Éditions Fleuve noir
598 pages
21,90 euros
4ème de couv
" Pour la plupart des gens, le rêve s'arrête au réveil. "
Si ce n'étaient ses cicatrices et les photos étranges qui tapissent les murs de son bureau, on pourrait dire d'Abigaël qu'elle est une femme comme les autres.
Si ce n'étaient ces moments où elle chute au pays des rêves, on pourrait jurer qu'Abigaël dit vrai.
Abigaël a beau être cette psychologue qu'on s'arrache sur les affaires criminelles difficiles, sa maladie survient toujours comme une invitée non désirée. Une narcolepsie sévère qui la coupe du monde plusieurs fois par jour et l'emmène dans une dimension où le rêve empiète sur la réalité. Pour les distinguer l'un de l'autre, elle n'a pas trouvé mieux que la douleur.
Comment Abigaël est-elle sortie indemne de l'accident qui lui a ravi son père et sa fille ? Par quel miracle a-t-on pu la retrouver à côté de la voiture, véritable confetti de tôle, le visage à peine touché par quelques bris de verre ? Quel secret cachait son père qui tenait tant, ce matin de décembre, à s'exiler pour deux jours en famille ? Elle qui suait sang et eau sur une affaire de disparitions depuis quelques mois va devoir mener l'enquête la plus cruciale de sa vie. Dans cette enquête, il y a une proie et un prédateur : elle-même.
L'avis de Dup :
Abigaël et une fille du Nord et c'est à Lille qu'elle a ouvert son cabinet. Elle est psychologue, spécialisée en criminologie et c'est très fréquemment qu'elle seconde la section de recherche de la gendarmerie de Villeneuve-d'Ascq. Abigaël est une jeune femme forte, qui s'est élevée quasiment toute seule, une mère décédée alors qu'elle était enfant et un père toujours absent, travaillant aux douanes, couvrant les trafics en tous genres mais surtout de stupéfiants. Et aujourd'hui, elle élève seule une gamine de 13 ans, Léa.
Pourtant elle a une sacrée béquille Abigaël, depuis qu'elle est toute petite elle souffre d'une forme grave de narcolepsie. Outre le fait que ses journées sont ponctuées de petites siestes d'un quart d'heure durant lesquelles elle rêve ou cauchemarde, elle est sujette également à des crises de cataplexie. Une émotion forte, que ce soit de tristesse, de bonheur ou de peur et elle tombe, en vrac. Vidée de tout tonus musculaire, une sorte de paralysie flasque dont la durée est variable mais pendant laquelle elle reste parfaitement conscience. Juste incapable du moindre mouvement, même si en tombant elle s'est cassé ou tordu quelque chose comme c'est souvent le cas. Pour contrer ces crises, les espacer au maximum, elle est soignée au Propydol. Ce médicament plus connu sous le nom de GHB ou la drogue du violeur, qui à haute dose inhibe la volonté et efface la mémoire. Ce sont des micro-doses qu'elle doit prendre, mais elle se rend compte que malgré tout, l'impact sur ses souvenirs est bien réel. Sa jeunesse n'est plus qu'un trou noir.
Depuis presque un an, elle seconde la gendarmerie sur une affaire d'enlèvement d'enfants. Le criminel l'a annoncé, il y en aura quatre, ni plus, ni moins. Trois sont déjà entre ses mains... Nous sommes le 5 décembre 2014 lorsque le roman commence. Franck Thilliez va nous balader dans un espace-temps assez court, entre deux dates clés. Le 6 décembre où aura lieu un terrible accident, Abigaël s'en sortira avec quelques contusions mais son père et sa fille décéderont. Et le 24 juin 2015, la fin de l'enquête, la fin de la quête d'Abigaël pour comprendre la tourmente dans laquelle elle est plongée. On va faire sans arrêt des allers-retours sur cette ligne du temps, mais sans aucun artifice du genre flash-back and co, juste un point de repère au début de certains chapitres. C'est déstabilisant au début mais ça fonctionne plutôt bien. Il faut juste s'accrocher et bien suivre. À l'instar de L'anneau de Moebius ce n'est pas une lecture que l'on peut étaler dans le temps et reprendre facilement.
Et pour brouiller les cartes, il est très fort l'ami Thilliez. Il se sert de la narcolepsie de son personnage principal pour passer du rêve à la réalité, ou plutôt du cauchemar à la réalité devrais-je dire, sans qu'aucun indice ne le signale. On vit donc nous aussi avec cette maladie, on est aux premières loges et c'est juste incroyable, flippant. Les rêves d'Abigaël sont tellement réels, que comme elle, on ne sait plus distinguer le vrai du faux. Et comme elle, on a envie de se faire mal pour savoir si tout cela est vrai ou non, car c'est la seule façon d'être sûr qu'on est bien éveillé : éprouver de la souffrance.
Et bien sûr, les circonstances de cette terrible affaire de kidnapping, qui se mêlent avec les points d'interrogations concernant l'accident et le passé dangereux, si ce n'est douteux, de son père, embrouillent encore plus le tout !
Mais l'auteur a fait en sorte que son héroïne soit super attachante. Malgré toutes les épreuves que la vie lui a fournies, elle reste une battante. Et lorsqu'il la malmène encore et la jette dans la tourmente, on ne peut que la suivre, car on a envie de l'aider, envie de la voir sortir enfin la tête hors de l'eau.
Monsieur Thilliez vous êtes vraiment machiavélique. J'aurais adoré assister à la genèse de ce roman dont l'intrigue est tordue et complexe. Vous avez vraiment l'art et la manière de créer de grands psychopathes qui sont épouvantables tant ils sont crédibles de par leur vécu. Vous avez l'art et la manière surtout de brouiller les cartes pour ne pas faciliter la tâche du lecteur. Car oui, c'est une lecture qui se mérite ce REVER. Il faut s'accrocher mais franchement, la récompense se trouve au bout ! Gros coup de cœur ! Foncez, il sort le 26 mai !
4 commentaires:
Ce dernier Thilliez m'a tout l'air parfait!
j'ai hâte de le lire je suis une fan de Frank Thilliez -
merci et bonne fin de journée
Toujours aussi bon :) !
j'ai adoré, comme d'habitude :)
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