Tome compagnon
Grim et Oro




Quel plaisir de lecture ! Une énorme surprise que cette fantasy originale au worldbuilding entièrement construit autour de la gastronomie. Et ce n'est que le tome 1, et bien vivement la suite !!!
Mais commençons par le début. Lorsque nous faisons la connaissance de Paprick, dit le Boucher, il est incarcéré et questionné par l'Archiviste. Le récit est alors au présent et à la troisième personne du singulier, puis il passe au passé lorsque Paprick raconte son histoire et la narration passe à la première personne du singulier. Ces changements n'ont pas lieu qu'en début de chapitres et nécessitent toute notre attention. J'adore ce principe qui me rappelle L'empire du Vampire de Jay Kristoff. Ce même Jay Kristoff qui a paraphé Ceux qu'on mange de "Un page-turner intelligent".
Paprick est un jeune popul, comprenez un pauvre, appartenant à la masse laborieuse de Ranch, la capitale du royaume de Panchon. À opposer aux Singuls (qui eux ont droit à la majuscule), les nantis. Nous nous trouvons donc dans un récit classique où une minorité détient le pouvoir et opprime toute la population. Mais le classicisme s'arrête bien là ! Le champ lexical du roman est entièrement tourné sur la bouffe, jusqu'au prénom et nom de famille, en passant par les expressions comme "Ça va, feu doux !" ou les jurons : "Par la famine !" ou mieux "Va crever la dalle" 😂.
Mais ce qui est le plus génial, c'est le système de magie. La magie vient de la viande des créatures sauvages qui fournit de l'Endurance, mais selon la façon dont on la cuisine, les effets de cette Endurance sont différents. Ainsi nous avons les Recettes Supérieures développées par et pour les Singuls et les recettes inférieures, celles du peuple, qui vous vous en doutez, ont des effets bien moindre...
Paprick travaille à l'usine royale où il découpe toute la journée à la scie des morceaux de viande sur un bovidon maintenu vivant... c'est assez gore et il faut avoir l'estomac bien accroché parfois. Les bovidons sont des animaux de cet univers regroupés sous le nom de phénons, dont les descriptions rappellent de très très loin nos animaux terrestres, avec un doux mélange de plumes, d'écailles, de sabots et de griffes. Autre détail, ils font la taille d'un immeuble de 3-4 étages...
Jusque là préposé au jarret, un bas morceau, on vient de lui assigner un poste de découpe du flanchet, des morceaux pour les Singuls quoi. C'est alors que le bovidon se détache de ses sangles qui le maintenaient en suspension et s'enfuit dans la ville en défonçant tout. Paprick qui échappe au massacre perché sur son échafaudage, avec un morceau de viande en main, décide de le cuisiner vite fait pour essayer de rattraper l'animal avant qu'il ne détruise tout Ranch... Et il invente par hasard une Recette Supérieure !
Non seulement il va devenir un symbole de la Révolution en marche qui fomentait déjà, mais en plus, il va être propulsé Singul, intégré à la grande Académie Culinaire. Séparé de ses mères, détesté par les autres Singuls, manipulé par la rébellion, l'enfer va commencer pour lui... Et Jay Kristoff n'a dit que la pure vérité, le roman de Ryan Rose est un vrai page-turner, addictif, fun, trash et parfois bien gore, et, ... il est plein de vraies recettes de cuisine bien détaillées où il nous manque, à chaque fois, juste un ingrédient primordial et spécifique 😁!
Paprick est un personnage on ne peut plus touchant lorsqu'on le sent plein d'empathie pour ces bovidons qu'il charcute. Il est profondément attaché à sa famille, à ses amis et aux valeurs culinaires fondamentales de tout un chacun. Les personnages que l'on croise et qui gravitent autour de notre héros sont attachants, à l'instar de Paprick lui-même. Qu'ils soient propuls comme ses mères ou Cori sa petite amie, ou bien Singuls comme ses amis Lavan et Yenne. Même le vieux grincheux Canif m'a beaucoup plu.
J'ai adoré ma lecture et j'en redemande ! Vivement la suite !!!
À force d'en entendre parler sur tous les réseaux sociaux, j'ai succombé aux sirènes de l'envie. Néanmoins, comme j'entendais ça et là parler de dark romance, je m'étais dit que j'interromprais mon écoute si cela ne me convenait pas, n'étant pas fan du genre. Alors si vous êtes dans mon cas, je vous rassure de suite, ce n'est en aucun cas une dark romance. Oui c'est dark, mon dieu oui. Oui il y a une romance, elle est dure, compliquée, intense, mais absolument pas dans la catégorie dark. En fait, en gros tout est dark dans ce roman, sauf la romance !
Lorsque nous faisons la connaissance de Helena Marino dans la première partie, elle se réveille d'une période de stase. Elle comprend que la guerre est finie et qu'elle est la dernière survivante de l'Ordre de la Flamme Éternelle. Le Haut Nécromancien Morrough et ses Immortels ont donc gagné la guerre. Elle ne se souvient de rien des derniers mois avant sa stase et son cerveau semble avoir subi des manipulations pour cacher certaines informations. Elle va alors être placée chez le Haut-Préfet Kane Ferrone afin qu'il puisse percer ses secrets. Ce dernier est considéré comme le plus grand assassin sociopathe de cette guerre.
Mon Dieu cette première partie comme elle est dure, j'ai rarement lu quelque chose d'autant anxiogène ! Et pourtant je vous promets que SenLinYu excelle à vous ferrer. Impossible de lâcher mes écouteurs, impossible d'arrêter. Entre la fragilité d'Helena et le côté tranchant, implacable de Ferrone se joue un bras de fer que l'on a du mal à appréhender alors. C'est presque un huis clos horrifique, nos deux personnages principaux seuls avec seulement des nécro-esclaves dans un manoir sinistre ! Pire, Helena étant une guérisseuse maîtrisant la vivimancie, elle va être intégrée au programme de repeuplement de Paladia, et Ferrone étant un puissant alchimiste...
