vendredi 30 mars 2018

TOUTES BLESSENT, LA DERNIÈRE TUE de Karine Giebel





Éditions Belfond
736 pages
21,90 euros


4ème de couv :

Maman disait de moi que j'étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais...
Je connais l’enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…


Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…
 
Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu’au dernier.


Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.
Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
 
Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.






Tama était une petite fille sans histoire et très sage, comme aurait pu dire Jean-Jacques Goldman... mais c'est Karine Giebel qui va nous le dire. Et immanquablement on va s'y attacher tout de suite à cette petite marocaine qui a déjà eu un parcours de vie pas facile. Elle perd sa maman à cinq ans, son père se décharge d'elle en la confiant à sa tante pour refaire sa vie. Je savais pourtant qu'il ne fallait pas que je m'attache, oui je le savais... Mais la plume de l'auteur est ainsi faite que c'est impossible. Je défie quiconque de ne pas aimer cette môme, puis cette ado, et enfin cette jeune femme qu'elle deviendra.
À huit ans Tama est vendue par son père à Mejda pour "lui donner une éducation et la chance d'aller à l'école en France". Mais voilà, Mejad va la déposer directement au sortir de l'aéroport dans une famille Franco-Marocaine où elle sera la bonne à tout faire. Privée de tout, dormant dans la buanderie non chauffée et ne mangeant que les restes, quand il y en a... Et ce n'est que le début, le tout début d'une longue série de supplices que va subir Tama.

Mais dans ce roman il n'y a pas que Tama, on a aussi Gabriel. Un homme d'une cinquantaine d'années qui vit dans un hameau déserté et perdu dans les Cévennes. Il n'a pour seule compagnie que son chien, ses deux chevaux et ses fantômes. On comprend très vite que c'est un assassin, une sorte de tueurs à gages... sans gages : un nom, une adresse, il s'y rend, repère sa cible et l'élimine. Froidement, sans remord. Et là encore, malgré tous les ingrédients accablants amers ou acides utilisés pour le découvrir, on sent que la mayonnaise prend, que l'on s'y attache petit à petit.
Et puis un jour, une belle jeune femme, blessée, mourante et amnésique débarque chez lui et vient perturber son quotidien, ses certitudes...

Les chapitres vont alterner entre Tama et Gabriel. On se doute bien que la fin du trajet de Tama sera le début du trajet de Gabriel. On a hâte de voir la jonction, hâte qu'enfin cesse le calvaire de l'une et commence la rédemption de l'autre. Les chapitres défilent à une vitesse ahurissante, il ne m'aura fallu que deux jours pour avaler ce pavé, que dis-je, ce parpaing.
La construction de cette histoire est magistrale, on assiste à des changements de directions radicaux du parcours de Tama, qui va aller de Charybde en Scylla, puis être sauvée par Izri, le fils de Mejda, puis... arf, c'est indescriptible ! La parenthèse Izri fait du bien, mais elle fait peur aussi, parce qu'elle est beaucoup trop loin de la fin… Les coups de théâtre sont nombreux, certains, peu, heureux.

Avec ce roman Karine Giebel dénonce haut et fort un esclavage moderne qui existe hélas aujourd'hui un peu partout, pas qu'en France. C'est une réalité, cachée bien entendu, mais qui existe partout autour de nous, dans des maisons cossues comme dans des cités défavorisées. Dans ce roman il y a beaucoup de maltraitance, beaucoup de violence, mais aussi beaucoup d'amour dans ce qu'il a de plus pur. J'aime ces livres qui, en plus de nous embarquer complètement dans leur histoire, prennent faits et causes pour dénoncer, pour nous ouvrir les yeux sur une réalité bien sombre de notre quotidien. Karine Giebel rejoint en cela Olivier Norek qui lui aussi n'y est pas allé par quatre chemins dans Entre deux mondes.

Toutes blessent, la dernière tue est un roman noir magistralement bien mené par Karine Giebel qui n'a plus à prouver qu'elle est maître en la matière. Est-ce que Tama délogera Marianne de Meurtres pour rédemption dans mon coeur ? Et bien non, mais à l'image d'une soeur elle y prendra la même place. Comme une mère pour ses enfants, je les aimerai autant mais différemment. Quant à vous, je ne saurais vous conseiller l'un ou l'autre de ces deux livres, donc ce sera les deux !
ÉNORME COUP DE COEUR !





jeudi 29 mars 2018

LE DIEU OISEAU de Aurélie Wellenstein





Éditions Scrinéo
335 pages
16,90 euros
Il sort en librairie aujourd'hui !


4ème de couv :

Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires.

Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. 

Enfin, la nouvelle compétition est sur le point de commencer. L'occasion pour Faolan de prendre sa revanche.

Sa vengeance aura-t-elle le goût du sang ?





Je n'ai pas commencé cette chronique que je râle déjà. Oui je sais, je suis une mémé "râlue", la preuve je commence à parler en jurassien me dit Phooka... Mais là franchement, c'est à juste titre : je ne pourrais jamais être à la hauteur de la claque que vient de m'asséner Aurélie Wellenstein.

D'abord parce qu'il y a tellement de choses que je ne peux pas dire sous peine de spoiler ce roman que je me sens pieds et poings liés. Et puis j'ai envie de hurler à tous : MAIS LISEZ-LE BON SANG ! Mais non, ça ne se fait pas ça, car il faut également que je prévienne : ATTENTION, ÂMES SENSIBLES, ABSTENEZ-VOUS ! Donc non, ça ne colle pas ensemble...

Cette dernière phrase, j'en use et j'en abuse dans beaucoup de mes chroniques de thrillers, mais jamais, au grand jamais, je n'aurais pensé un jour insérer ça dans une chronique de Fantasy. Mais franchement ce récit est un condensé de violences, de sévices physiques et psychologiques, de rites cannibales bien gores. On nage souvent dans l'hémoglobine…Et là, vous allez vous poser la question de mon équilibre mental, parce que je vous affirme que J'AI ADORÉ ce roman.

Relisez bien le résumé, c'est nécessaire pour comprendre la suite. Il avait dix ans le petit Faolan, et c'est grâce à ses yeux bleus qu'il a échappé à la broche du banquet des vainqueurs. Remarqué par Torok qui a juste un an de plus que lui, il devient son esclave, son souffre-douleur. Et cela fait dix ans que Faolan se demande si c'était vraiment une chance d'échapper à la mort.

