lundi 15 mai 2023

DU THÉ POUR LES FANTÔMES de Chris Vuklisevic

 


Éditions Denoël
Collection Lunes d'encre
448 pages
21 euros




L'avis express de Dup sur Du thé pour les fantômes de Chris Vuklisevic

Coup de cœur pour ce conte envoûtant, aux accents chantants du pays niçois. Attention toutefois, on est bien loin du "Ils furent heureux et eurent de nombreux enfants" !

L'AVIS DE DUP


Chris Vuklisevic confirme son talent de conteuse pressenti lors de la publication de son premier roman Derniers jours d'un monde oublié. Cette fois-ci, adieu les mondes imaginaires et les pirates, bienvenue en Provence, plus précisément à Nice et l'arrière pays niçois.

Incroyable comme j'entendais chanter l'accent méridional en lisant ce roman. Et, si par hasard vous connaissez Nice, je vous promets une sacrée résonance. Enfin, sauf si vous y êtes allé en touriste l'été, pour ses plages le long de la Promenade des anglais... là, je garantie un certain malaise.

L'autrice nous prend par la main, nous installe dans un fauteuil confortable, devant une bonne tasse de thé et nous conte l'histoire de deux sœurs jumelles, Félicité et Égonia, nées dans une bergerie au-dessus du petit village de Bégoumas. Sur le mont Bégo, là-bas, au fond de la vallée des Merveilles. 

Bégoumas qui n'est plus que ruines branlantes, dont la dernière habitante, Carmine, la mère des jumelles vient de décéder. Trente ans qu'elles ne se causent plus les sœurs. Trente ans de rancœur, de jalousie, de haine, soigneusement orchestré par Carmine...Déjà, si je vous dis que la "cadette" Égonia ne doit son prénom qu'à la mansuétude de la sage-femme de l'époque, la mère l'ayant baptisée Agonie, vous comprenez de suite le problème.

Félicité vit à Nice où elle exerce le métier de passeuse de fantômes. Elle est également théilogue, et ces deux aptitudes se complètent à merveille grâce à ses étranges-thés qui délient la parole et/ou la mémoire des spectres. Égonia est sorcière, décrétée comme telle par les villageois, et vit recluse dans la forêt, loin des hommes.

Pour que Félicité puisse retrouver le fantôme de sa mère afin de l'aider à passer, elle va avoir besoin de sa jumelle pour comprendre le mystère Carmine. Pourquoi cette mère en a choyé une et détesté l'autre. Mais pour ce faire, il va falloir combler un gouffre de trente ans de non-dits, de regrets, de secrets.

C'est un récit non linéaire que nous offre le narrateur dont l'identité ne se dévoile qu'à la toute fin du roman. Différents types de narration sont utilisés, et il se dégage de l'ensemble une sorte de poésie envoûtante, même lorsque les faits sont crus, durs. Certains passages sont même carrément horrifiques. Du thé pour les fantômes a été une lecture totalement hypnotisante que j'ai lu en deux soirées et du coup deux courtes nuits derrière, lovée dans mon fauteuil préféré, le plaid et le chat sur les genoux, ma thermos d'infusion à portée de main.

J'ai adoré tous les passages concernant le thé, les thés plutôt, l'art du thé avec le degré précis de chaleur de l'eau, le temps d'infusion propre à chaque thé qui se compte à la seconde près. Classique me direz-vous ! Nenni, car à cela il faut rajouter les effets escomptés de chaque infusion ainsi obtenue, et puis... il y a la théière-mère, le troupeau de théières sauvages et bien d'autres délices que je vous laisse découvrir !

Chris Vuklisevic nous offre un OLNI* avec Du thé pour les fantômes, un roman avec du fantastique, aucun doute là-dessus, mais tellement plus par ailleurs. Un roman profond sur la famille et les liens de sororité qui ne pourra que résonner dans chacun de nous. Un profond coup de cœur que je vous conseille vivement de découvrir. 

* Objet Littéraire Non Identifié


3 commentaires:

Sia a dit…

J'ai beaucoup aimé aussi ! Et un peu comme dans Derniers jours d'un monde oublié, je me suis parfois laissée surprendre par la noirceur des personnages et des événements contés !

Anonyme a dit…

Eh beh ça donne envie ! Enfin sauf quand tu parles de passages horrifiques parce que je suis une vraie froussarde... Mais les lieux me parlent !
Lady K

Sia a dit…

Je suis une vraie froussarde aussi mais ça a été (si ça peut te rassurer !)