jeudi 30 septembre 2021

Huitième page de l'ITV de RAPHAËL BARDAS

 


À LIRE OU À RELIRE !







— Comment qu’vous disez ? grommela mollement la Morue.
— Barre d’As ! sursauta Silas. Je crois qu’on parle du surnom de ma…
— Teu teu teu ! protesta Rossignol en gonflant son accordéon dans un vacarme qui empêcha Silas de terminer sa phrase.
Ils le regardèrent, se demandant bien ce que le musicien bavard allait encore inventer pour les baratiner et leur refourguer l’addition.
— Bardas ! s’exclama-t-il enfin. Raphaël Bardas ! L’homme qui se prétend écrivain et qui a fait de nous ses jouets quelques mésaventures durant.
— Mouaif, soupira la Morue. Jamais entendu parler.
— Un auteur de théâtre ? tenta Silas. Ce nom ne m’est pas complètement étranger, et je ne sais pourquoi, mais il m’évoque la presqu’île de Dados Rojos, ses vins trop forts et ses siestes crapu...
— Non Silas ! Quand cesseras-tu de ne penser qu’à…
— Qu’à ?
— Ce n’est pas vraiment le moment de parler d’amour mon tout beau. Alors non. Non, ou plutôt juste un peu oui, mais pas aussi exactement que ton joli ciboulot pourrait l’imaginer Silas. Le Bardas, c’est le sale type qui, depuis son monde à lui, nous trimbale de rade et rade, et port en port, et de mort en mort…
— Et de couche en couche !
— Oui ! Amis, oui !
— Et d’castagne en castagne ?
— Oui Morue, le Bardas, dans son monde, il est écrivain. Il a écrit des caisses et des caisses de livres à jouer, avec des amis, des jeux de rôles comme on dit là-bas. Parce qu’il a rien contre un peu de convivialité et une bonne histoire à vivre à plusieurs, pour peu qu’il y ait du claquos, de la vinasse et du sauciflard… et ce qu’il aime, en plus de raconter des histoires de copains, c’est nous les faire vivre à nous. C’est comme ça qu’un jour il a fait de nous les Chevaliers du Tintamarre et qu’il nous a embarqués dans le Voyages des Âmes cabossées. Mais bien avant ça, il s’est fourvoyé avec des gars comme le Gaborit ou le Granier de Cassagnac, et bien d’autres comme eux. Il a traîné ses guêtres d’auteur dans les Royaumes Crépusculaires ou encore sur Cosme, avant de se mettre à co-inventer ses propres univers. Amnesya 2K51, Venzia, Retrofutur !
—D’la confiture ?
— Non, Morue, mais ce qu’il invente parfois se voudrait tout aussi sucré… Capharnaüm, et le tout petit roman qui en fut tiré, Aux traîtres indomptables, du sucre, du miel, des épices et tellement de soleil ! Nul doute que c’est un peu ces amours là, ces univers qui le hantent, qui l’ont poussé à nous faire vivre ce qu’il nous a fait vivre.
— Ou mourir !
— Ou mourir oui… d’ailleurs, j’ai fini mon cruchon, qui qui paye la douloureuse ?
— Ce soir c’est Bardas les gars, c’est Bardas qui paye l’addition ! Hein Rossi, j’ai bon ?
— On dit « Qui régale » ! faut tout qu’j’vous apprende.
— C’est Bardas qui régale ? Rien n’est moins sûr les amis !


💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙💙



Dup :

Ah Épinal... Tu vas pouvoir rencontrer découvrir le mythique Bougnat !

Bon, tu parles de rencontrer tes lecteurs, mais qu'en est-il des collègues auteurs ? Notamment la team Mnémos, tu les as déjà rencontrés dans la vraie vie ? J'imagine très bien le trio infernal Cerutti-Bardas-Latil-Nicolas...

Des auteurs qui font l'actualité chez Mnémos en ce moment, le seul qu'il m'ait été donné de croiser dans la vrai life IRL qui fait glouglou dans la gorge, c'est Thibaud Latil-Nicolas. Mais je suis très pressé de faire la rencontre du reste de l'écurie :)

Et puis, je peux le dire maintenant : j'ai effectivement écrit une nouvelle pour l'anthologie Frontières, à l'occasion des Imaginales, et je suis assez impatient de découvrir avec qui j'en partage les pages. J'imagine qu'on va arroser ça !


Fantasy à la carte :

Bonjour Raphaël, mais c'est avec grand plaisir. Heureusement que tu prends pas ça pour du harcèlement (je rigole) mais on m'a dit, viens poser des questions à sieur Bardas, je m'exécute. 😃😁 Plus sérieusement, je savais que c'était dans l'anthologie des Imaginales. Ça c'est cool. Ah la la quelle belle brochette d'auteurs Mnémos. Ça va promettre. Sinon à part la team, tu as d'autres auteurs dont tu apprécies la plume que tu voudrais rencontrer et qui seront présents au festival ?

Je te rassure, je suis là de mon plein gré et les dames de Bookenstock ne me forcent pas non plus. J'espère juste qu'elles me rendront mes enfants à la fin 😄

Le 15 octobre, comme convenu.... après 21h 😁 

Parmi les autrices et auteurs que j'aimerais rencontrer, soit parce que j'ai apprécié leur travail et que j'aimerais le leur dire, soit parce ce que nous rigolons bien ensemble sur les réseaux et que j'aimerais voir ce que cela donne en vrai, il y a : Manon Fargetton, Catherine Dufour, Gilberto Villarroel, Alex Nikolavitch ou encore Grégory Da Rosa, entre autres bien sûr, et d'ailleurs je n'ai pas regardé la liste alors je ne sais même pas s'ils seront là... Si Lloyd Chery est là aussi, j'irai le remercier pour le coup de pouce qu'il m'a donné dans le numéro d'Historia d'octobre, mais je pense qu'il sera un peu occupé par sa petite actu autour de Dune :D

Lors du lancement des pépites de l'imaginaire en 2020 j'avais eu l'occasion de vider quelques choppes avec Jeanne Mariem Corrèze, et on avait bien accroché. En bref, ce serait sympa.

