mardi 3 mars 2020

Seconde ITV de Emmanuel Chastellière









Bonjour à toutes et tous ! 





Me voilà de retour, avec grand plaisir, sur Bookenstock. 

En réalité, je n'ai jamais été bien loin : j'ai toujours pu compter sur la curiosité de Dup et Phooka, dès mes débuts, et je les en remercie encore. Mes débuts justement. Dès la parution du Village, en 2016, j'ai été invité, fort généreusement, à venir échanger en ces lieux. Avec la sortie le mois dernier de La Piste des cendres, c'est donc l'occasion d'un petit retour en arrière pour moi. 

Cela fait ainsi moins de cinq ans finalement que j'ai « sauté le pas », franchi la barrière, et que je me retrouve sous l’œil des lectrices et des lecteurs, après avoir chroniqué tant de romans moi-même sur Elbakin.net. Le village, Célestopol, L'Empire du léopard, Poussière fantôme, La Piste des cendres, quelques nouvelles ici et là... Je crois que tout le monde pourra convenir au moins d'une chose : ce furent des années chargées et je n'ai pas chômé ! Un premier bilan ? Le temps passe toujours aussi vite et, pourtant, j'ai toujours l’impression de me trouver au début du chemin, l'impression que la prochaine histoire n’est jamais bien loin, mais que, sitôt celle-ci derrière moi, une autre se présentera déjà. 

Et tout ça bien sûr en gardant dans un coin de la tête le fait de ne pas céder à l’envie du toujours plus. Quand on a toujours voulu écrire et partager ses histoires, quand on a bien conscience que le paysage français n'est pas extensible (on peut faire comme si, mais la réalité est ce qu'elle est), on pourrait se dire qu’il faut occuper le terrain. Bon, je sais qu'avec cinq romans en cinq ans (et même six avec le retour de Célestopol dans quelques mois...), je donne peut-être le sentiment d'être très présent, mais je vous jure, c'est aussi un concours de circonstances, tout simplement ! 

C'est aussi une période très riche. Ces dernières années ont connu pas mal de nouvelles approches, de nouvelles tentatives, parfois couronnées de succès, parfois non. Expérimenter, c'est important. Si je n'ai rien contre un bon cycle, j'ai toujours tenté de ne jamais refaire deux fois la même chose, tout bonnement car en tant que lecteur, j'aime les découvertes et les surprises ! C'est aussi la meilleure façon de ne pas se lasser soi-même quand on passe autant d'heures devant son écran - et croyez-moi, en tant que traducteur, je fais même double dose. 



Eh bien, voilà, je ne sais pas trop quoi ajouter, si ce n'est que je me sens un peu nerveux, mais aussi un peu plus à ma place... Et j'espère répondre à vos questions du mieux possible !


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Bonjour Emmanuel,
Et merci ! Je suis en train de me régaler avec La piste des cendres, c'est un vrai plaisir, je savoure... D'autant que les thèmes qui sont abordés en filigrane me parlent énormément. Comme beaucoup, je m'interroge sur ton inspiration : qu'est-ce qui t'a poussé à aborder le colonialisme à travers un roman de fantasy ? Le prisme de l'imaginaire ne le rend pas pour autant moins dur, mais tu accordes les deux avec une grande justesse, je trouve.
Alors... Merci pour cette lecture, et à très vite !

Emmanuel :


Bonjour !

Je pense avec le recul que le thème s'est imposé de lui-même. Si l'on suit une force armée dans un territoire à peine conquis, sur des terres qui ne leur appartenaient pas quelques années plus tôt et que ces gens se les sont appropriées par la force, à moins de débarquer sur une planète inhabitée, c'était une problématique difficile à ignorer, car il y aura fatalement des populations locales avec lesquelles interagir. 

