, mais ne la regardez jamais dans les yeux, c'est bien compris ? JAMAIS ! Elle pourrait vous les crever, ce ne serait pas la première fois...

Tous acquiescent en retenant leur souffle. Le médecin ouvre doucement la petite porte sur laquelle le nom de la patiente contraste en lettres de sang et s'engouffre dans la pièce, accompagnée de deux infirmiers bâtis comme des bibliothèques normandes.

     Bonjour Ingrid, comment allez-vous aujourd'hui ?
     Qui... qui êtes-vous ?
     Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis la gardienne de Book en Stock et vous êtes ma pensionnaire !
     Je... ne suis pas un book en stock, je suis un être humain, proteste la pauvre folle !
     Bien sûr...
     Qui êtes-vous, répète-t-elle ?
     Vous le savez, voyons !

La patiente se concentre, le visage tordu, déformé par l'angoisse.
Le temps semble s'être arrêté. Le silence le dispute aux voix qui hurlent dans sa tête. Enfin, elle risque la réponse qui l'effraie tant, lèvres tremblantes :

     Phooka ?
     Docteur Phooka, la corrige la femme en blanc, avec un drôle d'accent.

Phooka. Ce n'est pas un nom ça, c'est une maladie ! Mais la malheureuse a beau mettre les lettres sens dessus dessous, il n'y aucune anagramme à ce mot. Alors elle tente les associations d'idées. PHOOKA = Fou cas ? Pour un psy, ça se défend, mais elle pressent qu'il y a autre chose, une signification plus terrifiante encore, et continue. Tant pis pour sa migraine qui ne peut, de toute façon, pas être pire. Fou cas = Fou « K » ? Fou, si on le prononce sans l'accent étrange du médecin, c'est Fu. FU-K = Fuca. FUCA !
Horrifiée, elle regarde sa geôlière qui lui adresse en retour un sourire narquois.

     Eh oui, ma chère. Avec moi, vous allez en chier.

Ingrid Desjours pousse un long cri, mais personne ne l'entend. Les internes-hôtes  internautes ont tous coupé le son de leur ordinateur et commencent, imperturbables, à poser leurs questions à l'auteur.

*********************

J'aurai bien aimé démarrer cette série de questions avec la même photo qu'au-dessus, mais concernant ce livre :





Donc, c'est parti pour un méli mélo : Dup / Ingrid



J'aimerais que tu nous parles de ton livre "à part" : Connexions.
A part parce que écrit avec des internautes.
Je vais te faire une liste de questions qui pourront servir de trame, mais tu n'es pas obligée de les suivre à la lettre. De toute façon, je pense que j'y reviendrai sans doute ;)
- D'où t'es venue l'idée ?


Pour commencer, ce n'est pas mon idée mais celle de la productrice de l'émission et de mon éditeur. Enfin, disons plutôt "l'idée de la reprise du procédé" car évidemment le cadavre exquis existe depuis belle lurette ! L'idée était d'inciter les gens à écrire, et peut-être même de découvrir de nouveaux talents. Comme c'est le genre "thriller" qui semblait le plus adapté à l'exercice, on m'a proposé de m'y coller. J'ai été contactée au début du printemps 2010 et nous avons alors posé les bases pour la mise en ligne, à la rentrée, de la règle du jeu.

- Comment s'est passée la mise en place ? et où ?

On m'a demandé d'écrire un premier chapitre pour lancer l'histoire, ainsi qu'une "bible" pour poser le contexte, décrire la psychologie des personnages et donner des indications pour l'écriture afin d'obtenir un ensemble relativement cohérent. Ensuite nous avons dévoilé le projet aux téléspectateurs d'Au Field de la nuit !

- A quel rythme tu avançais ?

Au rythme qu'on me demandait ! Les délais étaient souvent très courts et la tâche d'autant plus difficile que nous recevions beaucoup de chapitres !

- Combien de temps tu laissais les internautes plancher ?

