mardi 30 avril 2019

LA FORCE DU TEMPS de Deborah Harkness




Couverture du livre La force du temps
Editions Calmann-Lévy

Trad: Pascal Loubet

Parution: 10/04/2019

20.90 euros en version papier
463 pages

14.99 en version numérique




  L'avis éclair de Phooka sur La Force du temps de Deborah Harkness 

Si vous avez aimé la trilogie du livre perdu des sortilèges, vous ne pourrez que succomber à ce nouvel opus. On y retrouve Diana et Matthew, même si le récit se concentre sur la "jeunesse" de  Marcus. Une très jolie surprise que ce roman, découvert au hasard de mes ballades dans les librairies.










S'il y a bien un roman que je ne m'attendais pas à lire c'est celui-ci. Non pas que je n'en avais pas envie, ho non ! Mais juste que j'ignorais totalement qu'il sortait. Et compte tenu des réactions autour de moi parmi des gens qui avait adoré la première trilogie de Deborah Harkness (voir lien à la fin), je ne suis pas la seule ...
Étrange de ne pas communiquer plus sur cette sortie sachant que la trilogie Le livre perdu des sortilèges a su enthousiasmer de nombreux lecteurs.
Bref, je suis tombée sur ce roman par hasard en traînant dans mes lieux préférés ... les librairies! 💓
Et depuis ce moment, je n'attendais qu'une chose: m'y plonger.
C'est chose faite et j'en suis ravie.

La force du temps, ce sont trois récits en parallèle.

Tout d'abord celui de Phoebe, une jeune femme, une humaine de 23 ans. Elle est amoureuse de Marcus (oui LE Marcus de la trilogie) et elle a décidé de se transformer en vampire pour passer sa vie avec lui. Cette transformation n'est pas une partie de plaisir. Pendant 90 jours, elle doit vivre loin de tous avec sa "mère" et apprendre à vivre sa nouvelle vie. En quelque sorte, elle va connaître une deuxième naissance. Hors de question de voir Marcus pendant cette période, ni même de communiquer avec lui. Tous les deux ont décidé de suivre la tradition et c'est ainsi que cela doit se passer. Marcus aura des nouvelles indirectes tous les trois jours et c'est tout. Évidemment, c'est au pied du mur que ces deux-là vont réaliser que ce n'est pas si facile d'être éloignés si longtemps. Mais qu'est ce que 90 jours face à une vie de vampire.

Pour aider Marcus à passer le temps et à supporter le stress, Diana et Matthew l'ont donc invité à rester chez eux. Oui Diana et Matthew *mode fan activé*. C'est ainsi que nous allons les retrouver avec leurs jumeaux, menant une vie de famille "presque normale". "Presque" parce que la vie de famille d'un vampire et d'une sorcière, ce n'est forcément pas la même que vous et moi. Diana voyant que Marcus s'inquiète vraiment énormément (et on le comprend puisque c'est une période très risquée dans la vie d'un vampire), décide de lui faire raconter son passé.

Ainsi Marcus va nous entraîner derrière lui aux États-Unis pendant la guerre d'indépendance. On va découvrir sa famille, ses aspirations, ses difficultés, ses erreurs. Tout ce qui a fait de lui le vampire qu'il est devenu de nos jours.

Les chapitres alternent donc, pas forcément de façon régulière d'ailleurs, entre la "naissance" de Phoebe, la vie de tous les jours de Diana et la vie ancienne de Marcus. Bien sûr retrouver Diana est juste un délice. Soyons honnête j'attendais ces chapitres là avec impatience. Des chapitres d'ailleurs rédigés à la première personne du singulier, ce qui donne l'étrange et agréable impression de retrouver un ami qui vous raconte son histoire. Et c'est le cas non ? Puisque le lecteur a suivi Diana pendant toute la trilogie précédente. Petit à petit, on s'attache à Phoebe et à son fort caractère qui lui permet de surmonter les épreuves. Et on se pique d'intérêt pour la vie passée de Marcus, même si parfois quelques descriptions un peu longues peuvent casser un peu le rythme. Cette impression est vite passée compte tenu de tout ce qui lui arrive et de tout ce qui lui a permis de se construire et de devenir le vampire qu'il est.

La force du temps est un one-shot très réussi qui va combler tous les fans du livre perdu des sortilèges. Il est conseillé de lire d'abord la trilogie pour savourer le plaisir de retrouver tous les héros, mais il doit tout à fait être possible de commencer par ce roman pour entrer dans le monde de Déborah Harkness. Ce qui est sûr, c'est que c'est une belle découverte. D'autant plus belle que je ne m'attendais pas à retrouver tous ces personnages. Un régal. Un régal et une histoire complète. Que demande le peuple ?





Si vous ne connaissez pas Le livre perdu des sortilèges ...


lundi 29 avril 2019

LUCA de Franck Thilliez


Parution le 02/05/19


Couverture de Luca de Franck Thilliez

Fleuve Éditions
Collection Fleuve noir
554 pages
22,90 euros


4ème de couv :

« Existe-t-il encore un jardin secret
que nous ne livrions pas aux machines ? »


Partout, il y a la terreur.Celle d’une jeune femme dans une chambre d’hôtel sordide, ventre loué à prix d’or pour couple en mal d’enfant, et qui s’évapore comme elle était arrivée.
Partout, il y a la terreur.Celle d’un corps mutilé qui gît au fond d’une fosse creusée dans la forêt.
Partout, il y a la terreur.Celle d’un homme qui connaît le jour et l’heure de sa mort.

Et puis il y a une lettre, comme un manifeste, et qui annonce le pire.
S’engage alors, pour l’équipe du commandant Sharko, une sinistre course contre la montre.
C’était écrit : l’enfer ne fait que commencer.






Franck Thilliez continue à alterner les one-shots avec les romans concernant son couple au boulot comme à la ville : Sharko et Hennebelle. Cette année nous retrouvons donc ces derniers, toujours entourés de la même équipe de la Criminelle de Paris. Sauf qu'elle n'est plus au mythique 36 , mais maintenant au Bastion. Un déménagement pour des locaux plus fonctionnels, un changement que Sharko a du mal à accepter. Il se sent vieux, un dinosaure dans ce nouvel environnement multi-connecté. Un requin pour ses co-équipiers, à l'image de celui qui a été gravé sur la porte de son bureau.

Un dinosaure ronchon quand il n'a pas de grain à moudre. Mais l'auteur va se charger de lui mettre du pain sur la planche !  Une affaire pour le moins sordide va leur tomber dessus et faire resurgir le dangereux squale en mode chasse ! Et Sharko ne lâche jamais rien, il fonce et se moque bien souvent de sa sécurité, voire de la légalité. Seule la sécurité de ses coéquipiers l'emporte et tempère ses actions...

