lundi 14 septembre 2015

Second volet de l'ITV de GUY GAVRIEL KAY



Il est toujours là, il vous attend ! 
Et son traducteur pour Bookenstock, Jérôme Vincent également !

Vous trouverez le début de cette ITV par ICI






La parole est à monsieur Kay : ( VO, puis VF)


Hello, and thank you to the websites, bloggers and readers involved in this project. It is nice to have a chance to chat with readers in France, especially in the week after winning the Elbakin.net award for best foreign language novel. (I was deeply honoured by that.) Ysabel, which is our main subject here as it comes out in France from Alire next week, was my tenth novel. It was written in the countryside just east of Aix-en-Provence, on our fourth stay near that city - and it really is a love song to Provence, its history, landscapes, legends. I know that the French are very aware of the beauty and interest of that part of the world, but I’ve been pleased to see readers and reviewers in other countries and languages respond so positively to reading about it - including the book winning the World Fantasy Award when it first came out. In fact, one of the themes of the book is how the most beautiful places on earth are often those with the most violent, contested history.



Bonjour, et merci aux sites, blogueurs et lecteurs impliqués dans ce projet. C'est une chance de pouvoir discuter avec des lecteurs français, tout spécialement une semaine après avoir remporté le prix Elbakin.net 2015 pour le meilleur roman étranger de fantasy (j'en suis très honoré). Ysabel, qui est le roman et le sujet principal de cet échange, puisqu'il sera publié par Alire la semaine prochaine, est mon dixième roman. Il a été écrit dans l'arrière pays d'Aix en Provence, pendant les quatre séjours que j'y ai effectué – et c'est vraiment une déclaration d'amour à la Provence, son histoire, ses paysages et ses légendes. Je sais que les français sont très attachés à la beauté de cette partie du monde, mais j'ai été ravi de voir que les lecteurs et les chroniqueurs d'autres pays ont aussi accueilli favorablement ce roman, d'autant plus qu'il a reçu le World Fantasy award quand il a été édité la première fois. Une des thématiques, c'est que les plus beaux endroits sur Terre sont souvent ceux qui abritent les histoires les plus violentes.


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Note de Dup : Quelques réponses nous sont parvenues, mais elles ne sont pas dans l'ordre chronologique de "pose" (chais pas si ça se dit ça !), bref, plutôt que d'attendre de toutes les recevoir, je choisis de les publier au fur et à mesure que je les reçois. ;) 
Merkillia, LineTje, Maêlle, merci pour votre patience !


Ramettes :

Merci d'avoir répondu à ma question alors que la réponse était déjà donnée...
Au sujet de la traduction je me demande si ce n'est pas lié au fait qu'Ysabel est ancrée dans le présent donc langage d'aujourd'hui... car c'est la même traductrice que pour "La tapisserie de Fionavar" (que j'ai pour l'instant juste feuilleté) et je n'ai pas ressenti ce décalage.
Dans "Ysabel" je trouve que le rôle des femmes forme un rouage dans chaque étape des aventures de Ned et le réoriente. Cela m'a beaucoup plu.
Au sujet des prénoms ED et NED vous les avez choisi pour leur ressemblance ?
Bonne journée

GG Kay :

I have always tried to make the women in the novels as strong and interesting as the men - while honouring the reality of the times inspiring the books. I don’t do this for any formal ‘political’ reasons, but because I think novels are simply more engaging if all the characters are as interesting as possible. I love when my research shows me ways I can do this. A female doctor in medieval Spain, a major woman poet in Song Dynasty China, the influence of Empress Theodora in Byzantium, or even the strong importance of dancers! Isabel herself is a version of a very old, very potent myth/legend of a powerful woman suspended between two men - and the choice, the power, is hers. 

Ned and Ed was pretty simple. I imagined Ned was named Edward for his father and given a common (but different) short form of that name - so they wouldn’t be confused in the family!


J’essaie toujours dans mes romans de mettre des femmes qui soient aussi fortes et intéressantes que les hommes, tout en respectant la réalité des époques dont s’inspirent mes livres. Je ne le fais pas pour des raisons “politiques”, mais parce que je pense que mes romans sont plus attractifs si tous les personnages sont les plus intéressant possible. J’adore quand mes recherches m’indiquent la voie dans laquelle je pourrais faire ça : une femme docteur dans l’Espagne médiévale, une femme poète dans la dynastie chinoise Song, l’influence de l’impératrice Theodora à Byzance... ou même l’importance des danseuses ! Isabel elle-même est une version d’une très vielle et puissante légende d’une femme de pouvoir suspendue entre deux hommes. Et le choix, et donc le pouvoir, est le sien.

Le choix des prénoms Ned et Ed a été très simple. J’ai imaginé que Ned était appelé Edward par son père mais qu’on lui donnait une version courte (mais différente) de son prénom. Comme ça ils ne peuvent pas être confondu dans leur famille !


Bouchon des bois :

Wahou, quel honneur de pouvoir échanger avec Monsieur Kay ! Une question me vient en tête : actuellement plongée dans Ysabel, je suis assez curieuse de me pencher sur le cas de vos autres romans... Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que votre bibliographie ne me facilite pas la tâche : j'ai envie de tous les lire ! Alors, si je ne devais en lire qu'un... Lequel me conseilleriez-vous ? 


Un grand merci aux admins pour la traduction <3 i="">

GG Kay :

Thank you. It is pleasure to be chatting with readers in France. Brings back memoirs of being there. The last time, while I was writing Ysabel, we settled in at this time of year and autumn in Provence was glorious.

As I think I said earlier, Ysabel took a different approach to history and the past than most of my earlier work. (Scroll up and you’ll see an answer about that!) I think people who love Tolkien and high fantasy will enjoy my Fionavar Tapestry. Those with a ‘pull’ towards history with a touch of the fantastic will want to look at the more recent books. As to which? As I said before, start with book from a period inspiring me that also inspires you.

Merci. C’est plaisir de discuter avec les lecteurs français. Cela me rappelle quelques souvenirs... La dernière fois, lorsque j’étais en train d’écrire Ysabel, nous nous étions installés à cette époque de l'année en France et l’automne en Provence était glorieux !

Comme je le disais précédemment, Ysabel résulte d’une approche différente de l’Histoire et du passé par rapport à mes autres romans (remontez un peu et vous verrez ma réponse là dessus). Je pense que les gens qui aiment Tolkien et la fantasy seront heureux avec la Tapisserie de Fionavar. Ceux qui aiment les récits en rapport avec l’Histoire et une touche de fantasy iront plutôt vers mes livres plus récents. Lequel choisir ? Comme je le disais précédemment, commencez avec un des mes romans dont la période vous intéresse le plus.

Dup :

Bonjour cher monsieur,
Je viens tout juste d'entamer ma lecture des Lions d'Al-Rassan et déjà je me sens en osmose avec vos personnages (vous êtes un merveilleux conteur) : Ammar Ibn Khairan, Rodriguo Belmonte, Alvar et Jehane. Cette dernière est donc médecin, de cette époque ancienne où l'on soignait avec des plantes principalement. Moi-même étant issue du monde médical, je suis restée en arrêt par un traitement qu'elle applique ? impose ? à l'un de ses patients : "il passe une pierre" !?!??? En plus, cela à l'air d'être sévère et pas sans conséquence !
Je voulais juste savoir si vous allez expliciter cette technique plus loin dans le récit ou si la note fantasy résidera justement à laisser cette notion dans le flou ? A moins que cela ne soit un traitement québécois usuel, auquel cas je vous demanderai d'éclairer ma lanterne. :)

GG Kay :

I love doing medical research for the books. I have doctors in several of them (have a look at the two books based on Byzantine history). For each novel I include some of the research books I used in my Acknowledgements, and the ones on medicine are always in there. Without spoiling things for Lions, I’ll say that my biggest ‘stretch’ was allowing Jehane’s father in that book to do a childbirth procedure that didn’t actually happen for some time after. His other surgery in the book is, in fact, something known to people long before - it just startles readers today that this was so! I’ll mention one book people interested in all this might try to find. It is called The Healing Hand, by Guido Majno. A delightful, fascinating book. I hope it is in French.
J'aime vraiment faire des recherches médicales pour mes livres. J'ai des docteurs dans plusieurs d'entre eux (jetez un œil à mes deux romans basés sur l'Histoire byzantine). Pour chacun, j'inclue dans les remerciements les livres qui m'ont servit dans mes recherches et il y a toujours des livres de médecine. Sans spoiler les Lions, je dirais que mon plus grand « écart » a été d'autoriser le père de Jehane à suivre une procédure d'accouchement qui n'existait pas à l'époque et avant longtemps. Ses autres actes de chirurgie dans le roman étaient déjà connu bien avant lui – ça surprend les lecteurs aujourd'hui mais c'était vraiment le cas. Je voudrais mentionner un livre qui pourrait intéresser les gens et qu'ils pourraient essayer de trouver. Cela s'appelle The Healing Hand, de Guido Majno. Un livre charmant, fascinant. J'espère qu'il est traduit en français (NDT : je ne l'ai pas trouvé en VF).