Après, il y a d'autres "personnalités", moins exposées que les auteurs et que je serai très content de rencontrer en vrai, ou de revoir. Par exemple, si Marie Marquez, éditrice sur mes deux romans Mnémos, était présente, ce serait un peu Noël avant l'heure :) Et aussi Karine Fellemann, correctrice du Voyage des âmes cabossées ! Et bien entendu, l'inénarrable Estelle Hamelin, la reine de la comm' :)

Il y a aussi un vieil ami à moi qui fait beaucoup pour le monde de l'imaginaire et avec qui je suis toujours très content de boire quelques verres en parlant du bon vieux temps, en râlant un peu et rêvant d'un monde meilleur, c'est Julien Guerry, une sorte de créature tentaculaire, un peu agent, un peu chargé de comm', un peu représentant de commerce... nous avons été collègues chez Gibert Joseph il y a 20 ans, et nos retrouvailles font toujours des étincelles :)

Putain, j'ai fait plein de name dropping, on dirait une chanson de Vincent Delerm !



Ramettes :

Bonsoir,
J'espère que ma question n'a pas été abordée j'ai lu les belles pages de questions réponses mais sait-on jamais.
Ma question concerne les prénoms des personnages. Comment te viennent-ils ?
Ce qui m'a fait poser cette question c'est "Sidoine" que j'avais tendance à nommer "Sidonie" et du coup je cherchais Aglae (je suis trop jeune pour les avoir connues !) Lol. Par extension les surnoms sont très importants, plus encore que les prénoms, ils te sont venus facilement ?

Ah ah ! Excellente question ! L'onomastique est très importante pour moi et je ne donne que rarement un nom au hasard.

Sidoine, c'est Sidonie, en effet. Je voulais un prénom un peu archaïque mais un peu passe-partout, car il s'agit d'une fille du peuple. Après, j'ai inversé le o et le i, pour avoir une diphtongue et rendre le prénom un peu plus chantant. J'ai découvert plus tard que le prénom Sidoine existait et qu'il était masculin. Moufette aurait pu être un surnom, mais je suis parti de l'idée que c'était le nom qu'on avait donné au bébé trouvé dans la fontaine... peut-être qu'elle avait des flatulences ou un problème de transit... enfin bref, c'est director's cut ça, c'est juste que je trouve le nom joli et amusant à la fois, et puis j'aime bien l'animal.


Dans mes premiers travaux sur cet univers, je cherchais une ambiance celto-nordique pour Morguepierre. Du coup la ville s'appelait à l'époque Karmorgen... petit jeu linguistique mélant les influences. Et puis avec le temps j'ai préféré franciser le tout... Morgue pour mort mais aussi pour morgane, et Pierre pour l'omniprésence de la roche, pour le coté tellurique de la cité.

Je fais un peu la même choses pour les noms. Johan Korn est un guide, un phare dans le brouillard, il est la corne de brume... la Morue c'était plus simple, plus premier degré, il pue un peu, il est poissonnier, mais il y a un oxymore aussi, j'aime beaucoup les oxymore : la morue n'est pas un animal dangereux, quand on veut faire un héros virile et puissant on le compare à un dragon, un loup ou un tigre. Pour lui une morue c'était bien. Et puis c'est vachement bon la Morue. Oxymore aussi pour Rossignol, grande gueule, tonitruant, encombrant, mais tout petit oiseaux.

Alessa au départ c'est Aléthéïa, Sur le plan philosophique, c'est la vérité opposée au dogme, à l'opinion officielle, à l'idée reçue. A force de l'écrire Aléthéïa j'avais trouvé ça lourd, c'est devenu Alessa. Sinombre, en espagnol c'est Sans Nom (Sin Nombre), mais aussi Sans Homme (Sin Hombre). L'acteur qui a fait la version audio est complètement passé à côté de ça par exemple, en le prononçant à la française.

Un dernier exemple ? Sganarelli, le moulin du Voyage des âmes cabossées, c'est un mélange du moulin de Lignerolles, auprès duquel je jouais enfant, et de Sganarelle, personnage de Molière 😊


Ramettes :

Bonjour,
Suite de mon commentaire précédent. Nom, surnom renvoie à l'identité des personnages. Fais tu des fiches personnage très détaillées ? Je suppose que tes autres activités ont influencé ta façon de procéder. Là je crois que je rejoins les réponses des premières pages.

Dans mon document de notes principal, j'ai un petit portrait psychologique de chaque personnage important, avec quelques éléments de description physique si nécessaire, ses goûts, ses objectifs, ses raisons d'agir, ses "capacités spéciales".

Il m'arrive aussi de tenir un compte des blessures, un peu comme pour les points de vie d'un personnage de jeu de rôle. Cela peut paraître un peu factuel, mais vu ce que traversent mes personnages, j'ai finalement dû m'y résoudre. Surtout pour le Voyage. A Morguepierre, vu que l'intrigue les plaçait assez facilement dans des situations où ils pouvaient mâcher de l'Alfe et se soigner ainsi, ce n'était pas si important. Lors du Voyage des Âmes cabossées, où se soigner ne peut se faire que par des moyens naturels, et où la mort prend un sens mythologique et philosophique, il était nécessaire de traiter cela avec plus de précision. Mais ça reste un peu le bordel hein, le roman reste picaresque :)


Fantasy à la carte :

Bonjour Raphaël, ce sera un excellent moment que ces futures Imaginales. Sinon quelle fut ta première lecture qui t'a fait connaître les littératures de l'Imaginaire ? Quel genre préfères-tu ?

Bien le bonjour chères amies, et les mecs aussi ! C'est avec un beau lumbago des chaumières que je reviens vers vous ce matin... eh oui, à 45 ans, il faut renoncer à dormir par terre.
Bref, répondons aux questions !


Je crois bien que ma première lecture estampillée imaginaire, c'était la Quête de Tanelorn de Michael Moorcock. Je ne sais pas si vous connaissez cet auteur, mais c'était une entrée un peu compliquée, car on arrivait dans un univers à la croisée des genres, SF, Fantasy, Dark Fantasy... j'étais en 4ème, autant dire que ex nihilo, comme ça, paf dans la gueule, je n'étais pas près, même si avec du recul je trouve que ça ressemblait vachement à une version de Musclor où Squeletor aurait déjà gagné. D'autant plus qu'il s'agissait de la fin d'un cycle, et d'un livre carrefour où plusieurs cycles se croisaient. Du coup je n'ai rien compris, mais j'ai quand même fait ma fiche de lecture. Comme j'étais certain que la prof ne l'avait pas lu, j'avais inventé certaines réponses pour être peinard et j'avais eu une note assez correcte si mes souvenirs sont bons.