En guise de prologue, un couple en mal d'enfant qui va "louer" en toute illégalité un utérus jeune et volontaire. C'est glauque, c'est dérangeant, le tout dans une chambre d’hôtel sordide en banlieue parisienne. Le sujet sera-t'il donc la GPA (Gestion Pour Autrui) ?

Puis l’enquête démarre, un an après les faits du prologue. A l'aube, un corps est retrouvé mutilé, défiguré et à moitié dévoré par un animal dans une fosse en forêt. Mort depuis quelques jours. Sur son poignet, un tatouage : la date du jour, une heure, 17h02. Le même jour, un homme perturbé et stressé, meurt quasiment dans les bras de Nicolas Bellanger, le capitaine de Sharko, devant les portes du Bastion, juste après lui avoir confié une lettre. Il est 17h02.

L'auteur de la lettre donne le ton, se moque des flics mais elle est pleine de prédictions, de menaces, annonce la suite des évènements et retient forcément l'attention. Elle dénonce l'emprise des GAFA (Google Apple Facebook Amazon) dans lequel notre monde s'englue et annonce une opération coup de poing pour ouvrir les yeux de nos concitoyens.

Cette enquête va s'avérer tentaculaire, multi-ramifiée et donner du fil à retordre à tous les membres de l'équipe. Le darknet, le net, BigData, le transhumanisme, les manipulations génétiques, l'eugénisme, les déviances extrêmes, Franck Thilliez explore et creuse tout. C'est souvent violent, parfois choquant, mais ce que l'auteur expose, on en a tous entendu plus ou moins parler déjà. Et là, on prend peur, je vous promets ! D'autant que ce roman se présente en deux parties et que l'on se prend déjà une grosse grosse claque à la fin de la première partie. Alors qu'il ne reste que quelques détails à éclaircir, toute l'affaire va rebondir de façon ahurissante et la plongée en enfer se poursuit...

Comme à chaque roman de cet auteur, tout s'enchaîne à la perfection. C'est à chaque fois un puzzle gigantesque. Chaque chapitre place une pièce clé, effrayante. Il y en a 77... Si Lucie et Sharko sont un poil en retrait dans cet opus, Thilliez va faire la part belle à Nicolas Bellanger que j'adore tout autant.

Luca c'est 550 pages haletantes que l'on aimerait pouvoir lire d'une traite tant c'est passionnant. Cependant les sujets abordés sont durs et ont nécessité pour ma part quelques pauses...digestives. Le weekend prolongé de Pâques a été juste parfait pour boucler ma lecture. Franck Thilliez reste le maître incontesté des auteurs de thriller français. Luca est donc un incontournable pour les amateurs du genre, un coup de coeur bien évidemment.



vendredi 26 avril 2019

LA PASSEUSE D'OMBRES d'Hélène P.Mérelle




LA PASSEUSE D'OMBRES
L'Automne des magiciens # 3



Editions Bragelonne
Parution: 10/04/2019
432 pages
25 euros





Octavianne tient la barre d’un royaume toujours instable tout en protégeant sa fille. Et le père de l’enfant reste muet dans son exil, alors que d’inquiétants phénomènes se produisent autour de la petite Thalia…

Pendant ce temps, dans les cités du Sud, la résistance aux lois sur l’esclavage s’organise. Des trônes changent de mains, des alliances se concluent, et les lames s’aiguisent… Octavianne pourra-t-elle sauver du chaos son peuple comme les siens ?





*Attention, il s'agit de la chronique d'un tome 3 dont il y a forcément des spoilers sur les deux précédents*

L'automne des magiciens fait partie de ces séries pour lesquelles je n'ai pas besoin de relire mes notes sur les tomes précédents avant d'attaquer le nouveau. Ceci pour deux raisons principales: la rapidité de parution des tomes (les trois volumes sont sortis en un an) et surtout la singularité des personnages. En effet, comment oublier qui sont Octavianne, Adalgis et Maurin. De tels héros ne peuvent s'effacer de la mémoire.

Octavianne a utilisé la magie interdite, la nécromancie, pour ressusciter Adalgis. Maurin a été banni d'Elgem par le haut conseil, contre l'avis de la reine alors enceinte de lui. Depuis, une petite fille est née: Thalia, ou plutôt la princesse Thalia. Elle est, en effet, l'héritière du royaume et la magie est déjà forte chez ce bébé, chose jamais vue auparavant. La pauvre Thalia ne sait évidemment pas maîtriser la magie à 6 mois. Magie qui la perturbe, l'empêche de dormir et impacte son développement. Mais ce qui l'empêche surtout de dormir, ce sont les ombres qui viennent rôder autour de son berceau pendant la nuit. Maîre Gungor a mis en garde Octavianne: en utilisant la nécromancie, la reine a déchiré le voile qui sépare le monde des morts de celui des vivants et depuis les morts viennent perturber le sommeil de Thalia qui est sans défense. A bout de ressources, Octavianne refera appel à Adalgis malgré les avertissements ...

Pendant ce temps, dans le sud, le prince Selin héritier du roi d'Inissan attend patiemment qu'Addis meure pour prendre sa place. Depuis le traité signé contre l'esclavage lors du grand conseil, Inissan ne peut plus écouler ses marchandises, du moins officiellement. Mais même si la contrebande permet d'écouler une partie du sucre et du vin du royaume, il reste beaucoup trop de stock et marchands et producteurs sont terriblement mécontents. Chaque postulant au trône fomente son propre plan pour prendre le pouvoir et abattre cette reine fauteuse de trouble en Elgem.

La guerre menace ...

Et elle va éclater. Ce dernier opus de la trilogie sera sanglant et mortel. Et si l'autrice a montré qu'elle était terriblement douée pour installer une atmosphère et créer des héros incroyablement vivants, elle va ici montrer qu'elle est tout aussi à l'aise dans les scènes de guerre et les batailles homériques. Elle n'hésite pas non plus à sacrifier ses personnages, sans fioritures et sans larmoiements inutiles. C'est brutal, violent et inéluctable.

Mais la cerise sur le gâteau, c'est bien sûr Octavianne, personnage féminin d'une force sans égale. Elle est la reine, elle est magicienne, mais elle est aussi maman et amoureuse. Son attention est parfois détournée de la politique par les pleurs de son enfant ou son inquiétude pour Maurin. Une femme active de nos jours ... Elle est capable du meilleur comme du pire. elle peut être visionnaire mais aussi à la source d'erreurs monumentales. Elle est forte et faillible, tout à la fois. C'est un personnage d'une puissance étonnante, qu'on admire et qui agace. Une vraie femme quoi! 

