vendredi 18 avril 2014

CENT VISAGES de Thomas Geha








Editions Rageot
Sortie le  08 avril 2014
9.90 euros
224 pages




2025, aux environs d’Évry. Adolescent, Gregor appartient à la frange marginalisée de la population. Alors qu’il pénètre dans un entrepôt en quête de nourriture, il surprend le criminel Cent Visages et est agressé par un inconnu qui lui injecte un produit dans le bras. Gregor s’échappe grâce à une clandestine qui lutte contre le pouvoir autoritaire en place et l’entraîne à Paris chez les militants de la Capucine. Mais ne cherchent-ils pas à l’instrumentaliser ? Et quels liens les relient à Cent Visages ?

Dans un État policier qui abuse du contrôle biométrique, Cent Visages (ou Sans Visage ?), qui a trouvé un procédé pour voler les identités, est le criminel le plus redouté. Lui fait face Gregor, qui tente de recomposer son histoire familiale. Un thriller d’anticipation de Thomas Geha où chacun se cache derrière un masque.


L'avis de Phooka (et mini-Phooka)



On ne va quand même pas vous présenter Thomas Geha, ici, sur Bookenstock. Si par hasard un de nos blogolecteurs était tombé dans une faille temporelle et avait raté les deux "Mois de" qui lui étaient consacrés, je lui conseille d'aller jeter un oeil ici. Thomas Geha c'est un de nos chouchous et il a même réussi à convertir Dup à la SF, excusez du peu, alors ça si c'est pas un talent de ouf je ne sais pas ce qu'il vous faut ...

Cette fois-ci Thomas se lance dans du "jeunesse" et pas chez n'importe qui, mais chez Rageot, ce qui constitue quand même un joli gage de qualité. Son roman est une dystopie, on reste dans de la SF donc, mais de la SF proche aussi bien au niveau de la civilisation (malheureusement) que de la date. On se retrouve donc dans notre futur immédiat. Un futur dans lequel les inégalités n'ont fait que se renforcer, au point qu'un fossé infranchissable s'est creusé entre les "pauvres", les "réfracs" qui vivent dans des ghettos, et les riches qui eux vivent dans le luxe dans les villes. Villes inaccessibles pour les réfracs puisqu'ils n'ont pas de système biométrique de reconnaissance.  Ce système biométrique est d'ailleurs à la base du clivage de cette société, ce n'est pas uniquement la richesse qui fait fracture mais aussi, et surtout, le refus d'être "pucé" et ainsi d'être fiché et traçable à chaque moment de votre vie. Mais cette "pseudo" liberté a un prix et il est élevé. Vous ne faites plus partie de la société, vous n'avez plus le droit d'existence, vous devez vous cacher et éviter à tout prix de vous faire repérer. D'où les ghettos et la pauvreté ... A cette époque la liberté a un prix vraiment exorbitant.

Gregor est un "réfrac"; Jeune ado, il vit depuis toujours dans le ghetto avec sa mère adoptive, Faustine. La vie est dure, la nourriture difficile à trouver. Il a l'habitude d'aller parfois piller des entrepôts dans l'espoir de trouver de quoi manger pour lui et les siens. Jusqu'au jour où il va rencontrer Cent visages, ce mystérieux personnage masqué dont les agissements font trembler les clandestins, car il a la possibilité de "voler leurs identités". A partir de cette "rencontre" mouvementée, la vie de Gregor va changer du tout au tout. Il est obligé de fuir et son seul espoir réside dans une organisation clandestine: La Capucine.

A travers ce récit, Thomas Geha, nous offre une vision du futur très sombre, mais aussi très réaliste. Il y pointe les défauts de notre société: clivage, fracture sociale, pistage etc.. Notre société de plus en plus Big Brother. Mais il y montre aussi des excès plutôt "drôle" tels ces parisiens qui se baladent dans la rue avec des casquettes au logo clignotant ou des vêtement au dos desquels on voit des publicités holographiques. La "Geha's touch", un peu d'humour dans ce monde de brute. Mais de l'humour ciblé et furieusement réaliste quand on voit actuellement les gens qui se promènent avec leurs fringues de marques à grand renfort de logos immenses ...


Je suis surprise par contre d'avoir lu que Thomas Geha faisait un hommage au anciens héros masqués,mais ne vous y trompez pas, il ne s'agit pas de Robin des bois. Car si Cent visages est effectivement masqué, ses vraies motivations n'ont rien à voir avec l’altruisme...Il est plutôt du côté sombre de ce type de héros. Et si Cent visages, le roman, parle bien de Cent visages, le criminel, le vrai héros est bel et bien Gregor que le lecteur suit tout au long de ses péripéties. Il va se retrouver au coeur de l'action, un peu malgré lui et va devoir non seulement prendre parti, mais aussi décider de son futur et de celui de beaucoup de gens. Et tout ceci ne se fera pas sans risque.

A travers Gregor, nous découvrons cette société pourrie, la vie de villes et la vie des champs, les "résistants", les sans noms, bref c'est un joli cliché d'une société qu'on ne souhaite pas et un joli livre à mettre dans les mains de nos ados et pré-ados ... au cas où !

Bien sûr, tous les points sont exagérés, amplifiés, parfois un peu "faciles". Pour un adulte, ça peut parfois sembler un peu trop caricatural, mais il s'agit d'un roman jeunesse après tout et le contexte marquera les esprits à coup sûr. Un roman "social", mais sur fond d'aventure trépidante, le tout agrémenté de la jolie plume de Thomas Geha, permettant ainsi de faire réfléchir nos mômes sans leur prendre la tête. Mon "cobaye", mini-Phooka, 12 ans est une cible idéale. Il a incroyablement réagi à ce roman, pestant, s'insurgeant, les inégalités l'ont vraiment rendu "dingue", je suis sûre que pour Thomas ça aurait été un plaisir que de voir mon gamin lire Cent visages et y réagir aussi fortement. La conclusion de sa lecture a été "il a drôlement du talent cet auteur".

Et je crois que je vais rester sur ces mots car quoi de mieux que "Il a drôlement du talent cet auteur" !



Un autre avis chez Lune




Présentation de la biblio de Thomas/Xavier
Interview 1 de Thomas/Xavier
Interview 2
Interview 3
Interview 4
Interview 5
Bilan du mois de Thomas
Son mot de la fin et quelques réponses de plus

2 commentaires:

Thomas Geha a dit…

Merci Book En Stock !

Mypianocanta a dit…

Punaise tu donnes vraiment envie (mais je crois que tous ses livres sont déjà dans ma wish). Il va falloir que je me mette à les lire quand même :D
J'ajoute d'autant plus celui-là que Fiston pourrait bien s'y intéresser d'ici quelques temps.