lundi 19 août 2013

MEURTRES POUR RÉDEMPTION de Karine Giebel ( Dup )





Editions Fleuve Noir
650 pages
21.90 euros


Résumé :

Marianne, vingt ans. Les miradors comme unique perspective, les barreaux pour seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière. Une vie entière à écouter les grilles s'ouvrir puis se refermer. Indomptable, incapable de maîtriser la violence qui est en elle, Marianne refuse de se soumettre, de se laisser briser par l'univers carcéral sans pitié où elle affronte la haine, les coups, les humiliations. Aucun espoir de fuir cet enfer. Ou seulement dans ses rêves les plus fous. Elle qui s'évade parfois, grâce à la drogue, aux livres, au bruit des trains. Grâce à l amitié et à la passion qui l'atteignent en plein coeur de l'enfermement. Pourtant, un jour, l'inimaginable se produit. Une porte s'ouvre. On lui propose une libération... conditionnelle. « La liberté Marianne, tu dois en rêver chaque jour, chaque minute, non ? » Oui. Mais le prix à payer est terrifiant. Pour elle qui n'aspire qu'à la rédemption...


L'avis de Dup :


Une Dup ravie d'avoir relu pour la 3ème fois ce roman. D'abord pour pouvoir le chroniquer, ensuite pour confirmer à nouveau mon impression de méga coup de coeur. Et oui, je maintiens ce livre dans mon top des top, tous genres confondus. Il y avait fait une entrée fracassante en 2007 ( lu alors dans sa première version, aux éditions rail noir, 800 pages dans une police minuscule ) et depuis, jamais il n'a été détrôné !
J'ai lu et aimé TOUS les livres de Karine Giebel, mais Meurtres pour rédemption est toujours en tête pour l'instant. Et pour la troisième fois, je ressors de cette lecture avec le coeur en vrac, comme s'il avait été essoré vitesse maximum.

A 14 ans Marianne est le meilleur espoir français de karaté. C'est sa passion, sa voie... mais Marianne est une de Gréville, et une de Gréville ne peut être que médecin, avocat ou faire un bon mariage. Elle va enchaîner alors les fugues, les mauvais coups et elle sera tout juste majeure lorsque les portes de la prison se referment derrière elle : perpétuité !
Un braquage de vieux qui a mal tourné, le coeur du papy qui lâche alors qu'elle le malmenait pour lui faire peur. Elle et son petit copain se font arrêter par un barrage de flics, il force le passage, se fait abattre. Marianne tente de s'échapper, elle est armée. Lorsqu'elle est acculée, elle tire dans le tas : un mort et une blessée qui sera paraplégique...

Ensuite... et bien, c'est la vie carcérale. Je ne sais comment résumer ça. Soit on raconte tout, soit on raconte rien, alors je préfère m'en tenir à rien. Vous laissez le découvrir car il FAUT le découvrir ce roman.

Karine Giebel nous dépeint le milieu carcéral sans aucunes pincettes. C'est noir, sombre et violent. Marianne étant à la base violente elle même, ne sachant pas se contrôler quand la pression monte, c'est vraiment le thème de ce roman. Donc forcément âme sensible s'abstenir... mais pour ceux qui sont capable de passer au travers ce filet en fils de fer barbelés, l'auteur nous entraîne dans un tourbillon d'émotions intenses. Parce que jamais Marianne ne prône la violence pour la violence, non. C'est la violence provoquée lorsqu'on la cherche. Violence canalisée par la peur et l'instinct de survie. Violence encaissée, acceptée lors des sanctions qu'elle estime justes. Violence refoulée lors d'injustices flagrantes. Même ses séances d'entrainement pendant l'heure de promenade sont violentes alors qu'elle ne rudoie que l'air autour d'elle.

Alors quand des flics très spéciaux vont lui proposer comme deal un meurtre contre sa liberté, cela va tout bousculer... Car si Marianne se considère elle-même comme un monstre, si elle se pose sans arrêt la question : "Pourquoi je les ai tués ?", elle a encore une morale et tuer de sang froid, elle sait qu'elle ne peut pas.

L'auteur va également à travers ce roman décortiquer le manque, sous toutes ses facettes. Le manque physique lorsque l'organisme est dépendant d'une drogue. Qu'elle soit banale comme le tabac ou plus sévère comme l'héroïne. Le manque physiologique, tout simplement lorsqu'on vous prive de nourriture ou d'eau. Le manque sentimental lorsqu'on vous arrache votre amour, ou vos enfants, bref votre raison de vivre. Et bien sûr, le manque de liberté...

Marianne va également découvrir la violence du sentiment amoureux. Cette idylle plus qu'improbable qui naît derrière les barreaux m'a pris aux tripes encore une fois ! Elle va découvrir aussi la force de l'amitié vraie. En fait le milieu carcéral agit comme un catalyseur de la violence des sentiments de ceux qui y vivent, qu'ils soient détenus ou matons. Amour, haine, jalousie, tout y est décuplé. Le lecteur, aux côtés de Marianne, va lui aussi vivre ces émotions fortes. Je ne compte pas le nombre de fois où j'ai eu la gorge serrée, où même moi je serrais les poings, prête à cogner, où j'ai eu la larme à l'oeil, tantôt de compassion, tantôt de rage... Mais je me suis endurcie, car cette fois-ci, les toutes dernières pages ne m'ont arraché que des grosses larmes contre de véritables sanglots la première fois. A ce jour, c'est le seul livre qui m'a fait cet effet là, et je n'ai pas honte de le dire. Oui, je l'aime cette Marianne, et je pense que je relirai ce livre un jour encore. C'est le livre que j'emporterai sur une île déserte si je devais n'en choisir qu'un. 

 Et par ICI, l'avis de Dame Phooka.

5 commentaires:

Neph a dit…

Ah, je suis contente ; je l'ai acheté aujourd'hui même sans avoir lu ton article, et j'en suis doublement ravie, du coup !!

Les lectures de Licorne a dit…

J'aurai voulu écrire cette chronique, tout est dit ... un livre d'une rare densité jusqu'à la dernière minute ! Un régal !

Dup a dit…

Merci Licorne pour ce beau compliment. Vu que c'est MON livre préféré, il me va droit au coeur ! ;)

Les lectures de Licorne a dit…

Je crois qu'on peut partir ensemble alors sur l'île déserte ! Restera juste à se répartir des moments de lecture pour ne se crêper le chignon ! ;) bises

Unknown a dit…

Je viens ENFIN de lire et chroniquer ce roman qui était dans ma PAL depuis sa sortie (2010 je pense ?) et je partage chaque ligne de ton billet DUP : il FAUT découvrir ce roman. Et comme toi, c'est en sanglots irrépressibles que j'ai terminé cette lecture. Quel coup de poing alors que je pensais avoir lu le pire en suivant Marianne dans ces 800 pages. L'épilogue m'a tuée.
Bref, comme toi, je pense que je relirai ce roman. Pour avoir la chance d'être avec Marianne, juste encore un peu.