Tome 2: L'ombre au noir
Editions Gallimard Jeunesse
Paru le 27/09/2018
400 pages
17 euros
Kelen l'anti-magicien se fait de nouveaux ennemis où qu'il passe. Toujours accompagné de ses deux acolytes incontrôlables, Furia et Rakis, il parcourt les terres de la frontière à la recherche d'un remède contre le mal qui le ronge : l'ombre au noir. Quête de vérité, scènes d'action musclées et malédiction mortelle : la suite des aventures d'un jeune mage sans pouvoir, dans une grande fresque originale et puissante.
"Kelen, l'anti-héros par excellence, un vrai ado quoi!"
Je vous l'avais annoncé à la fin de ma chronique du tome 1: "Je serai au rendez-vous pour le tome 2". Et j'ai tenu parole. Il faut dire que ce n'était pas difficile tant j'avais aimé la premier opus de cette série jeunesse. Il me tardait de retrouver Kelen, Furia et Rakis.
Nous les retrouvons donc en fuite dans les terres de la frontière. Un endroit sauvage, peu peuplé et rude. Kelen, habitué au confort et au luxe, doit apprendre à dormir à la belle étoile, à manger les lapins que Rakis chasse, ha non pardon "assassine", bref il devient un hors la loi débutant. Un hors la loi pas très doué mais plein de bonne volonté. Quelques mois se sont écoulés, Kelen est toujours considéré comme un danger qu'il faut abattre à cause de l'ombre au noir. L'ombre au noir, c'est une sorte de malédiction magique dont on raconte qu'elle est due à un démon qui prend le contrôle d'un magicien. Elle se caractérise par des ombres sombres, comme des tatouages autour de l'oeil de la personne atteinte.
Alors que Kelen et ses compagnons se reposent au coin du feu, ils vont faire la connaissance d'une autre Argosi, Rosie et d'une jeune fille au visage voilé Seneira qui voyagent apparemment ensemble.. De fil en aiguille, ils vont se retrouver au royaume des Sept Sables, qui n'est d'ailleurs pas un vrai royaume car non reconnu par ses voisins. Cependant ce lieu est un temple du savoir et une université de renommée internationale s'y est développée. Là se rencontrent tous les enfants des dirigeants et personnes influentes des royaumes voisins. Ainsi, l'auteur nous fait découvrir la large variété du monde qu'il a créé et il nous saupoudre des indices des probables futures aventures de Kelen. Car oui, il y a beaucoup de royaumes avec chacun ses spécificités et il nous tarde déjà d'aller les arpenter en suivant le héros. En attendant, Kelen se retrouve face à une sorte d'épidémie d'ombre au noir qui touche des non magiciens et son aide pour résoudre ce mystère va être précieuse.
Ce qui est vraiment une réussite dans cette série, ce sont ses personnages. Commençons par Kelen donc, notre "anti-magicien", un ado ordinaire. Un ado dont on attend beaucoup et qui ne montre aucune prédisposition. Il n'est pas un bon magicien, loin de là, il n'est même pas à la hauteur pour être un apprenti argosi. Et pourtant, il se débrouille du mieux qu'il peut et il avance malgré tout ce qui lui arrive. Et ce qui est vraiment bluffant dans cette histoire, c'est que l'auteur ne cède pas à la facilité. Non Kelen ne va pas devenir d'un seul coup un magicien puissant, ni même un magicien tout court d'ailleurs, non il ne va pas trouver sa voie miraculeusement, ni même un mentor digne de ce nom. Il va devoir faire comme tout adolescent, chercher sa voie du mieux qu'il peut avec les moyens à sa disposition. La seule aide dont il bénéficie, c'est une sorte de chat-écureuil volant qui le suit partout et qu'il est le seul à comprendre: Rakis. Rakis c'est évidemment le ressort comique du trio. Ce chacureuil est un délice. Il se considère comme une terreur, attaque tout ce qui bouge. Son régal c'est d'arracher les yeux des humains pour les manger, il "assassine" les lapins pour se nourrir et ses commentaires en aparté à Kelen mettent toujours ce dernier dans l'embarras ! Et puis il y a Furia, l'argosi. Une femme étrange, réservée dont on ne comprend pas toujours la façon de penser. Une femme de principes, oui mais de drôles de principes parfois. Elle suit sa voie, une sorte de philosophie de vie, mais certainement pas une philosophie classique. Ces trois-là sont bien différents et pourtant ils forment un trio qui se complète à merveille.
Et heureusement! Car ce que leur réserve leurs aventures est loin d'être un long fleuve tranquille. Batailles, bagarres et mystères jalonnent leur enquête. Enquête qui d'ailleurs ne fait pas progresser la quête de Kelen, mais peu importe. Ils auront besoin de compter les uns sur les autres et chacun à sa manière est indispensable au groupe. Si Kelen ne peut pas compter sur des dons naturels, il saura compenser par son intelligence et son courage. Rakis lui, a un sens de l'amitié profondément ancré malgré ses dires et du courage à revendre à la limite de l'inconscience parfois. Quant à Furia, elle est une combattante hors pair et elle a le don d'arriver au bon moment.
Sebastien De Castell est remarquablement doué pour les dialogues percutants, les bagarres et les rebondissements. Si le tout début du roman manque un peu de rythme, le temps de remettre les personnages en place dans la tête du lecteur, cette impression passe très vite et le tempo s'accélère. Les pages tournent toutes seules et c'est un régal. Il faut dire que le mélange dialogues pêchus, répliques assassines de Rakis, coups de poing et autres sorts ratés forme une sacré combinaison pour une lecture d'enfer.
Rajoutons que comme pour le premier tome, la couverture est superbe, de même que le dos et que le livre attire vraiment l'oeil! Une vraie réussite.
L'ombre au noir est la digne suite du premier tome de l'anti-magicien. Une série pour ado mais pas que, et surtout une série qui ne prend pas ses lecteurs pour des idiots. Les héros sont complexes et pas "prédéfinis", ce qui les rend incroyablement attachants. La visite à l'université des sept-royaumes nous montre que Sebastien De Castell a encore un paquet de cartouches en réserve et c'est tant mieux car suivre les aventures de Kelen, Furia et Rakis est un vrai régal. Vivement la suite !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire