jeudi 28 juin 2018

LÀ OÙ VIVENT LES LOUPS de Laurent Guillaume





Éditions Denoël
Collection Sueurs froides
302 pages
19,90 euros


4ème de couv :

Le train arrive dans la petite gare de Thyanne, terminus de la ligne. Priam Monet descend pesamment d’un wagon. Presque deux mètres pour un bon quintal et demi, mal sapé et sentant le tabac froid, Monet est un flic misanthrope sur la pente descendante. Son purgatoire à lui c’est d’être flic à l’IGPN, la police des polices. Sa mission : inspecter ce petit poste de la police aux frontières, situé entre les Alpes françaises et italiennes. Un bled improbable dans une vallée industrieuse où les règles du Far West ont remplacé celles du droit. Monet n’a qu’une idée en tête, accomplir sa mission au plus vite, quitte à la bâcler pour fuir cet endroit paumé.
Quand on découvre dans un bois le cadavre d’un migrant tombé d’une falaise, tout le monde pense à un accident. Pas Monet. Les vieux réflexes ont la peau dure, et le flic déchu redevient ce qu’il n’a cessé d’être : un enquêteur perspicace et pugnace. La victime était-elle un simple migrant? Qui avait intérêt à la faire disparaître? Quels lourds secrets cache la petite ville de Thyanne? Monet va rester bien plus longtemps que prévu.





Avec ce tout nouveau roman Laurent Guillaume expulse Mako, son charismatique personnage récurrent que j’avais tant apprécié dans Delta Charlie Delta. Exit Mako donc, place à Priam Monet. Que dire sinon que ce dernier est l'antithèse du premier ? Immense, presque deux mètres, obèse, pas sportif pour un sou et surtout RÂLEUR :
« Il n’avait pas envie de voir Servier avec sa moustache à la con, Ludo avec ses blagues à la con, Maurice avec… ses moustaches à la con aussi, Claire avec… il ne savait pas trop quoi en fait. Il aimait bien Claire. Et ça l’énervait, ça aussi. »
Il déteste à peu près tout et tout le monde. Seul Paris obtient grâce à ses yeux, et encore pas tous les arrondissements, beaucoup seraient à rayer de la carte ! Alors quand son service l'envoie pour une inspection de la PAF de Thyanne (Police aux frontières), petite ville savoyarde proche de la frontière italienne, c’est la cata pour Priam. L’air pur le fait suffoquer, il se sent oppressé par les sapins à perte de vue.
« - C’est que je suis un citadin. J’ai pas l’habitude de toute cette chlorophylle, de cet air pur. Chez moi, les arbres sont prisonniers dans des parcs et des squares pour être bien certain qu’ils ne vont pas s’évader et semer la mort et la désolation parmi les parigots. Ici il y en a tellement en liberté que j’ai l’impression de faire un Safari. »
Voilà, vous avez compris. Cet anti-héros par excellence est doté d’un humour qui fait qu’on l'adopte tout de suite, malgré lui. Enfin, quand je dis on, je parle des lecteurs, parce que les autres personnages qu’ils rencontrent vont avoir un peu plus de mal. Certains cependant, dont Claire, vont réussir à percer sa carapace... Puis, pour ne rien arranger, Priam fait partie de l’IGPN, la police des polices. C’est un bœuf quoi, et ils sont rarement appréciés là où ils passent.

Donc si je résume, Priam n’est pas content d’être là et les autres ne le sont pas de le voir. Or le séjour de Priam qui devait ne durer qu’un jour ou deux va considérablement augmenter car un meurtre vient d’avoir lieu dans la montagne, tout près… Et l’investigation, c’est ça qu’il aime notre ronchon, alors délaisser momentanément son rôle de bœuf pour réendosser son métier d’origine, il ne va pas s’en priver.

Un meurtre donc, un maghrébin, qui a fait une chute mortelle du haut d’une falaise. La PAF conclut bien vite à un migrant, une chute accidentelle ou provoquée suite à un désaccord entre passeurs et "passés". Sauf que Priam n'est pas d'accord et veut aller plus loin. Tant pis s'il doit escalader des pentes et louvoyer entre les sapins, mélèzes ou autre horreur ! L’intrigue déroulée par Laurent Guillaume va prendre certains virages complètement inattendus. Une enquête passionnante, pleine de rebondissements et de conséquences en cascade. Le tout emballé dans l’humour caustique que l’auteur prête à un personnage pour le moins inoubliable.

J’ai adoré également le coup de griffe en passant à son collègue et sans doute ami, l’auteur Paul Colize qu’il bombarde Commissaire divisionnaire à l'IGPN avec une réputation de gratte-papier sourcilleux :)).
Là où vivent les loups est un polar rondement mené et bourré d’humour comme je les aime. Je dis toujours que je préfère les thrillers aux polars, avec Laurent Guillaume c'est l’exception qui confirme la règle !



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