La passeuse d'ombres est la conclusion de la trilogie de l'automne des magiciens. Une conclusion brutale et totalement en accord avec le ton de la série. Aucune concession, aucune mièvrerie. Cette saga a une force étonnante et a révélé une autrice possédant une maîtrise époustouflante du récit. Tels les soldats des armées mises en présence dans le roman, le lecteur avance à marche lecture forcée, non par obligation, mais parce qu'il lui faut savoir. Il faut arriver à cette conclusion ultime et inéluctable. Même si on sait qu'ensuite on va regretter d'être arrivé si tôt à la fin de la trilogie. J'espère pour ma part retrouver rapidement la plume d'Hélène Mérelle car une chose est sûre, il faut garder un oeil sur cette autrice !





Si vous avez raté le début:

jeudi 25 avril 2019

LA CROISADE ÉTERNELLE # 1 de Victor Fleury



Tome 1

LA PRÊTRESSE ESCLAVE


Couverture du livre La croisade éternelle Tome 1

Éditions Bragelonne
384 pages
22 euros


4ème de couv :

Au cœur de la capitale d’un empire millénaire, la prêtresse Nisaba est la principale servante de l’héritier royal, Akurgal. La jeune femme a de quoi haïr la famille régnante, même si elle est forcée de servir son maître sans protester. Or celui-ci est réputé pour sa décadence, utilisant sans mesure ses oblats, des esclaves sacrés dont il s’est approprié les sens grâce à ses pouvoirs mystiques – ces derniers sont contraints de partager ses sensations, douleur, plaisir, mémoire et plus encore.



Mais quand Akurgal décide de partir en croisade aux confins de l’empire, Nisaba se voit obligée de le suivre en laissant son propre fils derrière elle. Alors que secrets et complots semblent se multiplier dans l’entourage de son maître, la prêtresse esclave parviendra-t-elle à le protéger, et à sauver l’empire tout entier de la ruine ?






Dans l'empire d'Ubuk, les dirigeants sont des descendants du dieu Enlé. Ils ont pour mission de répandre son Irradiance et de maintenir dans les profondeurs de la terre Aloq, le dieu félon, dit le Pourrissant. Kutha, la Reine-Prêtresse régnante doit passer le flambeau normalement à son fils Akurgal au cours d'une cérémonie qui va bientôt débuter, mais l'Infant reste introuvable. Il sera débusqué par ses oblats cuvant ses excès d'alcool et de sexe dans un bouge, mais trop tard. Kutah a couronné sa petite soeur Kashaia.

Pour redorer son blason, l'Infant décide de partir en croisade, en rejoignant l'Armée de l'est et d'y convertir plein de barbares à Enlé. Bref, d'y briller et revenir réclamer le trône qui estime lui être dû. Cet Akurgal est présenté comme un personnage odieux, capricieux, dépravé et imbu de sa personne et de son autorité. Heureusement pour lui, il a des oblats un peu plus raisonnables et notamment Nisaba, la prêtresse esclave, son oblat de peau. Pour comprendre ce qu'est un oblat, je vous renvoie au résumé plus haut.

Nisaba, qui est le personnage principal de cet opus, vit un véritable enfer à cause de ce lien qu'elle partage avec l'Infant. Pour anéantir les sensations qui l'assaillent lors des orgies sexuelles de ce dernier, elle a recourt quotidiennement au kuat, une drogue puissante dont elle est devenue dépendante. Pour protéger son fils et elle même, elle doit veiller et maintenir en vie Akurgal, son maître...Elle va donc entreprendre de se sevrer dès le début de leur voyage.

La magie développée par Victor Fleury est vraiment originale. Ce lien entre les Enléides et leurs oblats est surprenant et apporte des situations tantôt cocasses, tantôt dramatiques. Akurgal a une oblate de peau donc, et un oblat de force, Damiq, un oblat de mémoire Ibbi, et va s'équiper très vite d'un oblat de sommeil et d'un de vue. Et puis il y a la magie de l'Irradiance d'Enlé qui est juste géniale, qui profite à quelques sujets et pas forcément les Enléides. Akurgal en est totalement dépourvu au contraire de Nisaba. A l'inverse, certains manipulent les Tréfonds, une magie noire terrible, issue d'Aloq, qu'on effleure tout juste dans ce tome 1.

Cette croisade, cette quête de hauts faits, va nous permettre de parcourir une partie de ce royaume d'Ubuk, un monde d'inspiration mésopotamienne créé par l'auteur. C'est un univers riche et bien construit. L'intrigue étant ce parcours effectué par les personnages, il est somme toute très linéaire. Quelques flash-back sur le passé de Nisaba permettent d'éclairer la relation qu'elle partage avec Akurgal et repositionnent notre vision du personnage...

Cependant plusieurs pistes laissées ouvertes laissent à penser que la suite de cet opus nous réserve encore bien des surprises qui donnent envie de poursuivre l'aventure. Je m'insurge donc contre cet odieux cliffhanger posé là en dernière ligne, qui en plus change toute la donne !

La prêtresse esclave est le début d'une série de fantasy épique dans un univers arabo-persique qui se lit avec plaisir. Le rythme est soutenu sans être effréné, une écriture simple mais non simpliste que je découvre ici. Je retrouverai avec plaisir certains personnages, mais je ne peux pas vous dire lesquels sans spoiler car Victor Fleury en a occis quelques uns en cours de route, et non des moindres !


mardi 23 avril 2019

COUP D'ÉTAT Tome 1 de Valérie Simon


Tome 1
La reine des esprits


Editions Naos
Parution : mars 2019
Prix de vente : 16,90 €





Après plusieurs années d’exil, la princesse Alia est de retour dans son palais où l'attend son père. Les retrouvailles s'annoncent explosives. L'adolescente est furieuse contre lui. Pourquoi, après la mort de sa mère, l'a-t-il envoyée encore enfant loin de sa seule famille chez les Initiées du Denaia, un ordre de femmes puissantes et influentes dans le royaume d'Alsybeen ? Victime d'une tentative meurtre dès son arrivée, elle doit en plus lutter pour sa vie. Qui lui en veut ? Et est-ce que tout cela aurait à voir avec le Cristal, cette précieuse source d'énergie détenue par son royaume ? 






Dès les premières lignes du roman, le lecteur comprend tout de suite qu'Alia n'est pas une jeune femme ordinaire. Envoyée à 6 ans, à la mort de sa mère, chez les Initiées du Denaia, elle y restera 10 ans. 10 ans pendant lesquels elle va apprendre à devenir une Initiée, c'est à dire presque une sorcière, une manipulatrice en tout cas. Quand elle retourne chez elle, la princesse n'a qu'une idée en tête: la vengeance. Vengeance envers son père, le roi, qui l'a éloignée sans explication, sans lui donner la moindre nouvelle, sans amour. Vengeance envers le Denaia, qui l'a élevée sans tendresse, qui a essayé de la manipuler mais qui n'a pas réussi.