Mais le jour des sélections approche, et ce jour là tout le monde est à égalité, il n'y a plus ni maître ni esclave. À égalité vraiment ? Rien n'est moins sûr car si Torok s'entraîne tous les jours depuis des mois, il s'ingénue à empêcher Faolan d'en faire autant. En fait il n'y a qu'un domaine où Faolan surpasse tout le monde : il sait éviter et/ou encaisser les coups à merveille...

Mais Faolan est animé par l'énergie du désespoir. Après tout, il n'a vraiment rien à perdre à essayer de gagner, car Torok l'a déjà annoncé : s'il est sélectionné c'est Faolan qui sera son sacrifice.

Dix clans, dix champions qui s'affronteront ensuite, après la cérémonie du sacrifice, lors de la Quête de l'oeuf d'or du Dieu Oiseau. Mais on suivra Faolan et Torok jusqu'à la fin de cette Quête. Je ne vous dis pas comment, car il n'y aura qu'un seul champion de ce clan, mais ces deux là sont indissociables.

Une végétation luxuriante, une faune sauvage et exotique, des temples de forme pyramidale avec des étages en terrasse, des poignards ou des épées en obsidienne, des sacrifices humains… Aurélie Wellenstein nous transporte dans un monde imaginaire fortement imprégné de culture inca et c'est un dépaysement total.

Faolan est un personnage qui prend le lecteur aux tripes dès le début. Forcément. Avec tout ce qu'il subit. Mais il va évoluer au cours des épreuves, sacrément évoluer… Et c'est là le tour de force de l'auteur car cette évolution psychologique est soignée aux petits oignons. Il est sur le fil du rasoir bien souvent, pas loin de basculer vers la folie. Mais il la voit, la repère, en est conscient et chaque fois s'en éloigne. Et malgré tous ses actes, malgré tous ses choix, on s'y attache. Je ne peux pas dire que je l'aime, ce serait indécent...et pourtant... 
On va côtoyer d'autres champions également, les motivations de chacun sont différentes, justifiées. Et puis, Torok...

Aurélie Wellenstein mène son récit tambour battant. Il y a zéro temps mort. Je me suis retrouvée ferrée dès les premières pages, et malgré toute l'horreur que certains passages comportent, j'ai été hypnotisée, incapable de reposer ce livre. Il fallait que je sache s'il allait y arriver et comment, et surtout qu'allait-il faire de cette victoire ? J'ai adoré la fin proposée. Bref : gros coup de coeur.





mercredi 28 mars 2018

Troisième salon du livre imaginaire Grésimaginaire. 7 - 8 avril 2018







Quoi?

Comme son nom l'indique c'est un salon du livre imaginaire (pas le salon qui est imaginaire hein, c'est juste que ce sont des livres sur l'imaginaire !)


Qui?


Carina ROZENFELD est la marraine de Grésimaginaire 2018

Olivier Gay est invité d'honneur

Mina M. a réalisé l'affiche


et beaucoup d'autres auteurs !!

Où?



Espace ARAGON
19 boulevard Jules Ferry
38190 VILLARD-BONNOT

(pas loin de Grenoble en gros)


Vous trouverez toutes les infos sur le site



mardi 27 mars 2018

QUI MENT ? De K.M. McManus


Editions Nathan
Sortie: 22 mars 2018
464 pages
17.95 euros



Une intello, un sportif, un délinquant, une reine de beauté... un meurtrier.
Qui allez-vous croire ?


Dans un lycée américain, cinq adolescents sont collés : Bronwyn (l'élève parfaite), Addy (la fille populaire), Nate (le délinquant), Cooper (la star du baseball) et Simon (le gossip boy du lycée). Mais Simon ne ressortira jamais vivant de cette heure de colle... Et les enquêteurs en sont vite sûrs, sa mort n'est pas accidentelle. Dès lors qu'un article écrit par Simon contenant des révélations sur chacun d'eux est découvert, Bronwyn, Addy, Nate et Cooper deviennent les principaux suspects du meurtre. 
Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont tous quelque chose à cacher...






Un lycée, cinq élèves, un prof "tyrannique", une heure de colle. Jusque là, rien d'extraordinaire n'est ce pas ? Sauf que tous les élèves ont été collés pour avoir gardé leur téléphones portables dans leurs sacs alors que c'est formellement interdit par Monsieur "le prof tyrannique" qui contrôle chaque sac avant le cours. Il faudrait être bête pour y laisser son portable, non ?  Il savent tous que le portable trouvé dans leur sac n'est pas à eux. Mais qui aurait voulu les piéger ? Se retrouvent ainsi collés cinq "figures" du lycée: Bronwyn LA bonne élève par excellence, jamais collée de toute sa vie; Addy, la  jolie nunuche amoureuse à la folie de son footballeur de petit copain; Nate, le bad guy en liberté surveillée pour avoir dealé de la drogue; Cooper, le beau gosse futur champion de baseball et Simon le gars derrière le blog Askip qui sait absolument tout sur tous. Et le prof, monsieur Avery, un anti technologie à l'extrême. Une heure de colle donc, quoi de plus banal finalement ? Sauf que Simon ne va pas en ressortir vivant ...

Alors commence l'enquête. Pourquoi Simon est mort ? Qui l'a tué ? Les quatre jeunes lycéens restant vont devenir suspects. Tout le monde a des raisons de vouloir tuer Simon finalement, puisqu'il connaissait et publiait les secrets de chacun. Oui, tout le monde peut être un tueur potentiel, y compris ceux qui n'étaient pas dans la salle de colle. Sauf que personne n'est rentré dans cette pièce. Il ne reste que nos quatre "collés". Eux aussi auraient leurs raisons, mais y'en a t'il qui auraient plus de raisons que d'autres ?

Les chapitres alternent les narrateurs. A tour de rôle nous suivons Bronwyn, Nate, Cooper et Addy. On ne peut pas faire plus différents que ces quatre là. Et pourtant maintenant ils ont un point commun, ils sont tous les quatre suspects. Ça crée des liens finalement. Sauf que les avocats engagés par les parents vont formellement leur interdire de se rencontrer.

L'action se situe près de San Diego dans une banlieue huppée. Alors les parents vont chercher les meilleurs avocats pour leur progéniture. Enfin presque tous, car le père de Nate, alcoolique et sans travail ne peut certainement pas se payer le luxe d'avoir un avocat. D'ailleurs si Nate deale un peu, c'est pour pouvoir avoir un toit au dessus de sa tête. Nate, le coupable idéal finalement puisqu'il a déjà été en prison ...

Malgré l'interdiction, petit à petit des liens vont se tisser entre ces mômes. Ils vont réaliser à quel point ils sont caricaturaux: le beau sportif prometteur, l'intellectuelle, la jolie fille idiote et le bad guy. Tous modelés par leurs familles respectives. Cette enquête va leur apprendre beaucoup sur eux-même et ils vont être obligés de grandir.

Le lecteur lui aussi apprend à les connaître petit à petit, à aller au delà des clichés. Pourtant on ne peut pas faire plus "cliché" que ce livre pour ado. Dès le début on pense connaître le coupable ou du moins on hésite entre un ou deux coupables potentiels. On se dit que c'est ficelé, que vraiment ces mômes sont trop stéréotypés. Mais en fait, tout est voulu et on se fait rouler dans la farine. Les gamins évoluent, réalisent à quel point leurs comportements sont à vomir. Le lecteur les suit, se perd parfois d'un chapitre à l'autre puisque le "je" n'est plus la même personne, mais on apprend à les connaître et finalement à les aimer.

Je n'étais pas convaincue au début du roman, trouvant tout trop "cliché", puis je me suis laissée embarquer dans l'aventure. J'ai fini par aimer ces mômes, j'ai imaginé à peu près tous les coupables possibles ... en me trompant à chaque fois. Il faut attendre la toute fin pour comprendre ...

Qui ment ? est une agréable lecture, facile, légère et pleine de suspense. Un joli moment de détente qui mérite le détour. Ça reste un roman pour adolescent, mais tout le monde peut s'y plonger. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, non, mais le livre mérite néanmoins toute votre attention et vous passerez un bon moment de lecture.

lundi 26 mars 2018

LES DIEUX SAUVAGES # 2 de Lionel Davoust




2 - LE VERROU DU FLEUVE


Éditions Critic
503 pages
23 euros


4ème de couv :

L'armée démoniaque, mi-chair mi-machine, du dieu Aska est aux portes de Loered, la ville sur laquelle repose la défense et la stabilité du royaume - le Verrou du Fleuve.
Le Verrou doit tenir, ou la Rhovelle est perdue. Mériane, à la tête de maigres renforts, compte bien honorer sa propre prophétie et libérer la ville. Mais quand les hommes se mêlent de contrarier les Dieux, elle en est réduite à limiter les dégâts.
Face au désespoir qui s'installe, elle incarne le seul espoir du peuple, et l'instinct de survie fait taire, pour un temps, les dissensions. Pour autant, les manigances politiques se poursuivent en coulisses, et la guerre commence à peine que certains préparent déjà l'après.
Mais sur la route du Verrou du Fleuve, son mythe s'écrira avant tout dans le sang, la terreur et la peine.







On retrouve Mériane à la cour du duc de Belnacie, où elle n'a enfin plus à faire preuve de sa légitimité en tant que Messagère de Wer. Depuis la bataille de Doélic elle a enfin toute l'écoute du duc et d'Erwel qui, depuis qu'Izara a délaissé la régence du royaume, est techniquement le souverain de Rhovelle. Elle les informe qu'Aska a massé toutes ses troupes au nord de Loered et s'apprête à prendre d'assaut la forteresse. Ils doivent donc aller prêter main forte au duc Thormig de Loered.

Thormig que l'on suit en parallèle, avec ses généraux, ses espions, qui luttent becs et ongles contre les assauts des forces démoniaques menées par Ganner. Il y a sept enceintes concentriques qui protègent la ville de Loered installée au beau milieu du fleuve Aÿs. La bataille fait rage, malgré une inégalité des forces en présence. Et elle va durer les deux tiers du livre, le temps que Mériane et sa troupe rallient Loered. Et Thormig de répéter en y croyant de moins en moins : "Le Verrou tiendra !"

Parallèlement encore, on suit les tractations d'Izara, l'ex Reine du royaume, qui elle aussi cherche à apporter son soutien à Loered alors que le grand Arquide tente de mettre main basse sur le pouvoir.

Les personnages sont toujours aussi bien fouillés. Qu'est-ce que je l'aime cette Mériane et son fichu caractère. On assiste à la naissance d'un souverain d'envergure en suivant Erwel. On fait la connaissance d'un nouveau personnage : Maragal, un chronète, c'est-à-dire un chroniqueur au service du Dieu Wer, qui va venir se scotcher à Mériane... comme si elle n'avait pas assez de la ferveur aveugle de Léopol… Quant à Darén, toujours aussi azimuté, Lionel Davoust lui a trouvé un rôle sur mesure !

Je dois avouer un petit coup de mou concernant les passages d'assauts des troupes peu ragoutantes de Ganner contre Loered, les lisant encore plus vite pour retrouver les autres protagonistes dont Mériane et ceux gravitant autour d'elle. Sauf que, juste avant l'arrivée de Mériane à Loered, Lionel Davoust nous lâche une véritable bombe en une toute petite phrase de Wer... Et voilà, ferrée à nouveau la Dup. Avec une nouvelle interrogation en tête : qui ? Oh non, je n'en dirai pas plus, zavez qu'à le lire !

Le dernier tiers de ce tome 2, ne sera que de la bataille autour des enceintes de Loered, mais le récit alterne de points de vue entre tous les personnages présents sur place et cela change de paragraphe en paragraphe, et non plus par chapitre. Le rythme qui en découle est ahurissant, impossible de lâcher ce livre ! Et pour mon plus grand bonheur, on retrouve alors Chunsène et son drôle de pouvoir ainsi que la mystérieuse Nehyr qui entrent elles aussi dans la ronde de la narration. Qui apportent quelques réponses, mais en soulèvent tellement d'autres, fondamentales, que l'on n'a plus qu'une hâte, avoir le tome 3 en main !

