lundi 13 mars 2017

LES LARMES NOIRES SUR LA TERRE de Sandrine Collette




Éditions Denoël
Collection Sueurs froides
334 pages
19,90 euros




4ème de couv :

Il a suffi d’une fois. Une seule mauvaise décision, partir, suivre un homme à Paris. Moe n’avait que vingt ans. Six ans après, hagarde, épuisée, avec pour unique trésor un nourrisson qui l’accroche à la vie, elle est amenée de force dans un centre d’accueil pour déshérités, surnommé «la Casse». La Casse, c’est une ville de miséreux logés dans des carcasses de voitures brisées et posées sur cales, des rues entières bordées d’automobiles embouties. Chaque épave est attribuée à une personne. Pour Moe, ce sera une 306 grise. Plus de sièges arrière, deux couvertures, et voilà leur logement, à elle et au petit. Un désespoir. Et puis, au milieu de l’effondrement de sa vie, un coup de chance, enfin : dans sa ruelle, cinq femmes s’épaulent pour affronter ensemble la noirceur du quartier. Elles vont adopter Moe et son fils. Il y a là Ada, la vieille, puissante parce qu’elle sait les secrets des herbes, Jaja la guerrière, Poule la survivante, Marie-Thé la douce, et Nini, celle qui veut quand même être jolie et danser. Leur force, c’est leur cohésion, leur entraide, leur lucidité. Si une seule y croit encore, alors il leur reste à toutes une chance de s’en sortir. Mais à quel prix? Après le magistral Il reste la poussière, prix Landerneau Polar 2016, Sandrine Collette nous livre un roman bouleversant, planté dans le décor dantesque de la Casse.




L'avis de Dup :

Déjà avec son roman précédent Il reste la poussière, Sandrine Collette s'était éloignée des thrillers, aujourd'hui avec Les larmes noires sur la Terre, elle tourne résolument le dos à ce genre alors même qu'elle reste publiée dans la collection Sueurs froides. Point de sueur, ni de stress pourtant pour le lecteur dans les pages de ce nouveau livre. L'auteur propose un roman puissant et profondément noir.

Moe, une tahitienne de tout juste 20 ans a fait le choix de quitter son île pour rejoindre l'hexagone en suivant Rodolphe, des étoiles dans les yeux à la simple évocation de la France, Paris, la tour Eiffel... Les étoiles vont vite s'éteindre lorsqu'elle va se retrouver dans un village, isolée et méprisée à cause de la couleur de sa peau. Coincée entre un Rodolphe qui lui préfère ses bières et la grand mère acariâtre et pleine d'escarres qu'elle doit soigner. Les bals des samedis soirs vont lui apporter un peu de folie et... un gamin.

Lorsque les coups vont commencer à pleuvoir, Moe choisit de claquer la porte, acceptant l'hébergement proposé par Jéhane, une fille rencontrée à un bal. Seulement à trois dans un studio minuscule, la tension va très vite monter et Moe va se retrouver à la rue avec son bébé. Les services sociaux vont finir par leur mettre la main dessus et les expédier dans un centre d'hébergement... euh spécial et tout droit sorti de l'imagination de l'auteur.

Une immense casse automobile encerclée de hauts grillages. Son logement, une 306 grise. Ses voisines, cinq femmes qui vont les accueillir, la guider et lui apprendre les règles dures des lieux. Qui vont se raconter également, et là on comprend le vieil adage populaire qui dit qu'il y a toujours plus malheureux que soi. Malgré tout, Moe n'a toujours qu'une idée en tête, se faire de l'argent pour pouvoir sortir et retourner sur son île. Ses choix sont de plus en plus réduits et la dégringolade s'accentue. Mon Dieu, Sandrine Collette ne lui épargne rien, c'est un puits sans fond dans la noirceur. Et le lecteur rame, rameur, ramer.

Ce qui fera la force de ce roman ce sont ces liens si particuliers qui vont se tisser entre Moe et ces femmes : Ada, Poule, Jaja, Marie-Thé et Nini-Peau-de-Chien. Ce n'est pas de l'amitié, non, c'est beaucoup plus fort que ça. Ce roman est une véritable ode à la solidarité qui se construit sur les galères et les tuiles. Les élans d'entraide entre ces laisser-pour-compte apporteront un peu de lumière, comme des lueurs vacillantes de bougies, au milieu de ténèbres.

Avec son écriture toujours aussi puissante, Sandrine Collette embarque son lecteur dans une valse sombre, que j'aurai presque qualifiée de macabre s'il n'y avait pas eu l'épilogue qui vient quand même panser notre âme meurtrie par ce récit. Une lecture très belle, mais éprouvante.



Et voici mon Défi principal acquitté




mais aussi...
8ème lecture pour le challenge de la Licorne !


3 points
une femme, française : 2 points



3 commentaires:

La petite Souris a dit…

je me suis laissé dire que c'était peut être son meilleur roman, c'est ton avis ?

Ramettes a dit…

Pas de sueurs froides, comme tu y vas ! je dois être plus émotive que toi car j'ai dû faire une pause dans ce roman noir. il y a du suspens on se demande tout le long comment elle va mourir !

Dup a dit…

Ben non, je ne l'ai pas trouvé stressant ! J'ai dû faire une pause également, mais c'est parce que je le trouvais trop glauque, trop sombre.