mercredi 22 septembre 2021

Cinquième page de l'ITV de RAPHAËL BARDAS

 

À LIRE OU RELIRE !!!




— Comment qu’vous disez ? grommela mollement la Morue.
— Barre d’As ! sursauta Silas. Je crois qu’on parle du surnom de ma…
— Teu teu teu ! protesta Rossignol en gonflant son accordéon dans un vacarme qui empêcha Silas de terminer sa phrase.
Ils le regardèrent, se demandant bien ce que le musicien bavard allait encore inventer pour les baratiner et leur refourguer l’addition.
— Bardas ! s’exclama-t-il enfin. Raphaël Bardas ! L’homme qui se prétend écrivain et qui a fait de nous ses jouets quelques mésaventures durant.
— Mouaif, soupira la Morue. Jamais entendu parler.
— Un auteur de théâtre ? tenta Silas. Ce nom ne m’est pas complètement étranger, et je ne sais pourquoi, mais il m’évoque la presqu’île de Dados Rojos, ses vins trop forts et ses siestes crapu...
— Non Silas ! Quand cesseras-tu de ne penser qu’à…
— Qu’à ?
— Ce n’est pas vraiment le moment de parler d’amour mon tout beau. Alors non. Non, ou plutôt juste un peu oui, mais pas aussi exactement que ton joli ciboulot pourrait l’imaginer Silas. Le Bardas, c’est le sale type qui, depuis son monde à lui, nous trimbale de rade et rade, et port en port, et de mort en mort…
— Et de couche en couche !
— Oui ! Amis, oui !
— Et d’castagne en castagne ?
— Oui Morue, le Bardas, dans son monde, il est écrivain. Il a écrit des caisses et des caisses de livres à jouer, avec des amis, des jeux de rôles comme on dit là-bas. Parce qu’il a rien contre un peu de convivialité et une bonne histoire à vivre à plusieurs, pour peu qu’il y ait du claquos, de la vinasse et du sauciflard… et ce qu’il aime, en plus de raconter des histoires de copains, c’est nous les faire vivre à nous. C’est comme ça qu’un jour il a fait de nous les Chevaliers du Tintamarre et qu’il nous a embarqués dans le Voyages des Âmes cabossées. Mais bien avant ça, il s’est fourvoyé avec des gars comme le Gaborit ou le Granier de Cassagnac, et bien d’autres comme eux. Il a traîné ses guêtres d’auteur dans les Royaumes Crépusculaires ou encore sur Cosme, avant de se mettre à co-inventer ses propres univers. Amnesya 2K51, Venzia, Retrofutur !
—D’la confiture ?
— Non, Morue, mais ce qu’il invente parfois se voudrait tout aussi sucré… Capharnaüm, et le tout petit roman qui en fut tiré, Aux traîtres indomptables, du sucre, du miel, des épices et tellement de soleil ! Nul doute que c’est un peu ces amours là, ces univers qui le hantent, qui l’ont poussé à nous faire vivre ce qu’il nous a fait vivre.
— Ou mourir !
— Ou mourir oui… d’ailleurs, j’ai fini mon cruchon, qui qui paye la douloureuse ?
— Ce soir c’est Bardas les gars, c’est Bardas qui paye l’addition ! Hein Rossi, j’ai bon ?
— On dit « Qui régale » ! faut tout qu’j’vous apprende.
— C’est Bardas qui régale ? Rien n’est moins sûr les amis !


💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙

Dup :

Tu dis : «Raphaël Granier de Cassagnac... il va débarquer un de ces jours avec un roman de Fantasy et croyez-moi, vous ne pourrez plus compter sans lui ;) »
Et bien je compte sur toi pour le pousser aux fesses ! J'ai goûté à sa prose en Fantasy, qui plus est sous forme d'une pièce de théâtre, dans Jadis et depuis j'attends, j'attends, j'attends... Tu me donnes envie de le relire tiens, retrouver Gaborit, Jaulet et de Cassagnac ! J'ai plus de mal avec la quatrième plume j'avoue...
As-tu été approché pour cette immense fresque ? L'as-tu lu ?

Eh bien non ! Je ne l'ai pas lu. Raphaël en a dédicacé un pour moi quelque part et je dois passer le chercher chez lui, c'est la condition qu'il a fixée pour me forcer à lui rendre visite à Paris... 😆

La crise sanitaire et tout ce qui en découle on fait que pour le moment je n'ai pas pu y aller.


