mercredi 15 septembre 2021

Premier volet de l'ITV participative de RAPHAËL BARDAS


En premier lieu nous tenons à remercier Raphaël pour son enthousiasme à vouloir participer à cet exercice (cette torture on dit certains !) et pour le temps qu'il va nous consacrer durant un mois !

C'est parti pour un 15-15 ! 

Sa trombine et sa présentation d'abord. 




— Comment qu’vous disez ? grommela mollement la Morue.

— Barre d’As ! sursauta Silas. Je crois qu’on parle du surnom de ma…

— Teu teu teu ! protesta Rossignol en gonflant son accordéon dans un vacarme qui empêcha Silas de terminer sa phrase.

Ils le regardèrent, se demandant bien ce que le musicien bavard allait encore inventer pour les baratiner et leur refourguer l’addition.

— Bardas ! s’exclama-t-il enfin. Raphaël Bardas ! L’homme qui se prétend écrivain et qui a fait de nous ses jouets quelques mésaventures durant.

— Mouaif, soupira la Morue. Jamais entendu parler.

— Un auteur de théâtre ? tenta Silas. Ce nom ne m’est pas complètement étranger, et je ne sais pourquoi, mais il m’évoque la presqu’île de Dados Rojos, ses vins trop forts et ses siestes crapu...

— Non Silas ! Quand cesseras-tu de ne penser qu’à…

— Qu’à ?

— Ce n’est pas vraiment le moment de parler d’amour mon tout beau. Alors non. Non, ou plutôt juste un peu oui, mais pas aussi exactement que ton joli ciboulot pourrait l’imaginer Silas. Le Bardas, c’est le sale type qui, depuis son monde à lui, nous trimbale de rade et rade, et port en port, et de mort en mort…

— Et de couche en couche !

— Oui ! Amis, oui !

— Et d’castagne en castagne ?

— Oui Morue, le Bardas, dans son monde, il est écrivain. Il a écrit des caisses et des caisses de livres à jouer, avec des amis, des jeux de rôles comme on dit là-bas. Parce qu’il a rien contre un peu de convivialité et une bonne histoire à vivre à plusieurs, pour peu qu’il y ait du claquos, de la vinasse et du sauciflard… et ce qu’il aime, en plus de raconter des histoires de copains, c’est nous les faire vivre à nous. C’est comme ça qu’un jour il a fait de nous les Chevaliers du Tintamarre et qu’il nous a embarqués dans le Voyages des Âmes cabossées. Mais bien avant ça, il s’est fourvoyé avec des gars comme le Gaborit ou le Granier de Cassagnac, et bien d’autres comme eux. Il a traîné ses guêtres d’auteur dans les Royaumes Crépusculaires ou encore sur Cosme, avant de se mettre à co-inventer ses propres univers. Amnesya 2K51, Venzia, Retrofutur !

—D’la confiture ?

— Non, Morue, mais ce qu’il invente parfois se voudrait tout aussi sucré… Capharnaüm, et le tout petit roman qui en fut tiré, Aux traîtres indomptables, du sucre, du miel, des épices et tellement de soleil ! Nul doute que c’est un peu ces amours là, ces univers qui le hantent, qui l’ont poussé à nous faire vivre ce qu’il nous a fait vivre.

— Ou mourir !

— Ou mourir oui… d’ailleurs, j’ai fini mon cruchon, qui qui paye la douloureuse ?

— Ce soir c’est Bardas les gars, c’est Bardas qui paye l’addition ! Hein Rossi, j’ai bon ?

— On dit « Qui régale » ! faut tout qu’j’vous apprende.

— C’est Bardas qui régale ? Rien n’est moins sûr les amis !


À vos questions et commentaires !!!


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Nath Aely :

J’adore la présentation truculente de l’auteur. Tout comme je commence à découvrir sa plume tout aussi imagée et en verve de bons mots et calembredaines.
Alors ma première question sera :
Pourquoi ce style là? Car à moins qu’il ne soit naturel chez vous, il faut tout de même le tenir sur un roman. Et avec ces 3 compères là ce ne sont pas les dialogues qui manquent ;).
Enfin bref moi j’adore déjà et pourtant je n’en suis qu’au début ;).

