vendredi 9 avril 2021

Quatrième volet de l'ITV de Paul Beorn

 

QUATRIÈME VOLET DE L'ITV DE PAUL BEORN

Les liens vers les ITV précédentes :

ITV1

ITV2

ITV3



Pour bien profiter de ce texte, je vous conseille d'aller relire celui de son premier "Mois de" ;)


Dup — Cette fois, j’espère que c’est la bonne. 

Elle pousse la porte de l’auberge.
    Phooka— Tu parles. Ça fait trois ans qu’on le cherche.
Dup — Prépare les menottes, au lieu de ronchonner.
    Phooka — Purée, il y a foule dans cette auberge.
Dup (chuchotis) — On interroge les clients. Commence par le barbare, là, dans le coin. 
    Phooka — Tu es sérieuse ? Ce type fait deux mètres cinquante et il a une hache à deux mains dans le dos. 
Dup — Beorn adore les guerriers avec des haches, c’est son côté Gemmel. Il lui a peut-être parlé. 
    Phooka s’avance jusqu’au barbare. C’est une montagne de muscles, ses bras sont couverts de cicatrices et de tatouages. Elle lui colle sous le nez un portrait de Beorn. 
Dup — TOI AVOIR VU LUI ? 
    Barbare — Gente dame, jamais n’ai-je vu cet ours de ma vie. 
Soudain, Dupinette se glisse derrière lui et abat un filet sur sa tête. 
    Barbare — Au secours ! 
    Phooka — Tu es folle ? Qu’est-ce qui te prend ? 
Dup — Passe-lui les menottes, vite ! 
Phooka attache le barbare à la chaise. D’un air soupçonneux, elle ôte son casque à cornes, puis sa hache, puis sa cotte de mailles, puis ses faux muscles, puis les coussins de rembourrage dessous. Finalement, il ne reste qu’un petit nounours apeuré. 
Dup — Bingo ! 
    Phooka — Trop forte ! Comment tu as deviné que c’était lui ? 
Dup — Il mangeait une tablette de chocolat aux noisettes. Et il avait un tatouage « I 💓Tolkien » sur l’épaule. 
    Phooka— Alors, monsieur Beorn ? On se cache parce qu’on a laissé ses lectrices et ses lecteurs mariner trois ans pour son tome 2 de Calame ? 
    Beorn — Je vous reconnais ! Vous êtes les deux folles qui enferment les auteurs dans une cave pour les faire parler ! Vous m’avez déjà torturé une fois ! 
Dup — Ouais. Et on va recommencer.


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SK :

Je reviens après avoir lu Calame 2 d'une traite, quasi-boulimique ;) Heureusement que je suis en vacances. J'ai adoré mais il m'a fallu quelques chapitres pour vraiment être à l'aise. J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans parce que la violence des panthères contre les autres femmes m'a fait l'effet d'une douche froide. J'ai compris par la suite que c'était nécessaire pour les faire évoluer ensuite et étudier toutes les facettes de leur haine et de leur motivation, mais dès le début comme ca, c'était trop pour moi. Mais après que du bonheur. On vibre avec Maura et les autres personnages, on pleure avec le conteur, on avance vraiment avec les personnages. Et la fin ! Quel bonheur :) Bref, merci. Bon, d'accord, ce n'est pas une question.

Paul Beorn :

Les panthères sont le miroir inversé des horreurs que certains hommes leur ont fait subir. Certaines sont devenues ultra violentes, leur histoire l’explique, sans pour autant leur donner raison (mais elles ne sont pas un groupe homogène, et elles évoluent, en effet). En tout cas, je suis très heureux et très fier si je t’ai fait passer un bon moment de lecture. Merci pour ton avis, posté ici et ailleurs.

De bons avis sur Internet, c’est primordial pour un roman et les premiers sont encore plus importants que les autres.


Fantasy à la carte :

C'est clair que la musique ça transporte et de fait, distrait. Pourquoi écrire de l'Imaginaire ? Y a t-il un ou plusieurs auteurs qui t'ont donné envie d'en écrire à ton tour après avoir lu leurs livres ? Si oui, lesquels ?

Paul Beorn :

J’ai déjà écrit quelques textes qui n’avaient rien d’imaginaire et clairement, ça m’intéresse moins. Je ne sais pas pourquoi.

Sans doute pour la liberté de création immense qui s’offre à nous dans ces genres ? Peut-être aussi pour la possibilité d’y parler de thèmes contemporains avec le léger « décalage » qui nous les rend plus facile à aborder ? Mais surtout, je crois, pour l’émerveillement, ce côté magique qui nous transporte et nous met des étoiles dans les yeux.

