lundi 13 avril 2015

Quatrième volet de l'interview de Manon Fargetton




Les premières pages de cette ITV se trouve ICI, le second 





Bonjour, tous !


Première révélation d'importance : je n'aime pas les interviews.

(oui, je me suis dit que j'allais balancer cette information politiquement incorrecte d'entrée de jeu, comme ça c'est fait...)

Mon problème n'est pas l'idée de l'interview – je trouve ça chouette de pouvoir parler de mon travail et échanger avec mes lecteurs. C'est juste que ça prend un temps fou. Enfin, pour moi, parce que je n'aime pas répondre à moitié, ni répondre trois fois la même chose quand on me pose trois fois la même question dans des interviews différentes. J'aime bien creuser un peu, quoi.


Sauf que vous n'avez pas vue la tronche de mon planning (et vous ne la verrez pas, c'est personnel une tronche de planning, namého!). En plus de l'écriture, j'ai un autre métier : la régie lumière au théâtre ; je tente en parallèle de me remettre à la musique que j'ai délaissé ces dernières années ; et j'essaye aussi, parfois, un peu, d'avoir une vie personnelle. Par conséquent, lorsque je suis en train de répondre à une interview, surgit toujours dans ma tête une petite voix perfide qui me lance, au choix :


- Tu ne ferais pas mieux d'avancer sur ton bouquin en chantier, là ? T'as déjà du mal à trouver assez de temps pour écrire, qu'est-ce que tu fous à te demander si oui ou non Dune est ton roman préféré ever ? (ce à quoi je rétorque un timide : mais c'est important... et puis on attend ma réponse..., réflexion aussitôt mouché d'un « plus important que ton bouquin ? » devant lequel je m'incline sans plus de discussions.)


- Dis, tu ne devrais pas plutôt appeler le théâtre dans lequel ton spectacle joue la semaine prochaine pour vérifier qu'ils ont bien loué tout le matériel dont tu as besoin ?


- Tu ne crois pas que ton violoncelle en a marre de rester dans sa boîte ? Moi, à sa place, j'en aurais marre. Et puis tu vas encore devoir refaire toute la corne au bout de tes doigts...

- Tu ne ferais pas mieux de profiter de l'heure que tu as devant toi pour aller changer les ampoules chez ta mère comme elle te l'a demandé il y a trois semaines ?

- Et tes nièces, tu ne les as pas vu depuis combien de temps, tes nièces. Ouais. Bien ce que je pensais. Tata indigne.


Bref.
Vous voyez l'idée.



C'est pourquoi quand Dup et Phooka m'ont proposé d'être l'invitée du « mois de »... j'ai accepté avec enthousiasme !



Pas logique ?

Mais si ! J'ai fait un calcul savant (oui, on peut écrire des romans ET avoir fait un bac S!) qui a aussitôt relégué la petite voix perfide aux oubliettes de mon cerveau : si je prends le temps de répondre à toutes les questions imaginables durant un mois entier, je suis tranquille pour au moins un an ! Ben oui, quand on me demandera une interview dans ce laps de temps, je pourrais renvoyer mon interlocuteur vers ce blog avec un sacré défi : « trouvez-moi une seule question, en lien avec mes romans ou l'écriture (faut quand même pas déconner), que l'on ne m'a pas posée ici, et alors okay, j'accepte de vous répondre ».

Et j'espère bien que l'interlocuteur pré-cité n'en trouvera aucune.

Parce que c'est votre mission, qu'il n'en trouve aucune.

Je compte sur vous.

Et ça commence maintenant !




Heu...

Oui, alors en fait, ça ne va pas commencer maintenant-maintenant, rapport à la tronche du planning dont je vous parlais plus haut ; parce que là, tout de suite, je suis quelque part dans le Limousin pour assurer la régie lumière d'un super spectacle, et on est logée à un endroit où il n'y a pas de connexion internet. Voilà voilà. Du coup, ben, rendez-vous à mon retour, le 4 avril !



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Chica :

Huuum j'avoue! Quand j'ai vu la taille de mon message je me suis dit aie aie XD

Aah bah j'allais justement te demander une anecdote de salon en plus! Celle que tu viens de nous raconter est extrêmement touchante <3 data-blogger-escaped-br="" data-blogger-escaped-quoi="" data-blogger-escaped-wouah="">
Puisque tu parlais de tes différents éditeurs et du fait que parfois tu écris un roman en ayant en tête la collection ou maison d'édition pour lequel il sera j'ai une petite question : comment s'est passée ton arrivée chez Rageot et chez Bragelonne? Je suis curieuse ^^ d'ailleurs j'ai beaucoup aimé aussi la façon dont tu y es allée au culot pour Mango!!! Mdr

Enfin (après j'arrête ^^) puisque tu veux bien en parler, je vais poser une question que l'on se pose certainement tous à un moment : la plupart des auteurs ont un autre emploi, on en conclue que vous ne devez pas percevoir énormément sur les ventes des livres non?

Aaah et j'ai une dernière question! Tu as parlé de tes illustrations de couverture de june plus haut : cmt cela se passe-t-il pour le choix de tes couvertures? Y participes-tu et as-tu ton "mot à dire" ou pas? (ce qui peut être un choix de ta part aussi ;) )

Merci pour tes réponses tjs aussi fournies et passionnantes! Bon week-end! :) 


Manon :


Pour Rageot, il me semble que j'en ai un peu parlé dans une question précédente : j'ai rencontré Agnès Guérin, l'une des éditrices de Rageot, dans une journée organisée autour du roman jeunesse à Besançon. J'y étais en tant qu'auteur, elle en tant qu'éditrice. Non seulement j'ai aimé ce qu'elle a dit ce jour-là lors des tables rondes (et je crois que c'était réciproque), mais on a bien accroché personnellement. Les premiers Rageot Thriller venaient de paraître, et cette idée d'hybrides traînait déjà dans un coin de ma tête, donc je lui ai demandé si je pouvais lui envoyer un synopsis. Quelques jours plus tard, elle avait mon projet de thriller sur sa boîte mail ! Suite à ça, j'ai rencontré toute l'équipe, et en particulier Caroline Westberg. On a très vite discuté de ce que je voulais faire, d'où je voulais aller en tant qu'auteur, à moyen terme. Pas juste un bouquin. Mais ensuite. ça m'a vraiment donné l'impression d'arriver "à la maison", et ma fidélité à Rageot est entière. ça ne veut pas dire que je ne publierai jamais de roman jeunesse ailleurs (il se peut que j'écrive un jour des textes qui, même en jeunesse, ne trouvent pas leur place chez eux), mais je leur proposerai toujours mes projets jeunesse en premier.

Pour Bragelonne, ça date d'il y a bien plus longtemps que ça. Après Aussi libres qu'un rêve, je n'ai pas publié pendant six ans. Ce qui ne signifie pas que je n'ai pas écrit ! Et entre autres, je me suis lancée dans un texte que j'avais vraiment besoin d'écrire. Rapidement, j'ai eu besoin d'en parler avec quelqu'un de neutre, pas un ami ou de la famille, quelqu'un qui ne me connaisse pas et me découvrirait par cette histoire. Stéphane Marsan, que j'avais rencontré en salon, a accepté de tenir ce rôle. On savait, lui comme moi, que ce roman n'était pas pour Bragelonne, et quand je l'ai terminé, il n'était pas question de publication. Je crois que c'est le seul texte que j'ai écrit pour moi, et qui restera au fond de mon disque dur.

Des années plus tard, alors que ce qui allait devenir L'Héritage des Rois-Passeurs ne se résumait encore qu'à deux images (deux rêves, dont je savais qu'ils allaient ensemble sans savoir encore comment), je suis allée le voir lors des Imaginales en lui disant "Cette fois, je crois que j'ai un projet qui pourrait être pour Bragelonne", et je lui ai décrit ces images. On en a reparlé l'année suivante, j'avais développé mon projet, mais je n'en étais pas encore au temps de l'écriture. Puis je lui ai envoyé les premiers chapitres, et après une longue discussion (durant laquelle on a aussi évoqué le "où veux-tu aller ? Que veux-tu faire à moyen terme ?"^^), Stéphane m'a dit "Okay, je le prends pour Bragelonne.".

