jeudi 14 octobre 2021

Douzième page de l'ITV de RAPHAËL BARDAS

 


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— Comment qu’vous disez ? grommela mollement la Morue.
— Barre d’As ! sursauta Silas. Je crois qu’on parle du surnom de ma…
— Teu teu teu ! protesta Rossignol en gonflant son accordéon dans un vacarme qui empêcha Silas de terminer sa phrase.
Ils le regardèrent, se demandant bien ce que le musicien bavard allait encore inventer pour les baratiner et leur refourguer l’addition.
— Bardas ! s’exclama-t-il enfin. Raphaël Bardas ! L’homme qui se prétend écrivain et qui a fait de nous ses jouets quelques mésaventures durant.
— Mouaif, soupira la Morue. Jamais entendu parler.
— Un auteur de théâtre ? tenta Silas. Ce nom ne m’est pas complètement étranger, et je ne sais pourquoi, mais il m’évoque la presqu’île de Dados Rojos, ses vins trop forts et ses siestes crapu...
— Non Silas ! Quand cesseras-tu de ne penser qu’à…
— Qu’à ?
— Ce n’est pas vraiment le moment de parler d’amour mon tout beau. Alors non. Non, ou plutôt juste un peu oui, mais pas aussi exactement que ton joli ciboulot pourrait l’imaginer Silas. Le Bardas, c’est le sale type qui, depuis son monde à lui, nous trimbale de rade et rade, et port en port, et de mort en mort…
— Et de couche en couche !
— Oui ! Amis, oui !
— Et d’castagne en castagne ?
— Oui Morue, le Bardas, dans son monde, il est écrivain. Il a écrit des caisses et des caisses de livres à jouer, avec des amis, des jeux de rôles comme on dit là-bas. Parce qu’il a rien contre un peu de convivialité et une bonne histoire à vivre à plusieurs, pour peu qu’il y ait du claquos, de la vinasse et du sauciflard… et ce qu’il aime, en plus de raconter des histoires de copains, c’est nous les faire vivre à nous. C’est comme ça qu’un jour il a fait de nous les Chevaliers du Tintamarre et qu’il nous a embarqués dans le Voyages des Âmes cabossées. Mais bien avant ça, il s’est fourvoyé avec des gars comme le Gaborit ou le Granier de Cassagnac, et bien d’autres comme eux. Il a traîné ses guêtres d’auteur dans les Royaumes Crépusculaires ou encore sur Cosme, avant de se mettre à co-inventer ses propres univers. Amnesya 2K51, Venzia, Retrofutur !
—D’la confiture ?
— Non, Morue, mais ce qu’il invente parfois se voudrait tout aussi sucré… Capharnaüm, et le tout petit roman qui en fut tiré, Aux traîtres indomptables, du sucre, du miel, des épices et tellement de soleil ! Nul doute que c’est un peu ces amours là, ces univers qui le hantent, qui l’ont poussé à nous faire vivre ce qu’il nous a fait vivre.
— Ou mourir !
— Ou mourir oui… d’ailleurs, j’ai fini mon cruchon, qui qui paye la douloureuse ?
— Ce soir c’est Bardas les gars, c’est Bardas qui paye l’addition ! Hein Rossi, j’ai bon ?
— On dit « Qui régale » ! faut tout qu’j’vous apprende.
— C’est Bardas qui régale ? Rien n’est moins sûr les amis !


💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙


Ramettes :

Merci pour cette brève réponse !
Ramettes c'est pour tout le papier que je pensais économiser en écrivant sur le net.
En même temps il y a mes initiales RM ... et dans ma langue natale (valenciano) rameta c'est petite branche... l'histoire est plus longue mais je m'arrête là !
Quand au côté quichotesque je l'avais bien repéré.
C'est très logique tout ce que tu dis...
C'était quoi ma prochaine question ? Que va t-il se passer quand le mois de... va se terminer ? Qui va te poser des questions ? Tes personnages ? Lol.


Mais de rien :) Et ton explication éveille ma curiosité :D
Ta langue natale est le valenciano ? Moi j'ai encore un peu de famille du côté d'Alicante, à Villajoyosa, c'est vraiment un coin que j'aime beaucoup !!!