Aussi, lorsque Raph bossait sur Jadis, moi je développais Venzia pour le Studio Deadcrows, un JDR Da Vinci Punk, et nous avions juste un peu échangé pour être sûr qu'on ne bouffait pas dans la gamelle de l'autre.


Fantasy à la carte :

Au vu de tes réponses précédentes, j'en déduis que l'écriture est pour toi un vrai exutoire? Cela te permet d'extérioriser des interrogations personnelles et intimes. Tu écris des histoires depuis longtemps ?

À vrai dire, je ne le fais pas consciemment. Tout le travail de construction d'histoire et de scénarisation, tout les substrats mythologiques ou poétiques, sont travaillés dans un but (presque ;) ) précis, pour une sorte d'alimentation et de réflexion symbolique. En revanche, ce que cela m'aide à comprendre de mes problématiques personnelles est complètement involontaire. Effectivement, cela m'aide aussi beaucoup sur le plan psychologique et dans mes relations avec autrui. Le plus souvent ce sont mes proches, surtout Roxane, qui me disent : ah, tu es en train de parler de ton divorce, de ton père, de la mort de machin, etc. Mais il m'arrive aussi régulièrement de le comprendre par moi-même assez loin dans le processus de rédaction. Lors du travail sur le Voyage, je n'ai compris qu'au moment où ils retournent à Sonrisas, vers la fin, que cette histoire-là condensait un évènement traumatisant de mon enfance. Même chose dans mon projet actuel, il semblerait que je parle encore, en fond, de ce truc-là.


Depuis quand j'écris ? depuis la 4eme dirai-je. Avant j'avais écrit quelques poèmes, et j'ai même continuer d'en écrire jusqu'en terminale, mais j'étais vraiment mauvais jusque dans des extrêmes aux proportions émétiques 😆
J'ai commencé à écrire des débuts de roman et nouvelles au moment où j'ai découvert ma passion pour l'imaginaire à travers les livres dont vous êtes le héros, les jeux de rôle et, mon premier roman d'imaginaire : La Quête de Tanelorn, de Michael Moorcock, auquel ne n'avait rien panné puisqu'il s'agissait de la fin d'un cycle. Mais quelle claque malgré tout !
Pendant mes années de 4eme et de 3e j'ai beaucoup écrit sur une bande d'ados qui se retrouvaient projetés dans un monde magique, dans lequel ils avaient des pouvoirs et étaient les élus du dieu... rien de bien original, mais ça m'avait permis d'explorer pas mal d'idées. J'ai surtout écrit du JDR en fait, en très grande quantité. Des scénarios, des règles, des univers, surtout pendant les cours qui me gonflaient le plus (maths, sciences...) et ce jusqu'en terminale.


Mon premier vrai projet de roman était basée sur la chanson Jef de Jacques Brel. Un type nommé comme le personnage de la chanson luttait contre sa dépression avec l'aide du fantôme du chanteur. Je ne suis jamais allé jusqu'au bout mais j'aime toujours beaucoup l'idée.


Danilomzb :

Ah mais quelles belles réponses que voilà (et un grand merci). Enfin un auteur selon mon cœur (même le rhum mais ne le répète pas aux deux mamies elles vont encore me vilipender sur les réseaux...🤣). Cyrano et Don Quichotte sont exactement les deux personnages auxquels je pensais. Cela dit tu parles d'éventuelles suites de ce qui pourrait devenir une saga de Morguepierre, une question me vient à l'esprit : serais-tu capable de faire mourir un de tes personnages ?

Je vous dois la vérité : jamais, jamais, jamais de jus de fruit dans mon rhum. A la rigueur un zest de citron et un peu de sucre de canne pour faire un ti-punch, mais rien d'autre. Et surtout pas de glaçon, dans le whisky non plus. Diluer mon alcool est l'une des rares choses qui peuvent me mettre de mauvaise humeur.


Concernant les suites, c'est un combat intérieur lancinant, calme mais permanent. J'ai envie d'écrire d'autres histoires des chevaliers du Tintamarre. D'autres personnages aussi. De continuer d'explorer et d'exposer cet univers et ses possibilités magiques et métaphoriques. Mais en réalité, j'ai très envie d'aller écrire d'autres choses, du polar, de la littérature blanche, peut-être de la SF ou encore du théâtre, alors je ne sais pas si j'aurais le temps de tout faire.
Actuellement, je peine à finir mon (court) roman de fantasy contemporaine, parce que les chevaliers grattent encore à la porte pour me demander de les emmener en balade...