Alors, parlons argent (boooouh, le gros mot !). En jeunesse, le pourcentage de l'auteur se trouve généralement entre 5 et 8% du prix du livre papier. En adulte, c'est plutôt entre 7% et 10% (il y a SUREMENT une bonne raison à cette différence. Si vous la trouvez, n'hésitez pas à m'en faire part ! ^^). Après, quand tu vends beaucoup, tu peux tenter de négocier plus. Et souvent, ce pourcentage est échelonné (par exemple : 6% jusqu'à 10 000 exemplaires vendus, 7% jusqu'à 50 000, 8% jusqu'à 100 000).
Donc, histoire d'être concrète, sur un roman vendu environ 10 euros, je gagne 60 centimes. (wouhou ! un carambar !)
Heureusement, je ne dois pas attendre que mes romans soient vendus pour toucher de l'argent. Il y a ce qu'on appelle un "à-valoir", qui est une avance sur les droits d'auteurs. Elle se situe pour moi (selon les romans et les maisons d'édition) entre 2400 et 3500 euros brut. Parfois, elle est versée d'un coup à signature du contrat, mais le plus souvent, en plusieurs versements (à signature, à rendu du texte, à parution...). Pourquoi est-ce une "avance" ? Parce que ça correspond à mes droits d'auteur sur un certain nombre d'exemplaires vendus.
Le calcul est simple !
3000/0,60 = 5000
Ce qui, pour les handicapés des maths, signifie que mon roman à 10 euros sur lequel je gagne 60 centimes, eh bien pour rembourser mon avance, je dois en vendre 5000 exemplaires. Mais si mon roman est à 20 euros, je dois en vendre 2500. Sauf que comme il est plus cher, l'éditeur risque d'en vendre moins. Ça va, vous suivez ? ^^
Si je n'atteins jamais ce nombre de vente, je garde mon à-valoir de toute façon. Si je le dépasse, l'éditeur me reverse des droits chaque année tant que le roman continue de se vendre - et c'est ce qui, selon moi, permet d'en vivre : cumuler les à-valoir des romans en cours d'écriture avec les droits de romans plus anciens. Si on ne compte que sur les à-valoir, c'est chaud...
Sauf que la moyenne des ventes sur un roman, en France, à l'heure actuelle, tous genres et toutes maisons confondues, doit tourner autour de 500 exemplaires vendus. On sait que certains se vendent beaucoup plus. Ce qui signifie que d'autres ne passent jamais la barre des 100 exemplaires vendus. (Ce qui explique que certaines petites maisons d'édition ne pratiquent pas l'à-valoir, et ne payent qu'après coup, sur les ventes réelles. Mais il est impossible de vivre de l'écriture - même en partie - avec ce fonctionnement.) Donc rembourser son à-valoir est loin d'être une évidence. Et vivre de sa plume, par conséquent, encore moins.

Une autre façon de s'en sortir (mieux) financièrement, surtout en jeunesse, c'est de faire des rencontres scolaires, qui sont bien payées. Mais là encore, on ne décide pas de faire une rencontre, c'est le collège qui t'invite, donc tu ne peux pas maîtriser combien d'interventions tu feras durant une année, et ça peut énormément varier d'une année sur l'autre.

Donc à moins d'avoir écrit un best-seller sur lequel tu peux vivre durant plusieurs années, ou à moins de choisir la galère (il y en a), la plupart d'entre nous ont un autre boulot, oui ! ;)


Concernant les couvertures de mes romans, ça dépend des éditeurs. Chez Rageot, je n'ai pas mon mot à dire. C'est eux qui choisissent l'illustrateur et/ou l'illustration. Chez Bragelonne, je donne mon avis. En fait, les deux fonctionnements ont leurs travers, il n'y en a pas d'idéal. La couverture est de toute manière, par contrat, la prérogative de l'éditeur (c'est lui qui vend le livre, donc c'est lui qui décide à quoi ressemble l'objet). En ne donnant à l'auteur aucun droit de regard, tu appliques le contrat à la lettre. Mais je ne suis pas toujours à l'aise quand on me demande mon avis. L'image, ce n'est pas mon métier. Du coup, je ne sais pas forcément comment communiquer autour d'une image. Il m'est arrivé de donner mon opinion, et de voir arriver la version suivante de la couverture, qui n'avait rien à voir avec ce que j'avais en tête, mais qui correspondait quand même à mes remarques, et là, tu t'arraches les cheveux ! (ce n'est pas ce que je voulais diiiiiire !). Au final, quand on ne te demande pas, ça te dégage de toute responsabilité. Mais si tu n'aimes pas ta couv, eh ben, tu l'as dans l'os... ^^





Vite vite je pars travailler dans 5 minutes (que c'est dur le dimanche!! aaa) Bonjour ^^



Je n'aurai pas penser à parler rémunération dans mes questions, mais puisque tu le soulèves :p

Je me demandais si à la signature du contrat tu touchais déjà un montant ou si c'était exclusivement une fois le roman paru et que tu touchais les bénéfices? (que j'imagine bien maigre d'ailleurs)

As-tu des retours par tes éditeurs régulièrement sur les ventes de tes livres?

Tu as reçu quelques prix déjà pour notamment Le suivant sur la liste, cela influence-t-il les ventes? En tout cas c'est une belle récompense :)

Plus qu'une minute !!! bon dimanche :) 



Manon :


Oui, le travail le dimanche (et le samedi, le soir, les vacances scolaires...), je connais bien !
J'ai déjà répondu sur la rémunération juste au dessus (décidément, vous êtes synchro dans vos questions, toutes les deux !). Petite précision tout de même : il est super compliqué pour un éditeur de savoir précisément combien de romans ont été vendus. Il y a des estimations, mais la seule chose dont ils sont sûrs, c'est ce qui n'est pas dans leur stock. Sauf que ce qui n'est pas dans leur stock, ça peut autant être vendu, qu'en train de traîner sur l'étagère d'un libraire, et les libraires peuvent retourner les romans invendus à l'éditeur. Donc chaque année, en recevant mes relevés de compte, j'ai une idée des ventes du roman, mais ce n'est jamais un chiffre sûr, c'est une estimation.
Les prix que j'ai reçu pour mon premier roman, Aussi libres qu'un rêve, ont je pense influé sur ses ventes (ça reste à ce jour mon roman qui s'est le mieux vendu). Concernant Le suivant sur la liste, je pense que ça joue, oui, mais je n'en aurai pas la certitude avant un an ou deux - rapport à ce que je t'expliquais juste au dessus.






Allisonline :



Raaaaaaaaah trop de tentations, maintenant je vais craquer sur June aux Imaginales, voilà ! (je fais genre je suis énervée et tout mais je suis trop contente d'avoir une excuse, hein)
Merci pour l'anecdote, elle est vraiment très touchante. Et merci pour tes loooongues réponses, cette interview est vraiment très intéressante :D Bon, ça m'embête aussi parce que je ne sais plus quoi demander maintenant...
Enfin, je me demandais tout de même ce que ça impliquait d'être chez plusieurs maisons d'édition ? Niveau logistique en salons, envoie de manuscrits, tout ça. Je ne suis pas précise volontairement, je veux une longue réponse moi aussi niark niark !
(et moi aussi j'adore la couverture de Marc Simonetti, j'ai hâte de lire le passage concerné maintenant !)


Manon :


Surtout qu'aux Imaginales j'aurai mes beeeeaux tampons encreurs spécial dédicace ! :D(oui, je te donne une excuse de plus pour craquer ! De rien ! ^^)





Être chez plusieurs maisons d'édition n'est pas si compliqué. Déjà, ça multiplie les possibilités de salon (ce sont souvent les éditeurs qui règlent les frais de transport et d'hébergement des auteurs en salon, donc deux porte-monnaie = plus de salons !). En revanche, ça veut souvent dire ne pas avoir tous ses romans sur la table de dédicace, puisque si tu es sur le stand d'un éditeur, tu as (sauf exception) uniquement les romans parus chez lui - ce qui n'empêche pas les lecteurs d'arriver avec un autre roman pour le faire dédicacer ! ;) Et puis bon, je n'ai pas non plus quinze maisons, j'en ai deux : une jeunesse, une adulte. Jusqu'ici, c'est assez simple. De même que l'envoi des projets, qui correspondent dès le départ à un lectorat ou à l'autre...



Olivier :

Bonjour Manon, tant de bonnes questions déjà posées et pour moi deux livres de toi déjà dévorés et comme on aime, on ne compte pas après " Le suivant sur la liste" et "La Nuit des Fugitifs" (rappel avis sous http://passiondelecteur.over-blog.com/2015/04/le-mois-de-est-revenu-chez-book-en-stock-et-avec-manon-fargetton.html), je m'attaque à mes acquisitions trouvées en occas d'" Aussi libres qu'un rêve" et l'intégralité de la trilogie " June". Autant de styles différents et une vocation de chanteuse me laissent sans voix et avec une furieuse envie de me glisser dans ton pc ou tes brouillons en cours. D'ailleurs en phase d'écriture tu tapes tes idées sous forme de plan ? directement sur pc ou tout simplement sur des feuilles ou un cahier ? Je remarque (ais-je tort ?) tu n'es pas de nature très optimiste sur l'humain, non ? Quelles seraient pour toi tes œuvres les plus positives ? Merci d'avance de tes réponses.

Manon :


Eh ben ! Tu vas bientôt avoir dévoré l'intégralité de ma bibliographie ! :D

J'ai déjà en partie répondu à ta question dans ma réponse à Licorne :

"Je fonctionne beaucoup en mémos sur mon téléphone (c'est toujours un problème quand je dois en changer ^^). Quand je commence à travailler sur un roman, dans la phase préparatoire à l'écriture, je griffonne sur des feuilles blanches ou des fiches cartonnées, puis je passe à l'ordinateur pour mettre en ordre mes notes. Après ça, je ne reviens au papier que si je bloque sur un point et que j'ai besoin de me faire des petits schémas avec des flèches dans tous les sens (pour clarifier des liens de cause à effet, ou les différents arguments logiques à développer dans un monologue par exemple.) Parfois, sur le trajet du retour après une session d'écriture, mon cerveau fonctionne encore à fond, et de nouvelles scènes / dialogues / idées sur le roman en cours me viennent, que je prends en note sur mon téléphone pour les retranscrire plus tard à l'ordinateur..."

Pendant la phase d'écriture, je garde ouvert le fichier qui contient mon travail préparatoire pour pouvoir m'y référer au besoin, et sinon, je fonctionne sur un seul fichier de traitement de texte. J'écris de manière chronologique, mais j'ai toujours des bouts de scènes qui me viennent en cours de route, des fragments de dialogues, que je note à la fin de mon fichier en essayant de les agencer à peu près dans l'ordre, et que j'intègre au fur et à mesure de mon écriture. Du coup, il est rare que je commence à écrire une scène sans avoir aucun matériel textuel, j'ai presque toujours déjà une phrase, une image, une réplique... ça m'évite l'angoisse de la page blanche ! ;)

Je ne suis pas d'accord avec toi, je pense être bien plus optimiste sur l'humain que beaucoup d'auteurs, tout comme sur la technologie d'ailleurs (cf ce que je disais sur les I.A. en début d'interview). Les humains ont leurs travers, nous sommes capables d'horreur et de perversité, pourtant, chacun dans ses imperfections peut être touchant, et mes "méchants" ont tous des raisons d'agir comme il le font, même lorsque je ne développe pas beaucoup cet aspect. Mais nous sommes surtout capable de beauté, de création et d'amour (chacune de ces capacités pouvant, dans l'extrême, nous pousser à l'horreur... c'est cette ambivalence qui est fascinante !), et ce sont des éléments très présents dans mes écrits. Je crois que mon roman le plus positif, ou du moins le plus poétique, est June, en particulier le premier tome. Et celui qui met le plus en scène ma foi en l'humanité est sûrement Aussi libres qu'un rêve, puisqu'il parle d'une révolte. :)




Elodie :

ET coucou ^^
"Aussi libres qu’un rêve" a été traduit en coréen, c’est plutôt original, comme ça se fait? (Je ne vois pas comment formuler cette question autrement :p Mais tu me comprends n’est-ce pas? :D )



En France, il y a énormément de romans d’auteurs étrangers traduits et publiés, l’inverse est plutôt rare (ceci dit c’est un phénomène qui touche également le cinéma, la télévision et la musique…) si tu avais l’opportunité de faire voyager tes romans, dans quels pays aimerais-tu les retrouver en librairie? Y-t-il une langue, avec ses sonorités peut être ou l’accent qui l’accompagne qui t’attire plus que les autres? Parles-tu une autre langue que le Français? 



Pour rester un peu dans les traductions même si ça irait plutôt vers une version, que penserais-tu d’une version audio de tes romans? Ou en braille peut être pourquoi pas? Qu'est-ce que c'est format apporteraient selon toi?

Manon :


Je te comprends ^^ Oui, être traduite en coréen est original, et ça m'avait pas mal surpris moi-même à l'époque ! Mais en fait, ce n'est pas si étrange : il y a une fois par an une grande foire du livre jeunesse où des éditeurs du monde entier se rendent pour se vendre les droits des romans les uns aux autres, donc ça aurait pu être n'importe quel pays, c'est juste que cette année là, sur ce roman là, c'est la Corée qui a été intéressée.

Beaucoup de romans français sont traduits à l'étranger, il ne faut pas croire ! Sur la production totale de romans français, effectivement, c'est peu, mais ce n'est pas du tout négligeable ! Le plus souvent, c'est en Allemagne que les éditeurs français trouvent preneur, ou dans les pays d'Europe de l'Est. La langue dans laquelle j'aimerais être traduite est aussi le marché le plus difficile à pénétrer : l'anglais. C'est une langue que j'adore, à la fois bien plus complexe et plus malléable qu'on l'imagine quand on l'apprend à l'école. Le truc, c'est que comme il y a déjà énormément de romans écrits en anglais, ils traduisent peu, par rapport à nous. Mais, eh, ça arrivera peut-être un jour !

Aussi libres qu'un rêve a eu droit à plusieurs versions audio amateurs (enregistrées par des élèves, par exemple). Je trouve cette idée très chouette. Petite, j'avais quelques cassettes avec des histoires que j'écoutais souvent ! Mais surtout, ça s'apparente à la lecture par le parent avant de dormir lorsqu'on est môme, et c'est toujours agréable de recréer ce genre de moment alors qu'on est grand/adulte. Et puis bien sûr, un livre audio ou en braille permet à des personnes déficientes visuelles d'avoir accès au roman, et je suis toujours pour les initiatives qui permettent d'élargir le lectorat possible. On écrit des histoires pour les partager, hein... ;)



Elise :






Bonjour bonjour ! :D

Alors, déjà, je voulais signaler quelque chose : j'ai un gros problème avec les livres qui parlent de musique : j'essaye toujours de me les imaginer ! Ce serait bien plus simple d'intégrer une ptite partition :'(

:p Donc, plus sérieusement, ma première question est : dans June, est-ce que tu as imaginé l'air des musiques de l'arbre bibliothèque ?
Ensuite, tu nous a dit que tu faisais du violoncelle et de la basse, si je me souviens bien, mais tu joues quel style de musique ? :)
Toujours (et encore!) sur la musique : qu'est-ce que tu écoutes quand tu écris ? 

Catégorie n°2 : les livres en eux-mêmes ^^
Mon prof d'histoire est auteur de SF adulte, et on lui a déjà commandé un livre jeunesse sur la même base que deux de ses livres adultes (du voyage dans le temps, en passant ^^ ) ! Je voulais savoir si tu imagines toujours tes histoires, ou s'il t'arrive d'avoir des demandes particulières de la part d'éditeurs ?
Et sinon, tu ne choisis pas ta couverture, mais c'est l'éditeur aussi qui écrit le résumé ? Et les titres ?

Et enfin, pour les salons ! :) Est-ce que c'est toi qui décides d'y aller, ou est-ce qu'on t'invite ? :)

Voilà voilà, ça fait beaucoup de questions ! :)
Continue d'écrire des livres magiques qu'on lit sans s'arrêter :) 



Manon :


Bonjour Elise !

Certaines chansons de l'arbre-bibliothèque ont effectivement un air, mais pas toutes ! Certaines chansons existaient d'ailleurs avant que je commence à penser à cette série... ;)En violoncelle, j'ai une formation classique (conservatoire), donc c'est ce que je joue pour me dérouiller les doigts - Bach en tête -, mais je suis ouverte à tous les styles, et le violoncelle comme la basse m'accompagnent quand je chante.

Quand j'écris, ça dépend des romans, souvent je reste bloquée sur un ou deux albums tout au long de l'écriture d'un roman, voire d'une série entière ! Pour June, c'était "Wake:sleep" de A Lily , de l'élecro assez minimaliste qui utilise des samples de voix et de bruits intégrés à la musique. 