Ça variait en fonction des impératifs de l'émission, ça pouvait aller de 3 semaines à quelques jours ! L'horreur ! Pour eux comme pour moi qui devais lire les propositions et les choisir en un temps record !

- Combien de textes en moyenne tu devais "éplucher" par chapitre ?


Au début une cinquantaine, puis au fur et à mesure que l'intrigue se complexifiait, il y en a eu beaucoup moins. Lorsque les internautes ont eu à peine une semaine pour plancher, on a du recevoir 2 ou 3 propositions. Choix plus rapide à faire mais pas forcément plus simple !

- Y-a-t'il eu des fois où c'était dur de trancher ? (je ne parle pas de la qualité d'écriture mais plutôt de l'orientation que pouvait prendre le récit en fonction de chacun )

Le plus dur était parfois de devoir refuser un texte mieux écrit qu'un autre, juste parce que les directions proposées ne collaient pas du tout avec le reste, ou ouvraient trop de fenêtres qu'il serait difficile de refermer !

- Tes impressions ?

Une belle expérience ! Crevante, à cause de la charge de travail (entre lecture, choix des textes, écriture de chapitres pour recadrer un peu tout ça, interventions dans l'émission...) mais passionnante. C'était vraiment formidable de voir l'histoire se tricoter à plusieurs mains. Et puis il y a eu une belle émulation entre les participants : ils communiquaient entre eux, s'envoyaient les chapitres les uns aux autres, se donnaient des conseils, s'encourageaient... J'ai été vraiment fière de pouvoir participer à ça et ravie d'aller dîner avec certains d'entre eux à l'issue du dernier enregistrement.

Ça fait plaisir aussi de voir que l'envie est là, chez les gens, à la fois de créer et de collaborer sur un projet créatif !

Au final, le rendu est vraiment bluffant. C'est un livre que j'aurai plaisir à relire je pense ( et il ne sont pas nombreux !). Alors dernière question pour l'instant : Réitéreras-tu l'expérience ??? Car oui, j'avoue que je regrette vraiment d'être passée à côté de cette aventure !

Pourquoi pas ? ;)

Note de Dup : S'il y a d'autres questions concernant "Connexions", je les regrouperai à la suite de celles-ci. 
Les questions tous azimuts peuvent se poursuivre bien évidemment, je vous rappelle qu'il y a zéro joker sur Bookenstock, profitez-en ! :))

Bertille Crochue

Bonsoir Ingrid.....Ben voui c'est......encore moi ! 

L'écriture de "sa vie dans les yeux d'une poupée" est complètement différente de tes deux premiers livres, tout en étant similaire, je veux dire par là que si on lisait "à l'aveugle" sans savoir le nom de l'auteur, on te reconnaîtrait immédiatement....Pourtant tu as créé ou l'histoire c'est créée d'une façon qui aurait pu déstabiliser voire déplaire à bon nombre de tes lecteurs ! Eh bien non ! C'est l'inverse qui c'est produit (tu aimes le danger non, tu aurais pu continuer avec Garance et Patrik non....Trop facile !)...La montée en puissance de ton écriture est fabuleuse...Nous étions accrocs, addicts, nous sommes devenus des dévoreurs impatients ! The Question...Cette écriture différente aussi bien dans les mots que dans le rythme que dans le découpage de l'histoire c'est elle imposée d'elle-même ou est-ce un choix délibéré ;-) ?

Ingrid:

Merci d'aimer ce que je fais, Bertille... vraiment. Je n'ai d'autre prétention que de toucher quelques personnes, et ça me touche en retour. 