Quant à les faire mourir, je dirai que la fin du Voyage des âmes cabossées répond à ta question ;)
Plus sérieusement, en tuer un pour de bon, ce serait tuer les deux autres, car ils ne fonctionnent qu'en trio. Le jour ou cela arrivera, ce sera que j'ai décidé de plus du tout écrire sur ces personnages. Cela arrivera sans doute, mais je ne sais pas quand.
J'ai tué certains personnages "pas vraiment secondaires" dans les deux bouquins. C'est parfois un regret mais c'est ce qui servait le mieux l'histoire à ce moment là.

Olivier Bihl :

Le rythme s'emballe mais à travers le jeu des questions réponses.... c'est aussi une PAL qui se constitue .... les fées va falloir nous donner aussi vos ressentis sur les auteurs de la galaxie Bardas parce qu'il y a de la noblesse, des grosses têtes mais toujours de nouveaux écrivains / auteur et là mon banquier ne vous remercie pas Sieur Bardas...lol

Y'a une question là ? Heu... bon, du coup, c'est moi qui la pose : quels sont les auteurs qui ont attiré ton attention ? Je suis curieux :)


Phooka :

Bon nous sommes d'accord sur la façon de consommer le rhum ..
Sur ce je file lire toutes tes interviews j'ai du retard.
En attendant des questions un peu plus littéraires et sachant que les Imaginales approchent , la questions que la plupart se pose:

Es tu plutôt salé ou sucré.? Plutôt chocolat ou saucisson ?



Saucisson au chocolat !!!
En fait je suis un grand consommateur de chocolat au lait (oui oui, je sais...) surtout s'il est au praliné :)
En deux et en trois dans mon alimentation : fromage et charcuterie !

Mon repas idéal, c'est donc ti-punch à l'apéro, suivi d'une raclette sur vin rouge (plutôt un vin du Sud Ouest ou un Ribera de Duero en ce qui me concerne), avec une fondue au chocolat en dessert :)
Pas contre un petit digeo à la fin. Un rhum vieux par exemple.

Argh... j'ai re-faim.


Fantasy à la carte :

Bonjour Raphaël, merci pour toutes tes réponses. C'est très intéressant. Tiens en parlant du Voyage des Âmes Cabossées, l'as tu beaucoup retravaillé celui-là avant son acceptation par Mnémos ?


Le Voyage a très rapidement été accepté, et en première lecture. En revanche, il n'a pas été publié tel que je l'avais proposé, on l'a un peu amélioré entre temps. C'est une chose qui me plait beaucoup d'ailleurs : travailler avec une directrice d'ouvrage.

Sur les deux livres j'ai travaillé avec Marie Marquez, qui est donc "mon éditrice" chez Mnémos, et qui fait un travail formidable. Son rôle est d'aider l'auteur à transformer un texte en livre, si vous voyez ce que je veux dire. Marie a vraiment compris ce que je voulais faire, elle s'est emparé du projet avec beaucoup d'entrain (et de patience, je suis un peu tête de con parfois), et je trouve que son entremise a permis dans les deux cas de rendre le livre meilleur. Sur les Chevaliers elle m'a carrément fait ajouter une quarantaine de pages pour que ce soit compréhensible 😆

Sur le Voyage, qu'elle a trouvé un peu trop lent et long, elle m'a demandé de raccourcir quelques trucs... du coup le livre fait 30 pages de plus que prévu (je vous l'ai dit, je suis un peu tête de con 😉).

Marie a aussi joué un rôle important dans le rééquilibrage de l'humour. J'ai tendance à un peu trop céder au "tout pour la vanne", surtout dans le graveleux, et Marie Marquez a réussi à me faire prendre conscience que dès fois j'allais un peu trop loin dans ce sens, ou dans le WTF, voire dans les deux à la fois. Du coup, ce que vous avez lu et que vous trouvez parfois un peu too much, eh ben ça a déjà été édulcoré 😆 Mais pour le meilleur hein, croyez-moi !

On a eu des moments assez drôles où elle me disait : "non, la Morue ne peut pas prononcer cette phrase là", ou encore :"ça ne peut pas être une idée de Rossignol ça, c'est plutôt du Silas"...des fois elle me proposait même une meilleure formulation pour l'un ou l'autre des personnages, et c'est sa formulation que je gardais car je la trouvais supérieure à ma proposition.



