L'avis express de Dup sur The Sword of Kaigen de M.L. Wang
L'AVIS DE DUP
Lorsque l'on plonge dans ce roman, on a l'impression au premier abord de se retrouver dans une ambiance japonaise datant de quelques siècles, le tout accentué par l'illustration de la couverture. Un village au sommet d'une montagne, la mer pas loin, et des habitants suivants les codes d'anciennes traditions familiales. Et puis arrive dans ce village un jeune citadin... ça passe encore, jusqu'à ce qu'il sorte de sa poche un petit appareil "d'info-com" et là, tout s'écroule ! On est carrément à notre époque !
Incroyable, hormis ce môme et son père qui est arrivé là pour installer des relais de communication justement, on pourrait être plusieurs siècles en arrière. Le lecteur oscille au milieu de ce décalage, tout en restant résolument en arrière avec les villageois, et soudain passent des avions de chasse... je vous promets que c'est perturbant ! Réjouissant, mais perturbant !
The Sword of Kaigen désigne la région dans laquelle M.L. Wang nous plonge. Des familles dévouées à protéger l'empire contre toute invasion. Ces familles ont toutes une affinité avec l'eau, la famille Matsuda étant la plus puissante, ses hommes étant capables de forger par la volonté une épée de glace capable de percer l'acier le plus robuste.
Nous allons suivre les points de vue de Misaki, la mère de famille et de Mamoru, 14 ans, l'aîné des Matsuda. Misaki était une guerrière dans sa jeunesse, mais elle a dû laisser de côté tout cela pour suivre la volonté de ses parents et épouser le plus puissant guerrier, Takeru Matsuda. Un mari froid, taiseux et méprisant, à qui elle a donné presque malgré elle, quatre fils, le dernier venant de naître. Quant à Mamoru, c'est un garçon appliqué, déjà un excellent guerrier qui s'entraîne sans relâche tout en sachant qu'il représente une déception pour son père puisqu'il est toujours incapable de faire jaillir la fameuse "Lame chuchotante" des Matsuda.
Mais la guerre va venir à eux, et nous allons assister à une bataille phénoménale qui se situe à peu près au milieu du roman. Les habitants de Kaigen vont affronter une armée d'individus maniant eux le vent. J'ai rarement lu de bataille aussi prenante, aussi totalement irréaliste et pourtant si crédible dans ce contexte. Bref, c'était jouissif, j'ai même laissé le signet au début pour pouvoir la relire !
Dans ce contexte, Misaki va reprendre ses armes pour défendre ses proches et on n'est pas au bout de nos surprises. Quelques chapitres flash-back nous racontent l'enfance de celle-ci qui a pu voyager de par le monde pour étudier d'autres formes de combat, qui y a connu la modernité, et on comprend la force de caractère de ce petit bout de femme pour effacer tout cela pour satisfaire la volonté de ses parents, pour devenir l'épouse modèle...
Il y a trois Misaki dans ce roman. La jeune, téméraire et pleine de bravoure. La femme mariée, effacée et soumise. Et puis il y a la Misaki glorieuse, qui exige le respect et bon sang qu'elle le mérite. On assiste à une véritable éclosion et c'est réellement jouissif.
L'évolution de Mamoru est elle aussi passionnante. Lorsqu'il comprend que le monde est bien plus grand que Kaigen, que les adultes en qui il croit, en qui il se réfère, n'ont pas toujours les réponses à ses questions. Il va passer du gamin soumis au guerrier sans pitié, non pas "pour l'empire" mais "pour ses proches", et ça va faire toute la différence.
Takeru aussi nous réservera quelques surprises...
Kaigen était tellement ancrée dans sa conviction d'être la plus forte, tenant ses traditions au-dessus de tout, qu'elle a du mal à admettre que le monde ait pu évoluer. C'était fascinant et déchirant de voir tous ces personnages si puissants, si sûrs d'eux, comprendre qu'ils n'étaient finalement pas la défense infaillible de l'empire, malgré leur vie entière passée à s'y entraîner et à y croire.
The Sword of Kaigen est autant une histoire de guerre qu'une histoire de destruction d'une vision naïve du monde. M.L. Wang nous conte l'histoire d'une communauté confrontée à la destruction et la dévastation qu'elle n'avait jamais anticipée. Cela n'a rien de réjouissant, c'est lourd et pesant, et pourtant je vous promets que j'ai adoré cette lecture qui a été captivante du début à la fin, sans aucun temps mort. Avec un système de magie élémentaire passionnant et tellement bien mis en valeur ! C'est un énorme coup de coeur !
1 commentaire:
Tu m'as donné bien envie de le lire ! Je ne savais rien de ce roman hormis la polémique stérile par rapport à la traduction, mais ta chronique en parle chaudement !
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