Le Denaia peut être vu comme une secte, avec un gourou très puissant, la vieille Mircea Karach Wee, Honorée suprême de Valenz. Mircea est peut-être vieille, très vieille même, mais elle a la tête sur les épaules et elle manoeuvre depuis des années pour obtenir tous les pouvoirs. Elle est d'ailleurs proche d'y parvenir. Non pas en tuant ou en s'appropriant les trônes des différents royaumes, quoique ... mais tout simplement, en mariant chaque suzerain avec une de ses Initiées. Les Initiées étant toutes des jeunes femmes d'une beauté sans pareille et initiées au plaisir, elles sont faciles à marier. Ensuite, elle contrôlent leurs époux et à travers eux, les royaumes ...

Alia sait tout ça et elle n'a pas l'intention de se plier aux demandes du Denaia. Et justement le Denaia le comprend et est bien décidé à se débarrasser de la Princesse. Un bête accident peut arriver à tout moment, mais de préférence quand Alia est de retour chez "elle". Pourtant chez "elle" est un euphémisme, sachant qu'elle en est partie depuis si longtemps. Tout a changé, elle ne reconnaît presque personne. Même son père est un inconnu pour elle. Elle doit tout réapprendre.

En parallèle, nous découvrons la famille Rauthans, la lignée de l'empereur. Lui aussi sous la coupe d'une Initiée de Valenz. L'empereur est une larve sous la domination du Denaia, mais son fils Haslet est d'une autre trempe. Il a vu son père se faire manipuler et il n'a pas l'intention de se laisser mener par le bout du nez. Mais il est jeune et n'a pas beaucoup de ressources, mais surtout il fait face à un ennemi d'une puissance sans pareille. Toute âgée qu'elle soit l'Honorée suprême a bien l'intention de mater ce jeune chien fou.

Coup d'Etat est un roman surprenant. Je ne connaissais pas l'écriture de Valérie Simon avant de le lire.  Une écriture puissante et sans concession. Elle arrive à vous faire aimer un personnage en un chapitre, le rendant passionnant et plein de potentiel ... pour le tuer le chapitre d'après. Et d'une façon tellement choquante, qu'il m'a fallu relire le passage 3 ou 4 fois pour être sûre que mon cerveau avait bien assimilé l'information! Quelle claque ! Et des surprises de ce type, croyez-moi le roman en regorge.

Quant aux protagonistes, ils sont dépeints avec précision et s'ils ne sont pas forcément "attachants" de par leur comportement, ils sont en tout cas bigrement intéressants. Alia est un sacré bout de bonne femme, et la façon dont son personnage est traité est très surprenant. A la lecture des 2 ou 3 premiers chapitres, on l'imagine déjà pleine de ressources, écrasant tout sur son passage telle une terrible vengeresse. Or finalement il n'en est rien, elle va prendre la mesure de ce qu'elle peut faire ou non, soupeser le pour et le contre, et surtout observer. Quitte même à devenir parfois un peu mièvre ... Si ce comportement est terriblement frustrant pour le lecteur qui voudrait la voir s'envoler à tire d'aile, il n'en est que plus réaliste. En effet, cette gamine est seule contre tous. Normal qu'elle prenne le temps de voir venir, voire même de trouver des alliés. Et c'est en ça aussi que le roman est surprenant. Le rythme est frénétique, mais se casse parfois pour être tout au contraire très lent. Il en est de même pour les personnages que l'on voit monter en puissance et qui prennent d'un coup un peu de recul. C'est réaliste, mais frustrant!

Coup d'Etat est une belle surprise. Ne connaissant pas l'auteur, je n'avais pas d'attente spéciale. J'ai découvert une plume qui fait la part belle aux femmes. Et quand je dis "la part belle", ça ne veut pas dire que les femmes ont le beau rôle, bien au contraire, mais elles ont des rôles très forts dans le récit. Espionnage, manipulations, combats et traîtrise sont au rendez-vous. La fin est terriblement stressante et il me tarde déjà d'en découvrir la suite !









lundi 22 avril 2019

[Sorties] RADEON de Franck Dive





Chez Scrinéo
Couverture: Melchior Ascaride
Prévu le 09 mai 2019

480 pages - 18,90 €

Dans un futur post-apocalyptique où la rotation de la terre est presque à l'arrêt, tout oppose les deux tribus survivantes : les Bédouins sont revenus à l'âge de fer dans un désert où le soleil ne se couche jamais, tandis que les Chabs se sont adaptés à la nuit éternelle grâce à un minerai radioactif rarissime : le Radéon. Amayaz, un jeune Bédouin en symbiose avec sa lionne, éveille l'intérêt des Chabs. En fuyant pour leur échapper, il va découvrir un univers futuriste dont la richesse et les secrets dépassent tout ce qu’il avait pu imaginer . . .


vendredi 19 avril 2019

LE SERMENT DE L'ORAGE Livre I de Gabriel Katz


Le serment de l'orage
Livre I



Couverture du livre Le serment de l'orage Livre 1

Editions Bragelonne
Collection Big Bang
380 pages
16.90 euros





« Ils étaient sept.

Sept chevaliers sous un ciel d’orage. »


Morgien et Cynon, deux jeunes chevaliers, la tête pleine de rêves de gloire et de hauts faits, n’ont qu’une hâte : prouver leur valeur. Ils n’hésitent pas un instant lorsque le seigneur Edwin de Gore leur propose d’entrer à son service dans les Hautes Terres. Des landes arides et occupées par une bande armée. Sans hommes ni moyens, les deux chevaliers devront faire face à l’adversité avec bravoure et honneur. Mais il plane en ces lieux une atmosphère sombre et malsaine. Alors que la demeure seigneuriale devient le théâtre de morts inexpliquées, une forteresse macabre apparaît à la faveur de la nuit. Les phénomènes inquiétants se multiplient, et bientôt, nul doute qu’une malédiction est à l’œuvre. Le Diable approche, et avec lui, la fin du royaume.






Tout commence par un serment ... sous l'orage. Oui je sais c'est noté dans le titre, mais c'est réellement le début du roman. Sept chevaliers, mystérieux. On ne sait rien d'eux, ni qui ils sont ni à quelle époque. Juste une scène qui marque les esprits. Puis on entre dans le vif du sujet ...

Edwin de Gore est un chevalier qui fait passer l'honneur avant tout. Ce qui ne lui attire pas que des amis ... Pour éloigner ce banneret encombrant, le seigneur de Creed lui offre un domaine. Loin, tout au Nord: Hollow Grave.

Morgien et Cynon sont eux de tous jeunes chevaliers. Ils viennent en ville pour le tournoi des débutants. C'est leur premier tournoi. Tous les jeunes chevaliers d'Anglia sont présents. Morgien est fils d'un petit seigneur désargenté, quant à Cynon il est fils de paysan mais il est devenu chevalier en entrant comme page de Morgien. Ces deux-là ont passé leur jeunesse ensemble et ils sont inséparables. Leur équipage n'est guère reluisant. Pas de belle armure, pas de heaume décoré, pas de suite ... Au tournoi ils ne seront pas les plus mauvais, mais pas non plus les meilleurs et de loin. Cependant Edwin vient les voir et leur propose de faire partie de sa suite pour aller prendre possession de son domaine dans le Nord. Les deux sont ravis de l'aubaine et se voient déjà chevauchant au devant de grandes aventures ...
Cette aventure ils vont devoir la partager avec Alistair, un autre jeune chevalier, adversaire de Cynon au tournoi d'ailleurs. Et le combat ne s'était pas passé de façon très cordiale ...