En fait, je crois qu'il faut que je vous raconte l'histoire depuis le début. Tout avait commencé quelques mois plus tôt quand même X (j'ai changé le nom pour préserver son intégrité morale, bien entendu), professeur de français, une rousse flamboyante engoncée dans des jupes taille-crayon et arborant des lunettes quintuples foyers qui, allez savoir pourquoi, me rendaient tout chose, nous dit :"allons au CDI, vous y choisirez un livre pour une fiche de lecture". Nous étions en 1988, le capes de documentation n'existait pas encore, et le CDI en question ressemblait davantage à la chambre d'un collectionneur de cultures fongiques sur papier qu'à un centre de doc à la pointe de la promotion de la lecture.

Bref, en fouillant un peu, je tombe sur un titre : La Nuit des Dragons ! avec des soldats de l'Ancien Régime sur la couverture. Vu ma culture générale et littéraire de l'époque (je passais mes soirées à faire des prises de karaté sur un ballon de foot emmailloté dans des pochons Auchan (le ballon, pas moi) et suspendu par des tendeurs à la tuyauterie du sous-sol de mes parents (le ballon toujours..)...), je ne me méfie pas et prend ce bouquin. Je n'avais rien lu depuis Croc Blanc deux ans plus tôt... ah si, le Chevalier au bouclier vert en 5eme, évidemment, et je ne me suis pas méfié un seul instant. Il y a avait écrit dragon sur la couverture, j'aimais bien les histoires "fantastiques", ce serait forcément l'éclate. Sauf qu'au lieu de trouver une histoire de chasseurs de dragons, avec de la magie et de furieuses scènes d'aventure, me voilà projeté en pleine révocation, ça parle de l'Edit de Nantes et des dragons de Louis XIV. Du coup je n'ai pas lu le livre, en entier, j'ai menti sur ma fiche de lecture en inventant une histoire de Fantasy sans le savoir, et comme Mme X ne l'avait pas lu non plus et qu'elle n'avait pas Wikipédia en 1988, c'est passé comme une lettre à la Poste.



Il se trouve que quelques mois plus tard, Mme X nous refait le coup de "choisissez un livre", mais pas au CDI cette fois. Choix libre, où vous voulez, ce que vous voulez... désireux d'éviter la déconvenue de la nuit des dragons qui n'étaient pas des dragons comme je les attendais, j'ai pris le temps d'un détour en librairie, choisi plus ou moins au hasard le premier livre qui me faisait de l'œil... il y avait Quête dans le titre, comme dans le jeu HeroQuest dont on voyait la pub à la télé, ça allait forcément envoyer de la paupiette. Et paf, premier contact avec l'imaginaire.

L'été suivant, coïncidence, on m'a offert le jeu de rôle tiré de l'univers de ce roman : Hawkmoon. Dans la foulée j'ai repris tout le cycle depuis le début, puis celui d'Elric, puis je suis passé à Lovecraft, etc. Mais le vrai coup de cœur pour l'imaginaire je l'ai eu bien des années plus tard en découvrant les univers de Gaborit, Colin, Calvo... il y a avait dans leur approche quelque chose qui me parlait vraiment.



Mon genre préféré ? C'est vraiment compliqué ce que tu me demandes là... ce que je lis le plus c'est du polar, des thrillers, et des thrillers ésotériques. Des livres à intrigues et à énigmes, ça m'aide à tourner les pages et à ne pas m'endormir. Mais je ne suis que très rarement époustouflé par ces livres là. Disons que c'est ce que je consomme. Même si je suis toujours parfaitement séduit par un Ellroy ou un Connely. Je lis assez peu d'imaginaire, et j'ai la malchance de presque toujours tomber sur des livres qui parlent de guerre. Or, c'est vraiment un sujet qui m'emmerde au plus haut point. Il m'est donc souvent difficile de lire de l'imaginaire. Mais quand j'ai un coup de cœur, c'est un putain de coup de cœur. Il y a d'ailleurs plusieurs livres d'imaginaire dans mon top 10 : Les Lions d'Al Rassan (Puta madre !), le Cycle d'Hyperion (nom de Zeus !), la Horde de Contrevent (ça décoiffe !), la Route (ça use les souliers...). Vraiment, ces livres là comptent énormément pour moi. Inévitablement, il y a Don Quichotte, mais ce n'est pas vraiment un livre de l'imaginaire... un livre SUR l'imaginaire ? Et puis, j'ai fait mon mémoire de maîtrise sur le Seigneur des Anneaux, alors forcément, c'est un cycle qui a son importance pour moi.

Mais en réalité je lis sans trop de réflexion sur le genre. Quand j'ai envie de littérature générale, je prends de la littérature générale. Si j'ai envie de SF je prends de la SF... le plus souvent, je lis de la fantasy au printemps. Il y a quelque chose dans l'air à cette période de l'année qui me donne envie de lire de la fantasy.

Mes écrivains préférés ne sont pas des auteurs de l'imaginaire par exemple : Bukowski, John Fante, Umberto Eco... ah, si, il y a Neil Gaiman, j'aime vraiment beaucoup ses romans. Ces dernières années j'ai eu d'énormes émotions en lisant Laurent Gaudé ou Leïla Slimani, je me suis éclaté avec le cycle du Bourbon Kid, j'ai eu d'énormes fou-rires en tentant un Calendar Girl (j'avais relu la Philosophie dans le boudoir de Sade trois semaines avant, ça n'aide pas... ) et là j'attaque W ou le Souvenir d'Enfance de George Perec, alors j'ai bien du mal à te dire quel genre je préfère. En tant qu'auteur, plutôt Fantasy que SF, ça c'est certain, même si j'adorerai m'aventurer un jour dans l'écriture cyberpunk. Ce ne serait pas pour proposer quelque chose du nouveau sur ce thème cela-dit, juste pour en faire une revisite à la Bardas ;) Peut-être à l'occasion d'un appel à texte pour une nouvelle par exemple.


Ramettes :

Bonsoir,
merci pour les réponses. J'avoue que "morue" j'ai cru au début que c'était une fille ... du coup j'étais un peu perturbée. Donc la virilité en avait pris aussi un coup.
J'ai en effet remarqué qu'il était beaucoup question d'odeurs nauséabondes, ça contribue à l'ambiance. J'espère que tu n'avais pas un poissonnier près de ton lieu d'écriture !

On m'a déjà fait la remarque... mais je ne me serais pas aventuré à appeler un personnage féminin de premier plan ainsi, le bouquin passe déjà assez souvent pour une œuvre misogyne chez ceux qui ne lisent pas entre les lignes XD

Alors qu'en vrai c'est plutôt du racisme ordinaire, au début la Morue avait un nom portugais. Il faut savoir que dans ma famille, on est nombreux à avoir des origines au sud de l'Europe. À un repas de famille, chez nous, il y a des Espagnols, des Portugais, des Italiens, tous un peu français aussi par ailleurs. Certains sont catholiques, d'autres juifs. Mais presque tous athées. Et il arrive qu'entre nous fusent des remarques représentatives de ce racisme ordinaire qui nous semble inconséquent mais qui, si on ne le combat pas, est hérité par nos enfants comme une donnée normale et sans danger. Or, c'est loin d'être sans danger. Bref, la Morue sentait le poisson et avait un nom portugais... ayant pris conscience de tout cela il y a quelques années, c'est désormais une chose que j'essaie de combattre, et la Morue ne s'appelle plus que "la Morue". Seule sa mère connaît son véritable nom d'ailleurs, et il n'est pas portugais :)


Et il n'y a pas de poissonnier dans mon lieu d'écriture, mais le jour où j'ai eu l'idée de ce personnage, c'était dans le garage des parents d'un ami, un endroit où l'on faisait sécher le linge et où il faisait si humide que cela prenait des jours entiers. Il régnait ainsi une étrange odeur de poisson que l'on a jamais trop pu expliquer, et mon pote portait toujours cette odeur sur lui. C'est en comprenant son origine que le personnage m'est venu. Et comme dans mon cas, du moins à l'époque, 90% du poisson ingéré était de la morue, ben le nom est venu de là !


 

SUPER MADRONA # 1 de Helen Harper

 

TOME 1 : DES EMMERDES JUSQU'AU COU


Éditions Bookmark
Collection Infinity
320 pages
19 euros






L'avis express de Dup sur Des emmerdes jusqu'au cou de Helen Harper

Le début d'une série pour les amateurs d'urban fantasy complètement déjantée.

L'AVIS DE DUP




Lorsque notre héroïne se réveille sur un terrain de golf et qu'elle constate 1) qu'elle est allongée à côté d'un cadavre décapité et 2) qu'elle ne se souvient de rien, même pas qui elle est, c'est la déconfiture. Même pas l'épouvante, l'horreur, non, la déconfiture : ce doit être moi qui l'ait décapité ! Mais, lorsqu'elle se fait attaquer par trois colosses et que ses réflexes analysent la situation et lui suggèrent de fuir, elle se dit qu'elle n'est pas une nana lambda.

Une fois ses poursuivants semés ou mis hors d'état de nuire grâce visiblement à des pouvoirs qu'elle se découvre, ses poches pleines par un effet de vases communicants, elle décide d'agir pour découvrir ses capacités, son identité. Je vous passe les situations rocambolesques, pour ne pas dire capillotractées, comme "je suis peut-être une super héroïne" et la voilà vêtue d'une cape et d'un masque à la recherche de l'orphelin à sauver... et les gens qui eux visiblement la reconnaissent et lui demandent discrètement de la poussière !

Finalement, elle va rencontrer un beau gosse auquel elle n'est pas insensible, qui lui fera comprendre que 1) elle est une fée appelée Madrona, mais pas vraiment une gentille et que 2) elle était son ex jusqu'à qu'elle le plaque pour le plus méchant de tous : Brutus. Entre temps, elle s'était engagée comme garde du corps d'une célébrité du petit écran qui s'avère être une vampire. 

Madrona découvre qu'il existe, comme dans les livres et les séries, et ça elle s'en souvient, des vampires, des loups garous, des bonnets rouges 😳 et des fées de différentes catégories. Il subsistera tout le long de la lecture un décalage entre la Madrona que l'on côtoie et l'image que les autres transmettent d'elle avant son amnésie.  

Des emmerdes jusqu'au cou porte bien son nom avec beaucoup d'action, pas mal d'humour dans les dialogues, des situations complètement barrées, et une héroïne au caractère bien trempé.  Mais une intrigue qu'on a encore du mal à saisir vu que ce volume se termine et Madrona n'a toujours pas récupéré sa mémoire. 

La fin abrupte et pour le moins inattendue, sans doute pour propulser le lecteur dans l'attente de la suite, m'a quelque peu déstabilisée, voire irritée. Un tome qui annonce une série légère qui ne se prend pas au sérieux, juste pour le divertissement et qu'il faut prendre comme tel. 


mardi 28 septembre 2021

Septième page de l'ITV de RAPHAËL BARDAS

 

À LIRE OU À RELIRE !