Pour les thrillers, j'ai écouté en boucle "Treasure" de Cocteau Twins 


J'ai commencé l'Héritage des Rois-Passeurs sur la voix de Susan McKeown 


avant de migrer vers Midlake 


Le petit roman qui paraîtra à l'automne chez Rageot, c'était "telegram" de Björk


et Gaspard de la Nuit de Ravel

En ce moment, je suis sur PJ Harvey et Sinead O'Connor... Bref, ça varie, mais ce qui est sûr, c'est que je suis incapable d'écouter des chansons en français quand j'écris !

Ce n'est pas parce qu'on a des demandes particulières de la part d'un éditeur qu'on n'imagine pas ses histoires ! Comme je le disais en début d'interview, je connais les différentes collections de mes différents éditeurs, et ces "cases" dans lesquelles pourraient s'insérer mes futurs projets m'influencent forcément. Regarde, c'est parce que les premiers Rageot Thriller venaient de paraître et que j'en ai parlé avec l'éditrice que j'ai proposé à Rageot un projet de thriller. Mais ce n'est pas pour ça que je me sens enfermée : j'aime me poser des contraintes pour chaque projet, ça m'aide à construire, de la même manière que la contrainte des rimes m'aide à écrire des chansons ! Écrire pour Bragelonne, c'est se mettre la contrainte de la fantasy, du fantastique ou de l'horreur. écrire pour Rageot, c'est se mettre la contrainte de la jeunesse. Je sais que certains auteurs sont bloqués par les contraintes, mais pour moi, elle excitent ma créativité. C'est chaque fois un défi que je me lance à moi-même. 

Tout ce qui se trouve sur la couverture ou la quatrième de couverture est rédigé par l'éditeur (chez Bragelonne, je participe à la rédaction de la quatrième de couv, chez Rageot, non). Le titre est à part, soit il vient de moi, soit on le trouve en discussion avec l'éditeur, mais ils ne m'imposeront pas un titre que je n'aime pas.

Comme je le disais un peu plus haut, les salons, c'est souvent ton éditeur qui t'envoie ici ou là. Parfois, ce sont les salons qui t'invitent directement. Et parfois, c'est moi qui dit à mon éditeur que j'aimerais bien aller à tel endroit, et il regarde si c'est possible, mais c'est assez rare. Pas de règle, donc !



Petit intermède avec les dates des futurs salons de Manon :

 ✎ 1er au 3 mai : Salon du livre de Genève (SUISSE)

✎ 
6 mai : dédicace à la librairie Hisler (METZ, 57) dans le cadre du Prix des Embouquineurs.

✎ 16 mai, à 16h : dédicace de L'Héritage des Rois-Passeurs à la librairie "La Dimension Fantastique" (PARIS)

✎ 23 au 25 mai : Festival Étonnants Voyageurs (SAINT-MALO, 35)

✎ 28 au 31 mai : Les Imaginales (ÉPINAL, 88)

✎ 20 juin : Salon du livre jeunesse à la médiathèque de Rueil-Malmaison (HAUTS-DE-SEINE, 92)

✎ 21 juin : St-Maur en poche (sur le parvis de la gare RER ST-MAUR-CRÉTEIL, 94)

✎ 2 au 5 juillet : Japan Expo (Parc des Expositions de Paris-Nord VILLEPINTE, 93)

✎ 5 et 6 septembre : Écrivains en Provence (FUVEAU, proche AIX-EN-PROVENCE, 13)

✎ 10 octobre : Les Halliénales (HALLENNES-LEZ-HAUBOURDIN, proche LILLE, 59)

✎ 
2 au 6 décembre : Salon du livre et de la presse jeunesse (MONTREUIL, 93)



La suite de l'ITV se passe ICI




14 commentaires:

Olivier Bihl a dit…

Rappel de ma première série de questions, si je ne m'abuse, je nen ai pas vu les réponses ... http://bookenstock.blogspot.com/2015/04/troisieme-volet-de-linterview-de-manon.html?showComment=1428863697061#c1205808488781629248

Manon Fargetton a dit…

Je te répondrai demain, Olivier, ne t'inquiète pas : je dois partager mon temps libre entre répondre à vos questions et écrire, et là, c'est écriture ! ;)

Dup a dit…

Manon n'est pas aux pièces non plus hein !!!
Elle répond en suivant, quand elle peut, à son rythme... c'est la règle de base de Bookenstock...

