Éditions ActuSF
375 pages
9 euros
4ème de couv :
“C'est mon travail de traquer les monstres. J'en ai connu beaucoup, brièvement. Ils étaient tous humains à la base."
Navarre, alias Raphaël, est un vampire vieux de plusieurs siècles, terriblement beau, joyeusement bisexuel et surtout un assassin redoutable à la solde du Vatican. Pour sa nouvelle mission, il est envoyé au Brésil sur les traces d’un ancien nazi. Mais, entre les divinités locales et la chaleur du Carnaval, la chasse ne s'annonce pas de tout repos... d'autant qu'il se retrouve accompagné d'un prêtre, au dogme laxiste, et d'une autre créature de la nuit, Dana, particulièrement attirante.
Rythmé, drôle, étonnant, osé... Dans la lignée de L'Héritière, Jeanne-A Debats, avec Métaphysique du vampire, réinvente le roman vampirique pour mieux nous faire s'interroger sur la notion d'humanité.
Jouant avec les codes de la science fiction et du fantastique, Jeanne-A Debats est désormais une voix importante des littératures de l’imaginaire en France. Son œuvre interpelle, distrait et fait réfléchir, avec toujours des personnages hauts en couleur, de La Vieille Anglaise et le continent à Plaguers en passant pour les plus jeunes par La Ballade de Trash. Cette édition contient en prime les nouvelles "Lance", "La Fontaine aux serpents" et "Ovogenèse du vampire".
L'avis de Dup :
Ce livre au format poche publié par ActuSF comprend un petit roman éponyme de presque 200 pages et trois autres petites nouvelles. Ces quatre récits concernent mon vampire préféré Navarre, que j'ai découvert il y a peu dans L'Héritière. Le retrouver en tant que personnage principal fut bien sûr un vrai plaisir. Mais ce qui fut encore plus plaisant a été de découvrir l'imaginaire de Jeanne-A. Debats, de me confronter à nouveau avec cette plume incisive si caractéristique. Le monde de la littérature a ça de bien qu'on n'est jamais au bout de nos découvertes et de notre émerveillement. Le mot est un peu fort, mais je vais m'en expliquer plus loin.
Dans Métaphysique du vampire, Navarre est appelé Raphaël par ses employeurs, c'est son nom de code au Vatican où il bosse depuis des années. L'ironie de la situation, de son pseudo, est présente dès le départ et permet d'écornifler de suite la religion catholique. Et tout du long celle-ci va en prendre plein son grade sur un ton que personnellement j'adore. Mais ce roman ne se résume pas à ça, loin de là. Il s'agit ni plus ni moins d'établir la définition d'un monstre, qu'il soit humain ou pas. Les sujets de réflexion sont nombreux et traités de façon... mordante ! A commencer par la moralité puisque Navarre poursuit un criminel de guerre nazi en exil au Brésil. L'auteur va nous faire voyager du Vatican au Brésil : Rio et la démesure de son carnaval, ses favelas si particulières où se côtoient les plus pauvres et les richissimes.
L'intrigue se déroule rapidement, on suit Navarre et son ironie avec beaucoup de plaisir.
"Le cynisme est encore la forme d'honnêteté - ou de morale comme on voudra - que je pratique le mieux..."
On comprend sa "liaison" avec Dana à peine évoquée dans L'Héritière et c'est tout bonus. Bref, j'ai adoré. Ce doit d'ailleurs être une nouvelle version de ce roman car Phooka l'a lu avant moi et dans sa chronique elle ne parle que de Raphaël et moi que de Navarre ! :)
Mais le véritable plus de cette édition, c'est d'avoir ajouté après Métaphysique du vampire trois autres nouvelles concernant Navarre et c'est de là que vient mon émerveillement cité plus haut : on a un mélange des genres fabuleux.
La première Lance nous fait suivre Navarre en 1936 dans une Allemagne où s'agite un vilain petit gnome à moustache ridicule. Cette nouvelle est fortement teintée de fantasy car Navarre va aller réveiller en mer d'Iroise Lancelot, endormi depuis des siècles aux côtés de Merlin, afin qu'il sauve une "belle" aux prises avec un dragon.
La deuxième, Ovogenèse d'un vampire, si elle commence en 1985, va faire remonter Navarre dans Londres un siècle en arrière grâce à un artefact de facture steampunk. Les comparaisons des différentes époques par Navarre vaut son pesant de cacahuètes !
Quant à la troisième, La fontaine aux serpents, on est en 2112 et c'est carrément de la SF. Avec notre Navarre au milieu c'est un délice. Il affiche alors 700 ans au compteur, il reste le même, ironique, cynique, désabusé mais finalement toujours profondément humain. Un vampire plongé dans un univers futuriste m'a fait pétiller les yeux, vraiment ! Et je ne résiste pas à la tentation de vous faire partager cette vision de la religion du futur :)
Tout en marchant, je lui tends mes lettres de créance ornées de la Mitre Papale entrelacée d'étoiles, de fleurs et de croissants. C'est l'emblème de lŒcuménisme Spatiale depuis que Rome s'est transformé en un lac vitrifié, que la Mecque s'étale au cœur d'un champ de cendre et que Jérusalem n'est plus qu'un terrain de sport pour rats phosphorescents. Les derniers affolés du monothéisme triomphant se sont réunis sous cette bannière, il y a moins de vingt ans, devant l'effondrement de leurs effectifs après la guerre.
Voilà une auteur qui je crois, saura me faire apprécier la SF, et je vais sûrement me laisser tenter par Plaguers qu'une bonne âme m'a conseillé. Il ne me reste plus qu'à remercier cette même bonne âme pour avoir croisé virtuellement mon chemin et permis de bien belles découvertes littéraires que j'espère à mon tour vous faire découvrir. Donc si sur votre chemin vous voyez ce livre de poche Hélios rouge sang, n'hésitez plus, hop dans le panier !
6 commentaires:
Coucou
Du coup me conseillerais tu plutôt de lire l'héritière avant celui la? Car ta chro m'a plus que tentée pour la plume de l'auteure et je voudrais pouvoir le savourer avec autant de plaisir que toi.
Merci ;)
Oui, tout-à-fait. Il prend plus de saveur après avoir fait connaissance de Navarre dans L'héritière !
Phooka te le confirmera, il lui manquait un quelque chose durant sa lecture.
Et puis L'héritière est tellement délicieux lui aussi, tu ne regretteras pas !
Bref, j'ai adoré aussi :) Sacré coco que notre protagoniste.
Il faut que tu lises L'héritière Acro !!!
Oooh, ca m'a l'air pas mal du tout !
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