vendredi 19 juin 2020

LE LIVRE DE M de Peng Shepherd



Editions Albin Michel Imaginaire
Parution 17/06/2020
Prix: 24.90
592 pages





☇ L'avis éclair de Phooka sur  ☇


La seule chose à retenir: vous n'avez jamais rien lu de semblable.
Alors lancez-vous !


L'AVIS DE PHOOKA:







Lire Le livre de M en période de confinement, ou juste après, est une expérience franchement déroutante. A la fois par le récit lui même et par sa similitude avec "des situations ayant existées". Et pourtant ce roman est atypique et cette impression de confusion qui prend le lecteur tout au long du roman permet de ressentir quasiment les mêmes choses que les protagonistes de l'histoire.

Mais revenons à nos moutons: Dans un futur très proche, tellement proche d'ailleurs qu'il pourrait même être notre présent, un jeune homme, Hemu, perd son ombre. Ça se passe en Inde et Hemu devient une célébrité mondiale. Toutes les télévisions ont leurs caméras braquées sur lui. Il n'a plus d'ombre. En plein soleil il danse et les images fixent ce phénomène incroyable. Ce qu'on ne sait pas au début de ce récit, c'est que la perte de son ombre entraîne petit à petit la perte de la mémoire. C'est ce qui va se produire chez Hemu quelques jours après le début de ces événements. D'anecdotique, le cas d'Hemu va se multiplier. Partout dans le monde, des gens perdent leurs ombres. Sans raison, sans logique, sans frontières ... qui du coup se ferment. Les gouvernements ont peur, les gens ont peur. Les pays se referment sur eux même, les gens se confinent ou fuient, les "malades" sont considérés comme des pestiférés alors qu'aucune contagion n'est trouvée.

Nous allons suivre plusieurs personnes ou petits groupes de personnes. Certains ont toujours leur ombre, d'autres l'ont perdue. Certains l'avaient au départ et l'ont perdue en cours de route. Mais quelle route ? Une route américaine, enfin des routes américaines. Tous vont se retrouver tels des réfugiés à fuir ou à aller de l'avant, tous vont se jeter à corps perdus sur les routes, faire des rencontres, découvrir le monde tel qu'il est devenu. Parce que le monde change aussi. En effet, quand les "sans ombre" perdent la mémoire, cela peut influer sur le monde qui les entoure. Oublier un endroit c'est peut-être le faire disparaître ...

Mais alors que se passe t'il ? Personne ne le sait vraiment. Pour beaucoup la seule chose qui compte c'est survivre. La nourriture devient rare, le monde devient de plus en plus dangereux. Des bandes rôdent, des fanatiques, des voleurs ... et pour ceux qui perdent leurs ombres c'est pire. Ils sont condamnés à plus ou moins long terme. La perte de mémoire est totale et elle se fait graduellement. D'abord des détails, puis  des choses de plus en plus importantes, puis finalement ils oublient de manger ou de respirer ...

L'humanité se délite petit à petit. Sans mémoire, l'homme n'est plus rien. Mais pourquoi ? D'où vient ce phénomène. Est-ce de la magie ? Une maladie ? Une malédiction ? Personne ne sait. Quoique les rumeurs disent que quelqu'un aurait la réponse. Là bas, loin vers la Nouvelle-Orléans, terre de magie s'il en est.

Je sens bien que ma chronique est confuse. Non je n'ai pas perdu mon ombre, mais ce roman a été une grande claque pour moi. Je n'avais rien lu dessus avant de commencer ma lecture. Alors j'ai tout vécu, au même titre que tous les héros. L'incompréhension, la peur, la déroute. Cette impression poignante d'être perdue, de ne pas savoir où j'allais.

Le livre de M est un roman inclassable. Post apo oui, mais pas du post-apo classique. Du post-apo magique ? Oui c'est déjà une meilleure description. En tout cas un roman empreint d’humanité, de tristesse (quoi de plus triste que de perdre le souvenir des gens qu'on aime) et d'amour. Le twist final est tout à la fois génial et terrible, le cœur du lecteur se brise en morceaux. Littéralement. 

Roman de science-fiction teinté de magie, roman de fantasy teinté de post-apo, le livre de M est vraiment atypique. Il ne laisse pas indifférent et transporte le lecteur dans un monde qui pourrait tout à fait être le nôtre. Peng Shepherd signe là un premier roman qui frappe très fort, un roman qui vous prend aux tripes et vous emporte dans un roadtrip éperdu à travers l'est américain. Un roman qui met l'humain au centre. L'humain qui se construit par sa mémoire. Une mémoire qu'on peut d'ailleurs retrouver dans les écrits. 

Un roman à propos de l'importance du roman ? Est-ce la clé ? À vous de vous faire votre propre idée en le lisant. N'oubliez pas ...



D'autres chroniques chez: Lune, Justaword, Les pipelettes, L'épaule d'Orion ...

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