— Comment qu’vous disez ? grommela mollement la Morue.
— Barre d’As ! sursauta Silas. Je crois qu’on parle du surnom de ma…
— Teu teu teu ! protesta Rossignol en gonflant son accordéon dans un vacarme qui empêcha Silas de terminer sa phrase.
Ils le regardèrent, se demandant bien ce que le musicien bavard allait encore inventer pour les baratiner et leur refourguer l’addition.
— Bardas ! s’exclama-t-il enfin. Raphaël Bardas ! L’homme qui se prétend écrivain et qui a fait de nous ses jouets quelques mésaventures durant.
— Mouaif, soupira la Morue. Jamais entendu parler.
— Un auteur de théâtre ? tenta Silas. Ce nom ne m’est pas complètement étranger, et je ne sais pourquoi, mais il m’évoque la presqu’île de Dados Rojos, ses vins trop forts et ses siestes crapu...
— Non Silas ! Quand cesseras-tu de ne penser qu’à…
— Qu’à ?
— Ce n’est pas vraiment le moment de parler d’amour mon tout beau. Alors non. Non, ou plutôt juste un peu oui, mais pas aussi exactement que ton joli ciboulot pourrait l’imaginer Silas. Le Bardas, c’est le sale type qui, depuis son monde à lui, nous trimbale de rade et rade, et port en port, et de mort en mort…
— Et de couche en couche !
— Oui ! Amis, oui !
— Et d’castagne en castagne ?
— Oui Morue, le Bardas, dans son monde, il est écrivain. Il a écrit des caisses et des caisses de livres à jouer, avec des amis, des jeux de rôles comme on dit là-bas. Parce qu’il a rien contre un peu de convivialité et une bonne histoire à vivre à plusieurs, pour peu qu’il y ait du claquos, de la vinasse et du sauciflard… et ce qu’il aime, en plus de raconter des histoires de copains, c’est nous les faire vivre à nous. C’est comme ça qu’un jour il a fait de nous les Chevaliers du Tintamarre et qu’il nous a embarqués dans le Voyages des Âmes cabossées. Mais bien avant ça, il s’est fourvoyé avec des gars comme le Gaborit ou le Granier de Cassagnac, et bien d’autres comme eux. Il a traîné ses guêtres d’auteur dans les Royaumes Crépusculaires ou encore sur Cosme, avant de se mettre à co-inventer ses propres univers. Amnesya 2K51, Venzia, Retrofutur !
—D’la confiture ?
— Non, Morue, mais ce qu’il invente parfois se voudrait tout aussi sucré… Capharnaüm, et le tout petit roman qui en fut tiré, Aux traîtres indomptables, du sucre, du miel, des épices et tellement de soleil ! Nul doute que c’est un peu ces amours là, ces univers qui le hantent, qui l’ont poussé à nous faire vivre ce qu’il nous a fait vivre.
— Ou mourir !
— Ou mourir oui… d’ailleurs, j’ai fini mon cruchon, qui qui paye la douloureuse ?
— Ce soir c’est Bardas les gars, c’est Bardas qui paye l’addition ! Hein Rossi, j’ai bon ?
— On dit « Qui régale » ! faut tout qu’j’vous apprende.
— C’est Bardas qui régale ? Rien n’est moins sûr les amis !


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Fantasy à la carte :

Bonjour Raphaël, il est vrai qu'à l'heure d'aujourd'hui toutes ces plateformes comptent pour donner de la visibilité. Ca me fait penser que je pourrais également glisser un avis sur certaines pour Le Voyage des Âmes Cabossées. Au vu du nombre importante de sorties par mois, la concurrence est rude, sans doute que ces étiquettes aident le libraire dans son choix de mise en valeur, en tout cas, ça attire l'œil du lecteur, c'est certain. Si tu as pu sortir le tome 2, j'en déduis que le succès était au rendez-vous pour le tome 1, non ? Sinon, tu animes des ateliers d'écriture, qu'est ce qui te pousse à faire ce genre d'initiative ? Et comment cela se passe ?



Eh bien merci par avance :)

Le "Tome 1" a fonctionné dans des proportions raisonnables je pense, suffisamment pour que Mnémos prenne le risque d'un "Tome 2". Il faut savoir que les suites fonctionnent presque toujours moins bien que les originaux. Et puis, au-delà des chiffres, j'ai un éditeur qui fonctionne aussi pas mal à l'affect et qui aime vraiment les textes qu'il choisit. Du coup, sauf en cas d'échec absolument catastrophique, et puisque le "second" peut malgré tout être lu sans avoir lu les Chevaliers du Tintamarre, je crois que le livre l'a convaincu avant tout en tant qu'œuvre originale. A l'inverse, il aurait été tout à fait possible que le second soit refusé s'il ne convainquait pas l'éditeur, même si le premier avait fait 200 000 ventes (on en est très loin, cela dit ;) ).


Concernant les ateliers d'écriture, eh bien, j'avais envie de diversifier ma pratique professio... nan, bon, en vrai j'ai besoin de pognon, parce que j'ai de grosses pensions alimentaires, parce que j'ai des études à payer, de l'orthodontie, que j'ai les poches percées et que je vis avec un salaire de prof (ce qui demeure très loin des 3000 euros dont on entend parfois parler). Or, quand je cherche quelles compétences je pourrais mettre en valeur pour arrondir mes fins de mois, eh bien il faut se rendre à l'évidence : je sais écrire, dire des conneries, faire le show, et un peu me battre aussi. Comme je suis trop petit et trop vieux pour faire un bon videur ou un tueur à gage convenable, j'ai choisi de miser sur l'écriture et sur l'esbroufe. C'est comme cela que j'en suis d'abord venu à la formation pour adultes en animant, par exemple, des ateliers sur l'utilisation du storytelling dans la communication professionnelle et dans la pédagogie. Ensuite, ayant animé pendant des années des ateliers d'écriture avec des ados en milieu scolaire, j'ai eu envie d'aller tenter l'aventure avec des adultes. Je me suis naturellement tourné vers des lieux et des gens que je connais et fréquente par ailleurs. C'est comme cela que je me retrouve à animer des ateliers en MJC. Aussi, je tiens à préciser que je n'ai pas la prétention d'apprendre aux gens à écrire, ni de faire d'eux des écrivains. Chacun y vient avec ses propres envies, ses propres projets, et moi je me contente de mettre tout cela en mouvement par des jeux d'écriture collective, de réflexion de groupe, puis de passage individuel à l'écrit. On passe beaucoup par l'oral et par le jeu, mon objectif principal étant de proposer des contournements possibles en cas de situation de page blanche, et aussi d'aider les "stagiaires" à trouver l'écrivain qui est en eux. Il est parfois difficile de faire la différence entre ce que l'on aime lire, regarder, et ce que l'on va réussir à écrire. On peut être un gros consommateur de polar et avoir en réalité plus de talent pour raconter des histoires d'amour. J'essaie aussi de faire travailler les gens sur le sens de l'écriture, la portée symbolique des textes, à aller au-delà des phrases bien construites et des histoires bien ficelées.