Pour répondre à ta question, je pense que mon écriture est comme moi, elle "mûrit" ;) Donc elle prend quelques rides par ci, et se dépouille de quelques artifices par là (6 années ont passé depuis l'écriture de Echo... heureusement j'ai un peu évolué :p ) ... elle est aussi le reflet de ce que je suis à l'instant T. Le fruit de mes expériences, de mes émotions, de mes pensées... elle est mon "être au monde". Pas de démarche, de recherche particulière. Elle est moi, tout simplement :)



...Peux-tu nous dire comment c'est construit ton livre aussi bien dans l'histoire que dans l'écriture ? Pour moi lorsque je le lis, il me semble qu'il c'est construit avec ton aide, c'est à dire qu'il était là, bien réel mais ne pouvait exister sans aide...Comme si tu lui avais donné tes mots, tes mains, ta pensée etc...Comme si, il était vivant mais prisonnier et qu'il avait enfin trouvé quelqu'un pour être pour exister pour dire pour enfin naitre.....Et la naissance ou renaissance me semble double....Livre et auteur :).....En tout cas, je suis heureuse d'avoir pu lire "ce" livre, je ne dis pas ce thriller car pour moi il n'en est pas un...Il est bien plus que cela..


Ce que tu dis me fait penser à cette légende grecque : 

Un enfant regardait chaque matin un sculpteur tailler un morceau de marbre. Un jour, la sculpture est terminée et un cheval apparaît. Le petit regarde, émerveillé, et dit au sculpteur : "comment tu savais, toi, qu'il y avait un cheval dans la pierre ?" ;)

Je ne saurais pas trop expliquer comment me viennent les histoires... bien sûr à l'origine il y a les émotions, les pensées, l'inspiration, un peu de construction... mais le reste, c'est de la magie. Pour moi aussi !


Olivier BIHL

Bien voilà c'est le moment, ne vous connaissant pas, j'attendais ma fin de lecture de "Sa vie dans les yeux d'une poupée" pour vous adresser questions et impressions. Pour ces dernières, je suis toujours sous le coup du livre et toutes les images (noires) que votre style d'écriture ont parfaitement rendu et pour cela merci.
Pour les questions j'essaie de ne pas reprendre celles déjà posées par un public déchaîné (si, si)et dont je viens de survoler assidûment les quatre volets. Alors oui en vous lisant j'ai retrouvé les corrélations entre votre style et celui de mes auteurs fétiches (je pense à Lemaître particulièrement ou à Molinas) mais vous avez su creusé votre sillon et c'est un bonheur de lecture.

Ingrid:


Merci merci ! :) j'ai lu votre chronique et je suis super flattée !


Des questions restent :

- Portez vous la même réflexion sur l'image de la femme que Marc ? Parce que là c'est coton.


Ingrid:

Un jour, un journaliste qui venait d'achever le 3e chapitre de ce roman m'a demandé si j'avais "quelque chose contre les hommes". Je lui ai répondu "Mais bien sûr, et contre les femmes aussi !"XD Trêve de plaisanterie. 


Je déplore, au contraire, l'image que la société donne trop souvent de la femme. Et en me mettant dans la peau d'un "relatif" misogyne (Marc ne l'est pas tant que ça), je mets plutôt l'accent sur des clichés qui ont la vie dure, chez les hommes comme chez les femmes d'ailleurs, la misogynie n'étant pas le fait du seul chromosome Y. Mais il est vrai que je regrette aussi de voir à quel point certaines femmes sont complaisantes et collent à des caricatures qui, loin de les servir, les aliènent. Je n'ai pas plus de sympathie pour les minaudeuses, les victimes éternelles, ou les pseudo-guerrières en rivalité avec tout le monde que pour les "consommateurs" et dénigreurs de la gente féminine.


- Idem pour celle des hommes plutôt comme Barbara ou franchement comme Barbie ?


Ingrid:

Ni l'un ni l'autre, mon capitaine !Je n'ai absolument rien contre les hommes non plus, et je pourrais faire la même réponse que précédemment. Je ne suis pas de ces femmes qui estiment que les hommes sont tous des salauds ou des incapables, et qui sortent toujours avec leur gros sécateur au cas où il y aurait quelques paires de couilles à couper (excuse my french). Je ne regarde pas non plus les hommes en levant la tête comme si j'avais quoi que ce soit à leur envier.
Maintenant, l'aigri, le séducteur, ou le coq n'ont pas plus à faire dans mon entourage proche que les femmes citées ci-dessus.
J'aime les gens, quels que soient leur sexe, leur âge, leur parcours. J'évite juste les toxiques !