Voilà, c'était un compte-rendu de chronète Dup, au service du Dieu Davoust. :))


vendredi 23 mars 2018

[Sorties] Folio SF en avril 2018




Avril 2018

Len DEIGHTON
 SS-GB

Traduit de l'anglais par Jean Rosenthal


Couverture de  Julien Langendorff


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Karoline GEORGES
 Sous béton

Couverture d'Aurélien Police


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Martin MILLAR
 La déesse des marguerites et des boutons d'or

Traduit de l'anglais (Écosse) par Marianne Groves




Couverture d'Aurélien Police


jeudi 22 mars 2018

LE SILENCE ET LA FUREUR de Natalie Carter et Nicolas d'Estienne d'Orves





Éditions XO
368 pages
19,90 euros


4ème de couv :

Un lac perdu de l'Ontario, et au milieu, une petite île escarpée où souffle le vent mauvais du soupçon. Max King, pianiste adulé dans le monde entier, y vit reclus dans sa maison, prisonnier de ses obsessions et de ses cauchemars. Il y a dix ans, un drame l'a condamné au silence : la moindre note sur le clavier provoque en lui d'effrayantes douleurs. Pour cet immense artiste, la musique est devenue un bourreau. Mis à part sa gouvernante, Max King ne voit personne. Ni sa femme Fiona, ni son fils Luke, qui a quitté l'île et que tout le monde surnommait le " petit prince ". Un futur pianiste de génie, comme son père. Le retour de Luke résonnera comme un cataclysme sur cette terre maudite. Et du silence jaillira bientôt la fureur.






De Nicolas d'Estienne d'Orves, j'ai déjà lu et apprécié Les orphelins du mal mais c'était en 2007 donc ne cherchez pas la chronique. Puis réitéré en 2011, mais là le blog était né donc L'enfant du premier matin est référencé sur Bookenstock. Comme vous pourrez le constater, j'avais beaucoup aimé, alors lorsque l'on m'a proposé son petit dernier, je n'ai pas hésité une seule seconde. Soit, il est écrit à quatre mains avec Nathalie Carter, cela faisait une nouvelle donne mais bon, c'est sa maman tout de même !

Les auteurs nous entraînent sur une île quasi déserte au milieu d'un lac de l'Ontario. Une île qui accueillait jusqu'à il y a neuf ans le plus grand festival de piano conçu et organisé par le célébrissime Max King. La démesure de l'événement, la construction du théâtre l'abritant, et la naissance d'un village non loin pour loger la main-d'oeuvre nécessaire, tout cela a été balayé par l'Accident. De cet Accident avec un A majuscule on ne sait rien, si ce n'est que depuis Max King vit reclus, seul avec pour unique compagnie le jour, sa gouvernante Susan. Le village vivote, désœuvré et le théâtre ravagé par un incendie est à l'abandon.

Le célèbre pianiste souffre d'une maladie psychologique violente qui lui vrille le cerveau au son de la moindre note de musique. Susan qui lui est entièrement dévouée va tenter de le sortir de son apathie et de ses nombreux tocs qui régissent sa vie en faisant revenir sur l'île son fils Luke devenu un pianiste reconnu lui aussi. Que va-t-il ressortir de cette confrontation ? Que s'est-il passé il y a neuf ans ? Les séquelles de l'accident on les connaît sur le père, mais sur le fils alors âgé de 8-9 ans ? Et bien ces questions-là, on va les avoir en tête tout du long du roman !

Dans une ambiance lourde, pesante et pleine de menaces, de non-dits, les auteurs nous entraînent sans jamais relâcher la pression. On sait que l'on court droit vers une catastrophe, mais franchement celle qui arrive est la dernière que j'aurais pu imaginer.

Comme à chaque fois avec Nicolas d'Estienne d'Orves, un soupçon de fantastique se glisse entre les lignes, que l'on pourrait très bien attribuer à une projection de l'esprit d'un de ces personnages perturbés psychologiquement. J'adore ! Les chapitres alternent entre Susan et Luke qui prennent chacun la parole, le récit étant à la première personne du singulier.

Pour avoir lu le dossier de presse de ce roman, je sais que Nicolas s'est chargé de Susan, sa mère de Luke. Eh bien franchement je n'ai senti aucune différence, ni de style, ni d'écriture ! Cette association est une réussite. Les trois personnages principaux sont complexes et très réalistes. Ils sont tous trois intrigants, voire flippants par moment.

Mais ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est de sentir la passion et l'amour de la musique des auteurs. Arriver à ne parler que de mélodies, de notes alors que c'est un silence permanent qui domine cette île et son environnement sauvage, isolé. Un silence qui est lourd et plombé comme avant une catastrophe naturelle. Le silence juste avant la fureur...
Un roman que j'ai eu plaisir à découvrir.


mercredi 21 mars 2018

En mars chez ActuSF






Le pitch :
Qu’est-ce qui est vert, pèse 120 000 tonnes, pue la vase, n’a pas vu le ciel bleu depuis quarante siècles et s’apprête à dévaster le monde ? Ingrid n’en a aucune idée.
Et elle s’en fout.
Autant dire que lorsque des hurluberlus lui annoncent qu’elle est le Centre du pentacle et que la résurrection de Cthulhu est proche, ça la laisse de marbre.
Jusqu’à ce que les entités cosmiques frappent à sa porte...

L'avis de l'éditeur :
Après avoir réalisé une étude sociologique des fées (Fées, weed et guillotines, prix Elbakin.net) et converti les zombies au pogo (Le Club des punks contre l’apocalypse zombie, prix Julia Verlanger), Karim Berrouka revient pour relever un terrible défi : convaincre Ingrid d’aller éclater du Grand Ancien pour sauver l’humanité.








Le pitch :
Breda appartient au Peuple du Kynslagh. Orpheline de père, elle vivra dans le sillage de celui qui deviendra roi et y perdra son amour et ses espoirs. Orlando est lui un petit garçon dont l’esprit a été rapatrié dans le réseau à la mort de son corps. Mais même dans les mondes informatiques, le danger le guette...
Deux vies, deux destins insolites, pour goûter ou redécouvrir les univers de l’Arcane des Épées et Autremonde.

L'avis de l'éditeur :
Tad Williams est un auteur majeur de la science fiction et de la fantasy. À travers ce livre, découvrez ou replongez dans ses deux cycles les plus fameux le temps de deux récits splendides !



mardi 20 mars 2018

LE SANG ET L'OR de Kim Wilkins



Tome 1: Les filles de l'orage


Editions Bragelonne
Format poche
8.20 euros
570 pages



Victime d’un sortilège, le roi du Thyrsland est plongé dans l’inconscience. Si ses ennemis viennent à l’apprendre, ce sera le chaos. Craignant pour sa vie et l’avenir du peuple, ses cinq filles entament un dangereux voyage afin de le sauver, plaçant tous leurs espoirs dans une mystérieuse adepte de la magie vivant aux frontières du Nord.
Personne n’ose affronter la fille aînée du roi, Bluebell, combattante féroce et tatouée, chef de guerre prétendument invincible. Pourtant, chacune de ses soeurs garde un secret qui pourrait influer sur le destin du royaume. Et quelqu’un de très proche d’elles oeuvre dans l’ombre, se liguant avec leur plus grand ennemi, le roi Corbeau, afin d’assouvir sa soif de pouvoir. Les cinq soeurs doivent unir leurs forces au plus vite si elles veulent sauver le Thyrsland de la ruine…







J'avais vu passer ce premier tome, les filles de l'orage, lors de sa sortie en grand format. Je n'y avais pas prêté plus d'attention que ça, même si le résumé me "parlait bien". Je ne l'avais donc pas lu. Alors sa sortie en version poche m'a permis de remédier à cette lacune et bien m'en a pris car j'ai eu l'impression de dégoter une petite perle.