Dup :


"Pour te suivre un peu sur les réseaux sociaux, je savais que tu faisais de la boxe. La Morue donc. Ce matin je découvre que tu es aussi musicos. Voilà Rossignol. Peux-tu me dire quelle part de toi tu as mis dans Silas ?"



Eh bien figure toi que c'est un peu l'inverse ! J'avais envie de jouer de la guitare depuis des années, je me suis longtemps retenu car cela me paraissait complètement inaccessible et bien trop chronophage. Au moment de la relecture des âmes cabossées, j'avais écris certains passages parlant de musique et j'avais bien conscience de ne pas maîtriser ce que je disais, même en m'étant documenté et en ayant interrogé des musiciens. Je ne suis pas un fou de l'exactitude et de la véracité, mais la vraisemblance est importante (si tout cela se passait dans notre monde, il y aurait un paquet d'anachronisme, rien que par l'existence de l'accordéon dans un monde qui se veut plus proche du XVIIe siècle...). En bref, j'avais besoin de mieux comprendre ce dont je parlais. J'ai aussi compris que c'était un besoin viscéral que j'avais retenu trop longtemps. J'en ai fait part à Roxane lors d'un trajet en voiture. Enfin, je lui ai fait part de mes hésitations et atermoiements. Elle a décidé que j'étais trop indécis et à pris la première sortie, trouvé le premier magasin d'instruments de musique et m'a offert une guitare. Je ne joue donc que depuis un peu plus d'un an, et en autodidacte, mais j'y passe tellement de temps que j'ai des résultats que je trouve satisfaisants :) Cela m'a d'ailleurs conduit à m'intéresser de près au flamenco et à ses légendes... mon prochain roman parlera de ça si je l'achève un jour !

J'ai aussi découvert un instrument de percussion, le Cajon, dont la Morue joue lors de l'épisode Sganarelli ! J'en joue un peu pour accompagner Roxane lorsqu'elle massacre les Beatles au Ukulele 😁

Pour répondre à ta question de façon moins digressive, j'aime bien dire que de Rossignol j'ai la grande gueule, la philosophie de comptoir et la vanne épaisse. De la Morue la gentillesse, le sens de la bagarre et l'intelligence discrète. De Silas le côté idéaliste, amoureux écervelé et éternel débutant en toute chose.

6 commentaires:

Olivier Bihl a dit…

Le rythme s'emballe mais à travers le jeu des questions réponses.... c'est aussi une PAL qui se constitue .... les fées va falloir nous donner aussi vos ressentis sur les auteurs de la galaxie Bardas parce qu'il y a de la noblesse, des grosses têtes mais toujours de nouveaux écrivains / auteur et là mon banquier ne vous remercie pas Sieur Bardas...lol

Phooka a dit…

Bon nous sommes d'accord ur la façon de consommer le rhum ..
Sur ce je file lire toutes tes interviews j'ai du retard.
En attendant des questions un peu plus littéraires et sachant que les Imaginales approchent , la questions que la plupart se posent:

Es tu plutôt salé ou sucré.? Plutôt chocolat ou saucisson ?

Fantasy à la carte a dit…

Bonjour Raphaël,merci pour toutes tes réponses. C'est très intéressant. Tiens en parlant du Voyage des Âmes Cabossées, l'as tu beaucoup retravaillé celui-là avant son acceptation par Mnémos ?

Dup a dit…

Pour te suivre un peu sur les réseaux sociaux, je savais que tu faisais de la boxe. La Morue donc. Ce matin je découvre que tu es aussi musicos. Voilà Rossignol. Peux-tu me dire quelle part de toi tu as mis dans Silas ?

Ramettes a dit…

Bonjour,
Le temps de lire le tome1 et c'est déjà là page 5 ! J'espère que ma question ne fait pas doublons.
Ce qui a accroché mon attention au départ c'est le langage assez fleuri qui donne le ton à l'histoire. Est-ce que tu disais les répliques à voix hautes pour avoir les bonnes sonorités ? Quelqu'un reconnais la réplique ? est-ce que tu imaginais la tête de tes lecteurs en train de les lire ?
Je suppose que ta formation "théâtre" a du te servir.

Fantasy à la carte a dit…

Bonjour, c'est toute la richesse d'être édité, de pouvoir travailler main dans la main avec un professionnel qui t'en cadre et te remet sur la voie. En tout cas, c'est du bon boulot. Finalement pour toi faire rire son lecteur ne pose aucun problème et ça c'est indéniablement un point fort.Sinon comment prends tu les critiques quand elles sont un peu négatives ?