Voilà, le mois se termine effectivement et je me demande ce qu'il se passera après. Sans doute une petite déprime vu le silence pesant qui me tombera dessus après toute cette attention stimulante et bienveillante que vous m'aurez accordé un mois durant. En plus cela va coïncider avec la fin des Imaginales, bonjours la descente ! :D
Bon, j'ai la chance d'avoir une amoureuse très présente, des enfants et beaux enfants envahissant, un chien qui demande de l'attention et un chaton plus envahissant que le reste de la famille réuni... je ne devrai pas avoir le temps de me morfondre.
Et puis, je me mets des coups de pied au cul pour finir le projet actuel; car je sais que début 2022 l'envie d'écrire de la fantasy dans un monde imaginaire (contrairement au Duende qui si passe dans notre monde) et que du coup j'aurai bien du mal à y résister...

Tintamarre ou non, 2022 sera fantasy pour moi, c'est sûr et certain.


Olivier :

Bonsoir Raphaël, et bien cela devient un exceptionnel moment d'échanges.... bravo des questions et naturellement des réponses très détaillées de Mister Bardas... je suis maintenant au 17 ième chapitre du second volume des oeuvres des chevaliers, je ne sais si je parviendrais à le finir d'ici le 15 Octobre sans compter que la relève est là pour le mois prochain et il me faut aussi le lire. Je trouve ce second opus plus fluide ... est-ce une impression partagée ? Raphaël relis-tu tes ouvrages une fois publiés ? Et de là corriger éventuellement le second volume ? Plus je lis et découvre ces chevaliers comme leurs comparses, plus je vois l'ensemble en BD et toi Raphaël ? Je suis surpris que dans tes livres lus dans ta prime jeunesse tu n'es pas glissé "L'île aux Trésors" parce que l'Arquebuse c'est un peu Long John Silver ? Tu préfères la version Stevenson ou celle de Bjorn Larsson ? Et même pas un petit Jules Verne?


Bonsoijour à toi, Olivier aux questions alambiquées ! Jessica tire en rafale, mais toi c'est un vrai staccato 😀

Au sujet de la fluidité, c'est parce que le bouquin se passe souvent sur l'eau. Voilà, c'était la meilleure vanne du jour, désolé...
Mais on m'a effectivement fait ce genre de retour. Peut-être est-ce dû au fait que le premier contenait volontairement une structure plus hélicoïdale et un jeu d'ellipses alors que le Voyage est plus linéaire ? Peut-être aussi que je me suis amélioré :) Enfin ce n'est pas à moi d'en juger, alors je ravale mon égo un instant.

Et donc non, je ne relis pas tant que je ne me remets pas à écrire. En fait, une fois le livre paru, il me sort un peu par les yeux car on l'a relu, corrigé, re-relu, puis re-corrigé, puis relu sur maquette pour le bon à tirer (et d'ailleurs il reste parfois des coquilles, vous les avez peut-être vues 😉 ). Les coquilles, ça me laisse sur le cul... et coquille sans Q, enfin vous voyez. J'avais prévenu hein, la meilleure vanne du jour est déjà sortie dans le premier paragraphe.
Il me faut donc un certain temps avant d'avoir envie de m'y replonger (même si le deuxième convoque davantage l'élément aqueux [double vanne inside]... oui oui, vous la voyez venir, ma grosse métaphore filée... mais non, soyons sérieux). Pour écrire le Voyage, j'avais un pdf des Chevaliers du Tintamarre ouvert en permanence dans lequel j'allais régulièrement relire des paragraphes pour m'assurer de la cohérence d'un personnage avec lui-même, ou pour vérifier un point de woldbuilding et m'assurer que mes projections pour le Voyage étaient bien conformes à mon doc de travail et au bouquin précédent. Mais rien de plus.


La BD tu n'es effectivement pas le premier à m'en parler. On me parle aussi beaucoup de cinéma ou de série TV, il faut croire que cet univers est visuel :D
Et donc ce sera avec un immense plaisir, mais j'attends les propositions (à bon entendeur...) !


L'Île au Trésor ? Oui oui oui, une bien belle histoire, des personnages formidables et un auteur très important. En effet. Mais ils ne font pas partie des inspirations assumées dans mon écriture pour le moment. D'ailleurs, je ne connais pas le Long John Silver de Bjorn Larsson... j'ai honte.
Pour moi, l'Arquebuse est plus une sorte de Capitaine Achab bukovskien qui serait revenu d'entre les morts après son combat contre la baleine, un peu Orphée et un peu Walkyrie aussi. Un Achab qui ne pourrait pas s'empêcher de continuer inlassablement une quête qui ne peut pas toucher à sa fin.
Quant à Jules Verne... quitte à me faire des ennemis, je ne suis vraiment pas un grand fan. Même si je reconnais le côté fondateur et l'importance de ce bon vieux Julio, je trouve son œuvre assez froide, peu vivante. Enfin, je n'ai pas essayé d'en relire un récemment, mais globalement c'est l'impression que j'en ai gardé. Bien entendu, ce c'est qu'un avis global et de surface, et trèèèèès subjectif. J'ai tout de même une certaine affection pour le Tour du monde en 80 jours.
En 2009 j'ai même participé à la création d'un mini guide touristique basé sur deux auteurs : Verne et Stocker. L'idée était la suivante : Philéas Fogg avait entrepris un second voyage, occulte cette fois, où il partait sur les traces de l'occultiste Arminius Vambery qui lui-même avait connu un destin funeste. Nous proposions de visiter certaines villes en décryptant des énigmes laissées par Fogg et basées sur le réel historique et architectural que nous détournions pour nos besoins. Cela devait nous permettre de faire visiter des villes et des lieux, mais avec une autre approche et en contournant les itinéraires habituels. J'étais aux commandes du premier ouvrage, qui parlait de Marrakech. Et le guide (une escape game avant l'heure en fait...) devait être offert par des voyagistes à leurs clients. Je crois que ça n'a jamais abouti. Bon, ça m'a permis de voyager gratos et de vivre une aventure géniale, et même d'être payé !!!! Mais la boîte a bouffé la grenouille avant d'aller jusqu'au bout. De temps en temps on parle de relancer le truc, mais la crise de la Covid a un peu étouffé nos dernières velléités.

Pour en finir avec le sujet Jules Verne, et après mure réflexion, je dois dire que question "classiques de l'aventure", mon goût va davantage vers Jack London, dont je trouve l'univers et les histoires beaucoup plus organiques, et du coup, beaucoup plus humain dans ses thématiques.

Voilà, je me tais, c'était mon dernier mot avant les Imaginales 2021 😊


Note de Dup : Vous pouvez continuer à poser des questions, juste savoir qu'elles ne seront traitées qu'à partir du 18.  😉

Et donc la dernière, de Fantasy à la carte pour conclure parfaitement ce Mois2 !!!


Fantasy à la carte :

Hello Raphaël, alors tes impressions sur ce grand weekend de festival ? Et une petite dernière avant le clap de fin de ce Mois de, tu as une petite anecdote D'auteur à nous partager sur ces Imaginales 2021?


Jessica, merci d'être au rendez-vous et de m'offrir la possibilité de finir ce mois 2 en beauté :)

Les Imaginales donc, c'était lumineux, solaire, bruyant, excitant, harassant, enivrant... j'ai vécu un truc de dingue pendant trois journées (qui ont en réalité commencé dès le jeudi soir puisque je me suis rendu à Epinal à ce moment-là).
C'est étrange, un tunnel de presque 4 heures de route, de nuit. Je ne vois rien des paysages, me gare sans trop réfléchir dans un parking que l'on ma conseillé, bien trop loin de mon hôtel, puis traverse la ville avec mon paquetage sur le dos, sans oublier du sursauter à chaque fois qu'un moteur vrombit. Si je me réfère aux courses de BMW et de Volkswagen qui ont lieu dans le centre-ville d'Epinal, il doit bien être quatre heures du matin, au bas mot.


J'arrive à l'hôtel et découvre ce qui sera mon nid douillet jusqu'au dimanche. Une douche puis je m'extasie devant le design post-phallique du sèche-cheveux mural et envoie donc une photo à Roxane, sur laquelle je fais un truc salace avec ledit objet. Ca la rassure, tant que je fais ou dis des horreur, c'est que je suis en vie. Sèche-cheveux bien vite oublié cependant lorsque je découvre qu'il y là, à disposition, une bouilloire et des sachets de thé et d'infusions. Ca y est, je suis un VIP ! J'envoie un sms à ma mère pour le lui dire, mais elle ne me répond pas. Quel ingrate, son fils est pourtant devenu une star !
Bon, même à cette heure tardive de la nuit, et surtout après le profond mépris maternel auquel je viens de me heurter, je ne suis pas contre un peu de réconfort. Je me laisse tenter par une eau chaude !