En effet, le monde créé par Kim Wilkins est tout à la fois très "classique" et criant de vérité. Drôle de terme ce "criant de vérité" quand on parle de fantasy n'est ce pas? Mais ce qui fait toute la saveur du roman hormis ses personnages très réussis, et j'y reviendrai plus tard, c'est bien le contexte. Nous allons rencontrer des princesses et les suivre pendant tout le roman. Nous allons visiter des châteaux et des fermes. Mais n'imaginez pas des princesses Disney en robes roses à paillettes et des châteaux féeriques. Non, ici les châteaux ressemblent plus à des fermes fortifiées avec un bâtiment principal entourés de petites longères et de divers autres bâtiments "à usage unique" (cuisine, écurie etc ..). Chaque longère est habitée par une personne, le roi ou une princesse. On est loin des immenses châteaux que notre imaginaire a en tête. Quant aux princesses, elles peuvent étriper un lapin ou se battre à l'épée. Elles ne sont pas godiches le moins du monde et bien loin des caricatures.  C'est tellement plus réaliste !! A tel point d'ailleurs que je vous parle du contexte et du décor avant même de vous parler des protagonistes ou du récit lui-même. C'est sans doute parce que ce décor est si superbement mis en avant qu'il fait partie intégrante de l'histoire et y apporte toute sa saveur.

Mais venez donc faire la rencontre de Bluebell et de ses soeurs. Elles sont les filles du roi du Thyrsland  et sont si différentes les unes des autres qu'on a parfois du mal à les imaginer soeurs. Bluebell, c'est la guerrière, une vraie terreur. Les gens n'osent même pas la regarder en face. Sa dureté, son opiniâtreté, son courage et ses capacités de combattante ne font aucun doute et tous tremblent devant elle. D'ailleurs son surnom de "téton d'acier" en dit long ... Elle sera la prochaine reine du Thyrsland. Rôle qui risque bien de lui échoir plus vite que prévu car son père, le roi, est gravement malade. Et si Bluebell incarne la dureté à elle seule, il n'en reste pas moins qu'elle a un sens de la famille exacerbé et qu'elle aime son père par dessus tout. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle fait appeler ses soeurs de toute urgence. 
Rose, tout d'abord, marié au duc de Wengest pour des raisons politiques, permettant ainsi au royaume de vivre en paix. Rose et son coeur d'artichaut, amoureuse d'un autre et ne pensant pas toujours, voire jamais, aux conséquences de ses actes.
Puis vient Ash, une jeune femme posée et réfléchie. Ash est tout l'opposée de Rose. Elle pense d'abord aux autres, mais Ash est très perturbée car elle a des visions qui lui permettent d'entrevoir certains évènements futurs et cette magie semble grandir en elle.
Willow et Ivy sont les deux plus jeunes. Élevées à l'extérieur du royaume, elles connaissent peu leurs aînées et craignent Bluebell comme jamais. Willow est une fanatique religieuse, quant à Ivy c'est juste une jeune écervelée.

Sous l'égide de Bluebell ces cinq là vont partir sur les routes emportant leur père malade car elles sont quasi certaines que le roi a été victime d'un maléfice. Enfin Bluebell en est certaine donc les autres suivent ... Le seul moyen de sauver le roi est de l'éloigner de son château et des risques qu'il peut y courir si son "tourmenteur" y est encore. Bluebell est d'ailleurs persuadée que c'est sa belle-mère qui est à l'origine du maléfice, autant dire que personne ne prend le risque de s'opposer à elle ...

Une longue quête commence. On ne peut pas imaginer cinq soeurs plus différentes. Elle forment une drôle d'équipe exclusivement féminine et totalement disparate, ce qui n'est pas si courant. Cette quête sera peuplée de rencontres et d'aventures, mais surtout de révélations. Car les soeurs qui ne se connaissent que peu finalement, vont apprendre beaucoup sur elles mêmes et sur les autres, sur eurs forces et leurs faiblesses. Leurs interactions vont être forcément étranges, croustillantes, explosives ou agaçantes. Le destin ne va pas les épargner, et va les faire grandir. Même si grandir veut souvent dire s'éloigner des autres ...

Il y a évidemment quelques personnages masculins, le roi bien sûr, mais aussi Wihl le "beau-fils" du roi. Il est jaloux de Bluebell tout en reconnaissant l'incroyable force de celle-ci. Il est sans cesse tiraillé entre son éducation qui lui a appris le bien, et ses envies de vengeance qui le poussent vers le mal. Un très joli personnage masculin, parfois touchant, souvent exécrable, mais qui ne laisse pas indifférent.

Le tout se passe sur un contexte complexe de politique et de jeux d'alliances.

Bref, je me suis régalée avec ce premier tome. Je n'en reviens pas d'être passée à côté en grand format et d'en avoir si peu entendu parler (enfin si, Sia en dit aussi beaucoup de bien). Il mérite vraiment toute votre attention. Pour ma part j'en fais un coup de coeur et j'attends le second tome qui sort très bientôt en poche! 

lundi 19 mars 2018

EDEN de Candice Fox




Éditions Michel Lafon
475 pages
19,95 euros


4ème de couv :


Après sa dernière affaire en date où plusieurs jeunes femmes ont trouvé une mort brutale à Sydney, Frank suit une psychothérapie pour pouvoir réintégrer la police. Eden, sa coéquipière toujours aussi inflexible, est envoyée en infiltration dans une ferme perdue dans le bush afin d’enquêter sur la disparition de trois jeunes filles. Elles ont toutes en commun d’avoir travaillé dans ce refuge de marginaux, sous les ordres d’un fermier proxénète.
Frank la surveille néanmoins à distance. Il comprend très vite qu’Eden est en mauvaise posture lorsqu’elle ne répond plus à ses messages. Et malgré les conseils de sa psy, la jolie Imogen, Frank se lance au-devant d’ennuis qui mettront à nouveau sa santé mentale et la vie d’Eden en jeu…








/!\  Cette chronique spoile complètement le tome 1 : Hadès, et ce dès les premières lignes. Vous êtes donc prévenus…

Suite à l'hécatombe survenue à la fin du tome 1, on retrouve Eden et Frank meurtris. Eden a perdu son frère Eric, et Frank son tout nouvel amour Martina. Le deuil semble plus facile pour Eden qui est toujours aussi dépourvue de sentiments alors que Frank se réfugie dans l'alcool, niant la dépression qui l'accable.

