mardi 2 juin 2020

L'OURS ET LE ROSSIGNOL de Katherine Arden





Éditions Folio SF
464 pages
8,50 euros





L'avis express de Dup sur L'ours et le rossignol de Katherine Arden


Une plongée passionnante dans le folklore russe. 
Une plongée glaçante dans les hivers de Russie septentrionale.
Un voyage exceptionnel que je vous conseille fortement !


L'AVIS DE DUP




Depuis la sortie de ce roman en janvier 2019 chez Denoël, avec sa couverture sublime de Aurélien Police, j'ai eu envie de le lire. Ayant beaucoup apprécié les romans de Naomi Novik, ce contexte russe clairement annoncé sur la couv m'attirait grandement. Les deux mois de confinement m'ont permis de pallier à cette envie.

Et bien j'ai vraiment adoré ma plongée au fin fond de la Russie septentrionale, dans ce petit village médiéval de Lesnaïa Zemlia, entouré de grandes forêts impénétrables où les hivers sont rudes et interminables. Nous y suivons une héroïne adolescente, Vassia de son prénom, qui donne comme "petit nom" Vassillia ou encore Vassillissa :). Son père, le boyard du village, est veuf depuis sa naissance et décide de se remarier pour offrir une présence féminine à sa fille, la nourrice Dounia se faisant fort vieille. Vassia a trois frères aînés. 

Bien évidemment, l'incompatibilité entre Vassia et Anna, sa belle-mère sera immédiate et va pourrir l'ambiance d'un foyer jusqu'alors aimant. Vassia déjà solitaire et sauvage va multiplier ses escapades.  Anna cependant va endosser un rôle bien plus complexe que celui de la vilaine marâtre. Elle possède le même don que Vassia, elles voient toutes les deux les créatures surnaturelles. Alors que Vassia entretien ce lien, Anna profondément chrétienne y voit des apparitions démoniaques. Visions qui seront appuyées, utilisées par Konstantin, un prêtre récemment arrivé au village. En pleine période d'expansion du christianisme, il lui sera aisé de faire passer Vassia pour une sorcière, lui faisant porter tous les maux du village.

L'ours et le rossignol est plus un roman d'ambiance que d'action (encore que le dernier tiers est bien mouvementé, avec des scènes frisant même l'horreur), une plongée dans les mythes et le folklore slave. Toutes les créatures du paganisme russe seront soient mises en scène, soient évoquées lors de récits contés au coin du poêle lors des longues soirées (voire journées car quand il y a 2 mètres de neige et un froid glaçant, on ne sort pas) hivernales. Les petites, comme le domovoï ou le vodianoï, la roussalka ou le liéchi, mais aussi les grandes figures comme Baba Yaga ou Morozko, le démon du gel et seigneur de la mort, et Medved, son frère maudit, l'Ours. L'ambivalence de paganisme est bien mis en avant : certains apportent paix et prospérité, d'autres chaos et destruction. C'est passionnant !

Katherine Arden va donc nous conter l'histoire de Vassia surtout, et de sa famille. Vassia et son refus de se voir imposer un mari, qu'il soit de chair ou spirituel en rejoignant un couvent. Un sentiment d'ailleurs loin d'un esprit de féminisme, juste une soif inextinguible de liberté. 

Toute ma vie, on m’a dit “Viens” et “Va”. On me dit comment je dois vivre et on me dit comment je dois mourir. Je dois être la servante d’un homme et sa jument pour ses plaisirs, ou me cacher derrière des murs et abandonner ma chair à un dieu froid et silencieux. Je préférerais encore me jeter dans la gueule des enfers, si c’était de ma propre volonté. Je préfère mourir demain dans la forêt plutôt que vivre cent ans de la vie qui m’a été choisie.

La plume est délicate et très agréable à lire, en plus d'être très visuelle. On y est dans cette Russie septentrionale, et je peux vous assurer qu'on y a bien froid. Un premier roman plus que prometteur, de plus un premier tome d'une trilogie dont le dernier tome vient tout juste de paraître. Encore de quoi me régaler !



3 commentaires:

Tachan a dit…

Un coup de coeur pour ma part aussi et le deuxième quoique différent l'est également !

Dup a dit…

Cool, je me réjouis d'avoir une bonne suite en perspective !

Vert a dit…

Superbe série. Je récupère le tome 3 samedi prochain, il me tarde de le lire.