lundi 17 octobre 2022

METALYA ENTRE LES MONDES de Patrick Moran

 



Éditions Mnémos
270 pages
20 euros





L'avis express de Dup sur Metalya entre les mondes de Patrick Moran.

Un roman à la croisée des genres, surprenant mais passionnant.


L'AVIS DE DUP





Metalya est une pacificatrice, indépendante et fière de l'être. Elle vend ses services pour faire régner la loi dans sa ville natale, Tal Emmerak. Ils sont nombreux à faire ce métier vu que la notion de police publique n'existe pas dans cette Cité-état. Tal Emmerak est à elle seule un personnage à part entière dans ce roman. Gigantesque, tentaculaire même, et parcourue d'autoroutes. Des quartiers quasi indépendants les uns des autres, où se répartissent deux ethnies différentes, les océaniques et les désertiques, chacune méprisant l'autre. 

Metalya est métisse et vit seule à Vekrys, peut-être le seul quartier de Tal Emmerak où océaniques et désertiques se côtoient. Ce qu'elle aime, c'est boucler vite fait une affaire, récupérer son salaire et aller se dorer la pilule avec un bon bouquin sur la plage non loin de Vekrys. On vient de lui confier une enquête sur la mort violente d'une scientifique de haut niveau. Ses investigations d'abord auprès de la communauté scientifique vont ensuite la conduire tout droit sur le yacht de luxe du grand patron de la mafia locale. Il s'avèrera que la défunte était loin de l'épouse fidèle décrite par le veuf éploré...

Qui dit pègre, dit gros sous, dit corruption et son enquête bascule très vite dans la sphère politique et même gouvernementale de Tal Emmerak. Mais pour comprendre cela il faut savoir comment fonctionne cette singulière ville. C'est le symbole même du libéralisme total, aucun service public, ni police, ni justice, ni soins, rien. Tout se vend, tout s'achète. Et son corollaire, compétition et corruption dans tous les domaines. 

L'autre singularité de Tal Emmerak d'où découle sa puissance économique, c'est l'énergie noogénique qu'elle possède à profusion. Une énergie qu'on qualifierait bien de magique, sauf qu'elle est issue de la science et de la technologie. Tout fonctionne grâce à cette énergie non polluante. Ainsi Metalya, pour ses enquêtes se procure, fort chers d'ailleurs, des éclats. De petits objets à usage unique remplis d'un pouvoir noogénique lui permettant certaines actions. Se téléporter, se rendre invisible, endormir ou assommer une personne, voire plusieurs selon la force de l'éclat, etc. Le seul petit problème de ces éclats, c'est qu'elle ne sait jamais combien de temps durera l'effet recherché...

Alors même que l'action est omniprésente, j'ai ramé un peu au début de ce roman, ayant du mal à cerner Metalya et ses tocs multiples et variés. Mais passé le premier tiers du livre j'étais prise au jeu, que dis-je, à la course de cette jeune femme si singulière, anticipant ses démangeaisons et ses comptes et décomptes perpétuels. Une héroïne obsessionnelle-compulsive, avouez que ce n'est pas banal ! J'ai d'ailleurs bien fait de m'accrocher sinon j'aurai raté la rencontre avec Monsieur Octopode, et ça c'eut été plus que ballot !

Patrick Moran mêle avec succès dans ce Metalya entre les mondes beaucoup de genres littéraires. C'est une enquête avec tous les codes du polar et pourtant nous nageons dans la science-fiction avec la vertigineuse (pour moi) existence des mondes parallèles, alors même qu'il y a de la magie dans chacune de ces pages. Sûrement que quelques savants parmi les blogueurs/lecteurs sauront classer ce genre, moi je l’appellerai genre "compliqué mais passionnant". Il en profite pour faire une satire du capitalisme à outrance et du racisme tout en évoquant la question écologique fort actuelle. Respect Monsieur Moran


2 commentaires:

Zoé a dit…

"C'est une enquête avec tous les codes du polar et pourtant nous nageons dans la science-fiction avec la vertigineuse (pour moi) existence des mondes parallèles, alors même qu'il y a de la magie dans chacune de ces pages" : fiou, tout ça ! c'est alléchant dis donc ! :)

Et +1 pour ton classement original que j'approuve totalement.

Pas encore lu ce roman, mais je le vois passer de plus en plus souvent en termes élogieux; je les ai mis dans mes 80 présélectionnés du PLIB, j'espère qu'il sera dans les 25 pour que je puisse le lire rapidement !

Dup a dit…

Merci Zoé !
Tu me diras alors si tu le lis ;)