Olivier Bihl a dit…

Je précise que ce n'est pas de ma part une forme d'exigence.... j'avais seulement peur que mes questions n'aient pas été répertoriées.... désolé. Bien sûr que je ne suis pas aux pièces...

Mariejuliet a dit…

Rhoooo les tampons!!!!!!!!!! Magnifiques! vivement les Imaginales!

Elise a dit…

Bonjour bonjour ! :D
Alors, déjà, je voulais signaler quelque chose : j'ai un gros problème avec les livres qui parlent de musique : j'essaye toujours de me les imaginer ! Ce serait bien plus simple d'intégrer une ptite partition :'(
:p Donc, plus sérieusement, ma première question est : dans June, est-ce que tu as imaginé l'air des musiques de l'arbre bibliothèque ?
Ensuite, tu nous a dit que tu faisais du violoncelle et de la basse, si je me souviens bien, mais tu joues quel style de musique ? :)
Toujours (et encore!) sur la musique : qu'est-ce que tu écoutes quand tu écris ?

Catégorie n°2 : les livres en eux-mêmes ^^
Mon prof d'histoire est auteur de SF adulte, et on lui a déjà commandé un livre jeunesse sur la même base que deux de ses livres adultes (du voyage dans le temps, en passant ^^ ) ! Je voulais savoir si tu imagines toujours tes histoires, ou s'il t'arrive d'avoir des demandes particulières de la part d'éditeurs ?
Et sinon, tu ne choisis pas ta couverture, mais c'est l'éditeur aussi qui écrit le résumé ? Et les titres ?

Et enfin, pour les salons ! :) Est-ce que c'est toi qui décides d'y aller, ou est-ce qu'on t'invite ? :)

Voilà voilà, ça fait beaucoup de questions ! :)
Continue d'écrire des livres magiques qu'on lit sans s'arrêter :)

Elodie a dit…

Merci Manon pour toutes ces réponses <3 On en apprend des choses, un régal :) Mais attention ce n'est pas fini donc aujourd'hui nouvelle question:

Aux vues de nombreuses photos que tu as partagé sur FB, on peut voir que tu as des affinités avec certains auteurs, as-tu déjà envisagé d’écrire un roman à quatre mains? Ou ne serais-ce qu’une nouvelle, genre comme un petit exercice juste pour voir ce que vos idées combinées pourraient déclencher?

Dup a dit…

Intarissable Elodie ! :))

Elodie a dit…

Je commence à épuiser mon stock là quand même lol Espérons que je reçoive vite "l'héritage des rois passeurs". Je suis sûre que cette lecture soulèvera de nouvelles questions :p

Dup a dit…

Tu as épuisé le mien je dois dire :))
Et je me faisais la même réflexion, vivement l'arrivée du Bragelonne !

Harmonie (Une critique aiguisée mais avisée) a dit…

Bonjour :-)
J'ai commencé hier et fini ce matin Le suivant sur la liste ! J'ai beaucoup apprécié l'intrigue et les personnages sont très attachants. Très bon livre, je me langui de découvrir la suite.

Sinon, j'ai pu remarquer que tu travailles beaucoup, mais parfois il faut prendre des congés. Du coup, tu aimes voyager ? Quelles ont été tes destinations ? Un lieu où tu aimerais visiter ?

Les lectures de Licorne a dit…

Bonjour les filles, je reviens pas là pour vous dire que je n'ai toujours rien reçu de chez Bragelonne ! Je sais que vous n'êtes pas responsable de la poste, mais avez vous des retours d'autres copinautes à ce sujet !

Dup a dit…

On est en train de se renseigner pour savoir ce qui se passe et voir ce qu'on peut faire Licorne. Personne à ce jour ne l'a reçu ;)

Je vous tiendrai tous au courant of course.

XL a dit…

bonjour, suite à un petit contretemps, je n'ai pas encore reçu la suite de June, donc je patiente en lisant les réponses à cette interview fleuve
très beaux tampons en effet mais peu de chance de les voir en dédicace à La Réunion..
je suis ravie des questions et des réponses, je ne vois rien à ajouter mais je me régale de la franchise et de la densité des propos, merci de passer autant de temps à répondre à notre curiosité de lecteurs (et pas que)