Un exemple de jeu littéraire tiens, pour ceux qui voudraient faire un atelier d'écriture en famille en s'amusant un peu :

Phase 1 : d'abord on tire au sort quatre ou cinq éléments de conte de fées (moi j'ai un jeu de dés pour ça, mais on peut travailler avec des post-it). Chacun des participant doit proposer un conte très court en 20 lignes maximum, en respectant le schéma narratif classique (situation initiale, élément perturbateur, etc.). Chaque "mot" tiré au sort doit avoir droit à sa propre phrase d'introduction. On se les lit ensuite à voix haute, on rit un peu de nos différences de choix, on reste bien entendu dans la bienveillance, nul n'est là pour juger.

Phase 2 : "Le conte et l'enfant pas sage !" c'est ainsi que j'aime l'appeler. Il s'agit d'imaginer cette fois les réponses de l’enfant à qui on le raconterait, ce conte. Chacune reprend donc son texte comme s'il était lu à un gosse un peu relou (à chacun de décider pourquoi et dans quelles proportions), et doit imaginer les réactions et les questions de l'enfant. On peut bien entendu adapter ce qui a été écrit précédemment pour que cela fonctionne sous forme de dialogue, ou tout bonnement parce que les interventions de l'enfant peuvent pousser à modifier des éléments du texte.

Dans cette deuxième phase, on a en réalité travaillé la plasticité narrative, la capacité à modifier une idée de départ tout en travaillant sur sa cohérence et sur sa capacité à se remettre en question.

Phase 3 : il y a deux options que j'aime mettre en place à ce point précis : soit réécrire l'intégralité du récit et de ses dialogues avec l'enfant comme narrateur (on ajoute ici une réflexion sur l'importance du point de vue dans un récit). Soit demander de réécrire légèrement le texte en imaginant que l'adulte et l'enfant sont les deux mêmes personnes à deux étapes différentes de leur vie, terminer par la rédaction d'un mini récit cadre (une intro et une conclusion en somme) ; avec cette dernière approche, le "stagiaire" se retrouve confronté à une question supplémentaire qui va donner du sens à l'ensemble de son travail (et sans doute le pousser à modifier encore une peu le récit), et cette question c'est celle du "pourquoi". Pourquoi un adulte aurait besoin de raconter cette histoire à l'enfant qu'il a été, ou à l'inverse, selon le choix fait (mais celui-ci est plus rare, bien que passionnant) : pourquoi un enfant ressurgirait du passé pour raconter ce conte à l'adulte qu'il est devenu...

Ca tient en 1 à 2h selon le nombre de personnes, la rapidité de chacun et l'envie de bavarder et de commenter, mais je vous jure qu''il y a de quoi passer un super moment de création et de réflexion littéraire.


Bon, je dois bien avouer que tout ça ne paye pas la pension alimentaire :D. C'est super bon pour les méninges, pour l'égo, pour le lien social, etc. alors je vais continuer encore un peu.

J'avais des projets en médiathèque, mais finalement ils sont plus intéressés par des animations en jeu de rôle, alors ce sera du jeu de rôle. On m'a aussi contacté pour scénariser une sorte d'escape game littéraire à l'échelle de la "grosse" ville du coin (Montargis)... je crois qu'on va bien s'amuser :)

En fait, ce qui est sympa, c'est que le (modeste) succès des Chevaliers du Tintamarre, et ma grande gueule, font émerger des propositions assez inattendues, c'est vraiment cool. Je dois juste rappeler assez souvent aux gens que "non, je ne suis pas les Chevaliers du Tintamarre, oui on va voyager en imaginaire et rigoler un peu, mais moi je suis l'écrivain, pas le clown-alcolo-bagarreur de service".


Aely Nath :

Bonjour

Déjà 7 pages. Ouahhh et que de superbes réponses à nos questions. Enfin plutôt à leurs questions lol j’ai tout juste le temps de lire et de penser à une qu’elle est déjà posée (en mieux 😂).
Mais j’en ai quand même une qui j’espère n’est pas passée au travers de mon radar.

Quand on écrit de la fantasy est ce que des événements de la vie réelle peuvent être utilisés comme base pour le récit ? Par fois on peut prendre des mimiques ou des points de caractère des copains mais est ce que des situations (comiques, tragiques, des dialogues même) peuvent être, remaniées ou non mises dans un roman comme les chevaliers du Tintamarre ?

Quand nous pouvions encore sortir en liberté partout il m’est arrivé d’entendre u café des conversations totalement surréalistes 😂 alors des échanges comme ceux de nos trois gaillards m’ont donné une sensation de vécu.


Me re-voilà ! Vous aviez cru qu'une horde de dragondingres accros à mes ronflements nocturnes m'avaient dévoré pour avoir un peu de ce formidable ronron eu fond d'eux à jamais ? Mais non, j'ai retrouvé le chemin du clavier, alors allons-y !


Qu'a-t-on aujourd'hui? Hum... l'usage du vécu dans l'écriture de l'imaginaire ? Je pense, en toute sincérité, que rien ne sort ex-nihilo de l'imagination de l'auteur. Tout n'est que construction en réaction au passé, à l'expérience réelle ou fictionnelle, et finit par ressortir un jour sous la plume de l'auteur.

Après, selon les auteurs, c'est plus ou moins conscient. Il y a des fois où je vis un truc et me dis :"ah oui, ça il faut vraiment que je le place quelque part". Le "c'est chacun mon tour" et le "j'vais t'mettre ton poing dans ma gueule", chers à la Morue, sont des répliques volées à un type que j'ai entraîné à la boxe pendant quelques années, 10 ans de légion étrangère, devenu fossoyeur au Père Lachaise, entraîneur de Krav Maga et affublé de quelques faiblesses linguistiques. Un vrai personnage de roman ! Aussi m'arrive-t-il parfois de voler sans m'en rendre compte des vannes à ma compagne. Elle me le fait remarquer à la relecture et alors on se dispute un peu la paternité de la réplique, et après on décide si je la garde ou non :) En réalité, il y a pas mal de personnages truculents dans mon entourage, et de nos échanges peuvent naître des idées ou des situations, mais il est rare qu'une réplique ou un dialogue complet se retrouve dans mes bouquins. Il s'agit en général plutôt d'une idée venue après, mais provoquée par une situation vécue.