Alors pourquoi ce style ? Je pense que ça vient essentiellement d'une formation plutôt classique, notamment théâtrale. Bien que tout cela date d'il y a plus de vingt ans désormais, je réactive régulièrement ces influences en période d'écriture. Je relis quelques passages de Cyrano, des Fourberies de Scapin ou encore des Trois Mousquetaires, je saupoudre de quelques chansons de Brel et de La Rue Ketanou pour le côté oralisé, artistes de rue, des Chevaliers du Tintamarre. Ce n'est pas vraiment un rituel, cela relève plutôt d'un fort besoin de contextualisation, de mise en ambiance. Grâce à ces nourritures là, le style Tintamarre vient assez facilement. Après, je joue tous les dialogues façon filage théâtral, et je relis tous mes textes à voix haute à ma compagne (qui par chance n'est pas encore saoulée). Bon, je m'aperçois que je réponds plus à comment qu'à pourquoi... Alors pourquoi ? Ben, parce que ça me permet de créer l'ambiance que je veux donner à mon univers. Je pense sincèrement que la langue permet de mieux comprendre l'univers, la façon de penser de ses habitants, la manière dont on y aborde le monde. Le tout est de ne pas devenir trop lourdingue.



Fantasy à la carte :

Un grand bonjour Raphaël, première question comment vas-tu ? Pour ma part, je suis en joie de ma dernière lecture, Le Voyage des Âmes Cabossées et du coup, dis-moi comment on passe de l'écriture de jeu de rôle à celle de romans? Est-ce que l'exercice est plus difficile ?

Je vais bien, merci beaucoup, très bien même, et encore mieux maintenant que je sais que tu as aimé le Voyage des âmes cabossées !

Concernant ton autre question, je ne trouve pas l'écriture romanesque plus difficile que celle du JDR, en revanche, c'est le passage de l'une à l'autre qui pour moi fut long et fastidieux. En effet, bien que l'on puisse s'adresser au même lecteur, celui-ci vient rarement y chercher la même chose. Le JDR doit donner envie de jouer, d'inventer des histoires, de s'emparer de l'univers et des règles, et permettre de le faire. L'écriture romanesque doit raconter une histoire avec tout ce que cela implique de structure narrative, de style littéraire et de portée symbolique. C'est comme de faire la cuisine, il peut y avoir des éléments en commun, mais l'un est avant un espace de jeu et de communication, l'autre tient davantage de l'"art" et dans une certaine mesure de la philosophie. Et encore une fois, tous ces ingrédients peuvent se retrouver dans les deux, mais les proportions seront différentes.


Dup :

Bonsoir Raphaël,

N'étant absolument pas une spécialiste des JDR, j'ai du mal à concevoir quel genre de boulot tu faisais (fais encore ?), comment cela se passait, etc. Le métier d'écrivain est plutôt solitaire, qu'en est-il de celui-ci ?

En fait, dans le jeu de rôle, j'ai occupé plusieurs "places" dirons-nous. Pour être un peu schématique, je dirai :



- Rédacteur : on nous commande des textes du genre : "tu voudrais pas nous décrire une ville de bord de mer habitée par des bûcherons qui élèvent des castors pour leurs peau ? 45000 signes, espaces comprises, des phrases courtes stp..."

Là, sauf si on te colle un co-auteur (ce fut parfois mon cas car j'avais tendance à aller un peu loin dans l'approche adulte et à mettre plus de poils que d'épées à deux mains; on me collait donc un "candide" pour rajouter une touche plus bisounours), tu bosses majoritairement tout seul avec pour principal interlocuteur ton "chef de gamme". C'est extrêmement structurant pour l'écriture car on travaille avec beaucoup de contraintes pour faire correspondre nos idées et envies avec un univers et des règles manipulés par tout un collectif. Parfois on avait aussi des réunions d'équipe, dans les locaux de la maison d'édition, mais là je vous parle des années 90... après, de structure, il m'en fallait un peu, car pour une commande telle que je vous l'ai présentée ci-dessus, moi j'étais du genre à rendre un texte avec des hommes castors baiseurs de morues qui se servaient de le proximité de la mer pour flotter le bois qu'ils avaient abattu, le toute en octosyllabes...

- Chef de gamme : aussi appelé coordinateur éditorial ou encore directeur d'ouvrage dans l'édition plus classique. C'est une sorte de showrunner, celui qui pilote les projets, s'assure que les textes sont commandés, rédigés, cohérents, et qu'ils correspondent aux attentes tout en permettant à chaque rédacteur d'apporter sa touche personnelle. Il anime les réunions, décide avec le big boss du suivi de gamme, des prochains thèmes à aborder et à développer.

- Auteur, ou co-auteur : c'est celui qui invente le jeu, tout simplement. Des fois il est tout seul, c'est mon cas sur Macadam Fairies, mon prochain jeu par exemple, mais sur Rétrofutur nous étions 5, et sur Capharnaüm nous étions 2. Les "Auteurs" inventent donc le jeu, définissent une "bible", un gros document de worldbuilding qui permet de préciser ce que le jeu sera et ce qu'il ne sera pas. Les Auteurs sont souvent aussi des rédacteurs parmi les plus actifs, mais ce sont surtout eux qui décident de ce qu'est le jeu dès le départ.



