lundi 5 septembre 2022

ÉMERGENCE 7 de Vincent Mondiot et Enora Saby

 


Éditions Actes-Sud Junior
Parution le 7 septembre 2022
208 pages
17,80 euros





L'avis express de Dup sur Émergence 7 de Vincent Mondiot et Enora Saby

La symbiose parfaite entre un texte poignant et des dessins faussement naïfs fait de cette lecture un immense coup de coeur.



L'AVIS DE DUP



Émergence 7 est un court roman écrit par Vincent Mondiot et illustré par Enora Saby. Habituellement je ne suis pas fan de ces romans illustrés, mais voyez-vous, je ne pourrai plus dire cela. Nous avons ici une parfaite symbiose, l'un ne va pas sans l'autre, c'est juste parfait. 

Avec des dessins simples et faussement naïfs, l'illustratrice retranscrit exactement les mots, les émotions qui jaillissent du texte de l'auteur. Les couleurs pètent, tranchent, explosent, comme les faits qui se déroulent sur cette petite île. Le texte de Vincent est en surimpression sur les planches d'Enora et ces dernières renforcent l'impact des mots, c'est presque magique.

Vingt ans sont passés depuis les événements qui ont eu lieu sur l'île de son enfance, Léon y revient pour la première fois, pour une commémoration. Vingt ans d'exil, vingt ans de cauchemars. Il avait alors 14 ans, était avec Joachim, son meilleur ami, Roxane, la grande sœur de ce dernier et une petite poignée d'autres ados sur le quai, attendant le bateau qui les mènerait au collège sur le continent. Le plus gros soucis de Léon était de devoir annoncer à Joachim son déménagement prochain pour le sud de la France.

Mais alors, précédé d'un tsunami qui les balaye tous, surgit des flots un monstre géant (une illustration en bas de chronique pour vous donner les proportions) qui les enjambe et marche sur l'île en écrasant tout sur son passage. Et ce tout, et bien c'est la ville où ils habitent... Tous ensemble, ils remontent les traces pour voir si leurs parents ont survécu. C'est l'apocalypse qui les attend, et le cauchemar est loin d'être fini. Je ne peux pas, je ne veux pas en dire plus sous peine de spoiler ce roman si intense.

Le choix des couleurs d'ambiance de chaque planche permet de différencier immédiatement les périodes : les moments du drame, les souvenirs d'avant cette catastrophe mais aussi celle du retour commémoratif. L'immersion dans le récit, déjà intense par l'utilisation de la première personne du singulier, en est accentuée.

Le côté fantastique digne de Lovecraft n'est cependant pas creusé. On ne sait ni pourquoi, ni comment une telle chose a pu arriver, juste que ces émergences ont eu lieu simultanément sur une poignée d'endroits de par le monde. D'ailleurs, on ne l'aperçoit pas plus de 3 ou 4 fois ce monstre. Cela permet au tandem écrivain-illustratrice de se concentrer sur cette petite bande d'ados, avant et pendant le drame. Et là, on sait combien Vincent Mondiot excelle à nous mettre dans la tête de ces mômes, comme dans son fabuleux Les derniers des branleurs

Malgré le côté enfantin du dessin, qu'on ne s'y méprenne pas, ce roman n'est absolument pas destiné à la petite enfance mais bien à partir de l'adolescence uniquement. La violence et la mort parsèment ces pages. En revanche, jusqu'à 99 ans et même plus, vous pouvez y aller. La justesse des sentiments et des émotions, la peur et la nostalgie s'y mêlent, le deuil et le mal être également, mais sans aucune surenchère. C'est juste parfait.

Un roman magnifique. Coup de cœur absolu.


La patte qui passe par dessus le quai...



Aucun commentaire: