Comment vous présenteriez-vous en quelques mots ? Je n'ai même pas besoin de quelques mots pour me présenter, un seul suffira : je suis un lecteur, rien de plus.
J'aime qu'on me raconte des histoires, il y a un côté enfantin, là-dedans, parce que j'ai eu cette chance, tout môme, qu'on me fasse la lecture et j'adorais ça.
Alors, oui, je suis un lecteur, voilà. Et, à côté de ça, j'aime parler de ce que je lis, de partager ces lectures, d'essayer de créer des discussions (même si c'est pas évident) et, quand on me demande, j'anime volontiers des rencontres, des cafés littéraires... Et j'adore faire ça.
L'adresse de votre blog (si vous en avez un)
https://appuyezsurlatouchelecture.blogspot.fr/
Quand et comment avez-vous découvert l'Imaginaire? J'ai l'impression que ça a toujours été le cas, en fait. Quand ma grand-mère me faisait la lecture, c'est mon imagination qui fonctionnait. Après, j'ai sans doute une définition assez large du mot imaginaire, je n'aime pas les murs, je les défonce à la masse. L'imaginaire est partout.
« L'imagination gouverne le monde », a dit Napoléon (cité par Las Cases dans « le Mémorial de Sainte-Hélène »).
Sous quelle forme? (Roman, BD, films ?) A l'origine, un peu de tout, même si la lecture tenait déjà une place centrale. Mais le cinéma, la télé, la radio (de mon point de vue, le média le plus propice à stimuler l'imagination) ont certainement contribué à cela. Maintenant, internet, et les séries plus que les films, trop formatés.
Quel est/sont vos ou votre plus ancien(s) souvenirs d'Imaginaire ? Quelques lectures d'enfance : « les Malheurs de Sophie » ou les albums de Tintin, que je connaissais quasiment par cœur. Un livre comme « le pays où l'on arrive jamais », d'André Dhôtel, aussi. Mais il faudrait que je le relise pour me rafraîchir sérieusement la mémoire ^^
Je suis aussi de la génération Casimir, et ça m'a bien plus marqué que la jap'animation, par exemple. En dehors de Goldorak, je suis peu branché sur ce genre-là.
Et surtout, j'ai très tôt délaissé ce qu'on dédie à la jeunesse, en particulier pour les lectures.
Qu'est ce que l'Imaginaire apporte à votre vie de tous les jours? Si je réponds : « Rien », on va encore me tomber dessus ! Quand je lis, je m'immerge dans un univers, mais quand je referme le livre, je referme l'univers avec. Alors, ce que m'apporte l'imaginaire au quotidien, ce sont des pistes de réflexion, essentiellement. Je suis un lecteur cérébral, bien plus qu'émotionnel, je suis un spectateur des récits, je n'ai jamais voulu en être un acteur, je m'identifie peu aux personnages et je n'ai pas besoin de les aimer pour apprécier un livre.
Et puis, pour achever mon portrait d'affreux jojo, je dirais que l'imaginaire m'apporte un point de vue différent sur le monde dans lequel je vis. Je suis un émule de Philip K. Dick, d'une certaine façon : « la réalité n'est qu'un point de vue ». Parce que l'imaginaire, SF ou fantasy, n'est jamais déconnecté du monde réel, au contraire, il ne parle bien souvent que de cela. Lire de l'imaginaire pour s'évader de la réalité, c'est pour moi un contre-sens.
Quels sont vos auteurs/livres préférés (5 maxi ;)) C'est une question très difficile pour moi, car j'ai horreur des classements, des hiérarchies en matière de livres, de films... Ca revient à dire que les pommes sont meilleures que les poires et les yaourts à la cerise meilleurs que les yaourts à la fraise, alors que ce sont juste des choses différentes...
Si je devais avoir un livre de chevet, ce serait certainement « Cyrano de Bergerac », d'Edmond Rostand. A la fois pour la pièce elle-même, et aussi pour des raisons personnelles. Mon grand-père, détenu pendant la Iie Guerre Mondiale, l'avait apprise par cœur et était encore capable de la réciter à la fin de sa vie...
Sinon, parmi les auteurs que j'apprécie, il y a Stephen King, sans grande originalité, des auteurs de polars et de thrillers, comme Michael Connelly ou Franck Thilliez...
Et puis, je dois dire qu'on a une chance énorme de voir grandir une merveilleuse génération d'auteurs français d'imaginaire : Jean-Philippe Jaworski, Lionel Davoust, Justine Niogret, Estelle Faye, Aurélie Wellenstein, Fabien Cerutti et plein d'autres qui sont bourrés de talent.