De l'aventure, finalement, il va y en avoir, mais pas telle qu'ils l'imaginaient. A leur arrivée, la désillusion est totale. Hollow Grave n'est qu'une ruine et les paysans vivent dans la misère et meurent de faim. Rajoutons à tout ceci que le domaine a la réputation d'être maudit et le tableau sera complet.

En parallèle, le Duc du royaume d'Eirin rassemble ses troupes et convainc de gré ou de force tous les seigneurs à s'allier à lui dans le but de prendre Anglia.

Le lecteur prend immédiatement Morgien et Cynon sous son aile. Ces deux là sont incroyablement attachants. Jeunes et fougueux, ils sont malgré tout conscients de leur manque d'expérience. Ils vont retrousser leurs manches pour aider à reconstruire Hollow Grave. Ils ne manquent ni de coeur, ni de talent. Difficile d'être chevalier les pieds dans la boue, mais ils font de leur mieux. 

Les phénomènes étranges vont se succéder et l'atmosphère générale est sombre (et humide!). On pense à Sleepy Hollow parfois et pas seulement à cause du nom. On sait que quelque chose se trame, mais quoi ? Oui la guerre approche, ça c'est clair. Mais qui sont ces chevaliers qui ont prêté serment au tout début ? Sont-ils amis ou ennemis ? La malédiction semble en effet peser sur le village et le château (du moins il a de château le nom car il s'agit en fait d'un vieux donjon écroulé). L'étrange brouillard qui recouvre le domaine en permanence confère une ambiance spectrale très spéciale.

L'atmosphère générale du roman est poisseuse. Il fait froid et humide, les pieds sont dans la boue, les conditions de vie horribles. Pourtant le caractère enjoué de Cynon permet au soleil de percer et la volonté de Morgien de garder espoir. Cynon permet ainsi à Gabriel Katz de faire montre de quelques touches d'humour dans ce monde de brutes. Parce que c'est difficile de rester léger dans de telles conditions. L'atmosphère est tellement oppressante que même Cynon va en perdre sa joie de vivre.

Gabriel Katz a su vraiment imprégner ce roman de froid et d'humidité :), mais il a créé aussi des héros très attachants. Le lecteur les voit prendre vie sous ses yeux et c'est un pur régal. Le suspense est incroyable et le mystère entier. A la fin de ce premier opus, les questions sont nombreuses et titillent la curiosité au plus haut point. C'est un roman dense et rythmé. Aucun temps mort vraiment, aucun répit et on arrive à la fin bien trop vite. Tant de choses sont restées inexpliquées. L'attente du second tome va être terrible. D'autant plus que l'un des personnages dont on entend parler depuis si longtemps pointe son nez dans le dernier chapitre, enfin son nez c'est beaucoup dire car on ne voit que son navire qui arrive à quai sans même entre apercevoir sa silhouette. Et pourtant on voudrait bien savoir si il est vraiment "lui", la frustration est à son comble.

Le Serment de l'Orage permet de retrouver Gabriel Katz au sommet de son talent. Il nous propose un roman haletant, des héros attachants. L'atmosphère est extraordinaire, prenante et frissonnante. Une sacrée réussite en tout cas. Coup de coeur sans hésitation!



jeudi 18 avril 2019

L’HÉRITIÈRE DU CHAOS de Rodolphe Vanhoorde




Couverture du livre L'héritière du chaos

Fleuve Éditions
Collection OutreFleuve
553 pages
21,90 euros



4ème de couv :


La belle Estrée a quitté en secret la cour de son père et son bien-aimé Cellendhyll pour l’anonymat d’une vie simple et humble. Mais ses démons, eux, ne l’ont pas abandonnée, et continuent de la tourmenter pour ses fautes. Son sang bouillonne toujours dans ses veines, et son tempérament de feu prend trop souvent la commande de ses actes. Celle qui se voulait discrète fille d’auberge ne peut dissimuler bien longtemps ses talents de guerrière et s’engage dans une compagnie de mercenaires. Une ombre la suit, un ange gardien veillant sur sa vie si précieuse.

Mais qui, mieux qu’elle, peut protéger l’Héritière du Chaos ?





Aborder ce roman en étant totalement novice dans l'oeuvre de Michel Robert, c'est-à-dire sans avoir lu aucun livre de sa série "L'agent de l'Ombre", s'avère plus trapu que prévu. L'univers des Plans est resté bien flou pour moi, entre les Plans primaires et les autres je nage un peu. J'ai bien compris qu'il y avait trois "mondes" qui se différenciaient : les Ténèbres, la Lumière et le Chaos, chacun ayant leur, ou leurs Plans. Mais toute l'action que l'on va suivre ici se passe dans les Territoires-Francs. Est-ce aussi un Plan ? Indépendant des autres ? Je ne sais pas...

Ce que je sais en revanche, c'est que ces Territoires-Francs sont loin du Plan du Chaos, car c'est là que s'est réfugiée Estrée d'Eoch, la fille du Maître du Chaos, l'Héritière. On la trouve simple serveuse dans une auberge, en train de récurer le sol. Et on découvre son caractère ombrageux dès que trois soudards d'une compagnie mercenaire viennent lui chercher des noises.

Ce que l'on sait également, et un peu trop à mon goût, car ceci est répété maintes fois par l'auteur, c'est que :
1) Estrée est très belle, un corps à damner tous les saints... et les hommes.
2) Elle pleure son amour perdu, le beau Cellendhyll, l'Ange du Chaos.
Sinon, quand elle ne pleure pas, soit elle se bastonne avec des ennemis toujours plus nombreux, soit elle s'envoie en l'air avec de beaux mâles charismatiques. Bon j'exagère un peu...mais quand même, pas tant ! 

Cependant l'intrigue développée autour de la domination territoriale de la ville de Coruscante est bien tordue. Ramifiée à souhait et pleine de rebondissements qui alimentent l'envie frénétique de tourner les pages pour savoir comment tout cela va se finir.

Des méchants vraiment méchants et pas beaux, décrits dans les moindre détails. Mention spéciale pour Hagòn Briseur-de-destin, un Ténébreux dont la description donne des frissons. Des gentils qui ne vont pas tous gagner. Une galerie de personnages secondaires traversent ce roman, beaucoup ne laissent pas indifférents. Les personnages féminins notamment m'ont beaucoup touchée. Sentenza et Brighit. Maeve.

