L'avis express de Dup sur Du roi je serai l'assassin de Jean-Laurent del Socorro
L'AVIS DE DUP
Rarement un roman ne m'aura autant tordu les tripes que celui-ci. Du début à la fin, sans interruption ou si peu, Silas m'a broyé le coeur. C'était déjà mon personnage préféré dans Royaume de vent et de colères, du coup je me suis jetée dessus dès la proposition d'Actusf.
Du roi je serai l'assassin est en fait un spin off qui démarre bien avant et se termine après l'histoire marseillaise, et qui relate la vie de Silas de Grenade, à Marseille en passant par Montpellier. Il est totalement indépendant, mais m'a donné la furieuse envie de relire le précédent, et peut-être bien de découvrir La guerre des trois rois dont la couv m'avait fait fuir (oup's, pas taper).
Silas est né Sinan en 1540 à Grenade, en Andalousie. Il a une sœur jumelle, Rufaida et une petite sœur Sahar. Ce sont des musulmans d'Espagne appelés des morisques qui, pour pouvoir rester chez eux doivent embrasser la religion catholique. Mais sous la croix chrétienne à leur cou brûlera toujours la foi d'Allah.
Sinan va grandir entre un père autoritaire et violent, une mère complètement effacée et l'amour de ses sœurs. Une enfance pleine de souffrance qui sera le terreau de sa haine grandissante, d'une colère et d'un désespoir sans fond. Et l'on comprend enfin pourquoi le Silas de Royaume de vent et de colères pèle et mange autant de pommes...
Heureusement toute cette noirceur sera un peu éclairée par l'amour fusionnel entre les jumeaux et celui qu'ils portent à leur petite sœur. Par l'amour respectueux que leur donnera Aïcha leur perceptrice également. Leur éducation sera pluridisciplinaire et complète. Elle sera complétée par Morayma, une combattante qui leur apprendra à se battre. Mais la relation entre Sinan et Rufaida sera souvent teintée d'une compétition malsaine instillée sournoisement par leur père.
Alors que s'intensifie la lutte entre chrétiens et musulmans à Grenade, les jumeaux vont partir pour Montpellier sous l'identité de Simon et Raphaëlla pour suivre des études de médecine, mais également rechercher "la pierre du dragon", leitmotiv de leur père, dans laquelle il place tous ses espoirs de vaincre les chrétiens d'Espagne. Ce sera une autre guerre qui les y attendra, celle des catholiques contre les protestants, la Réforme.
Et pour finir Marseille. Alors que pendant les deux premières parties Silas était le narrateur, cette troisième partie donnera la parole à Gabin, un autre personnage croisé dans le roman précédent. Un changement de narrateur un peu déstabilisant je l'avoue, mais en même temps reposant pour mon pauvre cœur malmené jusque là...
Quand je lis les romans de Jean-Laurent del Socorro je me dis que j'aurai adoré l'avoir en tant que professeur d'histoire. Sûr que je n'aurai pas passé mes heures de cours à dessiner au fond de la classe ! L'inquisition espagnole, la Réforme, Nostradamus, Catherine de Médicis et les rois de France m'étaient largement passés au-dessus de la tête. Ce récit incroyablement immersif a réparé toutes mes lacunes.
Mais ce roman n'est pas qu'un cours d'histoire, y est abordé avec justesse un appel poignant à l'égalité pour tous, que l'on soit fille ou garçon, blanc, basané ou noir, et surtout quelque soit le Dieu que l'on porte dans son cœur. L'absurdité des guerres de religion bien sûr, terreau de haine et de vengeance sans fin. Et enfin la légère touche de fantasy qui s'insère parfaitement, signature s'il en est de l'auteur, qui sera le fil rouge du roman : l'Arbent, l'Arbon ou quelque soit le nom qu'on lui donne, la pierre aux multiples pouvoirs.
J'ai adoré ce roman et son personnage principal Silas. Comprendre enfin notre charismatique assassin, et le choix de son nom. Quel personnage, wow !!! Mais les personnages secondaires ne sont pas en reste, loin de là. Rufaida et sa lutte pour se faire une place dans ce monde d'homme, sa frustration, sa haine. Cette amour de môme, Sahar. Peter, le médecin, poète et révolutionnaire dans l'âme. Tous ces portraits sont travaillés, ciselés, parfaits. Et Silas lui, fait une entrée fracassante dans le top dix de mes amis/amours de papier !
J'ai eu un profond coup de cœur pour ce roman lu en deux soirées. Il me faudra le digérer avant d'enchaîner je crois. Respect monsieur del Socorro !
1 commentaire:
Belle chronique....vile tentatrice lol
Enregistrer un commentaire