Etes vous polyvalent dans l’Imaginaire ou plus attiré par certains sous-genres (sans idée péjorative) plus que d’autre ? En gros lisez-vous plutôt du fantastique ou de la fantasy ou de la SF. Pourquoi ? Je préfère le mot éclectique, polyvalent, ça fait penser au fisc... Et je suis d'autant plus polyvalent que je ne supporte pas de m'enfermer dans un genre en particulier. Je lis de tout, et j'ai besoin de lire de tout, de la littérature blanche, du thriller, du roman historique, de la SFFF...
Après, pour des raisons professionnelles, je suis amené à lire beaucoup de fantasy depuis quelques années, pour préparer les Imaginales, salon pour lequel je suis modérateur. Et, si j'ai découvert ce genre sur le tard, j'y prends énormément de plaisir. Je pense que ça colle mieux à mon imaginaire que la SF, par exemple, car j'ai peu l'esprit scientifique, hélas...
Si quelqu'un qui veut découvrir l'Imaginaire vous demande conseil. Avec quels romans/supports lui conseilleriez-vous de commencer? La première chose que je conseille, si la personne ne connaît vraiment rien à ces genres ou qu'il en lit comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, c'est de lire la parabole du chat, qu'on doit à Denis Guiot, directeur de collection chez Syros.
« Un genre littéraire ne se reconnaît pas à ses éléments externes. La présence d’un vampire, d’un dragon ou d’un extraterrestre dans un roman n’implique pas automatiquement, ipso facto, que l’œuvre relève du fantastique, de la fantasy ou de la science-fiction. Par contre, cela signifie que le texte s’inscrit dans le champ des littératures dites "non-mimétiques", appelées ainsi parce qu’elles ne cherchent pas à mimer la réalité - contrairement aux littératures "mimétiques", auxquelles appartiennent entre autres le mainstream (c’est-à-dire la littérature générale), le roman historique ou le polar.
Ce qui caractérise un genre littéraire, c’est son fonctionnement interne. Prenons un exemple. Imaginons que dans un roman, il y ait une scène où un chat demande à manger à son maître.
Si le chat se frotte et se refrotte contre la jambe de son maître, miaule à fendre l’âme, bref se comporte comme un chat ordinaire : vous êtes dans un roman relevant de la mimesis, c’est-à-dire de la littérature mimétique où la littérature mime le réel. Après, que ce soit un roman historique, psychologique, sentimental ou policier, peu importe, cela ne dépend pas du chat.
Maintenant, si le chat se met à parler pour réclamer son ron-ron, du style : "Alors, elle vient ma gamelle ? J’ai la dalle, moi !", alors là, pour sûr, vous êtes dans la littérature non-mimétique, car un chat qui parle, cela n’existe pas dans notre univers connu. Reste à savoir dans quelle branche des littératures non-mimétiques nous sommes.
Si le maître manque de défaillir de stupéfaction, se demande s’il n’est pas en train de devenir fou, si ce chat n’est pas un suppôt de Satan, etc. et que, à la fin du roman, ni le maître, ni le lecteur n’ont de réponse : vous êtes dans le Fantastique.
Si la situation est admise, banale, mais que l’auteur ne justifie absolument pas cette situation extraordinaire, vous êtes dans la Fantasy.
Mais si l’auteur a rendu plausible cette situation, par des explications sérieuses ou pseudo-sérieuses (le chat est, en fait, un extraterrestre, un robot, ou bien il a subi des manipulations génétiques), alors vous êtes en pleine Science-fiction ! »
C'est un texte qui permet déjà de sentir vers quel sous-genre on penche plus naturellement. Ensuite, on peut expérimenter, se confronter à ce genre précis. Quant aux conseils... C'est extrêmement délicat de conseiller des livres à quelqu'un... On peut choisir de conseiller les classiques (je suis un mauvais exemple dans ce domaine, j'en ai lu très peu), on peut aussi essayer de définir avec la personne des centres d'intérêt : aime-t-elle les récits plutôt épiques ou introspectifs ? Les réflexions politiques ou l'héroïsme désintéressé ? Etc.
Comment choisissez-vous vos lectures ? En lisant les quatrièmes de couverture.
Bien sûr, un titre peut attirer mon attention, il y a la fidélité aux auteurs dont on a aimé les livres précédents. Mais, pour choisir un livre d'un auteur jamais lu, je me réfère uniquement à la quatrième de couverture. Les avis ne m'intéressent pas avant la lecture, la couverture, qu'elle soit illustrée ou pas, me laisse assez indifférent, en tout cas, n'intervient pas dans mon choix...
Il faut que le sujet, le contexte titille ma curiosité. Je suis assez sensible aux sujets « bizarres » ou qui sortent de l'ordinaire (récemment, j'ai lu « Body », de Harry Crews, parce que ça se passe dans le milieu du bodybuilding), à la géographie (la littérature est un moyen génial pour découvrir des sociétés différentes de la nôtre), à la personnalité de l'auteur quelquefois. Je suis le contraire d'un lecteur recherchant sans cesse la même histoire, les même émotions, je veux qu'on me surprenne, qu'on me bouscule... Et par-dessus tout, que l'auteur me prenne par la main.