C’est bien sûr Tolkien qui m’a donné envie d’être écrivain. J’avais 5 ans et ma mère nous lisait Bilbo le hobbit, à mes frères et sœur et moi. À cet âge tendre, les conséquences ont été permanentes chez moi. 😊



Rachel :

Bonjour, je n’ai pas de question, je ne fais que lire :) Je voulais juste dire que du coup j’ai vite été acheter Calame car ça me donnait trop envie... et j’ai lu 200 pages en deux jours!!! Ohlalaa c’est vraiment chouette et Maura me fait revivre mes quelques mois vécus en Ecosse (je ne sais pas trop pourquoi...) merci beaucoup.

Paul Beorn :
Merciiii !

L’Ecosse est très vallonnée et très verte, un peu comme l’univers de Calame. Et pour les noms des gens de Kenmare, je suis allé piocher dans la culture Irlandaise, mais après tout, ce n’est pas très loin. 😊

Bonne fin de lecture !





SK :

Les minorités, les différences, le regard de l'autre (et surtout le fait qu'on est toujours l'autre de quelqu'un). la tolérance et l'acceptation de soi, ce sont des thèmes qui m'intéressent dans mes propres écrits, donc je me réjouis quand je les vois traités (et si bien ici). Pour l'instant je n'ai lu que les 2 Calame. Quel roman me conseillerais-tu pour continuer à explorer les univers de Paul Beorn?

Paul Beorn :
« La pucelle de Diable-Vert » reprend pas mal de ces thèmes, mais c’est un premier roman avec un style bien différent, et je ne sais pas si le tome 2 est encore disponible.

« Le septième guerrier-mage » les reprend aussi, mais de manière plus discrète et avec un personnage masculin.

« Le jour où… » qui vient de sortir en poche (mais ce n’est pas de la fantasy) est sans doute le plus « politique » de tous, même c’est avant tout une histoire de survie.



Laura Collins :

J'ai lu dans cet interview que je bois comme du petit lait ( en vrai je préfère le chocolat chaud ) que ces dernières années tu ( j'ose tutoyer, j'espère ne pas vexer) avais appris à écrire tes romans le mieux possible. Peux-tu ( oui, je récidive) dire comment tu as fait ?

Paul Beorn :

On se tutoie et on fait chin chin avec nos chocolats chauds, sœur de plume. (miam, le chocolat chaud) 😊

 

Question passionnante. Comment apprendre ? Comment s’améliorer ? Je ne prétends pas avoir fait le tour de la question et je ne parle que de ce qui marche chez moi, mais voici quelques pistes :

1) sortir de sa zone de confort quand on écrit en se lançant dans des projets que l’on n’a encore jamais fait (écrire à 4 mains, changer de genre, passer de l’adulte à l’ado et de l’ado à l’enfant, du roman à la nouvelle, essayer de nouvelles techniques, etc.)

2) trouver de bons bêta-lecteurs et en changer, chaque personne a beaucoup à m’apprendre, chacun me laisse ensuite une petite voix dans ma tête qui me dit « attention, tu mets trop de virgule » « chapitre trop long » qui m’aident à trouver le ton que je cherche

3) lire. Les romans des autres peuvent m’inspirer ou au contraire me faire comprendre ce que je n’aime pas (ex : « L’homme rune » de P.V. Brett m’a appris que je ne changerai JAMAIS de personnage principal à 2/3 du roman en laissant tomber le premier ; pardon M. Brett, j’ai détesté votre roman)

4) lire des ouvrages sur la dramaturgie (« Save the cat » de Blake Snyder, La dramaturgie de Yves Lavandier, The anatomy of story de John Truby, etc. ces 3 là sont aussi en français), aucun ne détient la vérité, mais tous font, j’ai beaucoup appris avec eux

5) essayer d’avoir une vie intéressante pleine de rencontres et de découvertes, où l’on reste curieux de tout (si si, les musées peuvent nous apprendre plein de choses)

6) écrire, écrire, écrire




Anne-Sophie :

Bonjour Paul (je me permets),
Avez vous prévu une suite à Calame ?
Autre question : comment intervenez vous pour les couvertures de vos romans ? Je suppose que lors de l'écriture vous devez imaginer des teintes, univers etc
J'attendais le tome 2 de Calame pour sortir le premier tome de ma pal, je vais pouvoir me régaler j'en suis certaine !
Merci 😍😍

Paul Beorn :

Bonjour Anne-Claire !

Calame est en deux tomes et c’est déjà une expérience très nouvelle pour moi qui écrit d’habitude des « one shot ». Je n’ai pas pour l’instant l’intention d’écrire une suite.

Oui, quand j’écris, j’ai l’impression de plonger dans un monde complet, avec mes cinq sens ou plus (l’être humain a beaucoup plus de cinq sens, en réalité). Je le vis comme si j’y étais, intensément.

Pour les couvertures, c’est une discussion avec l’éditeur et l’illustrateur, j’ai toujours mon mot à dire mais les décisions finales reviennent à l’éditeur (tu trouveras une réponse plus complète à ce sujet en page 3 de l’interview).