Mais Eden ne l'entend pas de cette oreille et va tout faire pour secouer son partenaire d'autant qu'ils ont une nouvelle affaire sur les bras. En effet, trois jeunes femmes ont disparu ces derniers mois et un point commun surgit dans les dossiers. Même si ces disparues viennent d'horizons radicalement différents, elles ont toutes les trois séjourné quelque temps dans une ferme isolée en marge du bush australien. Une ferme quelque peu marginale, relisez donc le résumé !

Cette nouvelle enquête semble avoir peu d'effet sur l'apathie de Frank jusqu'à ce que Eden mettent sa vie en danger en décidant d'infiltrer seule les "travailleurs" de la ferme. Elle lui confie en plus une enquête parallèle concernant Hadès, son père adoptif. Le vieil homme qui aspire à une retraite de ses louches activités est en proie à un harcèlement perfide qui le dépasse. Mener de front ces deux enquêtes va occuper à plein temps Frank qui n'aura même plus le temps de se morfondre.

Les chapitres alterneront entre Eden et Frank et, comme dans le tome 1, le récit sera entrecoupé de passages en italique nous relatant l'enfance de Hadès, éclairant singulièrement ce personnage énigmatique que j'aimais déjà beaucoup. Le tout donne un rythme effréné à cette lecture.

J'étais ravie de retrouver ce trio de personnages déjà appréciés au volume précédent, d'autant qu'Eden nous a débarrassé de sa saleté de frère ! Bon, celle-ci reste tout de même chelou avec son manque total d'empathie et de sentiments. À sa décharge, elle le sait et fait en sorte de réagir au mieux de ce que les autres attendent d'elle. Mais comme c'est une tueuse dans l'âme, cela crée des situations dramatiques à la limite du comique. J'adore cette ambivalence permanente.

Quant à Frank, je l'aime toujours autant. Ses démêlés avec la psy du service qui lui est imposée suite à la résolution sanglante de l'affaire précédente vaut son pesant de cacahuètes. J'ai un gros faible pour les personnages pleins d'humour et de répartie… Il faut dire qu'il en a des choses à cacher notre Frank, à commencer par la double activité de sa partenaire, mais aussi ses soupçons confirmés sur les agissements du père de celle-ci. Alors qu'il est viscéralement un flic honnête, il a de quoi éprouver quelques aigreurs d'estomac !

J'ai beaucoup apprécié ma lecture, rattrapé mon retard et vais pouvoir enchaîner incessamment sous peu avec la lecture de Fall, le tome 3 qui vient de sortir. À noter tout de même que le premier tome intitulé Hadès relatait l'enfance de Eden et Eric. Le second s'appelle Eden et nous conte l'enfance d'Hadès. Je ne sais vraiment pas ce que nous réserve Fall !!! 

dimanche 18 mars 2018
samedi 17 mars 2018

En mars chez LES MOUTONS ÉLECTRIQUES





PRÉSENTENT EN MARS


Pour l'opération Le mois de Lovecraft des Indés de l'imaginaire
les Moutons présentent dans la nouvelle collection
Les saisons de l'Étrange

115° vers l'épouvante
de Lazare Guillemot


un court roman lovecraftien et drôle...



Femmes d'argile et d'osier
de Robert Darvel


une sorte de contes de fée dans les Andes et roman d'aventure...
du post-exotisme dixit l'éditeur :)


vendredi 16 mars 2018

L'AUTOMNE DES MAGICIENS Tome1 d'Helène P.Mérelle


LA FUGITIVE
L'Automne des magiciens T1


Editions Bragelonne
456 pages
25.00 euros
Sortie le: 14/02/2018



Octavianne, huitième fille de la reine d’Elgem, a grandi dans le palais royal. À seize ans, sa sœur aînée régnante veut la marier contre son gré. Acculée, Octavianne s’enfuit et mène une vie d’errance, à la recherche d’un maître de magie qui lui apprendra à maîtriser ses pouvoirs naissants.
Elle rencontre alors Adalgis, un chasseur mi-homme, mi-lion qu’elle sauve et guérit. Au côté de cet être complexe et fascinant, libre et sauvage, une vie différente se dessine pour la jeune magicienne.
Mais bientôt d’inquiétantes ombres issues de son passé menacent de la rattraper, et Octavianne doit faire un choix. Peut-on réellement échapper à son destin ?







Prima est une reine dure et autoritaire. Elle n'hésite pas à utiliser la magie pour faire obéir ses sujets récalcitrants. Une magie rude, de contrainte et dont elle a hérité en tant que reine d'Elgem. Elle est l'aînée d'une longue lignée de princesses. Toutes celles qui n'ont pas de magie ne peuvent pas prétendre au trône, alors Prima les "utilise" pour ses besoins politiques. Elle en confie une, Quintinie, au clergé de la Lune, Secunda, elle, est sa conseillère. Elle marie les autres, Septime, Sixine à des ducs ou des rois selon ses intérêts. Il est bien évident que l'intérêt des princesses n'entre pas en jeu. Quand arrive le tour d'Octavianne, la jeune fille de seize ans ne peut pas imaginer qu'elle va épouser un vieux roi décati d'un royaume du sud. Un Royaume où l'esclavage n'a pas été aboli. Elle ne veut pas suivre le chemin pris par ses soeurs, elle ne veut pas obéir à son aînée Prima. Octavianne compte sur Maurin, capitaine de la garde et son garde du corps. Son petit coeur d'adolescente en pince pour le beau capitaine et elle imagine déjà qu'il va se mettre en travers du chemin de Prima. Mais personne ne peut s'opposer à la reine alors il essaye plutôt de convaincre la jeune fille d'accepter le mariage. Mais Octavianne ne veut rien entendre, elle résiste, et Prima ne va pas hésiter, elle utilise la magie pour forcer Octavianne à lui obéir. Octavianne lutte contre Prima et réveille ainsi la magie qui est en elle. Alors elle sait qu'elle doit fuir ...
Elle va partir à travers les royaumes, seule. Les rencontres qu'elle fera lui permettront de grandir à la fois en tant que femme, mais aussi en tant que magicienne. Elle va aussi découvrir le "vrai" monde, celui du peuple hors des murs du palais ...

