jeudi 22 avril 2021

Huitième volet de l'ITV de PAUL BEORN

  

 HUITIÈME VOLET DE L'ITV DE PAUL BEORN

Les liens vers les ITV précédentes :

ITV1

ITV2

ITV3

ITV4

ITV 5

ITV 6

ITV 7



Pour bien profiter de ce texte, je vous conseille d'aller relire celui de son premier "Mois de" ;)


Dup — Cette fois, j’espère que c’est la bonne. 

Elle pousse la porte de l’auberge.
    Phooka— Tu parles. Ça fait trois ans qu’on le cherche.
Dup — Prépare les menottes, au lieu de ronchonner.
    Phooka — Purée, il y a foule dans cette auberge.
Dup (chuchotis) — On interroge les clients. Commence par le barbare, là, dans le coin. 
    Phooka — Tu es sérieuse ? Ce type fait deux mètres cinquante et il a une hache à deux mains dans le dos. 
Dup — Beorn adore les guerriers avec des haches, c’est son côté Gemmel. Il lui a peut-être parlé. 
    Phooka s’avance jusqu’au barbare. C’est une montagne de muscles, ses bras sont couverts de cicatrices et de tatouages. Elle lui colle sous le nez un portrait de Beorn. 
Dup — TOI AVOIR VU LUI ? 
    Barbare — Gente dame, jamais n’ai-je vu cet ours de ma vie. 
Soudain, Dupinette se glisse derrière lui et abat un filet sur sa tête. 
    Barbare — Au secours ! 
    Phooka — Tu es folle ? Qu’est-ce qui te prend ? 
Dup — Passe-lui les menottes, vite ! 
Phooka attache le barbare à la chaise. D’un air soupçonneux, elle ôte son casque à cornes, puis sa hache, puis sa cotte de mailles, puis ses faux muscles, puis les coussins de rembourrage dessous. Finalement, il ne reste qu’un petit nounours apeuré. 
Dup — Bingo ! 
    Phooka — Trop forte ! Comment tu as deviné que c’était lui ? 
Dup — Il mangeait une tablette de chocolat aux noisettes. Et il avait un tatouage « I 💓Tolkien » sur l’épaule. 
    Phooka— Alors, monsieur Beorn ? On se cache parce qu’on a laissé ses lectrices et ses lecteurs mariner trois ans pour son tome 2 de Calame ? 
    Beorn — Je vous reconnais ! Vous êtes les deux folles qui enferment les auteurs dans une cave pour les faire parler ! Vous m’avez déjà torturé une fois ! 
Dup — Ouais. Et on va recommencer.


♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥♥


Laura Collins :

Ah, je ne veux pas que ce mois finisse! j'adore lire tes réponses ! Toutes ! tu me fais rire et tu m'attendris tout autant. j'en perds les miennes, c'est fou ! Ah oui , encore une : quel est le livre qui t'est le plus personnel ? ( mon Dieu, j'espère qu'elle n'a pas été posée, j'ai pas le courage de remonter tout le blog, pardon ) Penses-tu comme certains que le premier roman est celui qui nous ressemble le plus ? Et une petite dernière, pour la route : comment vis-tu les journées de page blanche ou d'inspiration en déroute ?

Paul Beorn :

Ooooh ! ♥♥ Moi aussi, j’adore ce mois de et touuutes ces questions de tout le monde !!

Mon livre le plus personnel, c’est toujours « mon roman en cours », je crois. C’est celui qui révèle le mieux la personne que je suis au moment où je l’écris. On change avec le temps, un peu, et nos romans aussi. 😊



Ah, le premier roman ! Il y a sans doute une part de vérité dans ce que tu dis. On a tendance à mettre dans ce premier roman ce qui nous tient le plus à cœur, les premiers thèmes qu’on a envie d’aborder en tant qu’auteur.

Pour ma part, mon premier roman, je l’ai écrit quand j’avais 7 ans. 😊 (sur un carnet que j’avais demandé pour mon anniversaire, je venais de découvrir Bilbo le hobbit et c’était un (abominable) plagiat écrit avec passion). Mon premier roman publié est en fait le 6ème ou le 7ème que j’ai écrit. Cela dit, c’était aussi mon premier en fantasy et j’y ai en effet abordé la plupart des thèmes que j’ai ensuite développés dans les autres (la place de la femme, l’importance des petites gens que l’on n’attend pas, le mépris de classe ou de « race », etc.)



Mes journées de page blanche ou d’inspiration en déroute ?