Bouchon des Bois :

Bonjour Monsieur Kay !
Plus j'avance dans Ysabel, et mieux je sens cette tendresse particulière que vous éprouvez pour notre chère Provence. En bonne petite curieuse que je suis, voici ma question : avez-vous eu l'occasion de visiter d'autres régions de France ?

GG Kay :

I’ve been to France many times, most often to Paris (which I truly love). I’ve been to the Loire, the Dordogne, Burgundy, the southwest … not yet Brittany or Bordeaux, though I really want to see both. I am one of those Canadians with a real love of France, but I will admit my heart is in the landscape around Aix-en-Provence. You can buy me an espresso in Bonnieux or on the Cours Mirabeau!
J'ai été en France plusieurs mois, le plus souvent à Paris (que j'aime vraiment). J'ai aussi été dans la Loire, en Dordogne, en Bourgogne, dans le Sud Ouest... mais pas encore en Bretagne ou à Bordeaux. J'aimerais beaucoup visiter les deux. Je suis l'un de ces canadiens qui aiment réellement la France, mais je dois admettre que mon cœur est dans les terres autour d'Aix-en-Provence. Vous pouvez m'acheter un expresso à Bonnieux ou sur le Cours Mirabeau.


Ramettes :

Bonjour c'est encore moi,
J'aimerais savoir si vous envisagez d'écrire comme Oliver Lee un livre sur la Provence avec vos photos ou celles d'un autre (ou des peintures).
Pour moi la Provence c'est quelque chose que je connais (j'ai habité Orange) mais pour les canadiens ce doit être exotique non ? qu'en pensent vos lecteurs canadiens de vos décors européens ?
merci

GG Kay :

There have been some gorgeous photo books based on Provence! When I invented ‘Oliver Lee’ I was thinking a little bit about Lawrence Durrell, the very fine English novelist who lived the last decades of his life mostly near Avignon. He could have done a wonderful set of writings to accompany photos of that part of the world! I do know that many readers in Canada and the US have written about travelling in Provence with Ysabel in hand, to see the places in the book (and many have climbed Ste-Victoire!) One reviewer said the tourist board should pay me a commission! Made me laugh!
Il y a eu tellement de bons livres de photos sur la Provence. Lorsque j'ai inventé « Oliver Lee », je pensais un peu à Lawrence Durrell, un excellent romancier anglais qui vivait à la fin de la dernière décenie près d'Avignon. Il aurait pu faire un merveilleux ensemble de textes pour accompagner les photos de cette partie du monde ! Je sais que de nombreux lecteurs au Canada et aux Etats Unis ont voyagé en Provence avec Ysabel dans les mains, pour voir les lieux du roman (et beaucoup ont grimpé jusqu'à Sainte Victoire). L'une des chroniques disait que l'office de tourisme devrait me payer une commission ! Ça m'a fait rire !

Désolée Merkillia, LinTje et Maêlle, cela se poursuit sans vous pour l'instant :S


Blackwolf :

Bonjour M. Kay,

Je dois vous dire que depuis plusieurs années, je suis un grand admirateur de vos écrits, même si je ne les ai pas encore tous lu, mais surtout ce qui me fascine ce sont les personnages que vous mettez en place, qui se révèlent régulièrement charismatiques, touchants et attachants. Je me demandais donc comment vous les construisez ? S’impose-t-il à vous dès le départ, où les laissez vous évoluer au fil des développements de l’intrigue ?
Une autre question concernant les personnages, une fois que vous avez terminé d’écrire est-ce facile de les laisser partir ? 

Merci

GG Kay :

As I said above, it can be very hard to ‘let go’ of characters, you are right. One reason I take a bit of time before starting a new book (mostly doing reading and travel and research) is so that language and character tones from the last one don’t slip into the new one. The language for Ysabel is very different from Last Light of the Sun which came before, and even more different from Under Heaven which followed. Same with the people - I don’t want them to be or speak too much like each other.
 As for how they ‘arrive’ I tend to start with a historical period, with themes I want to explore in it (or for Ysabel with what I wanted to DO with the past and legends coming forward to today), then I start getting characters that fit that setting and those themes, and only then does the plot begin to take shape, around these other things. That isn’t a ‘rule’ but it is usually what happens for me.