L’imaginaire, nous blogueurs on le lit, on en parle. Des idées pour en faire plus ? Commencer par briser les murs entre genres ? Il y a un paradoxe que je remarque souvent : on reproche souvent d'ostraciser l'imaginaire, mais ce sont souvent les mêmes qui se replient sur le genre et montent de nouveaux murs parce que l'ennemi vient de l'extérieur...
Il faut de la visibilité, c'est évident. Le Mois de l'Imaginaire est une manière comme une autre d'agir. Il y a de plus en plus de salons d'imaginaire en France et ils marchent, il faut continuer ainsi. Il faut convaincre les libraires et les bibliothécaires, ça passe sans doute par des formations dans ce domaine, car souvent, ils ont une excellente connaissance des lettres classiques, mais les genres leur sont terra incognita. C'est par-là que ça changera.
Et puis, il va falloir travailler aussi auprès des éditeurs généralistes pour qu'ils appellent un chat un chat. On le voit encore en cette rentrée littéraire : des romans de genre, en particulier la SF, à travers les dystopies, les questions posées par la robots ou les intelligences artificielles, les questions autour du climat, des évolutions géopolitiques, paraissent dans des collection de blanche. Pourquoi ne pas dire que c'est de la SF ? Le plus agaçant, c'est que ces romans seront lus par des lecteurs qui ne les liraient pas s'il y avait écrit SF dessus, et ne sont pas lus par les amateurs de SF qui ne regardent pas ce qui se fait en blanche... Mais, les derniers romans d'Emmanuel Ruben, Pierre Ducrozet, Don DeLillo, Marie Darrieussecq, par exemple, abordent tous des sujets de SF, alors, pourquoi ne pas le dire haut et fort ? C'est cela qu'il faut faire évoluer, et faire évoluer aussi les mentalités, car l'imaginaire n'est plus une sous-littérature, les romanciers actuels sont de véritables écrivains.
Une anecdote en rapport avec l'Imaginaire? Nous avons la chance d'accueillir Christopher Priest aux Imaginales depuis plusieurs années. L'occasion de rencontrer un des plus grands auteurs de SF actuels, mais aussi un homme délicieux et plein d'humour. Assez incontrôlable, même, pour le modérateur que je suis. L'an passé, en café littéraire, il nous avait fait un mime. Cette année, il a expliqué pourquoi il ne fallait surtout pas cartographier les univers imaginaires, parce que cela fige l'imagination. Et de conclure en disant que, s'il pouvait remonter dans le temps, il irait tuer Tolkien, responsable, selon lui, de cette tendance à tout vouloir cartographier... Voilà aussi pourquoi j'aime les Imaginales et pourquoi j'aime animer des rencontres dans ce salon : il s'y passe toujours des choses inattendues. Il arrive même qu'on se retrouve avec un micro sous le nez, n'est-ce pas, mesdames Emma et Dup ?;)
A la fin de ce Mois de, nous répondrons à notre tour au questionnaire mais aussi à vos questions: Quelle question souhaiteriez-vous éventuellement nous poser (aucune obligation) Quand créez-vous votre chaîne Youtube ?
Avez vous quelque chose à rajouter, une question que vous aimeriez que l’on vous pose? En gros c'est ici que vous pouvez rajouter tout ce que vous voulez en rapport avec le sujet ! ;) On me demande souvent pourquoi je ne mets pas de note aux livres dont je parle sur le blog. Certains m'ont dit être dérouté par cette absence, oui, à ce point-là...
Alors, la réponse est simple : je ne suis ni professeur, ni juge de patinage artistique, donc, je ne note pas. Pour noter, il faudrait qu'il existe un barème universel pouvant s'appliquer à n'importe quel livre et que tout lecteur mettrait en vigueur. De mon point de vue, c'est totalement impossible et ça ne rime même à rien. Souvent, je vois des notes qui me laissent perplexe : qu'a-t-on noté ? La qualité du livre ? La qualité du livre ? La qualité du lecteur ?
De même, le principe du « j'aime/j'aime pas » pour parler des livres ne me semble pas pertinent. Beaucoup de lecteurs, de blogueurs, parlent plus d'eux que des livres. On ressort en se disant qu'on sait tout du lecteur, et pas grand-chose du livre. Or, au final, ce qu'on aura devant soi, c'est le livre, et pas le lecteur.
Comme pour noter. Je n'ai jamais compris, même si je respecte le choix. Personnellement, j'en suis incapable. Par contre, si on blog, je pense qu'on peut dire un minimum si on a aimé ou pas un livre. Après, on peut dire à quel public s'adresse le livre en question même s'il n'a pas plu.
Sinon, ma question : Pourquoi avoir choisi ce nom pour ton blog? J'avoue avoir été surprise. Et ton livre doudou?