Pour le reste, il y a, en ce qui me concerne, énormément de choses issues du réel qui ressurgissent lors de mon écriture, mais je n'en prends pas toujours conscience. J'ai constaté récemment qu'un évènement marquant de mon enfance traversait à peu près tout ce que j'avais écrit ou étais en train d'écrire. C'était complètement inconscient jusqu'à il y a peu, mais maintenant que je sais que c'est là je dois décider de ce que je vais en faire : soit je m'en empare pour en faire un livre à part entière, soit je continue de le laisser transpirer à sa façon quand il doit le faire. Le premier choix ne pourra pas faire un livre de SFFF cela-dit.

Des fois, l'inverse se produit, j'ai été très amusé cet été de voir mon fils cadet (Marius, 9 ans) se comporter exactement comme Silas au moment où il a vu Alessa pour la première fois. Une gamine lui demande si elle peut jouer avec lui, il répond "regarde, je sais faire un salto !" et paf, salto (raté), mais tellement mignon. Silas lui avait eu envie de faire la roue.


Fantasy à la carte :

Bonjour Raphaël, merci pour la proposition d'exercice. A tester donc ! Je trouve ça super intéressant. C'est quand même un sacré boulot en plus de tes propres projets à écrire et de ton taf, tu arrives à dormir quand même ?

Sinon Les Imaginales cette année. Tu y étais l'année dernière ou c'est ta première édition en tant qu'auteur ? Ca fait quoi de passer de lecteur visiteur à auteur vendeur de livres alors ?


Bonjour Jessica, et merci encore pour ta fidélité :)

Est-ce que je dors ? Est-ce que je trouve le temps de dormir ? Oui, oui, la plupart du temps. J'ai la chance de penser et de travailler vite, à condition de ne pas trop devoir filer mes notes à quelqu'un après. Bon, je dois bien avouer que compte tenu de l'emploi du temps 2021-2022, entre les soirées ateliers d'écriture, celles où mes fils et belles-filles finissent tard leur entraînement de Dakaïto Ruy, Taekwondo, Escalade ou Ecole du cirque, les gardes alternées, mes propres entraînements sportifs, je ne vois pas encore quels seront mes temps d'écriture cette année. Sans doute les pauses déjeuner car je crois bien que pour les soirées ca va être mort :D (passé vingt et une heures c'est à poil dans le canap' avec un verre de rouge et un bon film...nos gosses étant conscients de mon incapacité à garder des fringues sur moi passé 21h, ils prennent bien soin de ne pas quitter leurs chambres :D)

Les Imaginales ? Ce sera ma première fois tout court, je n'y ai jamais mis les pieds auparavant. Par le passé j'ai été "exposant" sur un certain nombre de salons (le Monde du jeu, la Gencon, etc.) pour les éditions Multisim (il y a donc 1 million d'années) et plus récemment pour les Deadcrows. En gros j'animais des parties de démo de Agone, Abyme, Guildes, Rétrofutur et plus tard Amnesya, Capharnaüm, Venzia et Macadam Fairies. Je me souviens de conversations assez folles avec des passionnés de JDR qui connaissaient les jeux sur lesquels j'écrivais bien mieux que je ne les connaissais moi-même. C'est toujours un choc, mais ça fait partie du jeu, l'œuvre nous échappe toujours un peu, et au moins autant que les gens se l'approprient de leur côté.

Je suis très pressé d'aller aux Imaginales. Rencontrer en "vrai", les lecteurs qui ont aimé (ou même détesté d'ailleurs, ça pourrait être marrant), mon travail. Et puis, en toute sincérité, faire un peu la fête, ça me manque.


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LES CHEVALIERS DU TINTAMARRE de Raphaël Bardas (Phooka)




Éditions Mnémos
272 pages
19 euros








☇ L'avis éclair de Phooka sur les Chevaliers du Tintamarre  ☇


Un roman plein de gouaille qui vous entraîne là où l'auteur le souhaite sans vous laisser le choix.



L'AVIS DE PHOOKA:






J'arrive après tout le monde pour vous parler de ces fameux Chevaliers du Tintamarre alors il va m'être difficile d'écrire une chronique sans faire de redite. Le mieux serait d'ailleurs que je me taise (oui je vous vois au fond, tous ceux qui acquiescent ), mais ce serait dommage de passer à côté de l'opportunité de convaincre peut-être un dernier récalcitrant, une âme perdue qui -comme moi- serait passée à côté de cette goûteuse friandise.

Alors non, je ne vais pas vous parler de la gouaille, de la verve et de toute cette écriture théâtrale de Raphaël Bardas qui est un pur délice pour le lecteur. Non je ne vais pas vous parler de Rossignol, de la Morue et de Silas, ces trois chevaliers au coeur pur du Tintamarre. Non je ne vais pas vous parler de Morguepierre, cette cité étrange, arrachée à la mer. Non, je ne vais pas vous parler de la mort des Marie-Morgane et de l'enquête que va mener les trois sus-cités. Si vous voulez connaître tout ça, allez donc lire la très belle chronique de Dup.

Moi je vais me contenter de vous parler atmosphère et ressenti. Raphaël Bardas nous entraîne dans un récit incroyable et truculent avec une maîtrise du verbe absolument jubilatoire. Les mots choisis, le contexte et les reparties des héros sont un pur régal et on se surprendrait à lire ces échanges  même s'il n'y avait aucune trame derrière. Si vous ne me croyez pas allez donc lire un bout de l'interview quand Raphaël nous fait une démonstration grandiose de la façon donc il envisage un dialogue qui ne consiste qu'à dire "bonjour, comment ça va". Vous lisez ça et vous avez toute la quintessence de l'auteur. Les mots roulent, tournent, dansent et s'organisent pour vous faire oublier tout autre sujet. Oui mais l'auteur lui n'a pas oublié et il déroule sa trame. Il la déroule même si bien que vous, pauvre lecteur, vous vous faites balader.