Comme je le disais auparavant, il peut être vraiment difficile de "lâcher" les personnages, vous avez raison. L'une des raisons pour laquelle je prends un peu de temps avant de commencer un nouveau livre (surtout pour des recherches et des voyages), c'est que je souhaite éviter que le ton et le langage des personnages ne glissent d'un titre à l'autre, de l'ancien vers le nouveau roman. Le langage d'Ysabel est vraiment différent du précédent, Le Dernier Rayon du soleil, et du suivant Sous le ciel. C'est pareil qu'avec les gens, je ne veux pas être ou parler comme les autres.
 Sur la manière dont ils "arrivent", j'essaie de partir sur une période historique, avec les thèmes que je souhaite explorer (ou comme pour Ysabel dans lequel je voulais que le passé et les légendes s'invitent dans notre présent). Ensuite je commence à avoir des personnages qui correspondent à ce cadre et ces thèmes. Alors seulement l'intrigue commence à prendre forme. Ce n'est pas une "règle" mais c'est comme cela que cela vient habituellement chez moi.


Maêlle :

Bonjour M. Guy Gavriel Kay

Je vais essayer d’écrire en anglais mais je ne parle pas très bien anglais donc désolé pour les fautes... C’est fantastique de chatter avec vous. Merci M. Kay et un grand merci à Book en Stock et au traducteur.
J’adore vos livres, je n’ai pas lu les derniers mais j’ai lu Ysabel. Je l’ai aimé mais je pense que mon livre favoris est Tigane. Beaucoup de questions intéressantes ont été posées. Pour ma part, j’ai deux questions : quel est votre livre préféré ? Est-ce que vos lectures influencent votre style d’écriture ?

Merci pour vos réponses !

Maêlle 


GG Kay :


Thanks for the question ! I think when we are younger other writers can influence us, sometimes in a good way, sometimes too much! I always urge young writers to read widely, and not just in their favourite genres. You want to try to get good at recognizing and responding to excellence. As one gets older, and writes more and more, the likelihood that any other writer will have much influence on your style gets smaller. I read a great deal and always have, and my favourites change year by year. I loved great historical fiction when I was younger, and that fit with my own passion for history. Today I seem to read more contemporary fiction and non-fiction. My newest passion is the Italian writer Elena Ferrante, and her four brilliant novels about two women growing up in Naples after WW2.

Merci pour la question ! Je pense que lorsque vous êtes plus jeune, les autres écrivains peuvent vous influencer, parfois dans le bon sens, parfois bien trop ! J'ai toujours conseillé aux jeunes auteurs de lire beaucoup, et pas seulement dans leurs genres favoris. Vous voulez alors essayer d'être bon pour reconnaitre et répondre à l'excellence ! Lorsque vous vieillissez et après avoir écrit encore et encore, la probabilité qu'un autre écrivain ait de l'influence sur votre style baisse. Je lis toujours beaucoup et mes livres préférés changent année après année. J'ai aimé les bons romans historiques lorsque j'étais plus jeune, ce qui allait de pair avec ma propre passion pour l'Histoire. Aujourd'hui j'ai tendance à lire un peu de romans contemporains et des essais. Ma nouvelle passion est l'écrivaine italienne Elena Ferrante, et ses quatre brillants romans à propos de deux filles grandissant à Naples après la seconde guerre mondiale. 


Merkillia :

Bonjour !
Premièrement, laissez moi vous dire que, même si je n’ai même pas lu la moitié de votre bibliographie, je suis une grande fan de votre travail depuis que j’ai La Tapisserie de Fionavar à treize ans. Cette trilogie fait clairement partie de mes livres préférés. Je l’ai lue deux fois et la magie a opéré à chaque fois. Il y a une atmosphère unique qui s’en dégage et qui m’envoûte. Vos personnages sont tellement faillibles mais par conséquent tellement humains, et ils font montre de tellement de résilience ! Il faut dire que vous n’épargnez pas vos personnages. Voici donc ma première question : est-ce difficile pour vous de « maltraiter » vos personnages ou de leur faire traverser des épreuves difficiles ? Êtes-vous attaché à vos personnages ?



À ma connaissance, Élisabeth Vonarburg est celle qui a traduit tous vos livres ayant été publiés en français (et à mon avis, elle a fait un travail admirable). Travaillez-vous ensemble dans le processus de traduction ? Vous demande-t-elle des choses comme « Que veux-tu dire dans ce passage ? » ou « J’ai interprété cette scène de cette façon, suis-je juste ? », de façon à garder l’essence originale de ce que vous avez écrit ? Je suis consciente que, vos livres étant traduits en beaucoup d’autres langues, il est peut-être impossible pour vous d’être à ce point impliqué dans le processus de traduction (et peut-être n’est-ce même pas dans les pratiques des éditeurs), mais qui sait !