Pour moi, ce sont des amies. Une journée de page blanche, c’est une petite lumière rouge clignotante qui me dit, au choix « tu ne cherches pas au bon endroit / un truc ne va pas dans ce que tu as fait / tu n’es pas prêt à commencer » donc j’écoute cette petite voix comme une alliée et, en général, elle a raison. Je cherche ce qui ne va pas, je réfléchis, j’en parle à des amis, je lis un bouquin dans le même sujet ou je laisse juste passer une nuit ou deux et là, bien souvent, la page se noircit. 😊



Régina / Élodie : 

Du coup je pensais que Phooka allait rebordir vu que c'était sa question, mais non, alors je relance, dans quelles circonstances ils ont su que tu étais écrivain ?

Paul Beorn :

Aaaah, merci Regina ! Je me demandais si quelqu’un allait prendre cette perche tendue (ou ce trampoline, c’est selon) (Phooka, je te vois).

Donc nous voilà en 2010. Je viens de publier mon premier roman, je suis hystérique, c’est le rêve de ma vie. Un journaliste local me contacte pour une interview. Une INTERVIEW ! Problème : mon chef lit ce journal. Je réponds donc : « ok, mais dans l’article, je ne veux pas de photo, pas de mention de mon vrai métier et pas mon vrai nom ; bien sûr, je comprendrais très bien si ça ne vous convient pas. » Il me répond : « pas de problème. »

Il arrive chez moi et là, il sort… son appareil photo ! Je l’arrête, gêné. « Désolé, je vous avais dit : pas de photo, vous vous souvenez ? » Il a l’air mécontent. Il repose son bazar et il me demande : « Vous avez un autre métier ? » Moi : « Euh, ben, j’avais aussi dit : pas de mention de mon métier. » il a l’air TRES mécontent. Il me pose plein de questions ma vie familiale, sur ce que ça fait d’être publié, aucune sur le roman. Je ne lui dis pas mon métier, mais je dois lâcher des infos dans la conversation sans m’en rendre compte…

Le lendemain : un article en pleine page avec une photo de ma bouille en gros plan, récupérée sur Internet, avec le titre « Paul Couaillier (mon vrai nom), le jour dans les chiffres, la nuit dans la fantasy. » On me présente comme inspecteur des impôts (c’est faux, je suis inspecteur des fraudes et ça n’a pas grand-chose à voir, mais visiblement, la recherche de la vérité n’était pas sa priorité).

Le matin même, j’entre dans le bureau de mon chef et je lui dis « j’ai quelque chose à vous dire. » Il lève les yeux du journal : il était en train de lire l’article.

Ce chef, dès lors, m’a toujours suspecté d’écrire au travail et pénalisé. D’un autre côté, mes collègues ont été géniaux, ils m’ont lu, m’ont fait de la pub et sont venus en dédicaces. Alors finalement, ce journaliste m’a peut-être rendu service…

Dup :

Humpfff, pas cool ton boss ! Peut-être que tu devrais lui glisser les liens de l'ITV ?!
Et merci à Élodie, car je crevais d'envie de la saisir cette perche :D

Paul Beorn :

Héhé ! Pourquoi pas ? Non mais c’était il y a plus de dix ans, j’ai changé de boss depuis un moment, maintenant. 😊


Dup :

Coucou Paul !
Comme tu as pu le constater ma lecture de "Le jour où..." n'a pas abouti au coup de coeur alors qu'il a charrier en moi beaucoup d'émotions. Même s'il est sombre, dur... enfin peut-être pour ça d'ailleurs ! Mais il est resté une petite chose qui me chiffonnait : tes explications sur l'origine de l'endormissement des adultes, et pire quand tu as essayé d'expliquer pourquoi les adultes et pas les enfants. Tu n'aimes pas le côté scientifique des choses ?
Pourtant avec ton métier, tu as dû avoir une formation plus scientifique que littéraire non ? Plus maths que bio alors ?

Paul Beorn :

Ma formation ? Eh bien, comme en écriture, j’ai fait un peu n’importe quoi : un bac scientifique option math, parce que j’aimais bien ça, et une prépa lettres, parce que j’aimais ça aussi. 😊

Pour l’aspect de Le jour où dont tu parles, il s’agit de ce dont SK parlait dans une autre question : c’est l’éditrice qui m’a demandé de « trouver une explication » au sommeil des adultes, alors que le roman n’en donnait pas. Pour moi, c’était une catastrophe inexpliquée, presque une métaphore. Mon modèle sur le sujet était « L’aveuglement » de José Saramago (auteur portugais prix Nobel de littérature) qui raconte la façon dont les gens dans le monde entier deviennent peu à peu aveugles, les uns après les autres.