Vient alors la seconde partie, quelques mois avant la fin de la guerre. Et là on comprend tout. C'est absolument terrifiant d'ingéniosité de la part de SenLinYu cette construction. Même si cela reste dark, dur, après tout c'est la guerre et Helena qui est une jeune guérisseuse est confrontée en permanence aux blessés, aux morts, le côté anxiogène s'allège considérablement. J'ai presque eu envie à la fin de cette seconde partie de réécouter la première pour passer au peigne fin les interactions qu'il y avaient entre eux deux, mais aussi pour mieux comprendre celles avec des personnages inconnus pour nous et pour Helena du fait de son amnésie, alors même que c'étaient des personnages qu'elle avait côtoyés avant !
La troisième et dernière partie vient passer un peu de baume sur notre cœur meurtri, et je vous promets qu'il en a bien besoin ! Une conclusion bien amère cependant, mais c'est toujours ainsi n'est-ce-pas : ce sont les gagnants qui écrivent l'Histoire.
J'ai tout aimé dans cette dark fantasy intense, complexe et dure. Un univers où l'organisation politique et religieuse est extrêmement bien fouillée. Cette ambiance alchimique pointue, ces pouvoirs magiques qui en découlent même s'ils sont expliqués comme scientifiques et non magiques. Le côté trash des opposants à la Flamme Éternelle est franchement terrifiant. Des Immortels commandant des armées de "gris", des morts-vivants à tous les stades de décomposition... il faut s'accrocher car les descriptions sont très précises, cinématographiques même. Et ces personnages, cette romance... mon Dieu 💔💔💔 !
J'ai adoré cette écoute ô combien éprouvante néanmoins !
Côté narration, Margaux Rinaldi était excellente dans l'ensemble, mais en même temps, c'était loin d'être un sans faute. J'ai rarement entendu une narratrice autant appliquée sur les liaisons. C'en était parfois bizarre, car celles-ci venaient même après une pause. J'en ai même notées des inventées comme La réunion était déjà "t'en" cours... Mais le plus agaçant a été certains défauts de prononciation. Comme il était question d'alchimie, il y avait beaucoup de chelations ou d'agents chelateurs, prononcés "ch" au lieu de "k", alors on se dit ok, tout le monde n'a pas une formation de chimiste... mais lorsque surgit beaucoup de viscères prononcées "vissequères" et de ligatures prononcées "ligeatures" c'est assez crispant car ça nous sort complètement du récit. C'est vraiment dommage, car à part ces détails, tout le reste était nickel, parfait même ! Qui aime bien châtie bien n'est-ce-pas, et je continuerai à écouter des audios avec Margaux Rinaldi. Il est vrai que Alchemised est un texte assez "à part" et difficile à interpréter.
Tory a été sauvée in extremis de la noyade par Orion, prévenu par Darcy qui, elle, vient de subir plus qu'une humiliation... c'en est trop pour les jumelles ! Les heures de colle des Héritiers face aux brimades infectes ne font pas le poids. Elles baissent les bras et décident d'abandonner ZA, d'abandonner le monde des Faes et retourner chez les humains. Pour ce faire, il leur faut mettre un plan au point.
Mais Darcy se fait choper la main dans le sac à voler de la poussière d'étoiles pour le passage d'un monde à l'autre. Quand à Tory qui devait juste voler de l'or dans la chambre de Darius, elle s'emballe un peu et crame tout ! Résultat des courses, elles ont encore plus la niaque et d'un commun accord, décident de rester et de se venger...
Voilà, ce tome 2 est principalement la vengeance des jumelles sur les Héritiers. Chacun d'eux, individuellement, récoltera bien plus qu'ils n'ont semé. Et vraiment, c'est délicieux ! Ils ont été tellement abjects qu'on jubile devant leur désarroi ou leur souffrance. Ma préférée de vengeance reste celle de Seth 😂😂😂 !!!
Mais il n'y a pas que ça. On va découvrir plus en profondeur Géraldine qui, sous ses airs too much d'adoratrice de nos altesses royales, gagne à être connue. On va découvrir également le plus grand salaud de tous les temps en la personne du père de Darius. On va découvrir le jeu de Pitball qui est juste ahurissant, le quidditch c'est de la gnognotte à côté ! Une sorte de rugby bien musclé avec des balles animées par un des quatre éléments.
Et les sentiments dans tout ça ? Et bien si on mettait sur un cercle les quatre Héritiers, Orion et les jumelles, si on symbolisait par une flèche les attirances qui se créent malgré le fight bien présent, et bien vous n'y verriez qu'une belle pelote bien emmêlée...
Et puis il y a les Nymphes... l'ennemi juré des Faes. Leurs attaques montent en puissance et cristallisent tous les problèmes. Face à elles tout le monde se serre les coudes.
Toutes ces données créent un roman d'une rare intensité. Et pour couronner le tout, les autrices nous offrent un final juste ahurissant. J'ai rarement fini un bouquin essoufflée, mais là c'était le cas tant je retenais ma respiration, absorbée par une frénésie de lecture ! Cela fait un moment que j'ai fini ce tome 2, et depuis je n'ai qu'une envie, me ruer sur la suite que j'ai, rhaaa ! Mais je ne voulais pas tant que je n'avais pas écrit cette chronique, de peur de tout mélanger... Bien, c'est chose faite, à moi le tome 3 : Le jugement.