Phooka m'envoie alors un message : elle est au Bougnat en train de se pochetronner (dans un sofa ?)... dès fois que, comme je l'avais évoqué, je souhaite la rejoindre. Je regarde l'heure. 21h50... 21h50 ??? Mais !?! je suis en pyjama, au lit, une tasse de verveine à la main. Je comprends à ce moment-là que je viens d'entrer dans la 4ème dimension, et que cela va durer jusqu'au dimanche soir.
Méfiant, je reste dans mon lit et me prépare à affronter ce que ce monde étrange me réserve de mauvais tours. Au petit dèj, dès le lendemain, je suis prêt : j'ignore savamment les sosies d'Alex Nikolavitch, Auriane Velten, Karim Berrouka et David Meulemans que les reptiliens ont placés ici dans le but de me préparer pour la Grande Dévoration... et me nourris discrètement dans mon coin sans les quitter des yeux... ce monde d'illusions n'aura pas raison de ma santé mentale.


Ok... je finis par me sortir la tête du cul, après quatre cafés allongés (que je bois assis, cependant, notez le s à la fin d'allongés), je réalise que c'est la réalité, je suis aux Imaginales, il est temps d'aller chercher mon badge.
Tout, cependant, va ressembler de près ou de loin à ces premières heures, et même si j'ai bien compris que tout n'était que perception et émotion, que ces auteurs sont réels, que les blogueurs et instagrameurs existent dans le vrai monde, que des gens ont vraiment lu mes bouquins, et que le temps ne va cesser de se dilater et de se contracter à l'envi pendant trois jours, tout ce qui m'arrive est réel. Je viens d'arriver aux Imaginales.


Une anecdote ? Deux même :

1 - Des gens ont acheté mes livres grâce aux citations de la Rue Kétanou qui suivent la page de titre sans même se demande de quoi allaient parler les bouquins !

2 - Un couple de gens bien comme il faut s'est arrêté devant moi et a commencé à tripoter les Chevaliers du Tintamarre (le livre, pas les gars hein). Une voix enrhumée et légèrement méprisante lance un : "c'est quoi, le Tintamarre ?". Moi, fin de salon, bout du rouleau et furieusement besoin de trouver des chiottes, je lâche, un peu trop empressé peut-être : "C'est un bar à putes...
- Un quoi ? demande la voix enrhumée.
- Un bar à putes, et un hôtel de passe..."
Latuile-Nicolas n'étant plus là pour me rappeler les règles du bon goût, et Roxane, qui m'avait rejoint le samedi, ayant aussi dû fuir le navire elle aussi, autant dire que je suis en roue libre et sans filtre (bien qu'elle soit assez généralement pire que moi, la boiteuse). Et comme je vois que les gens devant moi n'ont d'autre envie que de se barrer d'en face du taré qui dit rien que des gros mots et des choses très incorrectes... ben c'est plus fort que moi, je joue. Ils sont trop polis pour se faire la malle alors leurs visages restent devant moi tandis que leurs jambes tentent désespérément le pas de côté qui les mènera ailleurs. Mais non, moi je les garde, je leur raconte tout, de A à Z et avec force détails, et quand j'ai fini, je leur livre le commentaire composé... cruel comme un chat avec un moineau.
Finalement je les lâche, tellement éprouvés qu'ils n'arrivent pas à aller bien loin, ce qui a bien rendu service à ma voisine, qui a pu profiter de leur fuite au ralenti pour leur vendre son bouquin.
Je suis alors allé trouver mon éditeur et lui ai dit qu'il était temps que je parte, j'avais atteint ma limite de sociabilité.
Cela restera un excellent souvenir, pour moi uniquement cela-dit :)

1 commentaire:

Fantasy à la carte a dit…

Hello Raphaël, alors tes impressions sur ce grand weekend de festival ? Et une petite dernière avant le clap de fin de ce Mois de, tu as une petite anecdote D'auteur à nous partager sur ces Imaginales 2021?