Cette modification de Le jour où n’était pas un choix de ma part et elle a été intégrée tardivement à la trame du roman. Cependant, je n’en veux pas à cette éditrice qui a cru en ce roman, qui l’a défendu becs et ongles et m’a permis de le publier alors qu’il avait essuyé 17 refus avant. Je l’avais écrit pour les adultes, mais comme les personnages sont adolescents, aucun éditeur adulte n’en voulait. C’est donc Castelmore, éditeur pour ado, qui m’a proposé un contrat. Seulement, un roman ado n’étant pas un roman adulte, cette modification leur semblait nécessaire. L’aspect « métaphorique » passait plus mal pour un public jeunesse, je suppose.


Fantasy à la carte : (question restée en rade, désolée !)

Hello Paul, maintenant que Calame est terminé, quel est ton ressenti ? C'est vrai, on ressent quoi quand on met un point final à une œuvre qui nous a pris beaucoup de temps d'écriture ?

Paul Beorn :

Pour mes premiers romans, j’éprouvais un manque terrible, comme si j’avais vraiment perdu quelqu’un. Il fallait que je fasse un travail de deuil qui pouvait durer des semaines. Mais avec le temps, cette sensation a disparu. Sans doute parce que je sais maintenant que les romans et leurs personnages vivent encore à travers les lectrices et les lecteurs qui les découvrent.

J’éprouve donc un peu de fierté (ouf, j’ai réussi à terminer cette histoire !) et un brin de soulagement (ouf, j’ai réussi à terminer cette histoire !!).

Et surtout, j’éprouve énormément de joie en découvrant les premiers retours qui sont vraiment fabuleux : ce sont ceux dont on rêve toute sa vie d’auteur. 


 SK :

Je me vais pas pouvoir revenir d’ici la fin, sauf à la sauvette pour lire ;) Je voulais donc ici te remercier pour un mois passionnant et des univers fascinants.

Paul Beorn :

Ça a été un immense plaisir de te rencontrer ici, merci à toi pour toutes tes questions passionnantes, je suis curieux de te lire à mon tour. Peut-être à bientôt !


Ramettes :

Bonjour,
Bravo pour le nouveau record de pages d'interviews !
J'ai remarqué dans Calame qu'à part les références à l'extinction des licornes et dragons tu n'as pas créé d'animaux extraordinaires. Est-ce pour mieux mettre en évidence les humains avec des dons ?

Est-ce voulu ou ça n'avait pas d'utilité de surenchérir avec des créatures ?

Paul Beorn :

Je pourrais répondre « attends le tome deuuuux ! » mais en fait, tu as globalement raison : il y a quelques créatures fabuleuses dans cet univers, mais assez peu, finalement. Pas d’elfes, de gobelins ni d’autres espèces que j’aurais inventées de toutes pièces. C’est souvent le cas dans mes romans, d’ailleurs.

Pourtant, j’aime beaucoup les créatures imaginaires et je peux en créer aussi. Mais oui, sans doute que les humains me suffisent, la plupart du temps, à jouer avec toute la palettes d’émotions et de sentiments qui m’intéressent. Par ailleurs, leurs innombrables différences (de langues, de genre, d’orientation sexuelle, de classes sociales, de couleur de peau, etc.) me suffisent généralement à créer toute l’altérité dont j’ai besoin pour nourrir mes histoires. Il y a déjà une telle diversité chez les êtres humains !

Dup :

Ah non, non, non, Ramettes. Le record est de 9 pages détenu par sieur Cerutti :)

Ramettes :

raye Bravo... il nous reste presque une semaine pour y arriver !

Paul Beorn :

Attention, Fabien, on te talonne !! 😄




Zaphrina :

J'ai terminé le roman ce matin à 1h30. La claque! Je veux le tome 2! Je ne m'attendais tellement pas à la fin

Paul Beorn :
Ronronronronronronron (<< ceci est le ronronnement de l’auteur qui sourit jusqu’aux oreilles en apprenant que son roman a réussi te rendre insomniaque et sa fin à te surprendre <3 )


La suite de l'ITV par ICI


14 commentaires:

Dup a dit…

Humpfff, pas cool ton boss ! Peut-être que tu devrais lui glisser les liens de l'ITV ?!

Et merci à Élodie, car je crevais d'envie de la saisir cette perche :D

Regina Falange a dit…

Avec plaisir :D franchement je venais 10 fois par jour regarder les commentaires en me disant "mais pourquoi personne demande ?" je vous ai laissé plein de chances de poser la question hein lol on serait passé à côté d'une histoire en plus.

Dup a dit…

Coucou Paul !
Comme tu as pu le constater ma lecture de "Le jour où..." n'a pas abouti au coup de coeur alors qu'il a charrier en moi beaucoup d'émotions. Même s'il est sombre, dur... enfin peut-être pour ça d'ailleurs ! Mais il est resté une petite chose qui me chiffonnait : tes explications sur l'origine de l'endormissement des adultes, et pire quand tu as essayé d'expliquer pourquoi les adultes et pas les enfants. Tu n'aimes pas le côté scientifique des choses ?
Pourtant avec ton métier, tu as dû avoir une formation plus scientifique que littéraire non ? Plus maths que bio alors ?

SK a dit…

Je me vais pas pouvoir revenir d’ici la fin, sauf à la sauvette pour lire ;) Je voulais donc ici te remercier pour un mois passionnant et des univers fascinants.

Ramettes a dit…

Bonjour,
Bravo pour le nouveau record de pages d'interviews !
J'ai remarqué dans Calame qu'à part les références à l'extinction des licorne et dragon tu n'as pas créé d'animaux extraordinaires. Est-ce pour mieux mettre en évidence les humains avec des dons ?
Est-ce voulu ou ça n'avait pas d'utilité de sur enchérir avec des créatures ?

Dup a dit…

Ah non, non, non, Ramettes. Le record est de 9 pages détenu par sieur Cerutti :)

Zaphrina Makichan a dit…

J'ai terminé le roman ce matin à 1h30. La claque! Je veux le tome 2! Je ne m'attendais tellement pas à la fin

Olivier Bihl a dit…

Bonjour Paul, j'avance à un rythme plus soutenu (il est temps) dans Calame 2 et je ne pensais sincèrement pas que l'on pouvait écrire à nouveau plus de 500 pages sur les destins croisés de Maura, Darran, le Conteur, les Fantômes et tant d'autres avec tant de rebondissements. Ce dernier tome regorge effectivement de nouveaux portraits beaucoup plus creusés et notamment la rivalité entre Bragal et Alandro pour disposer un peu plus de Maura. Sur ces deux frères; est-ce que tu as toi-même frère ou soeur ? Pourquoi cette vision de la fraternité ou de la gémellité ? Pour les "panthères" rebaptisées "fantômes" on ne peut pas dire que le combat pour la seule libération des femmes soit l'unique ressort mais que finalement l'attrait de la prise du pouvoir et la suboordinnation des représentants du sexe opposés restent la fin de tout ? ; donc le match serait nul au score ?
Dans ton bestiaire fantastique entre dragon, yacks et buffle tu ne serais pas un peu passionné de mythologie grecque ou romaine ? Corps à corps, ruses, champs de batailles, une telle gamme de description de combats digne de la Trilogie du Seigneur des Anneaux ou de films fantastiques comme Matrix d'où te viennent tes inspirations? Allez une nouvelle question plus générale .... tes lectures ou séries du moment ? As-tu lu la saga du "Clan des Otori" de Lian Hearn et qu'en as-tu pensé ? Je trouvais qu'il y a des correspondances dans l'écriture et les thèmes.

SK a dit…

J'avais adoré la saga de Lian Hearn!

Ramettes a dit…

Bonsoir,

j'ai une impression de déjà lu qui me taraude... Voilà dans Calame 1 la prison est spéciale elle bouche façon rubik's cube... J'ai l'impression d'avoir déjà lu ça... est-ce que j'aurais vu passer une citation de cette partie du texte ou est-ce que dans "le septième guerrier-mage" il y a une allusion? je n'ai pas le courage de relire ce roman !

Ramettes a dit…

raye Bravo... il nous reste presque une semaine pour y arriver !

Ramettes a dit…

Bonjour,

En faisant des recherches sur le site de la bibliothèque départementale dont dépend ma médiathèque j'ai vu que tu avais écrit "le dernier des parfaits" en 2012, je n'ai pas réussi à l'avoir à temps... Ce n'est pas un titre que j'ai vu passer sur les réseaux (ou je ne m'en souviens pas)... Pourtant il est sorti en poche en 2014. ça se passe en Occitania... Est-ce que tu t'es inspiré de faits réels ou c'est juste un cadre pour de la fantasy.
Ce n'est pas trop dur de voir des livres partir dans les limbes du passé et être moins mis en avant ?

Nemo blog abrrracadabra a dit…

Rebonjour,
J'ai relu rapidement toutes les questions, j'espère que la mienne n'a pas été posée ;-)
J'ai terminé le 2 de Calame et cette fin !!! Depuis, j'ai beaucoup de mal à accrocher à un autre livre, j'en commence plein sans avoir envie de les continuer ... La dure vie du lecteur.
D'où ma question : comment choisis-tu la fin de tes romans ? est-ce que c'est une évidence depuis le début ? Est-ce qu'elle se précise au fil du roman ? Ou est-ce que tu dois faire un choix entre plusieurs possibilités à la fin ?
Tiens, autre question : nous, en tant que lecteurs, les personnages nous manquent une fois le livre fini, alors toi, en tant qu'auteur, ça ne te démange pas de les retrouver dans un autre récit ?

Dup a dit…

Oh comme je l'aime cette dernière question que tu poses Nemo !!! ♥