Et ma dernière question (pour l’instant !) : Quelle est votre couverture préférée d’entre toutes (éditions anglophones ou étrangères), parmi vos propres livres ?

Merci ! 



GG Kay :

Thanks for the lovely words about Fionavar.
It is difficult in the sense that I do grow attached to characters, I ‘live’ with them in my mind, so death or loss can hit hard. At the same time I really do see my task as being ‘faithful’ to the demands of the story and themes, so some losses have to happen or I am cheating the reader and the story, both. I truly believe a single death can more powerful than dozens and dozens, where one expects them, becomes ‘used to them’, or just doesn’t care that much. As a writer, when a story ends I feel a sense of absence, loss, as the people in the book are now ‘gone’ from me. It makes it easier to understand how writers so often (too often?) go back to earlier characters, or keep a series going too long. We don’t want to let go!
Merci pour vos jolis mots à propos de Fionavar.
C'est difficile dans le sens où je suis attaché à mes personnages. Je "vis" avec eux dans ma tête, leur mort ou leur perte peut donc être difficile. Dans le même temps, je vois vraiment ma mission comme celle d'aller dans le sens du récit et de ses thématiques, ce qui implique que certaines pertes peuvent arriver, ou alors je triche avec le lecteur et le récit ! Je crois réellement qu'une seule mort peut être plus forte que des dizaines et des dizaines, là où on les attend parce qu'on en a l'habitude, ou juste parce que l'on ne s'en souci pas tant que ça. En tant qu'écrivain, quand une histoire se termine, j'ai un sentiment d'absence, de perte, les gens dans le livre sont maintenant "partis" de moi. C'est facile de comprendre pourquoi les auteurs reviennent si souvent (trop souvent ?) à leurs personnages précédents, où font des séries trop longues. Ils ne veulent pas qu'ils partent.

A couple of the books have been done in France by other translators, but Élisabeth has done most of them. She is a friend, someone I trust and admire. She is one of the translators I have (there are others in different languages) who does ask a lot of smart questions, trying to get things right. Some ‘patterns’ recur in French with each book. For example the need to decide when and if a character will ‘tutoyer’ another. There is no English equivalent of this change. It was especially challenging in the two novels inspired by China (Under Heaven is the first, and came out in France last year, done by Mikael Cabon - Élisabeth did the version in Quebec.), because of how ‘formal’ the society is in the books. 
Deux livres ont été traduits en France par d'autres traducteurs, mais Elisabeth a fait la plupart des autres. C'est une amie, quelqu'un en qui je crois et que j'admire. C'est l'une des traductrices que j'ai
(il y en a d'autres dans d'autres langues) qui me posent plein de questions intelligentes, pour essayer de bien faire les choses. Il y a des particularités françaises dans chaque livre. Par exemple, on a besoin de décider quand un personnage va en tutoyer un autre. Il n'y a pas d'équivalent en anglais. C'était particulièrement un challenge dans les deux romans inspirés par la Chine (Sous le ciel était le premier et vient de sortir en France l'année dernière -NDT : réédité par l'Atalante sous le titre Les Cheveaux Célestes-. il était traduit par Mikael Cabon, Elisabeth faisant la version pour le Québec), à cause du côté formaliste de la société. 

The two Chinese covers in China for Under Heaven and River of Stars were absolutely gorgeous, with semi-transparent overlays (one of clouds, one of water) over paintings from the appropriate period. I loved them both. If you go to brightweavings.com and the ‘Art Gallery’ pages, you’ll see some beautiful covers (and some not so great!). 
Les deux couvertures chinoises pour Sous le ciel et Le Fleuve des étoiles étaient absolument merveilleuses, avec une jaquette semi-transparente (une avec des nuages, l'autre avec de l'eau) sur des peintures d'époque. J'ai beaucoup aimé les deux. Si vous allez sur le site : brightweavings.com dans les pages "Art Gallery", vous verrez ces merveilleuses couvertures (et d'autres qui ne sont pas aussi bien) ! 

Et pour conclure cette longue réponse, GG Kay nous offre la couv' américaine et canadienne de son nouveau roman. ♥ 






La suite de cette ITV se déroule ICI
 

7 commentaires:

Dup a dit…

Je vous remercie pour votre réponse. On sent très bien dans votre récit (Les lions d'Al-Rassan) le respect et les connaissances que vous avez vis à vis du monde médical à travers Jehane et son père. Je ne connais pas encore les autres mais comblerai très vite cette lacune je vous l'assure. MAIS, oui, il y a un mais. Je ne sais toujours pas ce que veut dire "passer une pierre".
Husari Ibn Musa, ce marchand de soierie gras et indolent avant sa transformation au contact des autres protagonistes, "en a passé trois de pierres déjà !" dixit Jehane !

Unknown a dit…

Dear Guy Gavriel Kay,

What a pleasure to read all your answers to our questions.
You won the World Fantasy award with Ysabel, what did that feel like? Also, does this put extra pressure on you for the writing process of your next books?
Speaking of which, what are your future novel projects? What setting do you have in mind?

I'm currently reading Ysabel and as a few of my fellow bloggers, I had quite some difficulties with the translation. The narrative in Ysabel in English is quite fluent, as where in the French translation it's really more a staccato rythme... Anyway, for that reason I purchased Ysabel in English and I'm enjoying it much more now...

Thank you for reading my questions and thank you in advance for your answers.

EN VF ;)

Cher Monsieur Guy Gavriel Kay,
Quel plaisir de lire vos réponses à nos nombreuses questions! Vous avez gagné le prix World Fantasy avec Ysabel? Qu'avez vous ressenti? Cela vous met il davantage la pression pour l'écriture des prochains romans? En parlant de ça, quels sont vos futurs projets? Quels décors envisagez vous?

Comme quelques-uns de mes collègues bloggeurs, j'avais quelques difficultés avec la traduction française (québécoise). C'est pour cette raison que j'ai acheté la version anglaise et j'apprécie ma lecture davantage! La narration en anglais est très fluide alors que la traduction a un rythme beaucoup plus haché.

Merci encore d'avoir lu mes questions et merci d'avance pour vos réponses.

Merkillia a dit…

Thank you for providing us such interesting answers! Here are few other questions.

Many of the people who less appreciated The Fionavar Tapestry argue that it’s because of its similarities with Tolkien’s work. Earlier in another answer, you mentionned that young writers are most likely to be influenced by other writers. Therefore, do you consider that your work on the Silmarillion has affected your first writtings ?

Can we know what is the subject (at least the time period) of Children of Earth and Sky (whose cover is absolutely gorgeous too!) ?

Did you ever have a proposition for adapting one of your books in a movie or a TV series? If so (or if you could do so), would you like to be the screenwriter or you would prefer someone else to do it, letting that movie/TV series be a different piece of art?

Merci de nous donner des réponses si intéressantes ! Voici quelques nouvelles questions.

Beaucoup de gens ayant moins apprécié La Tapisserie de Fionavar mentionne que cela est dû à sa ressemblance avec l’œuvre de Tolkien. Précédemment dans une autre réponse, vous avez mentionné que, selon vous, les jeunes auteurs sont plus susceptibles d’être influencés par le travail d’autres auteurs. Par conséquent, considérez-vous que votre travail sur le Silmarillion a affecté vos premiers écrits ?

Pouvons-nous savoir quel est le sujet (ou au moins la période historique) de votre prochain livre Children of Earth and Sky (dont la couverture est absolument magnifique aussi!) ?

Avez-vous déjà reçu des propositions pour adapter un de votre livre à l’écran (film ou séries tv) ? Si vous aviez cette chance, voudriez-vous en être le scénariste ou vous préféreriez confier cela à quelqu’un d’autre, pour laisser le film/la série devenir une œuvre distincte en soi ?

Dup a dit…

Je pose une question de la part de Ramettes qui rencontre à nouveau des soucis pour accéder aux commentaires du blog :(

Bonjour,
Lorsque j'ai terminé la lecture de "Ysabel" je me suis mise à lire le premier tome de la tapisserie de Fionavar et j'ai eu un temps d'arrêt en lisant la description de Kimberly Ford... qui est pratiquement celle de tante Kim dans Ysabel... Je me demandais s'il y a d'autres liens entre vos livres, comme des clins d’œil ? Ce qui avec l'idée de tapisserie donne un fil conducteur.

LineTje a dit…

Et dites vous croyez que j'aurais bientôt ma réponse ??? :-S

Dup a dit…

J'ai bon espoir oui ;)

LineTje a dit…

Bon si tu as espoir je garde encore un peu d'espoir aussi alors ;-)