- Marc avance très vite dans son ressenti et le portrait psychologique de celle qu'il ne connaît pas encore. Pensez-vous que c'est l'expérience de flic ou celle de l'homme cassé qui est déterminante dans la résolution de tels crimes en série ?

Ingrid:

Je pense que pour Marc c'est un tout. Comme ce n'est pas un "poseur" et qu'il a le jeu et les faux-semblants en horreur, c'est un très bon détecteur de mensonges, un fin observateur de la nature humaine. Bien sûr ses connaissances de flic lui sont d'une grande aide pour dresser un profil psychologique, mais ce qui lui donne cette approche un peu à part et cette subtilité malgré ses airs bourrus, c'est ce qu'il a traversé d'épreuves et de souffrance.
Je crois que les coups durs cassent aussi et surtout nos certitudes, notre intransigeance. Quand on a déjà chuté, on juge moins sévèrement ceux qui sont à terre. On entre plus facilement en résonance avec eux. On se souvient qu'une personne qui se penche et tend la main peut changer le cours des choses... Et c'est cette sensibilité là qui fait de Marc ce flic terriblement intuitif et humain.


- Dans la réalité quotidienne, nos fins limiers des brigades criminelles et des mœurs ont-ils aussi facilement un tel sens du profilage ?

Ingrid:

Pour certains que je connais, oui ! Mais évidemment les choses se passent un peu rapidement dans un roman, histoire de ne pas être trop didactique et de perdre le lecteur. "Le roman est un menteur" dit-on. S'il se perdait dans trop de détails et le souci de décrire les choses dans leur véritable temporalité il serait d'un ennui mortel. Ou alors ça s'appellerait un essai !


- Avez-vous imaginé une autre issue dans ce dernier livre pour Barbara comme pour Marc ? 

Ingrid:

Non.
Oui, je suis cruelle.
Mais c'est comme ça !



Bertille Crochue


Et bien voilà que j'ai encore une question qui me tarabuste le cervelet ! Enfin une, faut le dire vite ;-).....Bon allez: Tu aimes les BD ? Ahhhh si oui....Lesquelles...Enfin quelle sorte de BD ? J'en ai quelques unes du genre fantastique avec des dessins à couper le souffle...Sinon BD classiques ? Tous genres ? Tu attaches de l'importance au texte, au dessin ? Plus à l'un qu'à l'autre ou les deux ? Qu'est-ce qui fait qu'une BD t'attire, attire ton regard sans connaître l'auteur, le dessinateur, le thème ? "Houla oups" j'avais dis une question et voilà, vlan, y'en a.......Et encore je me retiens hein !!!!

Heu.......A bientôt Ingrid.....
Merci Ingrid ;-)
Bertille

Ingrid:


Alors Bertille je sens bien que je vais te décevoir mais je suis une quiche totale en BD !
Je n'ai pas eu "l'éducation BD"... J'ai donc beaucoup de lacunes en la matière. Quel regret ! Et quelle chance aussi de pouvoir découvrir cela maintenant ! J'aime le dessin et ce qu'il peut exprimer. Je pense qu'ici c'est le texte qui doit être au service de l'image et venir juste en renfort, sans être trop présent pour ne pas brouiller le message... mais ce n'est que mon avis de néophyte ! Les couvertures qui m'attirent sont en général assez sombres, l'univers fantastique ou poétique. Je m'attache aussi à l'aspect matériel de l'ouvrage : j'aime les grands livres tous doux ! Grâce à un ami, j'ai découvert récemment "Au pays de la mémoire blanche" de Carl Norac et Stéphane Poulin : j'ai beaucoup apprécié le rythme et les illustrations. J'aimerais bien lire The Walking dead, aussi, puisque je connais son adaptation télévisuelle... Sinon, un de mes petits plaisirs au moment du café matinal, c'est de me promener sur mes blogs bédés préférés :) (Bouletcorp, Maliki, Cha Bédé, Yap, Grumeautique, Mon maçon était illustrateur, Autobiographiction, Cat versus Human)


deliregirl1

Voilà un concept très original, je suis curieuse d'en voir le résultat.