Maintenant, je précise tout de même que ce n'est pas pour autant, je crois, que le roman se voudrait une démonstration, une leçon d'histoire. C'est une thématique parmi tant d'autres, qui, je le crois en tout cas, n'écrase pas l'histoire elle-même. 
Bonjour !
Je pense avec le recul que le thème s'est imposé de lui-même. Si l'on suit une force armée dans un territoire à peine conquis, sur des terres qui ne leur appartenaient pas quelques années plus tôt et que ces gens se les sont appropriées par la force, à moins de débarquer sur une planète inhabitée, c'était une problématique difficile à ignorer, car il y aura fatalement des populations locales avec lesquelles interagir. 
Maintenant, je précise tout de même que ce n'est pas pour autant, je crois, que le roman se voudrait une démonstration, une leçon d'histoire. C'est une thématique parmi tant d'autres, qui, je le crois en tout cas, n'écrase pas l'histoire elle-même.



Dup :

Bonjour Emmanuel
Je rebondis un peu sur la question de Régina Falange et notamment sur l'ordre des nouvelles de Célestopol.
Les as-tu écrites dans cet ordre au fur et à mesure, bref comme un vrai roman déjà dans ta tête, ou as-tu procédé à des agencements différents à la fin ?

Emmanuel :


La plupart des nouvelles du recueil ont été écrites dans l'ordre de la table des matières, à quelques exceptions près (comme Fly Me, forcément). C'est surtout dans la première moitié de Célestopol que certains textes ont peut-être été inversés. L'ordre définitif avait été élaboré avec les éditions de l'instant, Patrick ayant sans doute un poil plus de recul que moi sur le moment.





Bonjour bonjour,
Tout comme Ramettes je suis dans L'empire du léopard mais j'avoue qu'il va beaucoup moins vite chez moi. La grippe a frappé et autant elle ne m'empêche pas de lire des trucs faciles et légers autant je veux être bien guérie pour retrouver Cérès et les autres. Ils méritent toute mon attention ;)
Du coup je vais rebondir sur cette histoire de virus et la fermeture des salons littéraires.
En tant qu'auteur as tu déjà fait beaucoup de salons et quel(s) est ou sont ton/tes préférés? Pour quelles raisons?
Es-tu enthousiaste à l'idée de rencontrer les foules ou un brin stressé?
Quels sont aussi les petits cadeaux reçus qui t'ont marqué ?
Et non je ne rentrerai pas dans la polémique sur le sport qui autorise quand même les matchs mais ... vive la littérature!!
A bientôt

Emmanuel :


Merci pour ces questions !

Je n'ai pas forcément fait encore beaucoup de salons, en dehors de Livre Paris l'an dernier ou les Imaginales depuis trois ans, ou les Futuriales l'année où Célestopol a décroché le prix Révélation 2018. J'ai fait un peu plus de "simples" dédicaces suite à des invitations en librairie. Quand on écrit de la fantasy, les Imaginales restent un rendez-vous incontournable, évidemment. Le festival reste à taille humaine, tout en drainant beaucoup de monde, ce qui est le compromis quasiment parfait. 

Malheureusement, je crois bien n'avoir encore jamais eu droit au moindre petit cadeau... Je me sens tout à coup bien triste ! Et étant de nature plutôt anxieuse, je ne profite que rarement du moment présent lors des salons. Je me mets même la pression pour mes éditeurs côtés ventes de livres, en partant du principe que ce sera de ma faute si jamais telle journée se passe moins bien qu'une autre, c'est dire...



Regina Falange :

Bonjour Emmanuel et bonjour à tous ! Merci pour tes premières réponses (oups je suis passée au tutoiement ça ne te dérange pas?) Nous sommes déjà nombreux curieux ici et c'est toujours aussi sympa de pouvoir rebondir sur les questions des autres, du coup dans cet optique, je vais rester sur le thème des salons abordé par Nath Aely sauf que je voudrais poser la question au lecteur. Quels sont tes plus belles rencontres en tant que lecteur? quels sont tes auteurs préférés, qui t'inspirent peut-être ou que tu admires, que tu aimes lire et retrouver de romans en romans? et surtout quel effet ça fait de passer du lecteur qui vient faire dédicacer un livre, à l'auteur derrière sa table qui rencontre ses premiers lecteurs?

Emmanuel :

Re-bonjour !

Le fait que je sois assez anxieux joue aussi sur mes rencontres en tant que lecteur. Décidément, je suis gagnant sur tous les tableaux ! Plus sérieusement, je garde tout de même un très bon souvenir de ma rencontre par exemple avec Neil Gaiman dans le cadre d'une interview pour Elbakin.net. 

Parmi mes auteurs préférés, si les derniers Neil Gaiman ou China Miéville m'ont un tout petit peu déçu, je les attends toujours, de même que des écrivains comme Guy Gavriel Kay ou Jeff VanderMeer. Il y aussi ceux dont je me sens proche en tant qu'auteur moi-même, comme Robert Jackson Bennett ou Felix Gilman. Mais si je devais retenir une seule oeuvre pour le coup, en fantasy, ce serait la trilogie Ayesha d'Ange. Je crois que j'ai rarement été aussi touché par le sort de personnages d'encre et de papier. 

Quant à ce que ça fait de se retrouver de l'autre côté de la barrière... c'est une sensation assez étrange, mais je ne vais pas nier que c'est plutôt agréable !



Fantasy à la carte :

Re, que dirais-tu sur La Piste des Cendres pour donner envie à de futurs lecteurs de le lire? Quels sont selon toi ses points forts?

Emmanuel :

Et bien, la solution de facilité serait de vous renvoyer à cette vidéo enregistrée pour Critic.


C'est toujours délicat de présenter son roman, car je ne voudrais pas tomber dans le catalogue, la liste... Disons que cette histoire possède à mon sens une ambiance très marquée, sensiblement différente de beaucoup d'autres (je crois), des personnages à mon sens soignés et pour certains originaux (je ne pense pas avoir vu beaucoup de reporters de guerre), une intrigue ou plutôt des intrigues qui s'entremêlent en liant le destin d'hommes et de femmes à celui d'une nation en devenir... Et puis un certain sens du... baroque, si je puis dire (je pense à deux personnages en particulier...), là où l'Empire virait parfois dans un registre plus horrifique.

Il me semble en tout cas que La Piste, tout comme l'Empire cette fois, est un roman qui peut parler à tous les amateurs d'aventure avec un A. Encore une fois, on n'est pas dans le "prêche". Mais le "divertissement" n'empêche pas de se poser des questions !

Voilà ce que je pourrais dire.



Pascale :

Bonjour Emmanuel,
J'ai eu la chance de pouvoir participer à ce bel évènement. je ne suis qu'organisatrice de salon,et donc pas spécialiste en écriture mais je mets toujours des commentaires sur ma page facebook. J'ai donc reçu, "La Piste des cendres". comme je ne voulais pas le lire sans avoir lu "L'empire du Léopard" j'ai lu les 2 livres. j'ai fini le 1er et il me reste 1/4 du second.
De quel éventement t'es tu inspiré pour cette colonisation. (j'ai une hypothèse) mais je voudrais connaitre ta version.
Dans le second tome, on voit que tu insistes plus sur le côté de la différence des peuples, as-tu une cause bien particulière à défendre, ou t'inspires-tu de la réalité de notre monde ?

Emmanuel :

Bonjour !



Je ne crois pas m'être basé sur un événement particulier pour l'histoire de la Lune d'Or, si ce n'est bien sûr que je dis souvent pour présenter l'Empire en une phrase que c'est un peu comme si les Espagnols avaient débarqué en Amérique au 19e siècle. Mais c'est aussi un peu piégieux, car la culture des diverses populations locales est un mélange de nombreuses influences, sans parler, tout de même, de quelques inventions de mon cru. Je ne voulais surtout pas qu'on m'accuse d'avoir utilisé une culture bien précise, ce qui n'était de toute façon pas mon but. Mais je suis très curieux quant à cette hypothèse ! 