Et une magie accessible à certains initiés qui fait rêver et transforme les bastons en véritable ballets chorégraphiés qu'on ne peut que lire en apnée, augmentant encore la cadence de lecture. Un ballet souvent joué en duo entre Estrée et Felkein, un agent des Ombres dépêché auprès de l'Héritière par son frère Morion. Après une phase de rejet et de rébellion, Estrée a fini par accepter, puis apprécier la présence de cet homme aux multiples ressources.

L'Héritière du Chaos est un roman qui séduira les amateurs d'action, de bastons où tous les coups sont permis notamment grâce à la magie et de batailles rangées qui se succèdent. Les aficionados de la série de Michel Robert y trouveront sûrement plus leur compte que les novices passant sans doute à côté de nombreuses allusions ou références. Malgré cela, malgré les bémols émis, on se laisse bien prendre au piège d'une intrigue bien construite servie par une écriture fluide et abordable. Une lecture plaisante.



mardi 16 avril 2019

LE SONGE D'UNE NUIT D'OCTOBRE de Roger Zelazny (Dup)




Couverture du livre Songe d'une nuit d'octobre

Éditions actusf
Collection Hélios
280 pages
7,90 euros


4ème de couv :

Octobre. Dans 31 jours, le portail s’ouvrira et les Grands Anciens déferleront sur le monde.
Dracula, Sherlock Holmes, Raspoutine, le docteur Frankenstein… Ils seront tous là. Mais feront-ils partie des ouvreurs avides de pouvoir, ou seront-ils des fermeurs qui s’opposeront aux horreurs indicibles ?
Les familiers de ces personnages seront eux aussi impliqués dans cette murder party ésotérique riche en rebondissements. Tout particulièrement Snuff, un chien dont le maître, Jack, aime se promener la nuit dans Londres avec son grand couteau...
Le Jeu va commencer.
Quel sera votre camp ?







Voilà un auteur que je m'étais promis de découvrir suite au Mois de Fabien Cerutti qui nous avait encensé sa série des Princes d'Ambre. Quoi de mieux qu'un petit one-shot pour découvrir la plume n'est-ce-pas ? En plus, je ne prenais pas de risque, Phooka m'avait déjà devancée et donné un avis alléchant ici.

Ce roman je n'en ai fait qu'une bouchée tant j'ai apprécié l'originalité, l'humour et le joyeux melting-pot que nous a fait l'auteur. L'originalité c'est que le narrateur est un chien qui parle, qui pense, qui réfléchit comme un humain, mais aussi comme un chien. Un exemple pour être plus explicite, que j'ai trouvé succulent.
- J'éprouvais un profond désir de hurler à la lune. C'était une lune tellement hurlable. Mais je me contins.

Snuff notre chien, est le compagnon de Jack qui fait ses affaires souvent la nuit avec un long couteau. Chaque personnage humain réuni ici est appelé par un "petit nom" mais on devine très vite qui ils sont. Ainsi nous avons le Bon Docteur qui bricole un être humain mort, le Conte qui loge dans des caves ou caveaux et ne sort que la nuit, une paire de détectives, un grand et un petit gros, etc, etc...Chaque personnage a son familier, qui un chien, un chat, un serpent, un hibou, une chauve-souris... Tous parlent, échangent, tractent, négocient avec Snuff.

Tout ce monde là vient de migrer et s'installer dans un même périmètre, nous sommes début octobre. Chacun s'affaire dans son coin, tout en épiant les autres ou en envoyant épier son familier. J'ai adoré cette idée de rassembler tous ces personnages de la littérature que tout le monde connait, sans jamais mettre un nom dessus. Ils s'affairent donc, se préparent pour le Grand Jeu, qui aura lieu la nuit d'Halloween cette année là, car elle va coïncider pile avec la pleine lune. On parle "d'ouvreurs", de "fermeurs", mais on n'en sait pas plus, donc immanquablement on fait défiler les chapitres, un par jour, pour découvrir ce Jeu, qui se présente de plus en plus au fil des pages comme une murder party.

Cette lecture est vraiment plaisante grâce à l'écriture fluide de l'auteur, mais surtout son humour délicieux. On sent que l'auteur lui-même s'est amusé à écrire ce livre. C'est décidé, j'inscris Les princes d'Ambre dans mes futures lectures estivales.



lundi 15 avril 2019

[Sorties] Les sorties chez Folio SF en mai 2019





Mai 2019





Jonathan Carroll
 Os de Lune


Traduit de l'américain par Danielle Michel-Chich et Nathalie Duport

Préface de Neil Gaiman

Couverture du livre Os de lune
Couverture: Gérard Dubois

*****



Grégory Da Rosa
 Sénéchal

Couverture du livre Sénéchal
Couverture: Raphaël Del Rosario
*****

Raphaël Eymery
 Pornarina
La prostituée-à-tête-de-cheval

Prix Sade du premier roman 2017


Couverture du livre Pornarina
Couverture: Aurélien Police

*****

Scott Hawkins
 La Bibliothèque de Mount Char

Traduit de l'américain par Jean-Daniel Brèque

Prix Elbakin.net 2018

Meilleur roman de fantasy traduit

Couverture du livre La bibliothèque de Mount Char
Couverture: Aurélien Police

*****
vendredi 12 avril 2019

SMOKE de Dan Vyleta






Le Livre de Poche
Parution: janvier 2019
9.70 euros
768 pages



Angleterre, fin du XIXe siècle. À Londres s’entassent les classes laborieuses qui par tous les pores exsudent une infecte Fumée, preuve de leur noirceur intérieure et de leur infériorité. À la campagne vivent les aristocrates, d’une blancheur de lys et qui ne fument jamais, signe de leur vertu et de leur droit à gouverner.
Dans un internat d’élite, Thomas et Charlie, seize ans, s’exercent sans relâche à dompter leurs instincts afin de ne pas fumer. Mais le doute les tenaille : comment se fait-il que l’un de leurs congénères, un vrai petit tyran, soit épargné par la marque du vice ? Avec l’aide de Livia, ils enquêtent sur la nature réelle de la Fumée. Et découvrent que l’ordre établi est fondé sur une scandaleuse duperie.
Dès lors, une lutte à mort s’engage : c’est la guerre de la passion contre la raison, du désir contre la bienséance, du droit contre l’injustice – même si leurs frontières sont souvent imprécises.

Un tour de force d’une féroce imagination, un conte d’une audace dickensienne en parfaite résonance avec notre époque.





Dans une Angleterre du XIXe siècle, totalement coupée du reste du monde et de sa très mauvaise influence (qui a dit Brexit ?? :)), le lecteur fait la connaissance de trois jeunes gens: Charlie, Livia et Thomas.

Charlie et Thomas se sont rencontrés dans l'internat il y a peu de temps. Ils suivent leur cursus scolaire normal dans une école à la discipline stricte. Si cette discipline est au centre de l'éducation, c'est pour une bonne raison. En effet, ce qui différencie le Londres du XIXe que l'on connaît de celui du roman, c'est la fumée. Oui la fumée, celle que laisse échapper les corps en fonction des émotions ressenties ou des pensées impures. Si cette fumée est tolérée pour les jeunes enfants, il est évident qu'en grandissant elle doit disparaître ou être contrôlée. En tout cas pour les gens de la haute société. A ce petit jeu, Charlie est clairement doué. Pas autant que Julius, le préfet du dortoir qui pérore avec ses chemises blanches immaculées. Quant à Thomas ...
Thomas est un cas à part, il vient à peine d'arriver à l'internat. il n'a donc pas eu une éducation classique qui lui permet se contrôler sa fumée. Ou alors c'est autre chose. Peut-être sa fumée est-elle spéciale et ne veut/peut pas être mise sous contrôle?

Arrivent les vacances de Noël, Thomas et Julius sont invités par Lady Naylor à passer les fêtes dans son manoir. Là, les deux garçons vont rencontrer Livia. Une jeune femme, une ado plutôt, d'une rigueur sans faille, qui ne fume strictement jamais. On pourrait même la considérer comme trop rigide. Auprès de Lady Naylor, Thomas va en apprendre beaucoup sur la fumée et son histoire. Ça lui donnera envie d'en découvrir beaucoup plus sur les origines de cet étrange phénomène. Ainsi les trois jeunes gens vont-ils enquêter et cette enquête va les emmener bien plus loin qu'ils ne pouvaient imaginer ...

C'est un étonnant roman que propose Dan Vyleta. La vision de Londres sous un fog épais dû à la fumée des gens "ordinaires" est tout bonnement saisissante. Un Londres plongé dans le noir constant et dont les habitants dégoulinent de suie ...
Contrairement à ce qui est annoncé sur la quatrième de couverture, rien à voir avec Harry Potter, à part peut-être le fait que les garçons se rencontrent dans un internat. Beaucoup plus avec Dickens par contre. La vie des différentes couches de la société anglaise y est très présente.
Cette fumée obsède le lecteur tout autant que les protagonistes du récit. Fumer c'est le mal, c'est un signe de manque d'éducation. Les pauvres fument, mais pas les riches, cela ne se fait pas. Pourquoi ? D'où vient cette fumée? Pourquoi existe t'elle et surtout a t'elle toujours existé ? Toutes ces questions que les trois héros se posent. Rien que le fait de se les poser est déjà une avancée en soi. Le fait de ne pas accepter les choses telles qu'elles sont. Compte tenu de l'éducation reçue par les jeunes gens, c'est déjà difficile de franchir cette étape.

Le roman est passionnant ... du moins dans ses premiers 3/4. Le lecteur découvre, se passionne, apprend à connaître puis à aimer les héros. Il y a des longueurs oui, mais qui apportent toute la saveur au récit, un peu comme dans Jonathan Strange et Mister Norell avec une écriture un peu datée, mais c'est une ambiance que j'apprécie particulièrement. Par contre dans le dernier quart du roman, cette lenteur prend trop d'ampleur au point de se transformer en ennui. La frontière n'est jamais loin, c'est sûr et là elle a été franchie. Dommage. Ça ne m'a pas empêchée d'apprécier ma lecture, mais par contre ça ne sera pas un coup de coeur.

Le concept de fumée est très étonnant et réussi. Il permet de montrer physiquement des émotions. Est-ce aussi grave de mentir pour aider quelqu'un que de mentir pour son propre intérêt ? La fumée sera visible dans les deux cas, aura t'elle la même couleur ? Que se passe t'il lorsqu'on ressent du désir ou de la haine ? Je vous laisse imaginer si un tel phénomène existait vraiment ...
Et puis la fumée est finalement un révélateur des injustices de la société anglaise.

Smoke est une uchronie originale. Cette fumée cristallise toutes les émotions. Peut-on réellement maîtriser nos sentiments, nos angoisses, nos émois. Est-ce d'ailleurs une bonne chose ? Un roman vraiment étonnant qui nous plonge dans l'Angleterre du XIXe siècle, une Angleterre très isolée du reste du monde ...


jeudi 11 avril 2019

LES RÉVOLTÉS DE BOHEN de Estelle Faye





Éditions Critic
733 pages
25 euros


4ème de couv :


J’avais sept ans lorsque les insurgés ont renversé l'Empire, lorsqu'un vent de liberté et d'espoir a secoué jusqu'aux tréfonds de notre trop vieux monde. Je sais, aujourd'hui, que le drame était déjà là, en germe, dans les toutes premières heures de la révolution…
Aujourd'hui les golems immobiles se dressent aux portes de l'ancienne capitale, et des prédicateurs errants nous promettent le prochain retour des Wurms, des anciens dragons d'ombre qui autrefois asservissaient les humains.
Je ne vais pas vous narrer le combat glorieux de la Révolution triomphante, car ce combat-là n'a jamais eu lieu. Les héros parfaits n'existent que dans les bylines, et les insurgés n'étaient jamais que des hommes. Par contre je vais vous raconter comment nous avons continué à y croire, même dans les heures les plus sombres, même quand nous n'avions plus d'espoir. Comment nous n'avons jamais abandonné.





Quel bonheur que ce retour en Bohen, un vœu très cher émis en quittant ce monde créé pour le one-shot annoncé Les Seigneurs de Bohen, exaucé pour mon plus grand plaisir. Pouvoir à nouveau le parcourir, découvrir plus en profondeur certaines régions juste effleurées précédemment, un bonheur je vous dis ! Les mangroves de Bo-Tchaï, les Lacs Turquoises, la toundra de Doshe, le désert du Royaume Vide au sud. Retrouver celles qu'on connaissait déjà bien, les Ports des Havres, les mines de Katow-Ser et bien sûr Serna-Chernik, la capitale de Bohen et son palais d'ambre vert.

Estelle Faye nous fait faire un bond en avant de quinze ans, et pourtant, malgré l’insurrection d'alors qui avait mis à bas l'Empire, le peuple reste toujours autant opprimé. Un tyran a pris la place d'un autre et c'est pire cette fois, une lourde menace sourde. Celui qu'on appelle l'Usurpateur, ou le Régent, ou encore l'Autre, a pris le pouvoir aidé par la fille aînée de l'ancien empereur, la froide princesse Yule. Cet Autre que cruellement l'autrice fait cohabiter avec notre cher Sainte-Étoile, exit Mordred. Et comme notre bretteur préféré est tellement amoindri psychologiquement par la perte de son Sorenz, il se laisse complètement manipuler par l'Autre...

On va alors retrouver un par un tous les personnages clés que l'on avait suivi dans les Seigneurs (du moins ceux qu'Estelle n'aura pas occis...), éparpillés partout dans Bohen. Seul Andreï est resté à Serna-Chernik. Cigale ou Sigalit, la Voix de de Bohen est à Bo-Tchaï, Sélène aux Lacs Turquoises, Kalim dans les Montagnes Grises, Wens à Doshe. Maëve partie avec les Vaisseaux Noirs revient à Escarion...

Estelle Faye nous dresse le parcours de chacun, puis à nouveau les choix qui s'offrent à eux, les décisions qui s'imposent. Et pour notre plus grand plaisir viennent s'y rajouter des nouveaux personnages tout aussi profonds qui s'intègrent parfaitement : Sienne, Nathanael, Oeil-Méduse, Krimilde, Halima...et tellement d'autres !

Des mages, des morguennes, des enchanteresses, des chamans, des métamorphes, des berserkers, des djinns, des goules et en toile de fond, comme une mythologie qui resurgirait, la menace des Seigneurs Wurms, leur civilisation dominatrice et leurs dracs. La magie d'Estelle Faye s'envole, se diversifie, et ce n'est que du bonheur.

L'intrigue, abordée par tous les personnages, chacun dans des lieux différents est parfaitement maîtrisée et se déroule sans accroc, aucun va et vient dans le temps. Un roman choral époustouflant vu le nombre de personnages importants ! On les voit tous converger inexorablement vers Serna-Chernik, plus ou moins rapidement, mais toujours de façon logique pour un final en apothéose. Franchement les derniers chapitres m'ont donné le tournis tant il se passe de choses et l'autrice jongle véritablement entre chacun de ses personages de paragraphe en paragraphe, voire d'une ligne à l'autre : Impressionnant !

Encore une fois j'ai TOUT aimé dans ce roman que j'aurai pu lire d'une traite comme le premier. Cette fois ci j'ai dû prendre plus de temps, devant intercaler des lectures obligatoires prioritaires, mais retrouver Bohen après chaque interruption fut un plaisir. Une mention spéciale pour le duo Ioulia-Mordred que j'ai vraiment adoré. Si vous avez aimé les Seigneurs, et je sais que vous êtes nombreux, ces Révoltés sont pour vous ! Un coup de coeur à la hauteur du précédent, c'est-à-dire très très haut ♥♥♥


Estelle Faye sur Bookenstock c'est :




mardi 9 avril 2019

DANS LA NEIGE de Danya Kukafka




Éditions Sonatine
340 pages
21 euros



4ème de couv :


Dans cette petite ville du Colorado, on adore ou on déteste Lucinda Hayes, mais elle ne laisse personne indifférent. Surtout pas Cameron, qui passe son temps à l’épier, ni Jade, qui la jalouse terriblement. Encore moins Russ, qui enquête sur sa mort brutale. On vient en effet de retrouver le corps de Lucinda dans la neige. Chacun leur tour, Cameron, Jade et Russ évoquent la jeune fille, leurs rapports, leurs secrets. Vite, ce drame tourne à l'obsession : tous trois savent en effet que la vérité peut les sauver ou les détruire.

Ce tableau d’une petite communauté provinciale en forme de traversée des apparences est un portrait saisissant d’une Amérique bien-pensante travaillée par des pulsions obscures, dont tous les repères sont en train de voler en éclats.







Amateurs d'action et de suspense torride, passez votre chemin avais-je envie de dire. Mais en fait, c'est nul de dire ça, parce que moi-même j'en suis de ces amateurs, alors que j'ai été captivée par ce roman où il ne se passe pas grand chose ! Donc je reprends : Amateurs d'action et de suspense torride, laissez vous surprendre par ce roman de Danya Kukafka.

Lucinda, 16 ans, élève de Jefferson High School est morte, retrouvée au petit matin dans un square, dans la neige. Elle a reçu un coup violent à la tête, mais c'est sa chute contre un tourniquet qui lui a été fatale. Les faits que nous raconte l'autrice se déroulent juste sur les trois jours qui suivent cette découverte macabre. Trois jours c'est court et pourrait donner une fausse impression de rapidité, mais je vous promets qu'il n'en est rien. C'est un roman chorale où l'on va passer en permanence entre trois personnages, plusieurs fois par jour, avec des chapitres courts : Cameron, Jade et Russ.

* Cameron, 15 ans, est un gamin spécial. Introverti, taiseux, mais les idées, les réflexions bouillonnent en lui, un peu comme un autiste. Il est fou amoureux de Lucinda, qu'il observe, épie de jour comme de nuit. Il passe son temps à observer les gens, mais surtout Lucinda, en se postant dans des endroits clés où il reste immobile des heures durant. Il appelle ça ses Nuits-Statues. La nuit du meurtre de Lucinda, il ne se souvient plus de rien. Il est aussi extrêmement doué en dessin, en portrait notamment. Il a une capacité à reproduire les traits, les détails infimes qu'il a enregistré dans sa mémoire. Cameron vit avec sa mère, son père étant parti il y a cinq ou six ans.

* Jade, 16 ans, est une ado mal dans sa peau, au physique ingrat, boulotte et profondément jalouse de la beauté et des succès de Lucinda. Elle aussi, depuis sa chambre peut épier Lucinda, mais aussi Cameron immobile dans le jardin sous son arbre, car ils sont tous trois voisins. Jade a une mère alcoolique et violente, un père complètement effacé.

* Russ, la trentaine, est officier de police par défaut, sans grande ambition. Simplement parce que son père était flic. Et il a continué parce qu'il s'entendait bien avec son co-équipier Lee, le père de Cameron. Continuer encore parce qu'il a promis à Lee de veiller sur son fils.  Russ va se retrouver plongé dans cette enquête alors qu'il n'est pas inspecteur, n'en a d'ailleurs aucune envie. Russ dont la vie privée est aussi pâle que la vie professionnelle.

Danya Kufka va nous plonger dans la vie et les pensées de ces trois personnages jusqu'à en oublier Lucinda. Un roman noir psychologique impressionnant mené par une toute jeune autrice, 25 ans aujourd'hui, 23 lors de la parution de ce roman aux Etats-Unis ! La psyché des personnages est abordée par petites touches, de plus en plus profondes au fil des pages. Elle arrive à nous faire douter de chacun, et en même temps, l'empathie que l'on éprouve pour ces trois là, alors qu'elle frôlait les pâquerettes jusqu'à la moitié du roman, ne fait qu'augmenter sur la fin. 

La profonde solitude de ces trois personnages confère une ambiance pesante au roman, à l'image de celle qui règne dans cette petite ville du Colorado. Lorsque le dénouement arrive, surprenant tout le monde, toutes les pièces du puzzle s’emboîtent. Dans la neige est un roman à part que j'ai du mal à étiqueter, psychologique sans aucun doute, mais ni thriller, ni noir. Gris ? En tous cas je ne regrette absolument pas de l'avoir lu. Encore une autrice à suivre !