Roman initiatique s'il en est, mais aussi roman d'aventures, de magie et de rencontres. J'imagine déjà tous ceux qui vont hurler au "classissisme", car oui c'est un roman de fantasy classique, très classique même. Mais moi justement j'adore ça! Octavianne est une héroïne que le lecteur s'approprie. Elle grandit, elle apprend, elle maîtrise ses pouvoirs petit à petit. Rien de flamboyant non, des balbutiements de magie. Et surtout elle va faire de magnifiques rencontres. Que ce soient Uldarick, Gungor, ou Adalgis, les personnages qu'elle croise et avec qui elle fera un bout de chemin sont incroyablement passionnants et attachants. Gungor en vieux mage aveugle et grincheux, Uldarick l'ermite ronchon et bien sûr Adalgis, mi-homme, mi-lion, une force de la nature ô combien déchiré entre son humanité et sa bestialité. Tous sont remarquables, tous sont attachants, tous apportent leur touche au récit et tous vont permettre à Octavianne de devenir une femme hors du commun. 

Le récit se présente comme une longue quête. Octavianne va découvrir des royaumes différents, des cultures, des peuples, des climats et des régions. Elle va ainsi avoir une connaissance du monde réel, bien loin de ce que ses pauvres précepteurs avaient essayé de lui inculquer. Elle va croiser les combats, l'esclavage, les "mutations génétiques" dues à la magie et tout ceci va lui permettre de se construire. 

La plume est jolie, légère, agréable à lire et le roman se dévore. Sa lecture en fait un très agréable moment hors du temps. Les paysages sont magnifiquement décris, les humains aussi et ainsi l'immersion est totale pour le lecteur.

Ce premier tome de l'automne des magiciens se lit avec un immense plaisir. Il me tarde déjà d'en découvrir la suite et de savoir ce que vont devenir les héros. Roman de fantasy classique, il mérite toute votre attention. Hélène Mérelle, voilà un nom à retenir!







jeudi 15 mars 2018

TEIGNEUX de Daniel Kraus




Éditions Fleuve
Collection OutreFleuve
318 pages
19,90 euros


4ème de couv :

Neuf ans se sont écoulés depuis cette nuit terrible au cours de laquelle Ry Burke, tout juste âgé de dix ans, a fui la fureur dévastatrice de son père. Il n'a dû sa survie qu'à ses jouets, les Trois Innommables : le réconfortant et malicieux Mister Oursington, le sage Jésus en plastique, et l'étrange et inquiétant Teigneux, qui lui ont transmis force et conseils. Aujourd'hui, l'heure est venue de quitter la ferme, et cette terre maudite de l'Iowa qui semble refuser de produire depuis que Marvin, le père tyrannique et maître des lieux, est en prison. Les Burke sont enfin prêts à se libérer du passé. Mais leurs démons refusent de lâcher prise, et la pluie de météorites qui s'abat sur la région va les déchaîner. Le matin du départ, Ry entend un fredonnement trop familier s'échapper de la cuisine. Marvin est de retour...






Marvin était un père tyrannique et violent qui menait son monde à la baguette, cependant les coups étaient réservés à Jo Beth sa femme. Son fils Ry, il le terrorisait et cela lui suffisait. Un jour, il dépasse les bornes et Ry, pas encore 10 ans, doit s'impliquer pour libérer sa mère. Libérer au sens propre du terme... je vous laisse découvrir pourquoi. Âmes sensibles, s'abstenir absolument. C'est trash, certaines scènes étant même carrément gores. La mère décide de prendre ses enfants, Ry et Sarah alors bébé, et fuir loin de cet enfer. Sauf que Marvin parti pour la journée revient trop tôt et déchaîne les foudres sur Ry. Celui-ci s'enfuit vers la forêt proche et la traque commence...

Ry ne devra son salut qu'à ses trois jouets qu'il avait sur lui pour le départ. Ils l'aideront à trouver le courage de fuir, de se terrer, de se défendre et finalement d'envoyer le père en prison. Il y a Oursington le gentil ours en peluche, une statuette de Jésus en plastique qui était la voie de la sagesse et Teigneux, tout en angles, en ferrailles, en dents, dont le nom est suffisamment clair. On comprend très vite que ces trois jouets, appelés par la suite les trois Innommables, sont une projection de l'esprit fragilisé de Ry. Il faut dire que la relation père-fils n'était pas des plus saines, basée essentiellement sur la terreur.

La ferme, prospère du temps du père, semble se liguer contre eux, et neuf ans après refuse de produire quoi que ce soit. Jo Beth décide de partir vers la ville avec ses enfants. Mais le mauvais sort s'acharne : une pluie de météorites s'abat aux alentours dont une sur la prison... et Marvin revient alors qu'ils étaient sur le départ. Et c'est reparti pour un tour, mais cette fois-ci Ry ne fuit pas. C'est OK Corral dans la ferme. L'équilibre fragile de Ry, récupéré à grand renfort de psys, de thérapies en tous genres, va voler en éclat. C'est le retour des trois Innommables…

Daniel Kraus a créé un huis clos particulièrement violent, mais où on se rend compte qu'il n'y a pas surenchère. C'est la triste réalité. Ce combat père-fils exacerbé par la haine et la folie. La folie du premier tournée vers la vengeance et la destruction, la folie du second orientée dans le seul but de sauver sa sœur et sa mère. Et au risque de vous paraître folle à mon tour, je dois avouer que j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Même si je plissais les yeux, rentrais la tête dans les épaules, déglutissais et tordais le nez bien souvent, je dois reconnaître que ce roman est un thriller psychologique monstrueusement bien mené.

Les portraits psychologiques du tandem père-fils sont soignés aux petits oignons et forts crédibles. C'est d'ailleurs ce qui me fait dire plus haut qu'il n'y a pas surenchère dans le gore, même si c'est l'horreur tout du long de ce roman... Les personnages féminins, même s'ils sont secondaires, sont bien troussés et jouent un rôle important dans ce huis clos. La présence de Sarah neuf ans accentue notablement l'horreur de la situation qui dégénère. Imaginez seulement découvrir votre père dans ces conditions, le fusil toujours à portée de mains !