SK :

Ok, j'ai craqué, je commence le septième guerrier mage...

Paul Beorn :

Bonne lecture avec Jal et sa bande 😊


Fantasy à la carte :

Hello, quelles sont les scènes qui ont été les plus difficiles à écrire aussi bien dans Calame que dans des autres romans ?

Paul Beorn :

Les scènes les plus difficiles sont souvent les débuts. En général, je reviens dessus une fois le roman terminé et je le réécris vingt ou trente ou quarante fois avant d’être satisfait – et encore, je ne le suis jamais totalement.


Le début est essentiel. Souvent, je relis le début d’un roman après l’avoir terminé. Je trouve qu’on en apprend beaucoup.


Un début doit abattre en quelques lignes un travail de fou.

1) caractériser les personnages (Maura optimiste bavarde et Darran désabusé mutique) et…
2) leurs liens (l’affection frustrée de Maura pour Darran, la discrète tendresse de Darran) ;
3) présenter les thèmes principaux (la rébellion de femmes, parler du Calame) ;
4) esquisser les enjeux, (affronter le Roi Lumière, risquer la vie et la liberté des personnages) voire…
5) les objectifs des personnages (changer la loi) ;
7) introduire d’éventuelles fausses pistes (une relation amoureuse) pour renforcer les révélations à venir ; et, en fantasy, il doit aussi…
8) présenter tout un univers ! (le côté médiéval, la magie mystérieuse)

Et tout cela, bien sûr, sans être ennuyeux et ouvrant très large « l’éventail des possibles » (ce fameux éventail qui ne doit surtout jamais se refermer) sur la suite.


Je voulais une scène de bataille : on parlait de guerre, il fallait que je la montre. Mais celle que j’avais écrite ne fonctionnait pas, je n’éprouvais aucune émotion. Et pour cause ! On ne connaissait pas encore les personnages, alors pourquoi aurait-on tremblé pour leur vie ?


Et puis j’ai lu « Servir Froid » (J. Abercrombie) dont la scène d’ouverture est un vrai chef d’œuvre. Et j’ai compris une chose : il fallait que je montre l’affection qui unissait Maura et Darran. De là, la lectrice/le lecteur pouvait s’attacher à eux. Tout le reste en découlait. Quelques lignes de dialogue suffisaient, surtout pas plus. Surtout pas de longues scènes de combat, c’était hors sujet. Esquisser le début de la bataille suffisait.


Bref, chaque virgule compte, c’est aussi délicat qu’une bûche de Noël réussie.


Fantasy à la carte :

Waouh le travail de fou, mais bon je m'en doutais. Et beh, je suis impressionnée.

Paul Beorn :

Oh mais non ! ça paraît compliqué parce que je décompose tout en détail, mais en fait, c’est assez intuitif.





La suite de l'ITV par ICI


6 commentaires:

Fantasy à la carte a dit…

Hello, quelles sont les scènes qui ont été les plus difficiles à écrire aussi bien dans Calame que dans des autres romans ?

Fantasy à la carte a dit…

Waouh le travail de fou, mais bon je m'en doutais. Et beh, je suis impressionnée.

Ramettes a dit…

Coucou du dimanche
Si jai bien compris Calame c'est transformé en dyptique au lieu de trilogie ? Pas trop dur ?
Pour l'histoire des couverture c'est vrai que Calame 1 grand format (magnifique) faisait assez jeunesse.
Maintenant que Calame 2 est sorti va se poser un dilemme ... j'ai Calame 1 en poche ! Lol.
Bon je repars lire !

Fantasy à la carte a dit…

Comment tu as fait pour être publié chez Bragelonne ?

SK a dit…

Pour moi Calame n'est ni jeunesse, ni adulte, c'est vraiment tout public, simplement en fonction du niveau de lecture pour les plus jeunes. Il n'y a pas vraiment de scènes "à ne pas mettre entre toutes les mains!. Même si je suis toujours stupéfaite quand je vois les lectures de mes élèves de la différence de traitement entre sexe et violence. Tu peux couper des têtes et éventrer tes ennemis et passer crème en jeunesse mais si deux personnages se bécotent alors là stop, on est dans l'adulte. Alors que la réalité des ados c'est plutôt de se bécoter et pas franchement de s'éventrer en cour de récréation... Comment vois-tu le public de ton roman?

Nemo blog abrrracadabra a dit…

Bonjour Paul,
Fan absolue du tome 1 de Calame, je suis plongée dans le tome 2, lecture commune avec mon fils de 16 ans. Outre tes romans (je pense que nous les avons tous lus), nous lisons aussi beaucoup de BD. D'autres auteurs d'heroic fantasy, Gabriel Katz et Olivier Gay pour ne pas les nommer, sont passé du côté obscur, pardon BD, de la force ! Est-ce que c'est un projet qui t'intéresserait ? si oui, pour des "inédits" ou pourquoi pas, une adaptation d'un roman ?