Par contre ce ne fut pas trop difficile de laisser d'autres personnes s'approprier l'idée de départ. Ou de devoir modifier un texte qui ne vous appartient pas vraiment ?


Ingrid:



Non, dans la mesure où l'histoire a été créée dans ce but là. Elle n'était pas juste pour moi mais pour tout le monde... En revanche, parfois, je me sentais dépossédée de quelque chose quand certains participants essayaient de plaquer leur style sur le mien. Je préfère l'originalité et n'appréciais pas vraiment cette impression qu'on me tendait un miroir pour influencer mon choix ;)
Quant au travail "d'editing" comme on dit, il fut, quant à lui, hyper enrichissant ! J'ai pu passer de l'autre côté de la barrière et m'apercevoir à quel point le travail de mon éditeur était pénible ! Ça demande un sens de la diplomatie qui peut parfois me faire un peu défaut... :)


Pierre Faverolle

Salut Ingrid, je n'ai encore pas lu connexions mais j'ai deux trois autres questions sur ton petit dernier.

Ingrid:

Salut Pierre !
Merci pour ta très belle chronique :)


Les premières scènes sont très dures. Les as tu particulièrement travaillées ? 

Ingrid:


En général, plus les scènes sont dures, moins j'ai besoin d'y passer du temps, justement. Ça jaillit tout seul pour ainsi dire ! Ce que j'ai particulièrement travaillé, en revanche, c'est le moment où la poupée s'anime... parce que je souhaitais que ce soit le plus crédible possible, qu'on ne bute pas sur ce passage, qu'il semble naturel. Et ce n'était pas si évident !
D'ailleurs, j'ai l'impression a posteriori que ces premières scènes n'ont pas été écrites en premier. D'où ma deuxième question : comment as tu construit ce livre, dans quel ordre l'as tu écrit ?

Ingrid:

La première scène que j'ai écrite est la scène du viol, donc le troisième chapitre. Je l'avais en tête depuis un moment, et avant même de savoir où tout cela allait me mener, j'ai eu besoin de l'écrire : cette scène est la clé de voûte du roman.
Sinon, j'ai écrit de façon chronologique... du premier au dernier chapitre... en gardant en tête la construction, les digressions vers la folie, les éléments passés et à venir... mais comme j'ai écrit sur une durée relativement courte tout était bien en mémoire ;) 
Pour ce qui est de la construction : je savais comment tout cela allait finir et je n'ai eu qu'à me laisser guider par une structure extrêmement claire dans mon esprit, tout en prenant soin de disséminer, ici et là, quelques "indices" relatifs à la révélation finale... et à me laisser aller au plaisir d'écrire !


Enfin, tu utilises le présent pour la narration. Ce choix fut il difficile et y a-t-il une raison particulière ?
Merci beaucoup


Ingrid:

Je n'ai pas vraiment réfléchi au temps de la narration quand j'ai attaqué le roman : ce n'était pas un postulat de départ, c'est venu comme ça !
Il s'est imposé comme une évidence, au moment où j'ai écrit, peut-être parce que suivre les événements et les personnages en "temps réel" aide à saisir plus pleinement toute leur détresse, leurs rêves et l'inéluctabilité de leur destin ? Je pense que ça permet au lecteur de se mettre plus facilement en empathie avec les personnages... de se projeter en eux, de partager les mêmes espoirs, les mêmes désirs, les mêmes craintes.