Ce roman Teigneux est présenté comme un thriller paranormal par l'éditeur. Je dois dire que le côté un poil fantastique que l'on trouve vers la fin, moi je la vois plutôt comme une projection de l'esprit ravagé de Ry. Il est obnubilé par sa volonté de sauver sa sœur et sa mère, et encore une fois il se rabat sur ses trois Innommables. Sauf que ces derniers s'adaptent, Ry n'a plus 10 ans mais 19, et est en pleine force de l'âge… Teigneux est un thriller psychologique qui sort des sentiers battus, un livre que je ne regrette pas d'avoir découvert. Que je conseille même, mais avant je réitère mon avertissement : âmes sensibles, fuyez !


mercredi 14 mars 2018

Un crowfunding littéraire pour une action humanitaire



Envie de faire une bonne action tout en lisant ?

J'ai ce qu'il vous faut !




En deux mots :


SOS Terre et Mer est une anthologie de l'imaginaire humanitaire en faveur des réfugiés et autres exilés de la Terre. Son financement sera entièrement reversé à l'ONG SOS Méditerranée(une fois les frais de port et de fabrication décomptés). 
Indépendantes de toute structure éditoriale, 33 personnes, auteurs, illustrateurs et éditeurs, se sont réunies pour participer bénévolement à ce geste de solidarité, modeste, mais concret. 



Ça se passe par ICI sur Ulule



- 15 auteurs, et parmi eux on retrouve Jean-Philippe Jaworski, Nathalie Dau, Stefan Platteau et Brice Tarvel (on ne cite que ceux qu'on connait, allez donc découvrir les autres sur le site!)

- 15 illustrateurs, dont Melchior Ascaride à qui l'on doit déjà la superbe couverture.



L'intégralité des bénéfices sera reversée à l'ONG.




mardi 13 mars 2018

BORÉAL de Sonja Delzongle




Éditions Denoël
Collection Sueurs Froides
448 pages
20,50 euros


4ème de couv :

Janvier 2017, au Groenland. Là, dans le sol gelé, un œil énorme, globuleux, fixe le ciel. On peut y lire une peur intense. C’est ainsi que huit scientifiques partis en mission de reconnaissance découvrent avec stupeur un bœuf musqué pris dans la glace. Puis un autre, et encore un autre. Autour d’eux, aussi loin que portent leurs lampes frontales, des centaines de cadavres sont prisonniers du permafrost devenu un immense cimetière. Pour comprendre l’origine de cette hécatombe, le chef de la mission fait appel à Luv Svendsen, spécialiste de ces phénomènes. Empêtrée dans une vie privée compliquée, et assez soulagée de pouvoir s’immerger dans le travail, Luv s'envole vers le Groenland. Ils sont maintenant neuf hommes et femmes, isolés dans la nuit polaire. Le lendemain a lieu la première disparition.





Les principaux fans de Sonja Delzongle, ceux qui l'ont découverte avec Dust risquent de se sentir spoliés de leur héroïne favorite Hanah Baxter. L'auteur en avait fait un personnage récurrent puisqu'on la retrouvait dans Quand la neige danse et dans Récidive. Mais le flou, le léger battement ne durera pas bien longtemps tant le décor planté accapare le lecteur : le Groenland et les pays scandinaves. Personnellement j'ai retrouvé la grande Sonja qui balance des claques comme dans son premier roman, Le hameau des purs, qui jusque-là restait mon préféré. Ce n'est plus le cas, Boréal le supplante.

Région de Thulé, Groenland, que même Google ne connaît pas, à 5 heures de route en 4x4 de Qaanaaq, petite ville que l'on repère loin au nord de Nuuk la capitale, le long de la mer de Baffin. Là se trouve la base Arctica, un rassemblement de bâtiments et de labos construits et occupés par des scientifiques de tous horizons. Ils sont là pour étudier les effets du réchauffement climatique sur la principale calotte glaciaire de l'Arctique. Un danois, une japonaise, un canadien, une anglaise. Tous des grands pontes dans leur domaine. Plus un jeune thésard français accompagné de son chien, un loup tchèque, et le cuistot de l'équipe, un improbable Mauricien qui se sent bien loin de son île ! On apprend très vite à les connaître, à les apprécier.

Parallèlement nous suivons Luv, une norvégienne spécialiste des espèces vivantes menacées. Une sommité dans sa discipline. Elle vit recluse, cachée avec son bébé depuis qu'elle a réchappé à une tentative d'assassinat alors qu'elle était enceinte. À dire la vérité haut et fort, forcément elle dérange en hauts lieux… Luv qui est en proie à de gros problèmes familiaux qu'elle tente de résoudre.

Suite à la découverte macabre d'un troupeau de plus de mille boeufs musqués morts, pris dans les glaces par les scientifiques d'Arctica, il sera décidé de faire appel aux compétences de Luv. Celle-ci, passionnée par son boulot n'hésite pas une seule seconde à les rejoindre, entraînant derrière elle un ami journaliste, mais abandonnant son bébé à la garde de sa tante.

En profanant ce cimetière de glace, ont-ils dérangé quelques divinités locales ? En tout cas rien ne se passe comme prévu. Des conditions météos extrêmes défavorables, un suicide, puis des disparitions les unes après les autres, c'est l'hécatombe ! À tel point que je me suis bien demandé au milieu du roman comment Sonja allait-elle bien pouvoir finir son roman si elle tuait tout le monde ! Du coup, je ne vous dirai pas qui survit et qui réussit à atteindre le mot fin... mais je peux vous dire que c'est intense. On en prend plein la vue et plein le coeur.

Ce roman est un cri d'appel pour la planète, pour les conséquences dramatiques du réchauffement climatique et des pollutions en tous genres qui se répercutent à tous les niveaux. C'est terrifiant. C'est passionnant. Même les aficionados de Hanah ne pourront pas être déçus de l'absence de celle-ci dans Boréal tant Luv la supplante. J'ai adoré ce personnage si entier et si fort dans ses convictions, et pourtant si désemparé face à ses certitudes familiales ébranlées les unes après les autres. J'étais en totale osmose avec les choix qu'elle a faits. Tous les choix. Vous comprendrez en le lisant…
Boréal est un roman dur, percutant, glaçant. Sonja est sans concession mais il faut bien ça pour que le message passe…
Gros gros coup de coeur.