Tome 1: La voie de la colère
Editions Milady
Format: Poche
580 pages
8.20 euros
Le général Dun-Cadal fut le plus grand héros de l’Empire, mais il n’est plus aujourd’hui qu’une lamentable épave au fin fond d’une taverne. C’est là qu’une jeune historienne vient le trouver. Elle est à la recherche de l’Épée de l’Empereur, disparue dans le chaos des derniers jours de son règne, et que Dun-Cadal aurait cachée en un lieu secret.
Pour elle, le vieux guerrier va ressasser ses souvenirs de gloire et ses regrets amers, à commencer par sa rencontre avec ce garçon qui lui sauva la vie et fit sa fierté avant qu’ils ne basculent tous deux dans le drame et le tourbillon de l’Histoire.
C’est alors qu’un assassin sans visage se met à frapper au coeur de la République. Les fantômes du passé refont soudain surface, ravivant les anciennes rancoeurs et la soif de vengeance d’un homme perdu sur la voie de la colère.
L'avis de Phooka:
Le général Dun-Cadal est une ancienne gloire de la guerre. Mais ça c'était avant. Avant la chute de l'empereur, avant l'avènement de la république ... Maintenant c'est une éponge à vin. A toute heure du jour dans les bistrots, il ne ressemble en rien au guerrier qu'il était. Un beau jour, son chemin croise celui d'une historienne qui petit à petit lui tire les vers (et par la même occasion les verres) du nez. Elle lui fait raconter son histoire, la guerre, l'empereur et ..."Grenouille".
Depuis que Dup a lu La voie de la colère en éditions Bragelonne, elle me tanne pour que moi aussi je découvre ce roman. J'ai résisté un moment, par manque de temps mais non d'intérêt, mais quand Milady a sorti le roman en édition poche, elle m'a littéralement harcelée et donc j'ai rendu les armes et je me suis plongée dans ce premier opus. Je comprends maintenant pourquoi elle a autant insisté: ce roman est un régal !
Un régal par ses personnages, atypiques et non conformistes.
Un régal par sa construction, non linéaire mais qui n'embrouille jamais le lecteur.
Un régal par son écriture, fluide, inventive et imagée.
Commençons par les personnages, parce que ce sont eux qui portent le récit sur leur épaules. Ce sont eux, qui m'ont scotchée à mon livre au point d'en oublier l'heure et le jour ...
Dun-Cadal est un grand général, un vrai ! De ceux qui sont sur les champs de bataille. Un général à la loyauté indéfectible envers son empereur. Il ne se pose pas de questions, il obéit aux ordres et il est fidèle jusqu'à ...la bêtise. Oui parce ce que Dun-Cadal est un homme "carré", de ceux qui, une fois leur confiance gagnée, suivent aveuglément les ordres quel qu'ils soient. Sans se poser de question, sans essayer d'avoir une vue globale de la situation.
En face, nous avons "Grenouille", un jeune garçon vivant seul dans le marais. Il sauve Dun Cadal "par hasard" et lui demande de l'entraîner pour devenir "le plus grand chevalier du monde". "Grenouille" est un mystère total, on ne sait pas qui il est, ni d'où il vient. Il n'est pas spécialement doué pour les armes, mais sa volonté farouche de réussir le fait progresser.
Nous allons suivre ces deux-là, s'y attacher, les aimer même. Et pourtant ils sont loin d'être parfaits nos héros. Comme déjà dit, Dun-Cadal a des œillères et refuse de voir le monde tel qu'il est, ce qu'il paiera cher. "Grenouille" lui, nous cache bien des choses et se révélera retord. Si on devine assez vite qui est en réalité ce "Grenouille", cela ne gâche en rien la lecture, car le point important n'est pas là. Ce qui est important n'est pas qui il est, mais comment il l'est ...
Dun-Cadal et "Grenouille", nous allons les suivre pendant tout le roman. Parfois ensemble, parfois séparément. Parfois dans le présent, parfois dans le passé. Tout s'entremêle. Leur relation, qui n'est pas vraiment de l'amitié, mais plutôt du respect mutuel ... ou pas. Les événements aussi s'entremêlent, le passé, le présent, tout a une signification, rien n'est laissé au hasard. Et c'est sans doute ça, l'autre point fort du récit. On sent le contexte maîtrisé, jusque dans ses moindres détails. Toute chose a une raison d'être.
Mais les personnages secondaires ne sont pas en reste. Eux aussi ont leur rôle à jouer et non des moindres. Eux aussi ont leur part d'ombre ou de lumière. Quant au contexte, il est foisonnant de détails et criant de vérité. Le lecteur se retrouve immergé totalement dans cette aventure. La plume est fluide, les pages défilent toutes seules. Le suspense est toujours présent mais sans jamais prendre à la gorge. L'intérêt est ailleurs. Dans la richesse du récit, dans l'étoffe des personnages, dans la complexité de la politique.
Bref, on se plonge dans le monde créé par Antoine Rouaud et on s'y perd corps et âme pour notre plus grand plaisir. Un régal je vous dis ! Il sort en poche donc chez Milady, vous n'avez vous non plus aucune excuse pour ne pas découvrir cette pépite. Coup de cœur, évidemment !