Éditions Alire
653 pages
Le pitch :
Depuis l'assassinat, quinze ans auparavant, du dernier khalife, l'empire d'Al-Rassan est éclaté en cités-états rivales. Dans ce climat troublé, la discorde règne, et inlassablement se querellent asharites, adorateurs des étoiles d'Ashar, kindaths et jaddites, les fils du Dieu-soleil Jad. Il est cependant une menace plus grande encore qui pèse sur le royaume : Au Nord, les anciens monarques d'Espéragne semblent s'organiser pour lancer une guerre sainte de reconquête. C'est dans ce contexte instable que trois destinées d'exception vont se croiser. Trois êtres que tout oppose : Rodrigo Belmonte, le prestigieux chef de guerre jaddite, Jehane brillant médecin kindhat, et Ammar Ibn Khairan, le poète asharite, celui-là même qui jadis assassina le khalife...
L'avis de Dup :
Sous couvert du label Fantasy, Guy Gavriel Kay nous conte le fabuleux destin de trois personnages amenés à se rencontrer, s'apprécier, s'aimer, se déchirer, se tuer. Sous couvert du label Fantasy, il nous relate toute une tranche de l'histoire médiévale de la péninsule ibérique aux hommes si fiers, constamment convoitée, tantôt par les peuples du nord, tantôt par ceux du sud. Et toujours sous couvert du label Fantasy, l'auteur nous parle avec justesse des guerres de religion qui ont secoué cette terre, du gouffre qui peut exister parfois dû à l'incompréhension, la méconnaissance, l'intolérance.
Oh, elle est bien là la Fantasy. On ne parle pas d'Espagne mais d'Espéragne, le désert du Magreb devient celui de Majriti, etc. Et puis dans le ciel, à la nuit tombée, circulent deux lunes, l'une bleue, l'autre blanche. Mais c'est tout. Enfin, si peut-être peut-on taxer d'imaginaire le don de clairvoyance du petit Diego, et encore. Moi qui habituellement n'apprécie guère les livres historiques, je vous avoue que jamais, au cours de ces trois jours intenses que je viens de passer en compagnie de Monsieur Kay, je n'ai éprouvé la moindre lassitude.
Même si l'auteur donne des noms différents aux trois grandes religions que nous croisons ici, chacun y retrouvera bien la sienne. Par la façon de penser, par ses aspects positifs mais aussi et surtout par ses travers : les deux principales factions qui s'affrontent ayant chacune leurs extrémistes hélas... Mais ce que j'ai trouvé de magnifique dans ce roman à ce sujet, c'est l'image, le symbole même des croyances que leur prête l'auteur. Les peuples du nord, les Véllédènes et les autres, sont Jaddistes, ils vénèrent Jad, l'astre solaire ( et pour cause, c'est au nord qu'on en a le plus besoin). Les peuples du sud, d'Al-Rassan et des déserts de l'autre côté de la mer sont Asharites. Ce sont les fils des étoiles. Et de ci, de là, un peu partout, là où ils sont tolérés plutôt qu'acceptés, il y a les Kindaths. Le peuple des Errants, qui eux vénèrent les deux lunes qui courent dans le ciel. Ces images sont très poétiques et terriblement bien adaptées. J'ai adoré cette vision.
Cette histoire de l'Histoire est portée par des personnages d'une force et d'une profondeur incroyable. Jehane, la médecin Kindath, Rodrigo, le fier capitaine Jaddiste et Ammar, le tueur de khalife, poète et brillant conseiller Asharite. Je les ai vraiment aimé ces trois là. Quels destins, quelles personnalités, quels caractères forts et admirables. Je pourrais écrire des pages et des pages d'éloges sur eux, mais je crois que le mieux pour vous est d'aller les rencontrer dans les pages du livre. Les personnages secondaires ne sont pas en reste non plus, avec Ysaak le père de Jehane, médecin réputé dans toute la péninsule, au parcours si tragique. Avec un autre personnage féminin à fort caractère que j'ai beaucoup aimé, Miranda Belmonte, la femme de Rodrigo.
Une intrigue passionnante, qui va toujours de l'avant. Une trame que l'on pressent bien sûr, mais qui sait malgré tout nous surprendre avec des rebondissements soudains qui nous cueillent à chaque changements de partie. Une fin vers laquelle on se précipite inéluctablement malgré tous les freins que l'on tente d'enclencher... et quelle fin !!! Comme Jehane, je m'étais promis de ne pas pleurer, mais les larmes ont dévalé mes joues durant tout le dernier chapitre et au point final, ce fut de vrais sanglots. A tel point que j'ai repoussé mon livre et la lecture de l'épilogue au lendemain... et oh mon Dieu ! Je suis tombée des nues, je me suis faite avoir par Mr Kay ! Et ce n'était pas la première fois dans ce même roman. Wow, j'adore !
En conclusion, je ne peux que vous conseiller de lire ce roman. Il a tout pour lui, tout. Il vient de faire une entrée fracassante dans mon top ten et déclasser d'un cran tous ceux qui y étaient gentiment installés depuis un moment.
5 commentaires:
Son Mois de m'avait déjà bien donné envie de découvrir plus avant la bilblio de Mr Kay, mais ton avis ne fait qu'enfoncer le clou ! Dès que possible je m'y plonge :)
Ta chronique donne terriblement envie ! :D
Merci miss Léa ! Je suis persuadée que tu adorerais
Tu me diras hein !
Dis donc, tu as "vécu" cette histoire :) Je suis ravie que ses écrits te plaisent autant.
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