Je m'inspire bien sûr en partie de notre réalité. C'est tout bête, mais je reste un grand amateur du magazine GEO par exemple ou du Courrier International. Je ne sais pas si je peux prétendre défendre une cause, mais si je peux faire réfléchir à des thèmes difficiles à travers une histoire qui en apparence - et pas que, d'ailleurs - se veut une grande aventure comme je le disais un peu plus haut, ce serait déjà une modeste réussite.



Xapur :

Hello Emmanuel, je suis en train de lire La Piste des Cendres et ça démarre... fort.
Comment t'es venu l'envie de ré-explorer cet univers ?

Emmanuel :

Bonjour !

Tout simplement car je pense que ces terres abritent encore beaucoup de légendes à transmettre ! 

Comme l'Empire du léopard a reçu un accueil que l'on pourrait qualifier de, allez, sans exagérer, bon (me semble-t-il...), je me suis dit que pour un deuxième roman chez Critic, revenir à cet univers constituait la solution la plus évidente et j'ai d'ailleurs eu des idées assez vite. J'en ai toujours deux ou trois sous le coude. Sans spoiler, L'Empire n'insiste pas vraiment sur les plaines du nord, qui restaient donc en grande partie à découvrir et Azel, de même que le personnage de son père ou de sa belle-mère se sont très vite imposés à moi. 

Pour le reste, je ne vais pas avoir la prétention de faire du nature writing, mais le roman me semble plus proche - dans sa première moitié du moins - de certains westerns ou autres ouvrages de ce genre que d'une énième quête.



Lune :

Merci pour ton honnêteté ! Je suis en train de rédiger ma chronique. On en reparle 👌

Emmanuel :

Je précise tout de même que c'était vraiment une envie ! 😉

Sinon, si j'essayais de réfléchir d'un point de vue "éditorial", je n'aurais jamais fait de recueil de nouvelles et j'écrirais des romans de 250 pages maximum. 😉



4 commentaires:

Regina Falange a dit…

Jamais eu de petits cadeaux ! Pas de tristesse, le "mois de" est fait aussi pour ça mouahaha. Alors plutôt gourmandises salées ou sucrées ? Des allergies particulières ? Thé, café, soda ? Tu collectionnes des objets particuliers ? (stylos, mug, carnets, magnets, etc.)

Phooka a dit…

Coucou Emmanuel,

A mon tour! :)
Aely te posait la question des salons et des deux côtés de la barrière, mais plus largement tu as une double, non même ne triple casquette. TAC: Traducteur, Auteur et Critique. En tant que membre fondateur d'Elbakin, tu as chroniqué une montagne de romans et j'imagine bien que certains ne t'ont pas plu et que tu as fait des critiques négatives. En tant qu'auteur, tu commences à accumuler pas mal de romans et donc pas mal de critiques. Pour ma part, je ne crois avoir vu que des bonnes critiques (veinard) mais j'imagines que tu en as peut être vu passer de moins bonnes. Comment y réagis tu?
Et du coup en tant que critique, avec le recul d'être auteur, as tu des regrets pour avoir été peut-être parfois trop dur?
Est ce que ton côté auteur influence tes critiques récentes?

Fantasy à la carte a dit…

Bonjour Emmanuel, c'est bon La Piste des Cendres est ajouté à ma Whishlist. Ecrire un gros roman, est-ce un exercice plus difficile que d'écrire des nouvelles ? Tu disais plus haut que L'Empire du Léopard est né d'une nouvelle, est-ce pour toi l'élément moteur qui déclenche l'envie d'écrire un texte plus long ?

Mariejuliet a dit…

Hello!
Ce mois démarre fort, mes interrogations ont déjà eu leurs réponses.
Il m'en reste heureusement une de la première importance:
Des licornes dans la piste des cendres!!!! As-tu cédé aux sirènes de la mode ou bien à un vieux rêve ? Comme je ne suis qu'à la moitié du livre j'aurai peut être la réponse plus tard, mais pour le moment je me pose la question.