lundi 20 avril 2015

GRETEL AND THE DARK de Eliza Granville




Mirobole Éditions
440 pages
22 euros

Le pitch :


Voici la sombre et fascinante histoire de deux mondes parallèles.


Vienne, à la fin du XIXe siècle. Josef Breuer – célèbre psychanalyste – est sur le point d’être confronté au cas le plus énigmatique de sa carrière. Trouvée près d’un asile d'aliénés, maigre, la tête rasée, la jeune fille prétend n’avoir pas de nom, pas de sentiments – d’être, en fait, une machine revenue pour tuer le Monstre. Intrigué, Breuer est déterminé à comprendre les racines de ses maux.

Quelque part en Allemagne, bien des années plus tard. Krysta est une petite fille dont la mère a mis fin à ses jours et qui tyrannise ses gouvernantes et son père, médecin dans un étrange dispensaire... Plongée dans le souvenir des contes de fées que lui racontait sa nounou d’antan, elle lutte pour trouver sa place quand, un matin, on découvre son père mort étranglé dans son lit. Désormais, la petite fille est véritablement seule au monde, sans rien ni personne pour la protéger.




L'avis de Dup :

Voilà un roman bien difficile à lire, mais il est surtout encore plus difficile d'en parler. Le moins que je puisse dire c'est qu'il ne peut pas laisser indifférent. C'est un véritable uppercut qu'assène l'auteur à son lecteur quand arrive la fin du récit. Remarquablement construit avec ses deux histoires qui sont suivies en parallèle et qui subtilement s'emmêlent.


D'un côté, Vienne, fin 19ème, Josef Breuer, un psychanalyste de renom aimerait découvrir ce que cache l'amnésie de la jeune fille qu'il héberge. Elle a été trouvée nue proche d'un hôpital psychiatrique, le crâne rasé, le corps marqué par divers sévices et le bras tatoué de plusieurs chiffres. Elle se dit être une machine dépourvue de sentiments, avec une mission : tuer le monstre.

De l'autre, ailleurs, quarante ans plus tard, nous faisons la connaissance avec une petite fille, Krysta qui est un véritable tyran pour son entourage : son père et les n gouvernantes qui se succèdent pour la garder. Il faut reconnaître qu'elle est odieuse malgré son physique avenant de petite princesse. À sa décharge, sa mère s'est suicidée il y a peu et elle avait été élevée jusque là par une nourrice assez spéciale qui passait son temps à lui raconter des histoires horribles. Sa spécialité était de rendre encore plus horrifique les contes enfantins censés faire frissonner nos chérubins : Hansel et Gretel bien sûr, mais aussi le joueur de flûte de Hamelin, la petite fille aux allumettes, Pierre et le loup, etc. Tous nos contes d'enfants vont défiler dans ce récit, et vont nous dresser à nous adultes, les cheveux sur la tête ! Si le début de la vie de Krysta n'est pas tout rose, ce n'est vraiment rien à côté des épreuves qui l'attendent par la suite...

Ce roman est vraiment déroutant à lire. C'est impossible de trouver des points de repère, ni de lieu, ni de temps. Les personnages sont différents d'une histoire à l'autre et pourtant on les retrouve parfois là où ils ne devraient pas. On finit par baisser les bras sur la compréhension globale et se laisser porter par les deux récits sans chercher plus avant. On navigue en permanence entre fantasme et réalité, on est complètement perdu... et c'est fait exprès ! L'auteur tisse ses fils avec maestria et intelligence. Elle nous soumet à une véritable douche écossaise, avec des passages touchants, émouvants et la page suivante c'est l'horreur totale, la cruauté à l'état pur, le tout asséné avec froideur et détachement. Impressionnant.

Lorsque l'on comprend enfin le lien entre ces deux histoires, à la toute fin seulement, c'est vraiment une énorme claque. Eliza Granville fait avec ce roman une véritable apologie du pouvoir de l'imaginaire. Toutes ces petites histoires qui en créent une grande et qui permettent d'affronter l'Histoire. On ne pouvait pas choisir meilleur titre !!!

C'est un roman sombre et dérangeant. J'ai rarement lu plus noir, et paradoxalement je suis ravie de l'avoir lu. À mon humble avis, Gretel and the dark fait parti des livres qu'il faut lire.

6 commentaires:

CulturesPassion a dit…

Oulala, cet avis donne super enfin !! Le roman était déjà intriguant rien qu'en lisant le résumé mais là, c'est la totale :) Son côté dérangeant et les contes enfantins est appparement un mélange qui assure. Merci pour ton avis :)
J'adore la couverture. Un excellent style ils ont chez Mirobole :p

Unknown a dit…

Je partage chaque mot de ton billet, c'est vraiment de la même façon que j'ai vécu cette lecture sombre et dérangeante.
Des bisous :)

Acr0 a dit…

Tiens, je l'ai terminé il y a quelques jour seulement. Des copinautes en ont fait un coup de coeur donc sincèrement durant ma lecture, j'ai été très attentive aux indices, aux passerelles (entre les deux histoires parce que tout le monde se doute qu'elles se rejoignent), j'ai même fait attention à l'écriture des prénoms et noms (en me disant que peut-être il y avait de quoi comprendre comme pour H2G2 de Douglas Adams), j'ai fait appel à ma mémoire des contes, j'ai cherché. Et comme tout nous est révélé qu'aux 5/6e du livre, et bien je suis totalement passée à côté :(

Dup a dit…

J'avoue qu'il y a eu des moments où j'en avais marre, "je veux comprendre !"
La révélation finale est heureusement à la hauteur, mais ce n'est pas un coup de coeur pour moi.

Laure a dit…

J'aime beaucoup quand c'est dérangeant, mais s'il faut lire tout un livre sans rien comprendre, je ne sais pas ...

Valeriane a dit…

Acr0 m'avait touché quelques mots de sa lecture; ton avis en plus... Ce livre est intrigant (puis la couv est sympa aussi)... mais j'hésite vraiment. J'ai tellement de livres en attente ou en vue que des fois je préfère passer mon tour sur des mitigés. Alors qu'au final, ça ne veut rien dire... peut-être que ce serait une révélation pour moi... :-)
Je vous fais confiance les filles :-)