Une histoire qui commence pleine d'allégresse et de rigolades bascule petit à petit vers le sombre et l'horrible. Vous ne l'avez pas vu venir, mais ce qui était un récit léger, joyeux et enlevé, devient subitement étouffant et glacé. L'auteur vous a amené là où il voulait à sa façon gaillarde et paillarde: au milieu des cadavres, des morts et des coups. Vous n'avez rien vu venir, vous y êtes plongé d'un seul coup. Raphaël Bardas vous a mené là où il voulait, à sa façon et vous savez quoi ? C'est un pur régal.

Quand un auteur vous amène ainsi avec lui dans son monde, exactement là où il l'entend et d'une façon aussi maîtrisée, c'est du grand art. Qu'attendez-vous ? Foncez !




Le Mois de Raphaël Bardas sur Bookenstock:











lundi 27 septembre 2021

WIDJIGO de Estelle Faye

 



Éditions Albin Michel Imaginaire
256 pages
17,90 euros




L'avis express de Dup sur Widjigo de Estelle Faye


Un récit horrifique mené de main de maître.
Du grand Estelle Faye !



L'AVIS DE DUP



1793. Jean Verdier, tout juste 20 ans, est las de son rôle de lieutenant de la toute nouvelle République française. Lui et ses soldats ont faim, froid et sont épuisés. Il doit cependant cueillir un autre aristocrate pour le livrer à la justice de la République : le marquis Justinien de Salers. Mais quelque part il y mettrait bien des guillemets à cette justice. Cependant c'est l'inverse qui va se passer, ils vont se retrouver coincés au pied de la vieille tour délabrée du marquis par la marée d'équinoxe et le lieutenant sera sommé d'écouter le récit du vieil homme... tout en découvrant et dégustant du café (hé ! c'est Estelle Faye tout de même 😁).

Et là, avec sa plume toujours aussi belle, l'autrice nous embarque quarante ans en arrière pour un autre récit derrière les pas d'un Justinien d'une trentaine d'années. Nous nous retrouvons en avril 1754 dans les bouges de Annapolis (GB), anciennement Port-Royal (FR), en Acadie, où notre jeune noble complètement fauché se saoule du matin au soir. Il va se faire embarquer contre son gré mais passivement pour retrouver les traces d'un cartographe disparu à Terre Neuve.

Une mission avec comme associés Veneur, un botaniste en disgrâce, Marie, une métisse qui ressemble à la Camarde et Gabriel, un ado mutique et comme possédé, seul survivant de l'expédition du cartographe. Le bateau va faire naufrage au large des côtes de Terre Neuve libérant sur les plages glaciales une poignée de survivants (dont nos quatre personnages) et un paquet de cadavres.

Ils se regroupent et entreprennent de rallier la civilisation de l'autre côté de l'île, en bravant une nature pour le moins hostile. Sauf que dès le premier jour ils retrouvent un mort et ils ne peuvent qu'en déduire que le meurtrier est parmi eux, et le jeu de massacre continue... Et puis, un soupçon de fantastique se mêle au texte sans qu'on le voit venir, s'intègre parfaitement et dès lors la question se pose à chaque fois : mort surnaturelle ou crime humain ? 

Les deux récits imbriqués jouent parfaitement leurs rôles et on est véritablement happé par ces macabres récits. Une plume tellement visuelle qu'on se surprend à frissonner de froid, à sursauter et surveiller derrière son épaule. Oui, à stresser en permanence en se demandant qui et comment sera le prochain meurtre, à se demander si ce personnage est réellement une sorcière. Estelle Faye nous parle de justice et de vengeance... et floute à merveille la frontière entre ces deux termes. 

Lorsque l'on cherche Widjigo sur wikipédia, nous sommes renvoyé à Wendigo : Wendigo ( / w ɛ n d ɪ ɡ oʊ / ) est une créature mythologique ou mauvais esprit qui provient du folklore des Premières nations basées dans et autour des forêts de la côte Est du Canada...[]. Ben je peux vous dire que la version Widjigo de Estelle Faye est un très très mauvais esprit, dans le genre cannibale même !!!

Widjigo m'a happée, broyée, transie de froid et terrorisée. Une énorme claque. Et, chose que je n'aurai jamais penser écrire en fin d'une chronique de cette autrice, pour lecteurs avertis, car certaines scènes nécessitent un estomac bien accroché. Je me suis régalée, coup de coeur bien évidemment !



Estelle Faye sur Bookenstock :

















Les chroniques :
dimanche 26 septembre 2021

Semaine 38/2021 sur Bookenstock [bilan]

 

Semaine intense. Le Mois de Raphaël Bardas bat son plein et les questions/réponses fusent. Encore merci à tous nos participants et bien sûr à Raphaël pour sa réactivité et la qualité de ses réponses.


On en est déjà à 5 tomes d'interview, que vous retrouverez ici:






Côté chroniques ...


  •  Dup a fini la trilogie de Blackwing et même si elle a trouvé le tome 3 très noir, elle conseille fortement la série.



  • Elle n'a pas été très enthousiaste par contre avec Le trône des Sept Iles , mais elle reste néanmoins curieuse d'en découvrir la suite ...






  • La Miss Phooka est toujours aux abonnés absents et elle en profite pour partager avec vous sa série coup de coeur de l'été avec les deux derniers tomes de September Jones.




Côté barbouillages, samedi Dup nous a montré ses dernières aquarelles.




Voilà c'est tout pour aujourd'hui. Bonne semaine à tous et à dimanche prochain!


la bise
Bookenstock


samedi 25 septembre 2021

Quelques aquarelles...

 

Ah, cela faisait longtemps que je ne vous avais pas saoulé avec mes barbouillages hein !

Cet été je me suis inscrite à une petite formation de Léo Dessin-Création : L'aquarelle libre, sur le net qui m'a appris pas mal de trucs, donc je ne regrette pas, même si j'ai dû mettre le défi dessin des copines en stand by. Je vous mets en vrac ce que j'ai fait dans ce cadre là d'abord.







des paysages donc, et puis... une porte ?!?!



Depuis, je me suis replongée dans l'exploration de Pinterest et je copie-barbouille ceux qui me plaisent.

Mes dernières "créations" de septembre.




en grand, ce sont mes préférés !




Et deux que j'avais faites début juillet, avant la formation.



celui-ci aussi je l'aime bien !