Merci à vous tous pour ces questions extrêmement intéressantes ! C'est un plaisir d'y réfléchir avec vous :)

9 commentaires:

Pierre FAVEROLLE a dit…

Salut Ingrid, je n'ai encore pas lu connexions mais j'ai deux trois autres questions sur ton petit dernier.
Les premières scènes sont très dures. Les as tu particulièrement travaillées ?
D'ailleurs, j'ai l'impression a posteriori que ces premières scènes n'ont pas été écrites en premier. D'où ma deuxième question : comment as tu construit ce livre, dans quel ordre l'as tu écrit ?
Enfin, tu utilises le présent pour la narration. Ce choix fut il difficile et y a-t-il une raison particulière ?
Merci beaucoup

Olivier Bihl a dit…

Ma chronique sur le partenariat ; http://passiondelecteur.over-blog.com/-sa-vie-dans-les-yeux-d-une-poup%C3%A9e-ingrid-desjours-partenariat-book-en-stock

deliregirl1 a dit…

Voilà un concept très original, je suis curieuse d'en voir le résultat.

Par contre ce ne fut pas trop difficile de laisser d'autres personnes s'approprier l'idée de départ. Ou de devoir modifier un texte qui ne vous appartient pas vraiment ?

Olivier Bihl a dit…

Bien voilà c'est le moment, ne vous connaissant pas, j'attendais ma fin de lecture de "Sa vie dans les yeux d'une poupée" pour vous adresser questions et impressions. Pour ces dernières, je suis toujours sous le coup du livre et toutes les images (noires) que votre style d'écriture ont parfaitement rendu et pour cela merci.
Pour les questions j'essaie de ne pas reprendre celles déjà posées par un public déchaîné (si, si)et dont je viens de survoler assidûment les quatre volets. Alors oui en vous lisant j'ai retrouvé les corrélations entre votre style et celui de mes auteurs fétiches (je pense à Lemaître particulièrement ou à Molinas) mais vous avez su creusé votre sillon et c'est un bonheur de lecture.

Des questions restent :

- Portez vous la même réflexion sur l'image de la femme que Marc ? Parce que là c'est coton.
- Idem pour celle des hommes plutôt comme Barbara ou franchement comme Barbie ?
- Marc avance très vite dans son ressenti et le portrait psychologique de celle qu'il ne connaît pas encore. Pensez-vous que c'est l'expérience de flic ou celle de l'homme cassé qui est déterminante dans la résolution de tels crimes en série ?
- Dans la réalité quotidienne, nos fins limiers des brigades criminelles et des mœurs ont-ils aussi facilement un tel sens du profilage ?
- Avez-vous imaginé une autre issue dans ce dernier livre pour Barbara comme pour Marc ?

Olivier Bihl a dit…

Merci de vos réponses et très instructives.
L'idée des suites à vos livres et notamment à celui que j'ai lu vous séduit-elle ?Faire de Marc un inspecteur aux aventures renouvelées, est-ce possible ? Un peu à la manière de Camilla Läckberg, d'un Mankell ou d'un Adler-Olsen ? Que pensez vous de ces auteurs scandinaves qui assaillent, avec talent, nos librairies et PAL ?

Dup a dit…

Euh, monsieur Olivier, j'ai déjà réclamé une suite au couple Garance/Vivier en preum's hein !!!
:))

Olivier Bihl a dit…

Oh pardon, je m'incline devant toi Grande Dup pour ton esprit et .... m'associe à ta demande lol....

Dup a dit…

Ah ben tout de même !!!
=D

Anonyme a dit…

Ce "mois de" est décidément fort intéressant !

Autres questions de curieuse:

-que lisez-vous en ce moment ?
-quel(s) livre(s) vous font envie ?

-quels artistes écoutez vous en moment ? Et habituellement ?
-et quand vous écrivez, besoin de silence, de gros hard rock qui tache ou de trémolos suaves et enivrants ?