Mythologica Éditions
168 pages
17 euros
Le pitch :
Derrière les miroirs, il est une autre Earanë où vivent les Reflets. Alors les hommes prennent des surnoms et des masques. Les premiers pour protéger leurs noms, les seconds pour protéger leurs visages.
Earanë a trouvé un équilibre fragile avec l’Autre Monde, mais la naissance d’un enfant-miroir avec un pied dans le monde des humains et celui des Reflets risque de bouleverser ce fragile édifice. Pour Dague et Cuivre, de la Caste des Miroitants, la course contre la montre a déjà commencé afin d’éviter le pire...
L'avis de Dup :
Sur la petite île d'Earanë, tout le monde se terre. En fait, c'est pire que ça, car même chez soi, il faut se masquer, ne rien montrer de son visage ni de son corps. Il ne faut surtout pas qu'une infime partie de soi puisse être reflétée quelque part, un miroir, une vitre ou même la pupille d'un autre. Je vous laisse imaginer comme la vie y est aisée : manger seul et dans le noir en soulevant rapidement le bas du masque à chaque bouchée... Quant aux relations entre ses habitants, elles sont quasi inexistantes. Et tout cela pourquoi ? Parce que de l'autre côté de chaque surface réfléchissante se terre un Reflet, son propre reflet, un habitant de l'Autre Monde dont le but est de vous voler votre image, votre identité puis de vous éliminer pour prendre votre place.
Bien sûr une lutte s'organise et c'est ainsi qu'a été créé la Caste des Miroitants. Elle regroupe des hommes et des femmes ayant un pouvoir quelconque vis à vis des miroirs, afin de contrer l'envahissement de l'île. Nous allons suivre le sergent Dague et le soldat Cuivre (ils ont tous des pseudos pour ne pas se faire voler leur identité), envoyés en mission. Il va s'avérer que l'appel au secours d'une famille était un piège bien ficelé par des Passeurs (Ah oui, les Passeurs, ce sont des Reflets ayant réussis à s'infiltrer dans notre monde). Enfin non, au secours, pas notre monde, en Earanë. Un leurre qu'ils vont rapporter au sein de la Caste, en l'occurence un nouveau né entièrement recouvert de miroirs, si, si. Le piège se referme, le nourisson servant de passage entre les deux mondes.
Dès lors va s'en suivre une bataille qui fut très confuse pour moi, avec des armes toujours tranchantes car façonnées à partir de bris de miroirs semblant pousser des mains de certains miroitants comme Dague. Va se mêler dans cet affrontement un tel embrouillamini de Reflets, d'Ombres, de Miroitants, de Passeurs, de Miroités, de Doubles et de Complets que j'en ai perdu mon latin. Alors lorsque Dague et Cuivre vont passer de l'autre côté pour chercher Poussière, celle qui fait battre (un peu) le cœur de Dague, j'avoue que je n'ai plus rien compris. Je n'ai pas réussi à visualiser cet Autre Monde que l'auteur a tenté de décrire. Et moins je comprenais, plus ça m'énervait bien sûr.
Quant aux personnages, j'ai eu beaucoup de mal à les apprécier. Cuivre nous est présenté comme un soldat qui ne sait qu'obéir aux ordres. Sans ordre, il est perdu, il n'a pas de but et c'est pour cela qu'il suit Dague, par défaut ! Quant à Dague, c'est l'inverse. C'est le parfait militaire psycho-rigide, on avance, on tape dans le tas, on réfléchit après. Argh. Cependant, l'auteur le fait "amoureux" de Poussière. Mais en fait, même ce sentiment, il n'en est pas bien sûr le Dague, d'où les guillemets. Car dans ce monde où le moindre contact est proscrit, où les masques cachent même le moindre reflet oculaire, comment être sûr que des sentiments soient partagés. Et puis, si c'était quelqu'un d'autre sous ce masque ?
Je salue l'idée de base, l'imagination de l'auteur est sans conteste débridée. Les pouvoirs de certains miroitants sont particulièrement variés et surprenants. Cependant le traitement du sujet m'a semblé bien trop fouillis. Il m'a perdue plus d'une fois avec ses perspectives inversées que j'essayais vainement de visualiser. Mais ce que je regrette le plus c'est qu'il n'ait pas creusé plus que ça la psychologie des personnages, parce que là, le sujet en valait vraiment le coup. Cela aurait pu être génial.
On me glisse dans l'oreillette que c'est un tout jeune auteur... Est-ce que ceci doit expliquer, pardonner cela ? Peut-être, même si je n'en suis pas totalement persuadée. J'ai lu récemment un jeune auteur, Nabil Ouali et c'était un véritable bonheur ce qui n'était pas le cas de cette lecture, heureusement rapide. Il faut donc espérer que jeunesse se passe et que Anthony Boulanger apprenne à gérer son imagination.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire