Éditions Michel Lafon
399 pages
19,95 euros
4ème de couv :
Une nuit, planquée dans un buisson à espionner un suspect, la détective privée Bailey se fait surprendre par un inconnu qui la viole, en lui susurrant ces paroles glaçantes : « Dis-moi que tu m’aimes. »
Commence alors pour la jeune femme une longue descente aux enfers. Elle ne dort plus, fait toujours le même cauchemar, se lave frénétiquement plusieurs fois par jour, traque le moindre bruit. Et revit la scène encore et encore… Qui est son violeur ? Le voisin bizarre qu’elle épie toute la journée à travers ses jumelles ? Son ex avec lequel la rupture fut extrêmement violente ? Chaque passant ressemblant de près ou de loin à la silhouette de son agresseur devient suspect numéro un…
Entre rêves, hallucinations et réalité, le lecteur vacille avec Bailey, suivant chacun de ses pas, le cœur battant.
L'avis de Dup :
Bailey et son frère Heath sont issus du troisième mariage de leur père, mais sont aussi les seuls héritiers de son immense fortune, car ce dernier avant de décéder a déshérité ses cinq autres enfants. Outre les problèmes d'héritage et du procès qui en découle, il y a entre ces fratries de gros problèmes de jalousie car visiblement le patriarche n'a réservé son amour paternel qu'aux deux derniers.
Même si elle est à l'abri du besoin, Bailey est détective privé pour un gros cabinet d'avocats et adore son travail... et son patron, même si ce dernier est marié... Une nuit alors qu'elle surveillait les faits et gestes d'un suspect aux jumelles, planquée dans une haie au pied d'une résidence, elle se fait agresser violemment puis violée par un homme qui lui susurre à l'oreille "Dis-moi que tu m'aimes". La tête dans une taie d'oreiller , elle n'a pu voir son tourmenteur.
Comme le dit si bien le résumé, va débuter pour Bailey une longue descente aux enfers. Elle va rester cloîtrée dans son appartement, effectuant sans cesse des rondes de surveillance afin d'en inspecter tous les coins et recoins, pour ensuite aller se récurer sous la douche jusqu'à se faire saigner. Et si elle n'est pas sous la douche, elle est derrière ses persiennes, avec ses jumelles à observer les fenêtres de ses voisins. Tout homme entre vingt et quarante ans devient un suspect pour elle. Et lorsque son esprit lâche prise, des cauchemars viennent la tourmenter immanquablement.
Si ce viol éloigne Heath qui ne sait comment la soutenir, il va néanmoins la rapprocher de Claire, l'aînée des sept. Elle est infirmière et viendra lui proposer son aide. Claire est souvent accompagnée de sa fille Jade, une ado dans toute sa splendeur. Avec un franc-parlé et une absence remarquable de tabous, Jade va secouer et séduire Bailey. Du soutien, elle en a bien besoin, car elle même ne sait plus si sa paranoïa est réelle ou si elle devient folle réellement. Car elle continue à se sentir persécutée, harcelée de coups de fil anonymes qui raccrochent, l'attitude de ses voisins qu'elle épie semble de plus en plus louche.
C'est Bailey la narratrice de son histoire et ainsi l'auteur nous fait partager toutes ses pensées les plus intimes. Le lecteur navigue sans arrêt entre les hallucinations et la réalité, les rêves et les cauchemars et percevoir la frontière devient de plus en plus difficile. Comme Bailey, on finit par être envahi par un doute permanent et il en résulte un sentiment oppressant qui va aller crescendo car géré de main de maître par Joy Fielding. Vous rajoutez à cela un autre sentiment tout aussi dérangeant qui nous accapare, celui du voyeurisme malsain, car comme Bailey on veut savoir ce qui se trame dans l'immeuble en face.
Joy Fielding est une romancière canadienne prolifique et reconnue. Sa spécialité est le thriller psychologique et je dois avouer qu'avec ce "Dis-moi que tu m'aimes", elle démontre une parfaite maîtrise dans le domaine. Elle ferre son lecteur dès les premiers chapitres et l'entraîne jusqu'à la chute finale totalement imprévisible. On se réveille alors en sueur et traversé de frissons, exactement comme après un cauchemar. Du grand art, à réserver aux amateurs du genre néanmoins, car on ne ressort pas totalement indemne de cette lecture perturbante.
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