Les structures éditoriales sont souvent très petites, et il n'est pas rare de jouer plusieurs de ces rôles à la fois. Sur Capharnaüm et sur Macadam Fairies par exemple ce fut le cas.

Je vous parle bien entendu ici de mon expérience et des maisons d'édition avec lesquelles j'ai travaillé ou travaille encore, mais cela peut être un peu différente ailleurs.



Ramettes :

Bonjour et bienvenue dans ce monde parallèle !

Je crois qu'en lisant la présentation j'ai la réponse à ma question que j'avais dans ma tête ! Donc on Dit "Bardass" comme badass et non "Barda" comme le paquetage du soldat...

Ma question sera as-tu déjà rencontré en vrai Dup et Phooka ? Elles existent vraiment ? lol. Est-ce qu'un auteur déjà passé par ici, t'a donné des conseils ? As-tu déjà participé incognito ?(après la présentation c'est le tutoiement qui me vient !).

A bientôt

Bonjour et merci :)

Et oui, en effet, on prononce bien le S final, à l'espagnole ! Quant à Dup et Phooka, il est temps que tu acceptes cette incroyable vérité : ni l'une ni l'autre n'existe réellement, elles ne sont que ce que ton imaginaire malade projette sur deux pauvres Hamster borgnes, chacun d'un côté. Leurs véritables noms sont Poupette la Gigolette, et Nephertoutoute (persuadée d'avoir été, il y a douze réincarnations, le Golden Retriever de compagnie de la podologue de Cléopâtre).

Des auteurs passés ici m'ont-ils déjà conseillé ? Je ne crois pas... j'ai fréquenté un peu Mathieu Gaborit, mais c'était à l'époque uniquement pour du JDR. Une fois j'ai demandé mon chemin à Fabrice Colin, et il m'a conseillé un bon raccourci, en revanche je ne sais pas si il est passé par ici, lui.


Aparté de Poupette la Gigolette : Oui, Fabrice Colin est bien passé par ici 😁 




8 commentaires:

Laura Collins a dit…

alléchante cette présentation

Nath Aely a dit…

J’adore la présentation truculente de l’auteur. Tout comme je commence à découvrir sa plume tout aussi imagée et en verve de bons mots et calembredaines.
Alors ma première question sera :
Pourquoi ce style là? Car à moins qu’il ne soit naturel chez vous, il faut tout de même le tenir sur un roman. Et avec ces 3 compères là ce ne sont pas les dialogues qui manquent ;).
Enfin bref moi j’adore déjà et pourtant je n’en suis qu’au début ;).

Fantasy à la carte a dit…

Une présentation au diapason de ses romans déjantés, jadore.

Fantasy à la carte a dit…

Un grand bonjour Raphaël, première question comment vas-tu ? Pour ma part, je suis en joie de ma dernière lecture, Le Voyage des Âmes Cabossées et du coup, dis-moi comment on passe de l'écriture de jeu de rôle à celle de romans? Est-ce que l'exercice est plus difficile ?

Dup a dit…

Bonsoir Raphaël,
N'étant absolument pas une spécialiste des JDR, j'ai du mal à concevoir quel genre de boulot du faisait (fait encore ?), comment cela se passait, etc. Le métier d'écrivain est plutôt solitaire, qu'en est-il de celui-ci ?

Ramettes a dit…

Bonjour et bienvenue dans ce monde parallèle !
Je crois qu'en lisant la présentation j'ai la réponse à ma question que j'avais dans ma tête ! Donc on Dit "Bardass" comme badass et non "Barda" comme le paquetage du soldat...
Ma question sera as-tu déjà rencontré en vrai Dup et Phooka ? Elles existent vraiment ? lol. Est-ce qu'un auteur déjà passé par ici, t'a donné des conseils ? As-tu déjà participé incognito ?(après la présentation c'est le tutoiement qui me vient !).
A bientôt

Dup a dit…

Merci pour cette réponse détaillée !
J'ai lu, sur la chronique de Fantasy à la carte pour ne pas la citer, que tu avais participé aux JDR des mondes crépusculaires de Mathieu Gaborit. J'en avais adoré la lecture d'ailleurs et je me dis qu'heureusement que je ne suis pas équipée pour y jouer car il n'y aurait plus de chroniques de Dup, c'est clair ! Bref, ma question est la suivante : as-tu donc rencontré Mathieu Gaborit, bossé à ses côtés ? Il est comment dans la vie IRL ? Nous l'avons reçu ici et c'était un mois enchanteur. Le croises-tu encore ?

Fantasy à la carte a dit…

Bonjour Raphaël, alors tu continues tes activités de création de jeux de rôle. Ça doit te prendre beaucoup de temps ? Comment tu t'organises avec l'écriture de tes romans en parallèle ? Le jeu de rôle, c'est un plaisir avant tout ou c'est juste professionnel ?